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MessagePosté: 28 Mai 2006, 21:34 
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Je découvre visconti, merci direct 8... hum... on dirait du ruiz sans la fantaisie... les zooms à répétition me saoulent un peu... le décorum et la composition des plans m'ont fait tenir un temps (c'est très, très beau...), mais en gros, je me suis plutôt fait chier... et j'ai fini par lâcher l'affaire... (je sais, c'est mal)

ça me touche vraiment pas, je trouve le film très lourd, ampoulé, prétentieux, noyé dans la musique, et le jeu des comédiens soit apathique, soit assez pesant dans l'excès (dans les flash-backs notamment)...

non, décidément, ça me touche pas... Big-up aux décorateurs...


ça me donne pas envie de pousser ma découverte de visconti plus loin... un fan pour me persuader que je suis passé à côté et qu'il faut que j'essaye un autre ?

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MessagePosté: 28 Mai 2006, 21:39 
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Antichrist
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J'ai un énorme bon souvenir du Guépart alors que Mort à Venise bof.


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MessagePosté: 28 Mai 2006, 22:19 
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pour te rassurer

claude chabrol a écrit:
Le comble fut atteint avec mort à venise. Il s'agit là d'un des films les plus ridicules jamais tournés. Quand on voit Dirk Bogarde esayer de ressembler à Gustav Mahler, dont on entend continuellement le largo de la 5ieme symphonie (comme s'il n'avait composé que cela!), que l'on assiste au zoom avant sur la Place, je trouve cela à la limite du grotesque. Je suis à peu près certain que dans 20 ans, le public éclatera de rire.

:lol:

Bon il n'est pas tendre aussi avec le Guépard mais c'est un film à voir, rien que pour son immense scène de bal.
Je n'aime pas Rocco et ses frêres.


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MessagePosté: 28 Mai 2006, 22:59 
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En ce qui me concerne, Mort à venise est un de mes films préférés. Il me touche énormément.
Il n'est en fait qu'un long descriptif de la descente vers la mort, rendu par l'atmosphère morbide de Venise et la décrépitude du personnage principal qui se décompose au fur et à mesure qu'il contemple la beauté absolu (symbolisé par le jeune Tadzio).
Visconti utilise le zoom pour ressérer le cadre et les champs, créant ainsi une fausse proximité, montrant l'illusion dans laquelle baigne Achenbach.
La composition de l'image, la beauté des décors, le jeu de Dirk Bogard, la musique de Malher et la somptueuse dernière scène rendent le film absolument éblouissant de par sa richesse thématique (la beauté, la mort, l'art etc...) et sa beauté formelle.
J'ai rarement été autant ému devant un film et ce n'est certainement pas le cinéma de Chabrol qui provoquera cet effet sur moi... même dans 20 ans !


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MessagePosté: 29 Mai 2006, 18:15 
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Vaut mieux l'avoir en journal
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Mon film préféré de tous les temps....

De Visconti, tout est à voir absolument. Une préférence pour Violence et passions. J'adore aussi Senso, Rocco et ses frères, La Terre tremble, Bellicima, etc. Une oeuvre absolument gigantesque.
L Guepard est moins bien, mais la mise en scène (surtout quand on sait comment c'est tourné) est fabuleuse.

Et Chabrol est capable d'être un gros abruti.

_________________
Que lire cet été ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 29 Mai 2006, 22:23 
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Cosmo a écrit:
De Visconti, tout est à voir absolument. Une préférence pour Violence et passions. J'adore aussi Senso, Rocco et ses frères, La Terre tremble, Bellicima, etc. Une oeuvre absolument gigantesque.
L Guepard est moins bien, mais la mise en scène (surtout quand on sait comment c'est tourné) est fabuleuse.


Je n'ai vu que le Guepard jusqu'à présent (à ce propos comment est-ce tourné ?) qui m'a moins ému que Mort à Venise, mais que j'ai trouvé néanmoins somptueux...

Cosmo a écrit:
Et Chabrol est capable d'être un gros abruti.


:D
Personne n'est parfait !


