Forum de FilmDeCulte

http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/60035/date/2011-02-12/article/abdellatif-kechiche-je-reve-dun-soulevement-de-nos-banlieues/

Notre plus grand réalisateur dans l'hexagone écrit :
"Des hommes luttent, sacrifiant leur vie pour la dignité."

Bien heureux qu'il connaisse ce terme, mais je doute qu'il en maîtrise la signification. Permettez moi de vous racontez une anecdote concernant ce parangon de l'humanisme à la française.
Il y a de cela quelques années, après avoir bouclé le tournage de son premier long, la Faute à Voltaire, le montage des rushes fut confié à une monteuse qui m'était personnellement très proche. Elle me raconta qu'il lui fut très difficile d'arriver à livrer un quelconque montage cohérent tant aucun découpage n'émanait des plans tournés (un peu l'inverse d'un John Ford qui se targuait de tourner de telle manière qu'il aurait été impossible de monter ses films autrement que dans l'ordre de son découpage). C'était un gros bordel sans queue ni tête où ne serait-ce que déterminer le début et la fin d'un plan constituait déjà tout un challenge ("Mais il se voit comme un poète et estime que la rigueur technique entrave son inspiration" m'avait-elle expliqué). Bon an mal an, elle se débrouille pour livrer une première version, bien entendu sans l'aide de l'humble réalisateur qui devait avoir mieux à faire ailleurs que d'assister au montage de son propre film.
Très peu de temps après avoir terminé son travail, le cancer la frappa de plein fouet. Extrêmement mal en point, il était évident qu'elle n'en avait plus que pour quelques mois à vivre (elle me fit ce récit environ un mois avant son décès et l'anecdote la faisait rire, sans quoi je ne me serais pas permis de la raconter ici). C'est alors que, lors de son traitement à l'hôpital, débarqua de nulle part le plus grand génie national de notre époque qui se mit à l'invectiver, à la traiter littéralement de "connasse", d'incompétente notoire incapable de comprendre (et donc de monter) sa grande oeuvre d'art. Visiblement, ça ne posait pas trop de problème éthique au plus grand humaniste de notre époque de s'en prendre à une femme qui, dans son lit d'hopital et dû aux effets de son traitement, ne pouvait même pas lui répondre.
Alors les dissensions artistiques sont le propre de la création cinématographique, certes, et, for the sake of the argument, allons jusqu'à admettre que cette personne fut bel et bien incompétente (ce qui n'est pas mon avis mais bref...), en quoi se comporter comme le dernier des porcs face à quelqu'un qui se trouve certainement dans son lit de mort allait faire avancer le schmilblick ? C'est pas exactement comme si elle comptait se remettre à sa table de montage pour terminer le boulot puisqu'il était évident qu'elle serait remplacée suite à cette situation médicale. Peut-être était-ce juste histoire de se passer les nerfs après s'être rendu compte du gros tocard qu'il est finalement ?

'Fin voila quoi. Désolé de déballer le linge sale aux yeux de tous mais il m'est insupportable de subir le contraste entre la persona publique de ce mec qui se la joue trop humble, timide et proche du petit peuple alors qu'il n'est en fait qu'une grosse merde.

Tout ce que j'en retiens c'est que l'armée c'est plus rigolo et moins chiant que le cinéma.