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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 06 Juin 2014, 13:31 
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Héhé, ça donnait quoi ?


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 06 Juin 2014, 13:38 
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Regardable mais dispensable. Histoire vraie mais remaniée à la sauce Hollywood et selon les désirs mégalomaniaque de la star Douglas.

C'est très clichés sur le colonialisme.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 06 Juin 2014, 13:39 
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Pas terrible: un remake de Jaws


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 19 Juin 2014, 00:00 
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En attendant l'adaptation ciné de Téchiné, En finir avec Eddy Bellegueule sera monté au théâtre en mai 2015 d'abord à Valence puis en tournée, avec Micha Lescot.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 19 Juin 2014, 16:07 
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La Théorie des nuages (Stéphane Audeguy)

Une jeune femme est employée par un vieux couturier japonais pour faire l'inventaire de sa bibliothèque, entièrement consacrée aux ouvrages relatifs à l'étude des nuages... Bouquin un peu insaisissable, à la structure difficile à anticiper. Entre contemplation du ciel et exploration de la sexualité, le livre d'Audeguy se caractérise surtout par ses multiples plongées dans le passé, pour raconter (et souvent inventer) l'histoire de scientifiques méconnus, ne survolant finalement le présent que par petites touches feutrées, sans délicatesse chichiteuse (on parle de séparation, de suicide, de trauma enfantin...) mais sans jamais non plus en appuyer la gravité. Le livre tout entier a l'air comme un peu "absent", désintéressé, un peu lunaire.

Ça donne un bouquin très agréable (on y entre immédiatement, comme dans un bon bain) et en même temps un peu volage, inégal selon ses histoires. Ça donne la sensation d'un petit voyage curieux et hétéroclite, saupoudré d'un désenchantement parfois un peu facile pour le monde actuel, et dont on se demande surtout, au final, où il voulait nous mener, tant il semble refuser tout effet conclusif. Livre bizarre donc, mais qui a le bon goût de ne pas surligner à chaque ligne son originalité, restant discret jusque dans sa longueur, suprenamment courte, qui donne l'impression que le bouquin est aussi court qu'un souffle.



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Le Soleil des Scorta (Laurent Gaudé)

L'Histoire d'une famille dans l'Italie du Sud, dont la lignée s'étend sur un peu plus d'un siècle... On me l'avait ardemment conseillé, et j'en ressors un peu surpris, sans réellement parvenir à trancher : les spécificités du bouquin sont elles des défauts, ou justement ce qui fait sa personnalité ? La spécificité première, c'est une durée très courte. A chaque partie (le livre en compte dix), Gaudé saute plusieurs dizaines d'années d'un coup. Un roman pareil semblait promis à la grande fresque détaillée, or cette découpe en larges ellipses ne fait que retenir quelques moments significatifs ou représentatifs, traités eux-mêmes assez rapidement. Pas le temps, au final, de faire réellement connaissance avec un personnage : on les rencontre comme on les croiserait le temps d'un après-midi, avant de faire un saut temporel soudain pour aller serrer la main de leurs enfants devenus adultes.

En contrepartie, l'écriture de Gaudé est tellement efficace, a un tel pouvoir d'évocation, qu'on a l'impression de déjà les connaître parfaitement après quelques lignes. Cela tient au fait que les personnages se font moins tirer le portrait seuls que via les liens qu'ils établissent avec la génération précédente ou suivante (oncles-neveux, par exemple), avec l'identité du nom (et la malédiction) qu'ils traînent à travers les siècles, ou avec le décor qui leur sert de matrice.

Du coup je trouve le livre aussi admirable (c'est vraiment passionnant à lire) que frustrant : j'en aurais bien pris le double. Sauf que la qualité du bouquin tient peut-être aussi à sa mesure, à la manière dont Gaudé évite la famille de mafieux et les trafics de grande échelle, au nombre volontairement réduit de personnages secondaires, l'apogée du clan prenant une forme dérisoirement modeste... Bref, c'est pas "grandeur et décadence d'un clan", on commente moins un empire qu'on questionne une identité familiale, et la manière dont elle réagit à l'épreuve du temps (la réalité et son siècle, relativement mis à l'écart par l'isolement du village, semblant finalement peu intéresser le roman).

