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MessagePosté: 05 Aoû 2008, 15:11 
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the black addiction a écrit:
On est vraiment sur la même longueur d'onde, c'est le moins que l'on puisse dire. Rien à dire sur ton top, sauf peut être que je trouve Point Blank assez surestimé... mais je pinaille.


J'aime beaucoup ce film de Boorman, mais il est vrai que c'est peut-être un peu excessif de le mettre dans les 30 premiers...
Après, c'est évident que sans la règle du "un seul par cinéaste", il n'y serait pas (j'ai pas pu mettre Mariendbad, Muriel, Adieu Philippine, Mouchette etc...).
A la place, j'aurai aussi pû mettre un choix plus affectif comme la Fille à la valise, ou plus esthétique comme la Femme des sables...


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MessagePosté: 05 Aoû 2008, 15:18 
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the black addiction a écrit:
On est vraiment sur la même longueur d'onde, c'est le moins que l'on puisse dire. Rien à dire sur ton top, sauf peut être que je trouve Point Blank assez surestimé... mais je pinaille.


c'est quand meme beaucoup plus convaincant que La marque du tueur.

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.


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MessagePosté: 05 Aoû 2008, 16:01 
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thepassionoflovers a écrit:
Pas une mince affaire…
30 films; un par cinéaste


Pourtant il y a deux Antonioni !

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MessagePosté: 05 Aoû 2008, 16:04 
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Tetsuo a écrit:
thepassionoflovers a écrit:
Pas une mince affaire…
30 films; un par cinéaste


Pourtant il y a deux Antonioni !




J'ai triché; j'ai pas pu faire autrement, c'était comme choisir entre le coeur et la tête, ou un truc comme ça...


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MessagePosté: 05 Aoû 2008, 20:17 
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skip mccoy a écrit:
the black addiction a écrit:
On est vraiment sur la même longueur d'onde, c'est le moins que l'on puisse dire. Rien à dire sur ton top, sauf peut être que je trouve Point Blank assez surestimé... mais je pinaille.


c'est quand meme beaucoup plus convaincant que La marque du tueur.


La comparaison est très logique en effet, j'aime bien le film de Boorman mais si j'avais un choix à faire ce serait le Suzuki.

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MessagePosté: 05 Aoû 2008, 21:51 
the black addiction a écrit:
La comparaison est très logique en effet, j'aime bien le film de Boorman mais si j'avais un choix à faire ce serait le Suzuki.

Dans mes bras !

Pour moi, Point Blank vaut surtout pour son début.


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MessagePosté: 05 Aoû 2008, 22:05 
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the black addiction a écrit:
skip mccoy a écrit:
the black addiction a écrit:
On est vraiment sur la même longueur d'onde, c'est le moins que l'on puisse dire. Rien à dire sur ton top, sauf peut être que je trouve Point Blank assez surestimé... mais je pinaille.


c'est quand meme beaucoup plus convaincant que La marque du tueur.


La comparaison est très logique en effet, j'aime bien le film de Boorman mais si j'avais un choix à faire ce serait le Suzuki.



Grave! (oui, je fais dans le bref et sans intérêt)

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C'est moins la connerie que le côté attention-whore désoeuvrée plutôt pête-couilles et désagréable que l'on relève chez moi, dès lors que l'on me pratique un peu.

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MessagePosté: 06 Aoû 2008, 00:33 
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Karl le mort-vivant a écrit:
the black addiction a écrit:
skip mccoy a écrit:
the black addiction a écrit:
On est vraiment sur la même longueur d'onde, c'est le moins que l'on puisse dire. Rien à dire sur ton top, sauf peut être que je trouve Point Blank assez surestimé... mais je pinaille.


c'est quand meme beaucoup plus convaincant que La marque du tueur.


La comparaison est très logique en effet, j'aime bien le film de Boorman mais si j'avais un choix à faire ce serait le Suzuki.



