Inscription: 25 Nov 2005, 00:46 Messages: 86816 Localisation: Fortress of Précarité
C'est (re)tipar, j'inaugure en reprenant le même mode que j'ai utilisé les quatre dernières années avec une petite modif : chaque titre est accompagné non plus d’une image, mais de six, représentatives d'une scène marquante, stigmatisant la thématique du film ou tout simplement la raison pour laquelle je l'aime, ce que j'essaie d'expliquer dans les quelques lignes qui accompagnent également cette image. Il peut s’agir de plans "spoilers" étant donné qu’il s’agit souvent du dernier plan ou d’un plan de la dernière séquence du film, donc je prends les précautions nécessaires.
Que dire sur ce film et sur cette fin que je n'aie déjà dit? Avant même cette séquence, il y a déjà un extraordinaire récit de science-fiction, qui fonctionne à 100% sans la nécessité d'un quelconque twist, que cette dernière scène n'est d'ailleurs pas réellement. Le film peut être indépendant de cet épilogue mais la ponctuation demeure cependant pertinente non seulement du point de vue de la relecture potentielle du film, mais surtout comme point culminant du film-somme qu'est l'oeuvre pour son auteur, d'une densité thématique semblablement aussi infinie qu'un escalier escherien. L'ambiguité laissée par la fin n'est pas une vulgaire pirouette de petit malin mais le plus symbole que Nolan pouvait donner à son obsession principale visant à opposer la réalité objective avec notre point de vue subjectif sur le monde et ce sempiternel besoin de salut via l'illusion. Est-ce un rêve? Est-ce la réalité? La vérité importe peu pour Cobb, seul la vérité émotionnelle compte, et à ce moment précis, lorsqu'il peut enfin revoir le visage de ses enfants, il n'a plus rien à foutre de la toupie. Elle peut tourner pour l'éternité...
2. The Social Network (David Fincher)
Je l'avais déjà évoqué dans le topic mais cette fin présente quelque part des points communs avec celle d'Inception. Les actualisations de page successives de Zuckerberg c'est un peu la toupie de Cobb : le film ne donne pas la réponse si oui ou non ça se termine bien pour le protagoniste. Est-ce qu'elle va accepter son Friend Request? Est-ce qu'elle va refuser? Sorkin et Fincher exploitent Facebook pour refaire Citizen Kane en faisant du mec incapable de nouer des liens avec Elle l'homme qui va créer le plus grand réseau social du monde, et signent un portrait cinglant des facs, du capitalisme, d'internet et de l'acte de création, si souvent motivé par l'envie d'être accepté. Et un Rosebud sous forme de F5.
3. Scott Pilgrim vs. the World (Edgar Wright)
J'ai hésité à mettre la séquence qui mène au dernier plan, avec le "Continue?", qui parvenait, à l'instar du reste du film, à illustrer les méandres du parcours de chaque nouveau couple par le biais de références aux jeux vidéos. Parce que derrière tout le délire formel geek, je persiste à trouver très juste cette véracité émotionnelle sur les relations de couple, les ex avec lesquels il faut rivaliser dans le coeur de sa dulcinée et les secondes chances qu'il faut parfois se donner...mais je mentirais si je disais que c'était l'aspect qui me parlait le plus dans le film d'Edgar Wright, qui reste un incroyable régal pour les yeux. J'aurai presque pu faire une capture d'écran de n'importe quel plan tant les idées fusent. J'ai donc choisi de prendre cette séquence, le 3e combat, qui regorge à mon goût du plus grand nombre de plans "eye-candy".
4. How to Train Your Dragon (Chris Sanders, Dean DeBlois)
La plus grande surprise de l'année. Film qui se classe direct meilleur film d'animation DreamWorks, meilleur film d'animation de l'année, l'un des meilleurs films de l'année, l'un des meilleurs films d'animation tout court, etc. Pourquoi? Parce qu'au-delà d'un classicisme indéniable, il y a une véritable maturité dans le traitement de l'histoire et surtout une bonne grosse dose d'émotion. Séquence-clé représentative de tout cela, la scène, où on laisse les images parler, où les deux personnages s'apprivoisent, d'une simplicité qui tend à la pureté et qui se fait donc tout simplement dévastatrice en termes d'émotion. Le dessin, les traits, la leçon de confiance, et le contact. Redoutable. C'est beau à pleurer.
5. Robin Hood (Ridley Scott)
La plupart des gens n'y ont vu qu'un Gladiator bis en moins bien mais ce qui m'a tant enthousiasmé dans ce film, ce n'est pas tant l'aspect badass du personnage, la dimension épique des batailles, ou le contexte historique de l'intrigue, bien que cela joue également, mais la poésie inattendue de certaines scènes. Comme celle-ci, durant laquelle le film s'interrompt, oublie les bastons dans la boue, pour filmer des hommes semer des graines en pleine nuit. Ils auraient pu s'arrêter à la scène qui la précède, où les hommes volent les graines, premier acte qui définit le héros tel qu'on le connaît, mais c'est ce choix de montrer ce qu'ils font de leur larcin, et de le montrer de cette manière-là, qui me séduit. Scott ne se limite pas aux passages obligés de l'icône, il se permet ces envolées lyriques, comme lors des scènes mystérieuses, presque horrifiques, avec les gamins des bois. Là est l'originalité d'un film que beaucoup ont réduit à une énième version d'une histoire mille fois vues.