J'aime beaucoup cette écriture donc, parfois un peu trop emphatique et claquante, mais admirable par sa manière d'aller à l'essentiel, de dessiner d'un même trait lieu et personnage, comme une seule entité, comme s'ils étaient intrinsèquement liés. Je trouve encore une fois l'ensemble un peu frustrant, mais l'impression d'être devant le bouquin d'un écrivain costaud.


Dernière édition par Tom le 28 Juin 2014, 01:16, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 19 Juin 2014, 16:28 
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Le Soleil des Scorta (Laurent Gaudé)



J'avais lu la mort du roi Tsongor que j'avais beaucoup aimé. Donc je me suis plangé à l'époque dans Le soleil des Scorta. Jamais arrivé au bout. Le sujet ne me passionnait pas et surtout le style qui m'avait tant plu dans le Roi m' énerve au plus haut point dans ce livre. Il faudrait que je retente.


Dernière édition par Mr Degryse le 19 Juin 2014, 16:32, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 19 Juin 2014, 16:31 
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Le sujet ne m'intéresse pas non plus, a priori, mais je trouve les personnages tellement immédiatement beaux (le curé qui tente de rattraper les morceaux, le copain qui désobéit aux parents et entoure d'amour les enfants de la famille, la petite frappe amoureux bouillant...), que ça m'a suffit à rentrer dedans. Après, là encore, la vitesse du livre aide pas, on est parfois pas loin pour certains d'une caractérisation par gimmicks.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 19 Juin 2014, 16:40 
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Sinon j'ai lu cela dernièrement :

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Victime d'une agression, Myfanwy Thomas reprend conscience dans un parc de Londres. Autour d'elle, des hommes en costume portant des gants de latex. Tous sont morts. Situation peu réjouissante, certes, mais il y a pire : Myfanwy ne se souvient plus de rien. Le plus surprenant, c'est qu'elle semble avoir prévu cette amnésie. Elle a sur elle une lettre écrite de sa main lui expliquant qui elle est et ce qu'elle doit faire pour découvrir qui veut l'éliminer. C'est ainsi que Myfawny rejoint le siège de l'Échiquier, une organisation secrète chargée de combattre les forces surnaturelles qui menacent la Couronne. Au sein de cette version paranormale du MI5 anglais où elle occupe un poste élevé, entourée de surdoués aux pouvoirs plus que spéciaux, la jeune femme va rapidement se retrouver seule, cherchant son chemin dans un univers d'ombres et de menaces. À présent, il va lui falloir lever le voile sur une conspiration aux proportions inimaginables. À mi-chemin entre l'univers de J. J. Abrams et celui de Chris Carter, The Rook est un roman à l'inventivité délirante et aux rebondissements incessants, qui ne vous laissera pas reprendre votre souffle avant la dernière page.


Je reconnais une tonne de défauts à ce livre : un début pas hyper engageant et pleins de poncifs ( mon dieu l'amnésie), le coup des lettres n'est pas toujours bien amené et surtout l'histoire dérive souvent loin de sa trame centrale. Un peu comme si l'auteur avait peur de ne pas en mettre assez. C'est foutraque au possible mais ultra jouissif.

Un mixte des x-men chez James Bond. Un délire que souvent on ne lit que dans les mangas. L'imagination est débordante. on croise des vampires, des champignons cannibales, des télékinésiques, une femme métallique etc. L'auteur ne se prend jamais au sérieux et on est souvent proche du burlesque ( le coup du canard devin).
Bref ce n'est pas de la grande littérature mais un blockbuster réussit.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 20 Juin 2014, 21:25 
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Grosse déception
De l'auteur de la chanson Message personnel, je m'attendais à plus-que-mieux.
L'écriture est alambiquée, redondante, limite prétentieuse; on assiste à un décortiquage en règle d'un sentiment et d'une relation prétendûment amoureux et on cherche vainement où se cache l'amour fou dans cette froide étude d'entomologiste. Il n'y a rien de spontané, rien d'instinctif, de charnel, de vivant, là-dedans. Si l'amour fou s'apparente à une descente aux enfers, à un épuisant jeu de cache-cache avec soi-même et l'autre, au passage obligé par une équation sado-maso intellectuelle; eh ben non, j'appelle pas ça de l'amour, fou ou pas. C'est du grand n'importe quoi et pas du tout à la hauteur du personnage qu'est Françoise Hardy.