Grave! (oui, je fais dans le bref et sans intérêt)


Mais ouais ! (moi aussi)

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MessagePosté: 06 Aoû 2008, 10:51 
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Tetsuo a écrit:
Karl le mort-vivant a écrit:
the black addiction a écrit:
skip mccoy a écrit:
the black addiction a écrit:
On est vraiment sur la même longueur d'onde, c'est le moins que l'on puisse dire. Rien à dire sur ton top, sauf peut être que je trouve Point Blank assez surestimé... mais je pinaille.


c'est quand meme beaucoup plus convaincant que La marque du tueur.


La comparaison est très logique en effet, j'aime bien le film de Boorman mais si j'avais un choix à faire ce serait le Suzuki.



Grave! (oui, je fais dans le bref et sans intérêt)


Mais ouais ! (moi aussi)


Oui, mais j'aime bien les couleurs du Boorman...
...en même temps, aucune de ses scènes n'est reprise dans Ghost dog...
...alors je sais plus trop...


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MessagePosté: 06 Aoû 2008, 12:23 
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Et moi J'ADORE le Boorman et je le mets bien devant le Suzuki.
Voilà, c'est dit.


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MessagePosté: 21 Aoû 2008, 19:26 
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1. 2001 : L'ODYSSÉE DE L'ESPACE - Stanley Kubrick

Film mythique bien sûr, création aussi calculée qu'inspirée, dont il est un peu vain de parler tant tout a déjà été dit sur lui. Pour moi comptent surtout l’émerveillement et la fascination que me vaut ce trip visuel et musical qui passe au-delà de la compréhension rationnelle. Les images, les scènes, les purs instants de poésie de 2001, leur puissance d’évocation, resteront sans doute parmi les intenses de ma vie de spectateur, qu’il s’agisse du meurtre paradoxal et bouleversant de l’ordinateur Hal 9000, dont la voix s’éteint au fur et à mesure que l’astronaute annihile ses facultés intellectuelles, de la plongée subjective à travers la porte stellaire, au croisement du psychédélisme hippie et des recherches expérimentales du cinéma plasticien, ou du grandiose mouvement final, avec l’apparition du fœtus astral sur fond de Strauss. Une fois l'émotion passée, vient le temps de la réflexion, de la découverte des enjeux philosophiques de cette vertigineuse méditation poético-métaphysique sur les origines et le devenir de l'humanité, de sa rigueur architecturale, de la pléthore d'interprétations et d'enseignements que l'on peut en tirer, du mariage miraculeux qu’il orchestre entre l’intellectuel et le sensoriel... On se dit alors que sa réputation de "plus grand film de tous les temps" n’est peut-être pas usurpée.

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2. LA DOLCE VITA – Federico Fellini

Objet d’un énorme scandale à sa sortie, cible de l’ire des ligues de vertu italiennes, la vaste fresque romaine de Fellini, habitée par le désenchantement et l’ironie désespérée, reste pour moi le plus grand film de son auteur. Parce qu’en une suite de tableaux tour à tour féroces, grinçants ou insolites, le maestro dresse le portrait définitif d’une société déliquescente perdue dans ses turpitudes. Parce que les séquences splendides se succèdent, du strip-tease de Nadia Gray devant une jet-set décadente à la découverte du monstre marin échoué sur la plage d’une aurore désabusée. Parce que Marcello Mastroianni (projection évidente du cinéaste), impose, dans son détachement factice, un charisme soufflant. Parce que Fellini, en abandonnant les voies balisées du récit linéaire pour privilégier le flux poétique des émotions, des fantasmes, de l’onirisme, ouvre la voie de ses films suivants, marqués par la rencontre du réel et de l’imaginaire. Parce que cette parabole sur la vacuité de l’existence, la peur du temps qui passe, le cynisme et l’indifférence d’un microcosme qui tente d’oublier son inanité dans une agitation incessante, est peut-être le film le plus lucide et pénétrant jamais réalisé sur l’angoisse existentielle – carburant vital pour nombre d’artistes.

