Inscription: 25 Nov 2005, 00:46 Messages: 86845 Localisation: Fortress of Précarité
A special-ops team that is dispatched to fight supernatural beings.
Une des premières personnes que j'ai rencontré après avoir fait sa connaissance virtuelle sur le forum Première, c'était Benjamin Parent. Jadis connu sous le pseudonyme de Brad Cool, puis de Neville sur ce forum-ci où il ne vient plus depuis longtemps, Benjamin, qui a huit ans de plus que moi, est très rapidement devenu un de mes meilleurs amis, un grand frère spirituel et même un mentor pour l'adolescent de 16 ans que j'étais à l'époque.
Nous sommes en 2000, aux balbutiements d'Internet, à l'ère pré-YouTube où le concept de vidéo virale n'existait pas réellement ou ne concernait que les gens du milieu. Un jour, Benjamin, qui avait effectué de nombreux stages dans des maisons de production de clips et de pubs, sort une VHS (oui oui) qu'il avait copié de chez La Fourmi, pour me montrer les courts métrages amateur d'un gars qui s'est servi de ces modestes conneries, datant des débuts de la DV et des logiciels de montage, pour démarcher lesdites maisons de production. Et celles-ci se sont empressés de l'embaucher pour réaliser des pubs.
Ce mec s'appelait Nic Mathieu. Et l'un des courts métrages était ce bijou de deux minutes :
Il est vite devenu culte pour moi comme pour quelques autres aspirants cinéastes du forum. Mon admiration n'avait d'égale que ma jalousie face à l'assimilation du langage cinématographique de Michael Bay dont faisait preuve Mathieu, ne témoignant visiblement aucunement de mes frustrations et complexes vis-à-vis de l'amateurisme transpirant d'une image granuleuse, pour ne pas dire franchement dégueulasse, des caméras numériques de l'époque. Le mec a tourné un GAG avec les moyens du bord, un truc DÉBILE mais qui fait état de sa compréhension de la mise en scène et du montage - du moins, d'un type de mise en scène et de montage - et il a eu les couilles d'aller voir une boîte de prod avec ça, ainsi qu'une fausse bande-annonce assumant encore plus ouvertement sa facture fauchée et parodique, et il s'est retrouvé à faire des pubs pour Super Glue 3. Mais pas la pub pourrie sur-éclairée façon comédie formatée pour TF1 de Super Glue 3 avec le mec fixé au plafond, non, il a fait la version Die Hard/Mission : Impossible de cette pub. Je n'arrive malheureusement pas à la retrouver mais on y voyait des mecs du SWAT coller un agent à l'envers dans un ascenseur pour abattre un preneur d'otages en haut d'une tour.
Pendant plusieurs années, je tapais régulièrement son nom dans Google pour voir ce qu'il devenait et il semblait se cantonner à des pubs, comme celle-ci pour Perrier, où l'on retrouve son montage frénétique. Il y a très longtemps, à l'époque où Dark Horizons était encore le site de référence pour les news ciné, son nom avait été attaché à un film de SF, genre qui le travaille visiblement si l'on en croit ce clip (assez inintéressant) pour Orgy, son seul d'ailleurs, cette pub pour Club Internet ou celle-ci pour une télé, ou encore son association à un autre projet, Arrival, dont il était le réalisateur initial ainsi que la future adaptation de...Robotech.
Et donc Spectral.
Quand le projet fut annoncé il y a trois ans, j'ai trouvé ça ouf. Enfin! Bizarrement, un peu par procuration, c'est comme s'il s'agissait du premier d'entre nous à faire un long métrage. Et pas avec n'importe qui! C'est produit par Legendary (les Nolan, les Snyder, les Del Toro) et Universal, c'est écrit par George Nolfi (Ocean's Twelve, The Bourne Ultimatum, The Adjustment Bureau), la photo est signée Bojan Bazelli (Mr & Mrs Smith, The Lone Ranger), la BO est composée par Junkie XL, les armes et véhicules sont l'oeuvre de WETA, etc. Normal, c'était censé être un des blockbusters de cet été, le seul original d'ailleurs, avant de disparaître du calendrier pour finir distribué par Netflix.