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"Le cinéma, c'est le sang, les larmes, la violence, la haine, la mort et l'amour"
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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 27 Juin 2014, 23:47 
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Quand nous étions orphelins (Kazuo Ishiguro)

À la veille de la seconde guerre mondiale, un jeune détective anglais mène l'enquête sur la disparition de ses parents, dans la concession internationale de Shangaï où il résidait avec eux, lorsqu'il était enfant.

C'est l'un des bouquins les plus "civilisés" que j'ai lus. Je ne parle pas vraiment de qualité d'écriture, mais plutôt de style : c'est l'équivalent, en texte, de "la ligne claire" dont on parle parfois en BD ou au ciné. Chaque terme est pesé et choisi avec soin, utile, pas un mot plus haut que l'autre : jusqu'au cœur des combats les plus atroces, la description des évènements et sentiments, tout comme les échanges verbaux, témoignent d'une implacable maîtrise de soi. Au point qu'on ait parfois le sentiment lancinant d'un monde antérieur à notre réalité où, de la crapule à l'aristocrate, chacun savait formuler clairement ses sentiments. Mais c'est surtout la plume du narrateur qui est en cause : peut-être est-ce un amour précis de l'auteur pour sa langue d'adoption (l'anglais) qui transparaît ici.

Tout ça a son importance, car cette écriture si sérieuse et mesurée fait que, pendant très longtemps, on avale tout ce qu'on nous raconte. Or à tout poser sur table, ce bouquin est absurde. Déjà, c'est un polar sans enquête : on a beau nous parler des échecs de journées de travail infructueuses, de plaisir de déduction, d'être prêt de toucher au but, on ne saura absolument JAMAIS en quoi consistent ces investigations. Sous couvert de collecter les indices utiles, la véritable enquête est en fait psychologique et intime, touchant aux souvenirs d'enfance du narrateur : on rassemble les souvenirs qu'on a pu conserver, on interroge la réalité de telle image qui est restée, on se méfie de reconstructions postérieures, on interprète... D'ailleurs, tout le livre est raconté (à partir de 5 dates successives) d'après les évènements, ce qui permet d'aborder tout de cette façon, y compris les passages contemporains ("il y a une semaine...").

Plus fort, concernant ce sentiment d'absurdité général : à y regarder de plus près, le projet du personnage principal semble obéir à une logique de petit enfant qui ne fait que continuer ses jeux de gamin.

Aller retrouver des parents dans la maison où ils sont séquestrés... plusieurs décennies après leur enlèvement ? Faire de la résolution de cette enquête personnelle un moyen de rétablir la situation géopolitique du pays, voire d'empêcher une guerre mondiale ? Se faire aider à ce point par les autorités locales, disposer de tout le monde pour cette affaire personnelle, même en plein milieu du conflit ?

Est-ce moi qui ait raté quelque chose ? Ou est-ce que le livre joue de cette anormalité de décrire des actes névrosés comme s'ils étaient ceux d'un homme lucide, raisonnable, dont on doit suivre toutes les démonstrations sans les remettre en doute ? Je pencherais plutôt pour la deuxième option, déjà parce que ça rend le livre passionnant, et ensuite parce que plusieurs choses dans les derniers chapitres viennent appuyer ce clash, nous donnant l'impression de rentrer dans le jeu des obsessions d'un homme quasi fou, qui a simplement l'autorité de ses bonnes manières.

Le livre mélange très bien cette tendance discrète à l'onirisme (la matière des souvenirs par images et flashs, les découvertes hagardes dans Shangaï, jusqu'à cette traversée démente et hallucinée de la garnière) avec cette pondération froide dans la description des évènement. Peut-être dérape-t-il un peu dans ses révélations finales, pas assez bien gérées, brisant un peu trop vite cet équilibre (où alors ça ne frappe pas assez fort, il y a un vertige qui n'est pas assez bien mis en scène). Mais globalement ce mélange en fait un livre passionnant, que j'ai eu l’impression de simplement apprécier sur le moment, et qui rétrospectivement m'étonne et m'impressionne de plus en plus.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 28 Juin 2014, 15:24 
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Epépé (Ferenc Karinthy)
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Un linguiste chevronné hongrois débarque par erreur dans un pays inconnu où tout est incompréhensible : la langue, l'écriture, les moeurs.