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3. PERSONA – Ingmar Bergman

Attention, ovni. Film unique, condensé vital des obsessions d’un artiste qui a affirmé faire acte de survie en le réalisant, oeuvre qui suscite soit la plus intense des fascinations, soit le plus profond ennui. Si je le cite ici, c'est bien sûr que je me situe dans la première catégorie. Pourtant, c’est son hermétisme qui frappe en premier lieu, comme si le film refusait de s’offrir, comme s’il nous manquait une clé pour en comprendre la moindre signification. Mais très vite, la puissance opératoire des images et des sons se déploie, ainsi que l’impression d’assister comme à la mise en images d’un inconscient se gravant sur la pellicule, en une dichotomie saisissante figuré par l’affrontement des deux figures féminines opposées. On ne peut rien expliquer de manière rationnelle : Persona pousse tellement loin l’introspection et les recherches expérimentales sur la narration, l’autopsie du psychisme de ses personnages, ouvre tant d’interrogations sur la relation du physique et du mental, du social et du refoulé, qu’on ne peut que se contenter d’en ressentir les effets. De ce bloc à la fois abstrait et viscéral, les séquences sidérantes surgissent, telle la confession d’Alma, qui, quarante ans après la sortie du film, reste stupéfiante de crudité et d’intensité érotiques.

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4. IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST – Sergio Leone

Qui n’a pas été emporté par l’évocation mélancolique de l’Ouest américain sous la baguette magique de Sergio Leone ? Qui n’a pas été scotché par le regard d’Henry Fonda, transformé, par la grâce de l’entreprise de démythification légendaire du génial cinéaste, en la plus ignobles des crapules sadiques ? Qui n’a pas été suspendu aux notes d’harmonica composées par Ennio Morricone (candidat sérieux, pour ce film, au titre de plus belle B.O. de l’histoire) ? Sans doute quelques-uns encore, qui auront la chance de découvrir comment Leone transforme le western en envoûtement baroque aux lenteurs calculées, croisement truculent de l’opéra-bouffe et de la tragédie picaresque. Attachement fétichiste aux objets, aux décors, aux costumes, traitement prodigieux de la temporalité, qui fige le récit en des instants de pure tension dramatique, extrême sensualité des corps (Claudia Cardinale, charnelle) et des mouvements de caméra, dosage magistral de l’humour à froid et de l’émotion élégiaque, de la bouffonnerie et du mélodrame, de l’hyperréalisme et de l’outrance : cette sonnerie aux morts continue, après de multiples visions, de fasciner par le regard unique d’un auteur qui a inventé plus qu’un style, une nouvelle manière de faire du cinéma.

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5. PSYCHOSE – Alfred Hitchcock

En 1960, Hitchcock vient d'aligner une paire de chefs-d'œuvre historiques : Sueurs froides et La Mort aux trousses. Comme il n'y a jamais deux sans trois, il signe alors Psychose, et fait reculer du même coup les limites du film d'épouvante. Baignée dans une ambiance ténébreuse, prenant quasiment l'aspect d'un conte mythologique, l'oeuvre est un piège effroyable qui se referme sur le spectateur en même temps que sur le personnage de Janet Leigh - sacrifiée au milieu du récit (blasphème total) au cours d'une séquence légendaire. S'il livre son tribut à la psychanalyse (complexe d'Oedipe, voyeurisme, mise en parallèle du sexe et de la mort...), Hitch administre surtout une leçon de cinéma soufflante de maestria, que ce soit dans l'orchestration d'une terreur magistralement distillée (ce profil de la maison Bates, qui s'insinue dans les rêves), dans le malaise que certaines images suscitent (le plan sur l'oeil fixe de Marion après le meurtre) ou dans la virtuosité pure des séquences-choc, matrices de presque tout le cinéma d'angoisse depuis la sortie du film. Habité par Anthony Perkins, entêtant comme un mauvais songe, plongeant profond dans les méandres de nos peurs les plus primitives, ce cauchemar suggestif demeure une oeuvre-phare.