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MessagePosté: 03 Aoû 2008, 13:03 
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Waw superbe film!
Déjà rien que le début... les plans superbes s'enchaînent, on parle souvent de Barry Lyndon mais en terme de tableaux Mort à Venise fait une grosse concurrence. (Kubrick s'en est d'ailleurs inspiré, non? notamment le petit cercueil blanc de l'enfant du héros)
En fait ce film est parfait dans l'exécution, après je peux comprendre qu'on accroche pas au sujet et à la lenteur/torpeur de l'ensemble. Dirk Bogarde passe dans mon top des acteurs préférés avec ce film, Les damnés et The Servant.
C'est tellement émouvant, cette chute inéluctable d'un artiste brillant au coeur d'une des plus belles villes du monde et en présence d'un véritable ange (Tadzio). La beauté peut être synonyme de mort, et c'est une vérité bien cruelle pour un artiste. Le moment le plus fort est le départ de Venise du héros, totalement décomposé, et puis son retour presque forcé mais où il apparait tellement radieux... une mise en scène magistrale! Je m'en remet pas.

Le tout est magnfié par la cinquième symphonie de Malher, ici très bien utilisée, elle est en totale symbiose avec le film.
Ce que dit Chabrol est la plus grande connerie jamais entendue d'un (supposé) grand réalisateur: quand l'on trouve une musique qui reflète parfaitement le film que l'on veut faire, pourquoi en changer? Dans beaucoup de grands films le thème princpal est répété dans les grands moments, par exemple encore une fois dans Barry Lyndon la sarabande de Haendel.
"Comme s'il n'avait composé que cela" --> Débile, Visconti ne fait pas ce film pour faire étalage de l'oeuvre de Malher. D'ailleurs il n'a aucune leçon à donner à Visconti sur ce point car ce dernier est un grand amateur de musique classique et surtout de Malher.

6/6 Visconti s'impose come un de mes cinéastes préférés (si ce n'est MON préféré).


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MessagePosté: 03 Aoû 2008, 21:02 
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Il est difficile de nier tout ce qui a été dit sur la splendeur et la somptuosité du film. De toute évidence Visconti est au sommet de son talent avec cette adaptation de Thomas Mann, méditation ensorcelante sur la beauté, l'art et la mort, qui retranscrit à merveille la quête illusoire de von Aschenbach, dont le corps malade et décrépi réponde aux miasmes mortifères de Venise.
Visconti y illustre et questionne avec une grande intelligence l'une des problématiques majeures de l'art : la beauté est elle le pur produit de notre subjectivité ou le fruit d'une harmonie entre les sens, la raison et l'imagination ? De là, le cinéaste suit le parcours condamné du protagoniste, qui se se laisse tuer par son désir et veut atteindre cette harmonie alors que ses sens pourfendent sa morale et l'emplissent d'un désir destructeur : Visconti peint la décomposition de l'esprit par les sens.

C'est un grand film évidemment, mais que l'on peut trouver quelque peu écrasant dans sa majesté figée et son déploiement de faste (Zad parlait de film "boursouflé"). J'ai toujours trouvé l'utilisation du zoom (personne ne maîtrise aussi bien cette figure de style que lui) aussi géniale que glacée, par exemple. Comme souvent avec Visconti, bien qu'assez fasciné et conscient de la plénitude artistique à l'oeuvre, j'ai toujours du mal à êtrre véritablement ému : je suis davantage "intéressé" que touché. Dans le cas de Mort à Venise, peut-être est-ce dû à l'atmosphère assez morbide qui s'en dégage, cette espèce de puanteur déliquescente qui semble s'exalher de toutes les pores de sa beauté, ou encore au peu d'empathie que j'éprouve vis-à-vis de l'histoire et du personnage : au fond, je ressens une certaine forme de "répulsion" pour ce protagoniste, figé dans ses maquillages funèbres et son goût de l'absolu, parfait miroir d'une civilation qui s'écroule. Et c'est l'une des grandes différences (à mes yeux) avec Barry Lyndon que Baptiste évoque : au terme des pires turpitides, j'éprouvais assez paradoxalement une certaine compassion pour le malheur de Lord Redmond Barry, tandis que lui-même prenait conscience de la vanité de son existence.


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MessagePosté: 03 Aoû 2008, 21:27 
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Je dois dire que le personnage d'Aschenbach m'a beaucoup touché parce que, peut-être, j'ai ressemblé à lui à une époque de ma vie. Il est accroché à ses idées du beau comme manifestation de la Raison pure, morale et universelle. Il a soif d'idéal. Mais il se heurte constamment à la réalité. Le duel de toujours Esprit/Matérialisme trouve donc un terrain privilégié dans l'art.
Comment ne pas être ému par ce personnage qui s'en va de Venise, totalement détruit par la beauté toute concrète et sensorielle d'un corps? Poussé par les évènements, il voit une occasion de retourner à Venise et de jouir de cette sensualité qu'il méprisait auparavant. On le voit donc rentrer à bord de la gondole, transporté par la joie maintenant innocente du plaisir à l'idée de revoir son Tadzio.