Voilà un de ces bouquins qui réveille des souvenirs à chaque page, et qui sera reconvoqué à chaque expérience gênante de mauvaise communication, incompréhension ou choc culturel.
Malgré un point de départ qui a tout du dispositif artificiel, on est très vite embarqué avec le héros Budaï dans ses mésaventures. Je pense que l'on s'identifie car le malaise créé par les situations inextricables dans lesquelles il se trouve font écho à des évènements universels: complexité de l'administration (on pense d'ailleurs à Kafka), perplexité face à l'indifférence et au manque de curiosité d'autrui, "simples" problèmes de langage....
La langue locale est recréée, ce qui accentue encore l'identification : ça ne ressemble vraiment à rien, et les compétences de linguiste de Budaï seront férocement testées.

A partir d'un point de départ simple, ce bouquin parle (bien) de solitude, de l'administration, d'amour, d'illettrisme, d'isolement dans les grandes villes, d'engagement politique, de la guerre, ... Eh ouais les mecs, et j'en oublie sûrement.

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-Good. Now go fail again.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 06 Juil 2014, 18:35 
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Laurent Gaudé (suite)

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Toujours autant de plaisir et d'émotion à lire cet auteur.
Même sur un sujet aussi délicat que l'immigration clandestine dont il démonte les rouages abjects. Les destins croisés d'un commandant italien chargé d'intercepter les embarcations des émigrants pour les convoyer à Lampedusa et d'un jeune Soudanais, candidat à cet Eldorado fantasmé.
Dans une certaine mesure, je trouve que cette histoire se rapproche un peu de L'équation africaine de Yasmina Khadra

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 23 Juil 2014, 12:16 
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Les Mystères de la forêt (Anne Radcliff)
Aka La Romance de la forêt (The Romance of the Forest en VO).

Pierre de La Motte et son épouse fuient Paris pour tenter d'échapper à leurs créanciers, lorsqu'ils sont attaqués et capturés par des bandits à la tombée de la nuit. Leurs ravisseurs acceptent de les épargner, à condition qu'ils prennent en leur compagnie une belle jeune fille terrorisée, Adeline...

Avec ce roman (1791), on arrive à un stade où il commence à y avoir un mur. Ça ressemble à un mix entre une plume accessible du XIXème siècle, et des choses plus coriaces qui m'avaient déjà choqué dans le médiéval Tristan et Iseult. On retrouve les mêmes archaïsmes. Par exemple, la non-concordance des temps : on passe du passé au présent sans crier gare, notamment quand la scène devient intense et qu'on a soudain l'impression de voir le narrateur devenir conteur en chair et en os, gesticulant pour nous mimer la situation (ce qui se retrouve aussi dans les nombreux encarts bizzaroïdes : récit dans le récit, poèmes, chansons...). Autre chose : la façon de fondre en amour et en éloge sur un personnage positif, immaculé de tout défaut, ou au contraire de marquer un méchant de tous les maux. Ce style ne connaît pas le gris. Un exemple à la première apparition d'un personnage (pourtant très secondaire) :
Citation:
Elle entendit une tendre voix auprès d'elle et une fille charmante tira doucement le rideau d'un côté. Elle se pencha sur le lit et, avec un sourire mêlé de tendresse et de joie, s'informa de la santé de la malade. Cependant Adeline contemplait avec admiration le visage le plus intéressant qu'elle ait jamais rencontré, sur lequel on voyait l'expression de la douceur, du sentiment et de la délicatesse réunie à l'aimable naïveté.


Mais c'est difficile à considérer comme vraiment étranger à notre sensibilité, parce que ces bizarreries sont mêlées à des éléments bien plus familiers. Le roman pourrait se définir comme un mélange de gothique (horreur, fantastique, intrigue criminelle) et de Jane Austen puissance mille : les tempêtes dans un verre d'eau caractéristiques de l'auteure d'Orgueil et Préjugés laissent ici place à des ouragans se déchaînant dans une simple goutte. On a parfois dix pages de suites consacrées à la description d'une humeur basée sur aucun fait concret, et l'héroïne pleure (littéralement) une page sur deux, manquant de s'évanouir 6 fois par chapitre. L'obsession de la pureté (de l'innocence de la jeunesse, du premier amour romantique) atteint ici un degré totalement hystérique.