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6. LES OISEAUX – Alfred Hitchcock

Réalisé près de dix ans avant la vague des films-catastrophe, le dernier chef-d’œuvre d’Hitchcock est également l’un de ses plus abstraits. Monument de maîtrise technique et de rigueur dramatique, le film s’amuse à brouiller les pistes et se lance sur les rails de la romance sentimentale avant de faire subtilement dérailler sa machinerie vers le cauchemar. Autant que la virtuosité stupéfiante de ses morceaux d’anthologie (on étudie encore aujourd’hui la scène de la sortie d’école), c'est la superposition des niveaux de lecture permise par le postulat et son traitement qui sidèrent, faisant la part belle aussi bien à la critique sociale qu'à la réflexion métaphysique. On peut voir dans l'attaque des oiseaux aussi bien une parabole du jugement dernier, le désarroi face à l'inexplicable (mais pourquoi les piafs attaquent-ils ?), le catalyseur de comportements complexes, une métaphore sur le danger du contentement de soi ou la rivalité amoureuse (voir les rapports de force qui se tissent entre Melanie, Mitch et Annie, première victime des oiseaux), ou bien encore des pistes plus troubles, clairement psychanalytiques (l'attaque du grenier, où Melanie se fait agresser dans le noir et le silence, ne traduirait-elle pas sa peur du viol ?). Inépuisable et terrifiant.

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7. LA FIÈVRE DANS LE SANG – Elia Kazan

Magnifiant l’inspiration de son précédent film, Le Fleuve sauvage, mais s’éloignant de l’apaisement fordien de ce dernier au profit d’un style exacerbé et flamboyant, Elia Kazan réalise ici ce qui demeure son plus beau film à mes yeux, une magnifique et déchirante histoire d’amour impossible dans le contexte économique tourmenté de la fin des années 20. A partir d’une intrigue forte et complexe, le cinéaste fait éclater les thèmes qui lui sont chers, que l’intelligence du scénario, la précision et le lyrisme de la mise en scène portent à un degré d’incandescence : l’indécision amoureuse des adolescents, la nécessité de faire un choix pour devenir ce que l’on est, le conflit entre l’ancien et le nouveau, le hiatus entre les pratiques d’une société corrompue par l’argent et la morale dépassée qu’elle prétend perpétuer. C’est un sublime poème sentimental, une réflexion sensible sur l’écoulement du temps qui inscrit un destin individuel dans l’histoire collective, et qui trouve une incarnation bouleversante dans l’interprétation de son duo d’acteurs : Warren Beatty, fragile, névrosé, et Natalie Wood, jeune fille hypersensible et perturbée aux brusques élans de tendresse.

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8. L’ANNÉE DERNIÈRE A MARIENBAD – Alain Resnais

Où Alain Resnais conquiert un nouveau territoire dans la représentation d’un espace psychique libéré des contraintes du récit linéaire en s’associant avec le chef de file du Nouveau roman, Alain Robbe-Grillet. Le bouleversement de la narration classique est total : construit comme un jeu de société (à l’image du fameux "jeu de Marienbad" qu’on y voit pratiqué), l’œuvre s’incarne par la grâce d’un dialogue leitmotiv qui se fait musical, mêle le présent au passé, le fantasme à la réalité, le mensonge à la vérité, au fil d’une superbe liturgie des images et des mots. Par le jeu infini des variations subliminales, des répétitions, des rimes, des échos visuels, par la fragmentation du montage, l’incroyable composition plastique des plans, l’abstraction du décor, la volupté obsédante des travellings, L’Année dernière à Marienbad atteint un degré de sophistication formelle qui traduit avec une expressivité poétique maximale les labyrinthes de l’esprit et de la mémoire. C’est sans doute l’un des films les plus originaux et ensorcelants que j’ai jamais vu.