La question que je me posais était: est-ce que Visconti se pose en moraliste? Car on pourrait lui prêter ce propos en voyant le film: "voila un homme qui visait la vérité du beau, qui s'en est détourné pour les plaisirs charnels et sensuel, et voilà ce qu'il advient, la mort. Il n'aurait pas du." Ou alors est-ce l'idée qu'il ne faut pas se détourner de sa nature profonde, pour cet artiste en l'occurence de croire en l'Idéal, l'idée du beau?


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MessagePosté: 03 Aoû 2008, 22:02 
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Citation:
Je dois dire que le personnage d'Aschenbach m'a beaucoup touché parce que, peut-être, j'ai ressemblé à lui à une époque de ma vie. Il est accroché à ses idées du beau comme manifestation de la Raison pure, morale et universelle. Il a soif d'idéal. Mais il se heurte constamment à la réalité. Le duel de toujours Esprit/Matérialisme trouve donc un terrain privilégié dans l'art.


C'est le grand débat sur l'identification et la résonance avec notre vécu de spectateur. Je peux comprendre que l'on puisse être touché par ce genre de préoccupations ; moi, ce n'est pas mon cas. Il s'agit là de questions philosophiques qui, si elles m'intéressent, ne me forment pas fondamentalement en tant qu'être, ne régissent pas mes tropismes jour après jour. C'est bien l'un des points qui font que je me sens assez éloigné de von Aschenbac, justement, et contrairement à toi. Ce genre de méditation théologique Esprit/Matérialisme me touche (comprendre : me concerne) infiniment moins que des notions beaucoup plus prosaïques. Un beau film sur les relations humaines, par ex, que j'expérimente au jour le jour, aura plus de chance de me toucher...

Citation:
Comment ne pas être ému par ce personnage qui s'en va de Venise, totalement détruit par la beauté toute concrète et sensorielle d'un corps? Poussé par les évènements, il voit une occasion de retourner à Venise et de jouir de cette sensualité qu'il méprisait auparavant. On le voit donc rentrer à bord de la gondole, transporté par la joie maintenant innocente du plaisir à l'idée de revoir son Tadzio.


Oui je comprends tout à fait ce que Visconti cherche à dire ici mais ça ne me touche pas plus que ça, en grande partie parce qu'aucune connection émotionnelle ne s'est établie entre von Aschenbach et moi. Mais c'est un film extrêmement élaboré et accompli : je ne le nie pas.

Citation:
La question que je me posais était: est-ce que Visconti se pose en moraliste? Car on pourrait lui prêter ce propos en voyant le film: "voila un homme qui visait la vérité du beau, qui s'en est détourné pour les plaisirs charnels et sensuel, et voilà ce qu'il advient, la mort. Il n'aurait pas du." Ou alors est-ce l'idée qu'il ne faut pas se détourner de sa nature profonde, pour cet artiste en l'occurence de croire en l'Idéal, l'idée du beau?
[/quote]

Je ne pense pas que Visconti témoigne d'une quelconque vélléité moralisatrice (plus que moraliste, d'après le sens de ta question) à travers ce film : sans doute est-il lui-même concerné et tourmenté par ce questionnement de la relation de l'homme à l'Art et à la Beauté absolue, y étant lui-même confronté. Homme de culture, grand metteur en scène d'opéra et de théâtre, mélomane émérite, esthète rafffiné, le cinéaste est un serviteur de l'Art au sens le plus noble du terme. Il est probable qu'il se soit retrouvé dans la trajectoire et les tourments de son héros : on peut y lire, davantage qu'un traité moralisateur, une expression de ses angoisses, peut-être une manière d'exorciser et de traduire sa peur de la perte à laquelle peut mener sa passion.


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MessagePosté: 04 Aoû 2008, 16:03 
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Stark a écrit:
Il est difficile de nier tout ce qui a été dit sur la splendeur et la somptuosité du film. De toute évidence Visconti est au sommet de son talent avec cette adaptation de Thomas Mann, méditation ensorcelante sur la beauté, l'art et la mort, qui retranscrit à merveille la quête illusoire de von Aschenbach, dont le corps malade et décrépi réponde aux miasmes mortifères de Venise.
Visconti y illustre et questionne avec une grande intelligence l'une des problématiques majeures de l'art : la beauté est elle le pur produit de notre subjectivité ou le fruit d'une harmonie entre les sens, la raison et l'imagination ? De là, le cinéaste suit le parcours condamné du protagoniste, qui se se laisse tuer par son désir et veut atteindre cette harmonie alors que ses sens pourfendent sa morale et l'emplissent d'un désir destructeur : Visconti peint la décomposition de l'esprit par les sens.