6. Iron Man 2 (Jon Favreau)
Il y a tout dans cette séquence. C'est le coeur du film. Cette scène à elle seule prouve à quel point Favreau & Co ont compris le personnage. Ca commence avec un Tony Stark ivre qui se réfugie dans son armure, entouré de minettes, pour fêter son anniversaire, parce que la responsabilité intrinsèque au héros est trop lourde à assumer pour l'homme seul. Puis le joyeux spectacle alcoolisé vire au drame, avec cette situation que l'on a tous vécu où le pote bourré devient agressif et où il faut le recadrer. Sauf qu'ici il y a des super-pouvoirs. S'enchaîne alors une excellente scène d'action, qui présente elle aussi ce même basculement, de la comédie vers la tragédie. Au départ, on se fout des coups d'haltères sur fond de Queen mais après la musique disparaît et la surenchère arrive à son paroxymse destructeur. Et l'issue du combat se fait muette, un dernier regard est échangé avant que l'ami ne disparaisse dans la nuit. Cette scène, super forte, témoigne aussi de l'excellente gestion du ton du film, exploitant à fond les différentes facettes du protagoniste, à la fois un connard et un homme brisé. Et un super-héros badass.
7. Sherlock Holmes (Guy Ritchie)
Autre film avec Robert Downey Jr., autre connard. Là aussi je pourrais parler des scènes qui nous montrent l'homme torturé, mais cet aspect étant bien moins profond ici, je préfère évoquer la figure du style récurrente du film, liée tout de même à la psyché du personnage. Généralement, on utilise un ralenti pour décomposer l'action super rapide d'un personnage. Ici, Ritchie utilise le ralenti pour décomposer la REFLEXION super rapide du personnage. Ces séquences, étant données qu'elles sont immédiatement répétées à l'écran, à vitesse normale, deviennent des projections mentales du protagoniste, illustrées donc au ralenti, pour nous autres spectateurs moins intelligents que Sherlock. C'est tout con comme idée, rien n'y est révolutionnaire. Mais j'apprécie cette manière qu'a la forme de se mettre au service du personnage tout en se permettant d'être moderne de manière à apporter de la fraîcheur au célèbre héros. Et quelque part, ça représente la démarche générale du film.
8. Toy Story 3 (Lee Unkrich)
Si le film est malheureusement handicappé par sa redondance narrative avec les deux premiers épisodes, il jouit de son statut de dernier chapitre qui lui permet de traiter de thèmes autrement plus adultes. Le second évoquait déjà l'abandon, mais celui-ci aborde carrément la mort et ce de manière on ne peut plus frontale. En témoigne cette séquence, incroyablement forte, où nos héros, face à une mort certaine, se résignent enfin, après une heure et demie de fuite. Ce qui est absolument remarquable c'est que tu as beau être devant un film d'animation Disney, tu en viens à te dire "putain ils vont caner" (moi je m'imaginais déjà une fin où les jouets, fondus et donc fusionnés ensemble, allaient être recyclés et donc réincarné en un autre jouet). C'est couillu. Et pertinent.
9. Fair Game (Doug Liman)
Bon là il ne s'agit pas de captures d'une séquence, parce que le film n'est pas encore disponible, mais de captures de différents plans de la bande-annonce, malheureusement pas très représentatif de ce qui m'a touché dans ce film, à savoir le drame humain qui parvient à ancrer la plus grande Histoire dans un récit moins factuel. Il y a cette très belle scène, sur la fin, où Plame revient vers son mari pour lui dire qu'il avait raison de publier l'article qui a poussé le gouvernement à griller son identité à elle, et où lui lui répond qu'il l'a fait pour lui, aveuglé par sa quête de la vérité. Moment tout con, découpé en un simple champ-contre-champ, où tu ne vois plus l'intrigue politique anonyme mais les vraies gens dont la vie en souffre. C'est pas The Insider, mais c'est ce qui m'a touché.
10. The A-Team (Joe Carnahan)
Un dernier plan. Une dernière réplique. La plus culte de la série. Reprise par un autre, comme le film adapte le matériau, en reprenant juste après la voix off introductive du générique original. Et le tout avec le sourire. Parce que tout ça c'est DECOMPLEXE évidemment, le film n'a pour unique but que d'être fun et de rendre hommage aux icônes '80s. Mission accomplie. Enorme quota sympathie, très communicatif, là aussi ils ont tout compris, et cette note finale en est la preuve.
