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Le Destop, ou le top par désséni.
On commence par "Le Muet", qui n'est pas à proprement parler une décennie, mais on est pas là pour se faire chier.
Donc, de 1895 à 1930 (mais forcément muet), le top 15 :
1. Greed (Erich Von Stroheim)
Chef-d'oeuvre absolu, cynisme et poésie se répondent sans arrêt dans un film qui navigue entre tous les genres (social, burlesque, romantisme, horreur, western) en les transcendant tous. C'est misanthrope, désespéré, mais comme chez Céline, c'est bourré d'humour et de pépites d'amour. D'une histoire des plus banales, Stroheim parvient à une vision personnelle de l'humanité corrosive et ridicule. Un de mes films préférés.
2. L’Aurore (Friedrich Wilhelm Murnau)
Tout a été dit sur ce film. Au ciné, ça fout vraiment sur le cul. C'est beau, y a un souffle incroyable, 50 idées par plans, et ça reste cependant très humain, très humble, sincère et naïf.
3. La Ruée vers l’Or (Charles Chaplin)
Un des films les plus drôles que je connaisse. Rien que le début : Charlot, sur une falaise enneigée, suivi par un ours... ça me suffit. Et puis des passages parmi les plus émouvants de la filmo de Charles.
4. La Passion de Jeanne d’Arc (Carl Theodor Dreyer)
Il faut absolument le voir sans aucun son, puisque le film entier est une sorte de symphonie, avec ces mouvements de caméra qui se repettent, ses va-et-vient purement graphiques, ses changements de valeurs de plans, ses exubérances baroques... Du pur formalisme au service d'un film apocalyptique, qui finit en folie furieuse.
5. La Foule (King Vidor)
Version un peu plus sage des Rapaces, moins jusqu'au-boutiste, mais dans la même veine. Mélange de genres, satire violente de la société, un film d'une modernité incroyable, où l'individu n'est rien, juste un pantin aux réactions mécaniques. Du coup, on rigole beaucoup durant le film, et heureusement, sinon c'est à se tirer un balle. Et c'est très intéressant de lui adjoindre le génial Rebelle avec qui il forme un dyptique sur l'individu VS la société, et auquel il annonce la forme abstraite, le découpage en tableaux, les cadrages géométriques.
6. L’Homme à la caméra (Dziga Vertov)
Je craignais le film "il faut le voir", finalement j'ai été emporté du début à la fin. Maëlstrom visuel étourdissant plutôt que bête propagande, Vertov fait preuve d'une liberté et d'une énergie folles, et même ses principes théoriques un peu lourds passent merveilleusement bien grâce aux idées de montage qui les sous-tendent et à l'humour qui nappe le film.
7. Steamboat Bill Jr. (Buster Keaton)
Vieux souvenir mais excellent souvenir.
8. Nosferatu (Friedrich Wilhelm Murnau)
Je sais pas trop comment juger ce film. Je lui trouve toujours plein de défauts, mais c'est immanquable, je me le mate au moins une fois par an. La faute à quoi? A l'affreuse musique du DVD que pourtant j'adore? A ces cadres toujours étranges? A ces acteurs tous plus faux ou fous les uns que les autres? J'en sais rien.
9. Un Chien andalou (Luis Buñuel)
M'a toujours bien plu ce film. Les plans restent en tête longtemps après.
10. Napoléon (Abel Gance)
Vu que la première partie, certes, mais Gance était le Kalatozov du muet, à faire des plans de barré, à charcuter tout au montage, à te dire que Napoléon était un grand marxiste, etc. Du grand n'importe quoi terriblement jouissif.
11. La Ligne Générale (Sergei M. Eisenstein)
Mon préféré de Sergei, peut-être même le seul que j'aime de lui. La lenteur, la beauté des paysages et des contre-jours, tout ça m'avait bercé pendant deux heures.
12. Ben-Hur (Fred Nilbo)
C'est cool, ce film. Chouette péplum. Bourré d'images d'Epinal, certes, mais c'est ça que j'aime dans le muet : les trucs les plus naïfs, voire niais, passent bien.
13. La Nouvelle Babylone (Grigori M. Kozintsev & Leonid Trauberg)
Film un peu bancal, mi-expressionniste, mi-eisensteinien, sur la Commune. Historiquement, c'est faiblard, idéologiquement, c'est faiblard, mais il y a des fulgurances visuelles incroyables, surtout quand les idées sont simples.
14. Le Cirque (Charles Chaplin)
Il me touche pas vraiment, mais y a 3-4 passages à se pisser dessus.
15. La Lettre écarlate (Victor Sjöström)
Mélo (un peu anachronique, mais bon) assez classique mais bien foutu.
Dernière édition par Gerry le 26 Fév 2007, 13:03, édité 2 fois.
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