Slacker a écrit:
Ilouchechka et Nijal, je serais curieux de savoir quelle production TV trouve grâce à vos yeux, histoire de mettre en perspective vos avis et de me rendre compte s'il s'agit de la vieille posture du contrepied, ou d'une réelle exigence satisfaite par d'autres séries, auquel cas envoyez les noms bordel!
J’aime bien the
Prisoner,
the Wire (surtout la saison 4), le début de
Twin Peaks, le début de The
West Wing,
Battlestar Galactica malgré tous ses défauts, quelques trucs ici et là mais rien qui me fasse profondément palpiter. Deux "séries" m'ont touché plus profondément:
Evangelion, et
Patlabor (je ne les avais pas inclus au départ, étant des animes, mais, c'est assez important dans ce que j'essaie d'évoquer ci-après). Rien de bien original si tu veux mon avis
Et, attention, je n’ai pas dit que Game of Thrones était nulle à chier et que tous ses suiveurs n’étaient que des moutons ne voyant pas les feux de l’amour sous le cuir et les poils hein. La série a un panel certain de qualités qui suffisent à considérer sa vision comme « satisfaisante » C’est plutôt l’envergure de ce succès qui me questionne sur la temporalité de l’œuvre (des thèmes abordés et la façon dont ceux-ci sont interrogés) et sur son « atemporalité ».
Le problème, c’est que ce n’est pas une exigence qui a été satisfaite ailleurs, c’est une attente concernant le format série qui est insatisfaite. Quant je regarde une série, j’ai souvent l’impression de voir quelque chose de cadenassé, d’enserré par trop de contraintes (financières, audimat, etc…) pour que l’œuvre prenne de l’ampleur et dépasse le-dit cadre. On reste sur quelque chose « d’anodin » la plupart du temps, de divertissant.
Ces putains de
cliffhangers, cette nécessité du
storytelling, d’
arcs, de
résolution, etc etc etc… l’usage de tous ces termes (et procédés) et ce que cela implique sur l’adéquation de l’œuvre à la demande, à ce que l’on attend d’une série, me fatiguent. Je ne demande pas que l’on adapte Game of Thrones façon Brakhage(quoique), mais ça pourrait être moulu d’une façon totalement différente. L’ensemble des épisodes d’une saison, plutôt que de devoir satisfaire à une chronologie réduite à son élément unitaire (l’épisode), pourrait s’étirer, languir sur l’ensemble d’une saison et s’assimiler ainsi à un « roman », avec toute la plasticité et la liberté de création que cela peut induire.
L'on avance souvent à propos de séries leur capacité à multiplier les protagonistes, à dépeindre un univers dense etc etc... Mais je vois plutôt la matière première de ce mode d'expression comme étant le
temps, et j'aimerais beaucoup que l'on interroge seulement en soustrayant, plutôt qu'en additionnant, étoffant en permanence (comme se l'est dit Beckett à un moment de sa vie:
«I realized that my own way was in impoverishment, in lack of knowledge and in taking away, in subtracting rather than in adding.” )