Forum de FilmDeCulte

Je crois que même les fans avaient tous un peu lâché l'affaire avec Kassovitz.

Assassin(s) est un essai intéressant et Les Rivières pourpres un blockbuster correct mais jamais le cinéaste n'a atteint le niveau de La Haine et ses deux excursions anglophones n'avaient rien de probantes pour un metteur en scène qu'on voyait encore comme un des espoirs du cinéma d'auteur populaire français.

Pourtant, sans rien en attendre, j'espérais sans trop y croire que ce retour au bercail et à un sujet plus sérieux puisse confirmer les promesses de jadis. Du coup, même si ça veut pas forcément dire grand chose, je suis assez content de pouvoir dire qu'il s'agit de son meilleur film depuis 15 ans.

Tout d'abord, je tiens à préciser que je ne connaissais pas l'existence même des événements relatés dans le film avant l'annonce de celui-ci, donc le premier atout du film est de raconter une histoire relativement peu connue et par conséquent plus pertinent que beaucoup de films sur des sujets assez familiers du grand public. Je pense notamment à L'Assaut et surtout L'Ennemi intime, auxquels j'ai pensé à plusieurs reprises pendant la séance, en trouvant ici ce qui me manquait dans les films de Leclercq et Siri.

La grande réussite de L'Ordre et la Morale est de parvenir à naviguer sur la frontière entre l'approche documentée réaliste des faits et la fiction subjective collant au plus près de son protagoniste. A l'exception d'un ou deux dialogues que j'ai trouvé un peu trop didactiques, on évite l'aspect "Wikipédia filmé" et les leçons a posteriori, forcément scolaires - qui composait le gros défaut du scénario de Rotman pour L'Ennemi intime, à mon goût - et sans pour autant manquer de richesse dans le fond.
J'adore comme le drame de la prise d'otages commence comme une occupation pacifique qui vire à la revendication d'indépendance mais n'en trouve jamais l'importance, réduite à une bisbille avec les indigènes que l'on règle tout de même avec des solutions de guerre...juste parce que c'est les élections.

Le caractère "à charge" du film n'est certes aucunement fin - tout comme la forme - mais il a le mérite d'être clair et engagé. Si le propos peut parfois se faire lourdingue (voix off poéticodoloriste, discours face caméra), le traitement s'avère assez mature et si dans un premier temps j'ai regretté que la spirale à travers laquelle s'enfonce le personnage ne se fasse pas plus fiévreuse, j'apprécie avec le recul l'impression de véracité qu'elle dégage : que la plupart du temps, les pires décisions sont prises dans des bureaux de manière affreusement cordiale et qu'un simple individu ne peut rien contre la hiérarchie et la politique.

Visuellement, le film se partage donc entre ce côté posé, avec son naturalisme dans la jungle, et des passages à la mise en scène plus "voyantes", comme lors d'excellents plan-séquences (audacieux assaut final chaotique en temps réel) qui laissent monter la pression, à l'instar de ce compte-à-rebours des jours inéluctable, par le biais d'une musique sourde faites de sons drones et de gros coups aussi grandiloquents que le titre du film et sa réplique finale.

Je déplore que ça mette du temps à démarrer et que la plupart des acteurs blancs soient mauvais (excepté Kassovitz, même si lui et Zidi n'ont pas le corps d'un agent du GIGN) et j'aurai sans doute été plus à fond sur un film plus nerveux et émouvant, à la Oliver Stone, mais je trouve le résultat tout de même plus que convaincant.

4,5/6

allez Matt, je crois en ton film de SF à présent!

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J'ai encore aucune idée de la gueule du film, ni de sa tonalité, mais d'une manière ou d'une autre, t'as senti une filiation avec Munich ?

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I think we're gonna need a helmet.

Je me souviens plus si j'y ai pensé pendant le film. C'est possible. Mais si c'est le cas, c'est infime.

Pourquoi? Il l'a évoqué?

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Ça, je ne sais pas. J'avais juste un soupçon d''impression que le sujet du film pouvait faire écho au traitement du Spielberg (d'autant que Kasso est impliqué dans les deux, et que Spielberg est son Dieu).

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Oui oui je sais.
Je me rappelle maintenant, j'y ai pensé lors d'une scène de dialogue très "j'expose mon propos" entre Kasso et le leader des Kanaks, un peu comme celle d'Avner et Ali dans l'escalier dans Munich.