C'est un grand film évidemment, mais que l'on peut trouver quelque peu écrasant dans sa majesté figée et son déploiement de faste (Zad parlait de film "boursouflé"). J'ai toujours trouvé l'utilisation du zoom (personne ne maîtrise aussi bien cette figure de style que lui) aussi géniale que glacée, par exemple. Comme souvent avec Visconti, bien qu'assez fasciné et conscient de la plénitude artistique à l'oeuvre, j'ai toujours du mal à êtrre véritablement ému : je suis davantage "intéressé" que touché. Dans le cas de Mort à Venise, peut-être est-ce dû à l'atmosphère assez morbide qui s'en dégage, cette espèce de puanteur déliquescente qui semble s'exalher de toutes les pores de sa beauté, ou encore au peu d'empathie que j'éprouve vis-à-vis de l'histoire et du personnage : au fond, je ressens une certaine forme de "répulsion" pour ce protagoniste, figé dans ses maquillages funèbres et son goût de l'absolu, parfait miroir d'une civilation qui s'écroule. Et c'est l'une des grandes différences (à mes yeux) avec Barry Lyndon que Baptiste évoque : au terme des pires turpitides, j'éprouvais assez paradoxalement une certaine compassion pour le malheur de Lord Redmond Barry, tandis que lui-même prenait conscience de la vanité de son existence.

c'est vrai que les préoccupations de Visconti dans Mort a Venise sont ouvertement philosophiques mais la différence essentielle entre Visconti et le Kubrick de Barry Lyndon, c'est le point de vue de l'auteur sur son personnage principal: Visconti s'identifie a Aschenbach, le sentiment de mélancolie véhiculé par son style reflète les états d'âme du personnage. c'est ce qui me rend Mort a Venise infiniment plus intéressant que Barry Lyndon et son héros pantin manipulé par un autiste dont le principal objectif est de copier des tableaux d'époque.
Dans Mort a Venise, on ressent l'intérêt et l'amour de Visconti pour ce qu'il filme et raconte. Il y a un lien profond entre l'artiste et son sujet.

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MessagePosté: 04 Aoû 2008, 17:23 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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skip mccoy a écrit:
Barry Lyndon et son héros pantin manipulé par un autiste dont le principal objectif est de copier des tableaux d'époque.
Dans Mort a Venise, on ressent l'intérêt et l'amour de Visconti pour ce qu'il filme et raconte. Il y a un lien profond entre l'artiste et son sujet.

J'hallucine.

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MessagePosté: 04 Aoû 2008, 17:36 
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skip mccoy a écrit:
c'est vrai que les préoccupations de Visconti dans Mort a Venise sont ouvertement philosophiques mais la différence essentielle entre Visconti et le Kubrick de Barry Lyndon, c'est le point de vue de l'auteur sur son personnage principal: Visconti s'identifie a Aschenbach, le sentiment de mélancolie véhiculé par son style reflète les états d'âme du personnage. c'est ce qui me rend Mort a Venise infiniment plus intéressant que Barry Lyndon et son héros pantin manipulé par un autiste dont le principal objectif est de copier des tableaux d'époque.
Dans Mort a Venise, on ressent l'intérêt et l'amour de Visconti pour ce qu'il filme et raconte. Il y a un lien profond entre l'artiste et son sujet.