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9. L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE – John Ford)

A la fois méditation nostalgique et synthèse de l’ouvre de John Ford, ce western fondamental fut l’un des premiers, alors même que le genre connaissait son chant du cygne, à abandonner les structures narratives en usage : le duel final, filmé sous deux points de vue différents à quelques minutes d’intervalle, en est une fameuse illustration. Ford opère une véritable démythification de ces légendes considérées comme plus véridiques que les faits, soulignant l’influence souvent mensongère des médias et la propension de la mémoire collective à transformer le passé en vérités simplistes, et les personnages ordinaires en icônes rayonnantes. Magnifique réflexion sur l’intégrité, l’héroïsme, la politique, la transformation irréversible de l’Ouest américain, l’opposition de la démocratie et de la violence, le film s’articule autour de trois personnages représentant trois positions morales : le règne de la force, l’établissement de la loi et la nécessité de la force pour imposer la loi. John Wayne y est un cow-boy fatigué mais digne, représentant un monde révolu, face à un James Stewart comme toujours admirable, incarnation des valeurs nouvelles de l’Etat de droit.

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10. 8 ½ – Federico Fellini

Trois ans après le triomphe scandaleux de La Dolce Vita, Fellini, au faîte de son inspiration poétique, se lance dans la plus fabuleuse des auto-analyses critiques, abolit les frontières entre son oeuvre et lui, mêle réel et imaginaire, vie intérieure et vie extérieure en un tourbillon prodigieux où miroitent les émotions les plus variées. Se livrant en toute impudeur (angoisses et incertitudes d’artiste, fantasmes oedipiens, solitude et frustrations sexuelles, tout y passe), déstructurant son récit avec une audace radicale, le cinéaste se livre à la plus extraordinaire mise en abîme du processus et de la catharsis de la création artistique, à une réflexion introspective d’une portée universelle. Visuellement, c’est une splendeur de tous les instants, que ce soit dans la magie ineffable de la photographie, qui distille un onirisme fascinant, ou dans la cascade de séquences inoubliables, véritables films dans le film, que convoque une construction éclatée : telle la scène du harem qui voit Guido mener ses femmes au fouet, ou encore celle, finale, où toutes les créatures réelles et fantasmées de l’artiste se lancent dans une ronde endiablée.

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11. ANDREI ROUBLEV – Andrei Tarkovski

Andrei Tarkovski était croyant, mais sa foi se situait à une telle altitude spirituelle qu’on peut faire de cette admirable fresque médiévale une lecture laïque aussi bien que mystique, l’inspiration artistique pouvant ainsi être due au génie créateur de l’homme tout autant qu’à l’incidence divine. Ode humaniste témoignant d’autant de splendeur que de rigueur dans son expression picturale et portant à des sommets d’exigence et de profondeur la méditation poético-plastique du cinéaste, le film s’inscrit dans une reconstitution historique suffocante de réalisme (plus proche de Bergman que d’Eisenstein) de la Russie du XVè siècle, ce territoire où passe l’immensité de la terre et du peuple russes. C’est une extraordinaire épiphanie moderne, divisée en chapitres alternant entre frénésie épique et vision élégiaques, à travers laquelle Tarkovski tente, en une réflexion "soufferte" et vivante sur la vocation "au bien" de l’art, d’assumer la prophétie dostoïevskienne selon laquelle la beauté sauvera le monde. Du spectacle de la barbarie humaine aux visions saisissantes d’une cérémonie nocturne et païenne, le film coupe le souffle.

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12. ROSEMARY’S BABY – Roman Polanski