Mais sinon, formellement et narrativement, c'est pas très proche.

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Et c'est loin d'être la meilleure scène du film.

Sinon ouais c'est clair qu'en terme de mise en scène ça n'a rien à voir, là on est plus dans le procedural, super froid, volontairement laborieux, avec mise en scène exprès super posée et tout.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui c'est une des quelques scènes trop didactiques alors que dans le Spielberg, tout le film est construit selon une notion dialectique donc la scène y trouve sa place.

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Interview dans... Var Matin !

http://www.varmatin.com/article/papier/matthieu-kassovitz-%C2%ABje-nirai-plus-au-festival-de-cannes%C2%BB#.Tm3gMgK834o.facebook

"Je n'ai pas l'impression d'être parti. Certes, Gothika était un film de commande pour Hollywood, mais Babylon A. D. était un projet qui me tenait particulièrement à cœur. Ça a dérapé à cause de la lâcheté du producteur et d'un acteur, Vin Diesel, qui s'est révélé être une vraie m... Celui-là, il ne faut pas que je le recroise…"

"J'étais certain d'y aller [à Cannes]. C'est là-bas que j'ai été découvert avec La Haine, et Assassins y a fait l'événement. Le sujet du film, sa dimension internationale, son esthétique, le contexte politique… Tout plaidait pour qu'on y soit. Mais ils ont préféré prendre La Conquête, qui n'est pas un film de cinéma, et jouer à fond la carte de Sarkozy. Ça me pose un vrai problème. Je pense que je n'irai plus à Cannes."

La Conquête n'était pas en sélection officielle, si ? Kasso voulait juste faire l'ouverture ? C'est un peu crétin comme raisonnement. Je trouve sa saillie dispensable, même si sur la qualité des deux films, il a peut-être raison.

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Loooool.

Toujours les mêmes excuses...


Il a raison, surtout sur le "pas un film de cinéma" et le fait qu'il est sélectionné juste parce que c'est le film sur Sarko...ce qui se révèle d'autant plus ridicule a posteriori qu'il s'agissait d'un gros pétard mouillé ce film.

Par contre, le "ouais je voulais y aller et ils ont pas voulu donc j'irai plus", c'est puéril.

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Oui, voilà, c'est ce que je voulais écrire et que je n'ai pas réussi à exprimer.

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Le début en ralenti rembobiné fait un peur, outre le fait que ça me gave qu'on doublonne la fin, on se dit que si Kasso commence à faire le malin avec un sujet pareil, ça risque d'être assez insupportable. Pareillement, le carton dans la gendarmerie avec les images arrêtées sur les shootés, ça passe pas du tout, surtout quand on essaie de te faire croire qu'au début ce devait être une occupation pacifique des kanaks qui auraient paniqué. Et pour en finir sur les défauts je trouve le chef kanak pas très charismatique et le discours sur "ouais on est tous des papas" un peu foireux pour rester gentil.

Après n'allez pas croire que tous les morceaux de bravoure sont à jeter, la scène de l'assaut final impressionne bien par exemple. Mais le gros morceau réside à sa manière d'y aller cash dans l'implication politique, où toute l'agitation, la négociation, la médiation reste téléguidée depuis Paris en plein contexte de deuxième tour des présidentielles 88. Le débat Mitterrand/Chirac qui passe à la télé, en close-up comme dans un western, accentué par les roulements de tambours militaire rythmant le film, lui redonnant une ampleur qui ne la quittera plus jusqu'au dénouement. Kassovitz est parfait en chef du GIGN et ça fait plaisir de voir des acteurs abonnés aux films d'auteurs intellos dans autre chose comme Malik Zidi.
4/6

Je trouve Kassovitz excellentissime en tant qu'acteur mais en tant que réal il n'y a que La Haine que j'aime (et beaucoup). Du coup je suis curieux pour celui-ci!

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Un pote l'a vu à Toronto pour la première mondiale (hors-France). Salle de taille moyenne. Pleine à peine au 2/3. Il a plus le mojo, Kasso...

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CroqAnimement votre

La salle de la projo de lundi de 400-500 places était quasi complète et Kassovitz était ravi de débattre avec le public. Alors ces considérations de peigne-cul qui carburent au Closer dans leur sauna des champs...