Bon, on va pas y aller par quatre chemins, c'est une année de merde. En tout cas pour quelqu'un comme moi qui adhère davantage au cinéma américain, c'était une année très, très faible, avec un bon nombre de déceptions. Nombre d'auteurs auront livré des films qui resteront sans doute comme leurs pires (Clint Eastwood, Peter Jackson, Tim Burton, Kevin Smith, M. Night Shyamalan). Heureusement, les jeunes britanniques expatriés auront signé peut-être leurs meilleurs (Christopher Nolan, Edgar Wright, même Guy Ritchie). Cette année restera également celle où les studios d'animation Dreamworks auront enfin su rivaliser avec le talent de Pixar, décidément habitué des tops de fin d'année. J'ai hésité à insérer Raiponce quelque part aussi. Très bonne année pour l'animation. Zéro films français dans le top, contrairement à 2008 et 2009 également.
En fait, c'est une année assez inégale. Je préfère les films du haut de mon top à ceux de l'an dernier (et même de l'année d'avant), mais 2008 et 2009 comptaient par contre un plus grand nombre de bons films. Les films classés de 5 à 15 ces années-là surpassent de loin les films classés de 5 à 10 cette année.
Donc voilà, je garderai longtemps dans mon coeur les 4 premiers films de ce top 2010, mais le reste...moins. Beaucoup moins.
Bientôt suivront mon Flop 2009 et mon Top Affiches 2009.
Inscription: 18 Aoû 2005, 23:40 Messages: 19464 Localisation: Rebirth Island
C'est vrai que la scène d'Iron man 2 dont tu parles est au top. C'est rageant que la suite du film soit totalement à la ramasse. Je ferai mon top moi aussi tiens.
Pour ma part, 2010 est un grand cru, car si d'habitude un ou deux films se distinguent nettement des autres, cette fois-ci les quatre premiers peuvent prétendre au titre de "film de l'année", alors que j'en avais un par défaut en 2009 (Star Trek), et la note moyenne des dix est par conséquent élevée (4,4/5). Cela dit, elle est également remarquable en terme de navets, puisqu'il y aurait de quoi faire un top 20.
_________________ "Je suis prêt à accepter une tonne de qualité chez Spielberg" Lohmann
Inscription: 25 Nov 2005, 00:46 Messages: 86816 Localisation: Fortress of Précarité
Baptiste a écrit:
Citation:
Je préfère les films du haut de mon top à ceux de l'an dernier (et même de l'année d'avant)
Tu places Inception au-dessus de The Dark Knight?
Alors c'est la seule exception (vu que c'est mon seul 6/6 de 2008)...j'ai une légère préférence pour The Dark Knight mais c'est un peu kif kif en gros...
1 Valhalla Rising (5,5/6) 2 Inception (5/6) 3 Biutiful (5/6) 4 Des hommes et des Dieux (5/6) 5 Scott Pilgrim (4,5/6) 6 Social Network (4,5/6) 7 White Material (4/6) 8 Toys Story 3 (4/6) 9 Kaboom (4/6) 10 Fantastic Mister Fox (4/6) 11 Outrage (4/6) 12 Carlos (4/6) 13 Mother (4/6) 14 Piranha 3D (3,5/6) 15 Fatal (3,5/6)
Hors catégorie : Enter the Void (11/6) Coco et Igor (5/6) rattrapé en début d'année mais sortie en 2009
Oui mais 2010 c'est dans la dimension de l'Humanité, tandis qu' "Enter the void" est au-delà, c'est un film dans la dimension des astres et des étoiles engendré par le big-bang, c'est un film qui perce la nuit des temps et qui devient ainsi le meilleur film de tous les temps (et espaces et espace-temps)
Sur une petite bagatelle de 200 films auxquels se grefferont quelques ajouts qui ne risquent pas de perturber le top 30
30 Eastern plays 29 Mammuth 28 White Material 27 Gigantic 26 Dragons 25 La gueule du loup 24 Monsters 23 Remember me 22 Scott Pilgrim vs the rest of the world 21 Helen 20 Lebanon 19 The Runaways 18 Vénus noire 17 L'épine dans le coeur 16 Tournée * Carlos (version TV) * The messenger * Two gates of sleep
15 Fantastic Mr Fox Wes Anderson
14 Valhalla Rising Nicolas Winding Refn
13 Commissariat Ilan Klipper, Virgil Vernier
12 Daniel y Ana Michel Franco
11 Air doll Hirokazu Kore-Eda
10 Lola Brillante Mendoza
9 Ne change rien Pedro Costa
8 Des hommes et des dieux Xavier Beauvois
7 The housemaid Im Sang-Soo
6 Les arrivants Claudine Bories, Patrice Chagnard
5 City of life and death Chuan Lu
4 Une vie toute neuve Ounie Lecomte
3 Toy story 3 Lee Unkrich
2 Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) Apichatpong Weerasethakul
1 The social network David Fincher
Un vestige de bon goût et d'éclectisme, offert de bon coeur.
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