Je suis d'accord sur une partie. C'est cette fameuse distanciation kubrickienne que tu évoques ici, ce regard détaché d'anthrolopogue, drapé d'une cinglante misanthropie, qui transparaît dans beaucoup de ses films et atteint une sorte de point culminant dans Barry Lyndon. Mais l'un des miracles du film est justement qu'il parvient à trouver l'équilibre parfait entre l'étude de moeurs, son traitement (la splendeur altière et figée des images est justement en phase complète avec la glaciation des sentiments qu'il dépeint) et l'émotion qui sourd in fine du parcours de son héros. Pour moi, BL a toujours été l'un des films les plus touchants de Kubrick, précisément par le mouvement opéré lors de la dernière partie. En même temps que le héros prend conscience de ses erreurs et de ses pathétiques ambitions, en même temps que le drame qu'il vit le foudroie net, Kubrick semble changer de regard sur lui : il ne lui pardonne pas, mais l'accompagne d'une pudique forme de compassion. C'est comme ça que je le ressens. Et je ne pense vraiment pas que BL soit exempt d'enjeux philosophiques : c'est rien moins que le Candide kubrickien : même amusement détaché face aux ballotements du destin, même acuité du regard, même ironie blessée cachant au fond un grand désenchantement. Ce n'est certes pas le sujet, mais pour moi ce film est un gigantesque chef-d'oeuvre.
La proximité de Visconti vis-à-vis de son personnage me semble en effet plus évidente dans Mort à Venise, mais comme je l'ai déjà expliqué, les préoccupations du cinéaste et de son héros ne me touchent pas plus que ça, parce qu'elles n'entrent pas en résonnance affective avec moi.


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MessagePosté: 04 Aoû 2008, 18:19 
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Stark a écrit:
skip mccoy a écrit:
c'est vrai que les préoccupations de Visconti dans Mort a Venise sont ouvertement philosophiques mais la différence essentielle entre Visconti et le Kubrick de Barry Lyndon, c'est le point de vue de l'auteur sur son personnage principal: Visconti s'identifie a Aschenbach, le sentiment de mélancolie véhiculé par son style reflète les états d'âme du personnage. c'est ce qui me rend Mort a Venise infiniment plus intéressant que Barry Lyndon et son héros pantin manipulé par un autiste dont le principal objectif est de copier des tableaux d'époque.
Dans Mort a Venise, on ressent l'intérêt et l'amour de Visconti pour ce qu'il filme et raconte. Il y a un lien profond entre l'artiste et son sujet.


Je suis d'accord sur une partie. C'est cette fameuse distanciation kubrickienne que tu évoques ici, ce regard détaché d'anthrolopogue, drapé d'une cinglante misanthropie, qui transparaît dans beaucoup de ses films et atteint une sorte de point culminant dans Barry Lyndon. Mais l'un des miracles du film est justement qu'il parvient à trouver l'équilibre parfait entre l'étude de moeurs, son traitement (la splendeur altière et figée des images est justement en phase complète avec la glaciation des sentiments qu'il dépeint) et l'émotion qui sourd in fine du parcours de son héros. Pour moi, BL a toujours été l'un des films les plus touchants de Kubrick, précisément par le mouvement opéré lors de la dernière partie. En même temps que le héros prend conscience de ses erreurs et de ses pathétiques ambitions, en même temps que le drame qu'il vit le foudroie net, Kubrick semble changer de regard sur lui : il ne lui pardonne pas, mais l'accompagne d'une pudique forme de compassion. C'est comme ça que je le ressens. Et je ne pense vraiment pas que BL soit exempt d'enjeux philosophiques : c'est rien moins que le Candide kubrickien : même amusement détaché face aux ballotements du destin, même acuité du regard, même ironie blessée cachant au fond un grand désenchantement. Ce n'est certes pas le sujet, mais pour moi ce film est un gigantesque chef-d'oeuvre.
La proximité de Visconti vis-à-vis de son personnage me semble en effet plus évidente dans Mort à Venise, mais comme je l'ai déjà expliqué, les préoccupations du cinéaste et de son héros ne me touchent pas plus que ça, parce qu'elles n'entrent pas en résonnance affective avec moi.


Le détachement ironique de la voix-off, le hiératisme exacerbé de la mise en scène et surtout le consternant carton final me font plus penser a un ado surdoué dont le monde se réduit a des figurines de jeu de rôles qu'a la hauteur de vue d'un sage. mais mes souvenirs du film sont apparemment plus flous que les tiens: je ne me souviens pas d'une quelconque prise de conscience de Redmond Barry.
mais bon, sur le fond, on est d'accord sur la différence entre Mort a Venise et Barry Lyndon, sur ce qui peut séduire ou au contraire rebuter chez l'un et chez l'autre. c'est sur ça que je rebondissais.

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MessagePosté: 04 Aoû 2008, 20:11 
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Arnotte a écrit:
skip mccoy a écrit:
Barry Lyndon et son héros pantin manipulé par un autiste dont le principal objectif est de copier des tableaux d'époque.
Dans Mort a Venise, on ressent l'intérêt et l'amour de Visconti pour ce qu'il filme et raconte. Il y a un lien profond entre l'artiste et son sujet.

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