Petit à petit, la peur et le doute infusent l’esprit de Rosemary, jeune femme enceinte de son premier enfant. Quels sont ces bruits étranges qui résonnent dans l’appartement de ses voisins ? Quelle est la substance des breuvages atroces qu’on lui donne à boire ? L’obséquiosité dont tout le monde fait preuve à son égard (qu’elle fasse attention, surtout, elle porte un enfant !) n’est-elle pas fallacieuse ? Et son mari lui-même, de quel côté est-il ? Progressivement, le cauchemar se referme sur l’héroïne, d’autant plus insidieux que Polanski joue en permanence sur l’ambivalence des situations : les événements se déroulent-ils bien ainsi ou la protagoniste est-elle la proie d’une folie de persécution de plus en plus grave ? Chef-d’œuvre du cinéma de suggestion, Rosemary’s Baby est l’opus le plus doucereusement terrifiant de son auteur (avec l’effroyable Locataire), et peut-être le plus grand film jamais réalisé sur le complot, en même temps qu’une prodigieuse leçon d’ambigüité : même les séquences de rêve symbolistes ne servent qu’à contrecarrer le réalisme concret d’une narration qui contraste avec le contenu fantastique de l’histoire. Et ceux, nombreux, qui restent traumatisés par le regard luciférien du bébé de Rosemary, donnent la preuve ultime du talent du cinéaste : il parvient à marquer les esprits même avec ce que n’il ne montre pas.

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13. SATYRICON – Federico Fellini

Fellini adapte Petrone, et c’est la notion même de démesure cinématographique qui doit revoir ses standards. Parce que le Maestro porte à un degré de folie sans comparaison l’ampleur fantasmagorique de ses visions, et parce que l’absence presque totale de fil narratif et le climat de décadence mortuaire et grotesque qui règne sur ses tableaux de fin du monde imposent un malaise et une fascination rares. Péplum aristocratique, que son caractère fantasmatique rend plus envoûtant que n’importe quelle reconstitution vériste, le Satyricon enchaîne les scènes les plus sidérantes : du séisme écrasant la Grande Babylone sous ses propres murs jusqu’au rapt de la divinité hermaphrodite, vénérée par une ahurissante ménagerie humaine, des festins orgiaques de Trimalchion à la traversée de la Mediterannée au service d’un tyran borgne et efféminé, de l’affrontement avec un Minotaure de cirque à la quête d’une déesse africaine qui saura rendre au bel Encolpe sa masculinité perdue : on assiste éberlué à une perception hallucinatoire de l’Antiquité, miroir déformant de la décomposition d’une civilisation, d’une société et d’une culture qui joue de toute une savante série de mises en abyme (récit, peinture, théâtre, jeux du cirques...).

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14. LE VOYEUR – Michael Powell

On serait tenté d’attribuer ce stupéfiant thriller psychotique à quelque épigone de Buñuel ou de Hitchcock, mais il est l’œuvre du très respectable réalisateur britannique Michael Powell, qui impressionna à travers lui plusieurs générations de cinéastes (de De Palma à Tavernier). Il débute sur le gros plan d’un œil s’ouvrant comme un obturateur de caméra et fixant, effrayé, ce qu’il a devant lui. Cet œil est un emblème filmique, il introduit une situation de perception complexe dans laquelle le spectateur est intégré autrement qu’à la manière traditionnelle : celui-ci – le "Peeping Tom" ou voyeur – devient lui-même celui qui est regardé. Le reste du film est à l’avenant, déployant ainsi des vertiges de perversité trouble et fascinante. C’est l’histoire effroyable d’un homme pour qui tuer ne suffit pas, mais qui a besoin également de fixer l’agonie et la peur de ses victimes sur pellicule. C’est une mise en abyme extrêmement troublante du processus d’enregistrement du cinéma et de ses déviances, doublée d’une analyse fulgurante du voyeurisme névrotique, des réalités filmiques et psychologiques à la base de toute cinéphilie. C’est un film unique, sans concession, peut-être le plus dément de son époque.