Pour ces raisons, je trouve le bouquin très difficile à suivre dans sa première partie. Il faut attendre l'arrivée du suspense, et d'une intrigue à tiroirs entraînante (bien que totalement improbable) pour charpenter tout ce flux de sentiments, et pour que le mélange fonctionne.

Le livre fleurit alors idéalement, mélange contradictoire mais harmonieux de sadisme et de lyrisme, parvenant très bien à faire fructifier le "sublime" (le bouquin semble obsédé par ce mot) de ses situations. Il y a aussi un côté "tour de France" et voyage dans la pensée de l'époque (le mépris avec lequel est traité toute personne non-noble dans ce livre est juste horrible), qui fait beaucoup dans ce qui rend le bouquin captivant. Je regrette un peu que la forêt soit finalement relativement peu exploitée, à la limite, et que les fils de l'intrigue ne se réunissent que faiblement, par l'intermédiaire peu palpitant d'un procès.

Mais j'aime bien, j'ai l'impression de découvrir la première version archaïque de tout un tas d'histoire, et notamment tout de ce qui tient au romantisme plus tardif (à la différence que la mélancolie du courant est ici remplacée par l'effroi).


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 01 Aoû 2014, 08:17 
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Localisation: Rebirth Island
Lu Pornstar, de Cosmo ;)

J'ai beaucoup beaucoup aimé. J'espère lui en parler vu que je le vois bientôt, mais j'ai trouvé ça vraiment cool, ça se dscend en 2-2, c'est drôle et dégueu, plutôt malaisant, et percutant. Vraiment top.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 04 Aoû 2014, 10:36 
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Messages: 29087
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Sentiment très mitigé sur ce roman. D'un côté je le trouve absolument admirable et en tout point poignant. Notamment dans la description du deuil, dans cette minutie que prend l'auteur pour tenter de comprendre ce que c'est que d'apprendre qu'un de ses proches est mort, dans le détail des sentiments, dans des formules qui te prennent aux tripes. Il y a quelque chose de très pur et très doux dans la démarche. Seulement de l'autre côté je trouve l'écriture affreusement ampoulée, alambiquée pour rien. Rarement n'avais-je autant eu la sensation d'un auteur qui "se regarde écrire". On a un peu le sentiment que Maylis de Kerangal souffre d'un complexe d'inferiorité et qu'elle cherche à tout prix à nous convaincre qu'elle sait écrire de belles et (très) longues phrases. Je trouve le résultat totalement contre productif. Quand elle ne tombe pas dans le ridicule le plus total (l’irruption totalement inappropriée de l'anglais dans certaines phrases). Et puis je ne peux me départir de l'idée qu'elle n'a pas les armes pour tenir parfaitement son concept (un récit qui se concentre sur 24h dont un coeur- l'organe- est le personnage principal). Du coup elle multiplie les digressions, nous raconte la vie de plusieurs personnages. Si parfois cela semble parfaitement logique avec la démarche (célébrer la vie, l'individualité de chacun devant la mort), c'est parfois parfaitement superflu, parfaitement hors-sujet (nous raconter l'histoire de la copine d'un des médecins par exemple).
Bref, je ne peux nier que le livre m'a touché, qu'il est parvenu à m'émouvoir mais en même temps je ne cessai d'y voir ces ostensibles défauts.

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J'étais très curieux de lire cette uchronie de K.Dick où les Allemands et les Japonais auraient gagnés la seconde guerre mondiale. Mais ce fut une énorme déception. C'est ultra chiant, il ne se passe littéralement rien. Sa vision d'un monde où les méchants auraient gagnés la guerre a finalement très peu d'intérêt. On a pas du tout l'aspect ludique d'imaginer un autre monde, c'est presque traité en arrière plan. Il y a quelques éléments intéressants et intrigants (fascination des vainqueurs pour des symboles américains, évocation lointaine du nettoyage ethnique de l'Afrique, uchronie dans l'uchronie où un livre est écrit décrivant la victoire des alliés mais qui ne correspond pas non plus à la réalité) mais le tout est trop ésotérique, abstrait, échoue presque totalement à créer des personnages et même une intrigue. J'adore les nouvelles de K.Dick mais je bloque une nouvelle fois face à son travail de romancier (j'avais déjà laché Siva en plein milieu). J'ai arrêté au bout de 200 pages.

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