Au vu du film, cela peut se comprendre. Autant le pitch qui s'apparente à un Ghostbusters meets Black Hawk Down avait de quoi aguicher, autant ce high concept n'accouche pas d'un film si original que ça à l'arrivée et qui ressemble davantage à un Aliens du pauvre. C'est pas mauvais du tout hein, au contraire, c'est même tout à fait honorable et ça aurait parfaitement pu sortir au cinéma mais j'avoue que mon regard est forcément biaisé par les conditions de vision et de distribution.
Aurais-je été aussi clément s'il s'agissait d'un blockbuster sortant sur plus d'une centaine de copies?
Disons que le film a davantage une facture de série B soignée que de blockbuster estival à gros budget - j'ignore d'ailleurs à combien il s'élève réellement, il y a quelques SFX chiadés (qui rappellent d'ailleurs sa pub pour Cadillac) mais ça tient sur trois décors d'Europe de l'Est - mais ne ressemble pas non plus à un vulgaire DTV désigné à sortir en VOD. Mathieu s'est grandement calmé au montage et cherche quelque chose de plus posé et ambiancé pour ce film de soldats vs. fantômes mais on le sent tout de même plus à l'aise dans l'action que dans les moments de tension et même dans l'action, il y a peu de propositions qui se démarquent réellement. Un poil trop de ralentis, quelques moments badass et une imagerie tout de même un peu différente pour le genre qui parvient à incarner quelque peu le postulat.
En fin de compte, c'est davantage dans le scénario - Mathieu co-signe l'histoire d'ailleurs - que le film s'avère intéressant, notamment dans le rapport à la représentation des "spectres" en question. Un dialogue explicite que chacun y voit ce qu'il veut y voir : l'armée y voit un ennemi parce que c'est ce qu'elle cherche, les locaux y voient des esprits parce que c'est leur superstition, etc. Et le spectateur voit des fantômes parce que c'est ce qu'il s'attend à voir et c'est illustré de façon méta par cette caméra diégétique qui elle seule permet de voir les spectres avant d'être modifiée en projecteur (!), révélant les spectres à l'oeil nu. C'est le cinéma qui transforme ces êtres non-identifiés en fantômes. Et le film aboutit même à un propos plutôt intéressant, réfutant la superstition tout en conservant l'idée que les spectres de la guerre qui reviennent hanter les hommes sont leur fait.
En somme, une forme un peu trop fonctionnelle pour un fond plutôt réfléchi et inattendu. J'espère tout de même que Mathieu ne va pas redisparaître dans l'anonymat de la pub. En principe outre Robotech, si c'est encore d'actualité, il a également un autre projet de SF, située dans une colonie spatiale, écrite par David Koepp et produit par Warner.
Inscription: 10 Oct 2012, 14:47 Messages: 7528 Localisation: POEY DE LESCAR
Je l'ai vu en 3 fois tellement c'est pas grand-chose. Même syndrôme que Battlefield Los Angeles : une partie de Call of que tu regardes assis dans ton canap... C'est vraiment un gros DTV, réhaussé par quelques fulgurances. Notamment la DA (costumes, décor final chanmax + les robots façon DARPA), et les VFX plutôt très soignés. Pour le coup, le concept est vraiment sympa sur le papier, mais à l'écran c'est juste rigolo deux minutes quoi. C'est pas une menace vraiment stressante, il n'y a pas mille façons de la renouveler, de la mettre en scène. Ça tourne un peu en rond.
Inscription: 24 Nov 2007, 21:02 Messages: 28404 Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Impressionnants ses petits courts amateurs tournés en DV ! Excellente maîtrise de la mise en scène avec rien du tout. Je vais essayer de voir son film Netfilx, le trailer est sympa.
Inscription: 04 Juil 2005, 14:39 Messages: 12153 Localisation: No soup for you!
Plus sérieusement, ça se regarde. J'ai commencé ça en me disant "un autre nanar", mais non, ça va. Visuellement c'est beau, même les fantômes c'est vraiment classe.
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