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15. L’AVVENTURA – Michelangelo Antonioni

Comme Marienbad, ce film représente sans doute une étape décisive dans l’élaboration d’une nouvelle manière de faire du cinéma : c’est probablement l’un des sésames du cinéma moderne, en ce qu’il rompt de façon radicale avec la narration et la psychologie traditionnelles, invente une structure faite de temps morts, de pauses, d’interstices, révélateurs impitoyables de ces minuscules éboulements qui, peu à peu, viennent à bout de toutes les raisons de vivre, d’aimer ou de mourir. Je suis fasciné par la façon dont Antonioni parvient à fondre ses personnages dans un monde abstrait pour apaiser leur solitude : les décors (notamment dans la sublime première heure, sur l’île), photographiés de façon immensément picturale, y sont souvent des espaces vides qui renvoient au vide intérieur de ceux qui y évoluent. Film-manifeste de l’angoisse conjugale, de l’incommunicabilité, de l’aventure spirituelle, qui compose une lente dérive des cœurs et des corps et suscite une émotion paradoxale dans sa sécheresse même.

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Dernière édition par Stark le 21 Aoû 2008, 19:43, édité 1 fois.

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MessagePosté: 21 Aoû 2008, 19:40 
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Stark a écrit:




7. LA FIÈVRE DANS LE SANG – Elia Kazan

Magnifiant l’inspiration de son précédent film, Le Fleuve sauvage, mais s’éloignant de l’apaisement fordien



Hum... je pense que tu parles uniquement de mise en scène pure mais Le Fleuve sauvage est il si apaisé que ça ? Je le trouve assez violent est explicite, certes pas autant que le plus beau film du monde mais quand même... Il y a une douleur constante au sein du mélo, malgré la douceur apparente de la mise en scène.

Sinon beau top, même si Le plus beau film du monde n'est qu'à la septième place. :)

Honnêtement que je pensais que ton numéro 1 de cette décennie serait Persona (j'étais pas loin), surement pour sa filiation assez claire avec Mulholland Drive... je sais pas, je m'étais fait cette idée.


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MessagePosté: 21 Aoû 2008, 20:01 
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the black addiction a écrit:
Hum... je pense que tu parles uniquement de mise en scène pure mais Le Fleuve sauvage est il si apaisé que ça ? Je le trouve assez violent est explicite, certes pas autant que le plus beau film du monde mais quand même... Il y a une douleur constante au sein du mélo, malgré la douceur apparente de la mise en scène.


Je ne parle pas que de la mise en scène en elle-même, non... Je trouve vraiment qu'il émerge une grande sérénité de ce film : Kazan y exprime les différentes oppositions éthiques, les différents affrontements psychologiques avec une douceur assez incroyable. Maintenant, c'est vrai qu'il est question de déchirements, de regrets, de peines, mais on est loin de la forme tourmentée de La fièvre dans le sang, à mes yeux.

the black addiction a écrit:
Sinon beau top, même si Le plus beau film du monde n'est qu'à la septième place. :)


Oui, désolé... :cry:
Mais c'est de toute façon infaisable, ce genre de tops : les films que je cite ici sont tellement immenses que le septième film n'a rien envier au premier... si tu vois ce que je veux dire...

the black addiction a écrit:
Honnêtement que je pensais que ton numéro 1 de cette décennie serait Persona (j'étais pas loin), surement pour sa filiation assez claire avec Mulholland Drive... je sais pas, je m'étais fait cette idée.


Il y a une sorte de consensus (tout à fait compréhensible et justifié) qui veut que Persona représente l'un des sommets du triangle d'inspiration de Mulholland Drive (les deux autres étant bien sûr Sunset Blvd et Vertigo).
Mais paradoxalement, si la filiation est évidente, les raisons qui font que j'adore ces deux films (Persona et MD) sont extrêmement différentes, voire opposées. Je suis dingue du film de Lynch avant tout pour son romantisme, son lyrisme sentimental, voire "fleur bleue", son scintillement romanesque... choses que je ne trouve pas du tout chez ce Bergman (qui quant à lui déploie d'autres trésors).


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MessagePosté: 25 Fév 2009, 01:57 
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MessagePosté: 25 Fév 2009, 23:52 
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"Whoever appeals to the law against his fellow man is either a fool or a coward. Whoever cannot take care of himself without that law is both. For a wounded man shall say to his assailant, "If I live I will kill you, if I die you are forgiven". Such is the Rule of Honor."


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