Forum de FilmDeCulte

C'est vrai qu'il est assez fascinant, ce Ozon.
En fin de compte, j'ai vu très peu de ses films et je n'accroche pas à ses oeuvres queer que j'ai vu (Sitcom, 8 femmes, Swimming Pool) ou à ses nanars incompréhensibles (Rickyyyy) mais il avait déjà su me surprendre par le passé (Dans la maison) et là, je trouve que c'est son meilleur film.

Formellement, le film paraît délibérément dépouillé d'un style ostentatoire et le scénario frise le factuel mais on remarque petit à petit les vrais choix de mise en scène et de narration.

Tout d'abord, il y a tous ces plans, en apparence anodins pour ne pas dire inutiles, de gens qui marchent. C'est simple, on voit toujours Alexandre Guérin (Melvil Poupaud) aller partout. C'est pas inutilement long non plus hein mais, alors que le film pourrait passer direct de chez Guérin au bureau du cardinal, on le voit constamment en train de marcher pour aller à son lieu de rendez-vous, transmettant l'idée d'un mec inarrêtable. C'est le récit d'une croisade et d'un dialogue de sourd, comme en témoignent les voix off épistolaires qui gouvernent le premier tiers. Guérin écrit à Unetelle, Unetelle répond, Guérin écrit à Unetelle encore, Unetelle répond de la merde, Guérin écrit à Untel, etc. Et même quand les gens se rencontrent, même quand Guérin est face à Preynat ou à Barbarin, ce sont des murs, ils ne s'entendent pas.

Et c'est là que la structure est maligne. Sans avoir à se contorsionner en remodelant la chronologie, la construction du film se fait en relai, illustrant l'émulation de la fameuse "Parole libérée" avec la succession des points de vue des trois protagonistes principaux : d'abord Guérin, puis Debord (Denis Ménochet, très bon) puis Thomassin (Swann Arlaud, excellent). Trois victimes affectées de manières différentes et donc trois parcours vers des catharsis qui s'incarnent différemment : contre le bourreau, contre l'Église, contre tout le monde...

Trois parties mais qui ne paraissent jamais délimitées en actes d'une structure conventionnelles, un récit qui paraît sans fin mais qui n'ennuie jamais et émeut régulièrement, un film d'une grande sobriété même dans ses flashbacks plus creepy...nan vraiment, c'est très fort.

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Mate Le temps qui reste. Après Sous le sable, Jeune et jolie, Frantz Une nouvelle amie valent le coup d'oeil. L'impression que tu es loin d'avoir vu les meilleurs vu les titres cités.

Il va détester Le Temps qui reste, mais son meilleur reste Sous le sable, suivi de près par Gouttes d’eau.

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There is no such thing in life as normal

Gouttes d'eau trop queer pour moi je pense et Sous le sable me tente paaaaaaas du tout.

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C'est pourtant effectivement son meilleur.

Pas trop aimé. Je vois totalement les ambitions et ce que dit FF est juste sur cette narration en mouvement mais j'ai trouvé ça assez artificiel et surtout un peu dans une inanité narrative irritante. Voir Poupaud marcher, prendre le train etc... pendant 3/4 d'heure sur une voix off qui lit des emails, je sais pas, j'ai du mal à m'emballer. Par la suite ce système de relais de narration est là encore une très belle idée pour illustrer la lutte mais encore une fois j'ai eu du mal à m'enthousiasmer, je suis pas fan du perso de Ménochet notamment. C'est que le perso de Swann Arlaud qui m'a plus touché, que j'ai trouvé vraiment émouvant, dommage qu'il arrive si tard et que Ozon charge autant la mule de son côté (epiléptique, relation ultra toxique avec sa meuf qui, elle aussi, a été violée...) parce que c'est la meilleure partie du film à mon sens.

Plus globalement je trouve ça trop factuel, trop dans le concret des actes mais pas assez dans l'abstrait des coeurs. Oui c'est intéressant de voir comment la mobilisation est née, comment ils se sont organisés pour faire prendre de l'ampleur à l'affaire mais si les personnages n'existent pas vraiment c'est dommage. Et puis autre chose qui m'a plus profondément dérangé c'est le rapport du film à la religion. Je trouve que la question de la foi, de la croyance est évoquée beaucoup trop tard, du bout des lèvres. Le film est finalement bien trop soft de ce point de vue-là, je trouve qu'il manque de force. Alors ok, le but n'était pas de faire un film à charge anti religion mais quand même. Même vis à vis de l'institution catholique le film me semble bien gentil (avec le Pape notamment). Ça m'a un peu gêné.

Bref, j'ai trouvé ça bien trop long (quand j'ai vu 2h17 j'ai failli faire demi tour), passablement ennuyeux et même si digne et émouvant dans son ensemble bien trop factuel et gentil.

2-3/6

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CroqAnimement votre

Le mec a tourné énormément donc y en a plein que je n'ai pas vus (Gouttes d'eau.., Frantz, Grâce à Dieu, 5x2, Ricky, Angel, Le Refuge..) mais mes deux préférés sont Une nouvelle amie et Jeune et Jolie, superbes.
Mais d'autres sont également tout à fait valables comme Dans la maison, Sous le sable ou Le Temps qui reste. Ou Swimming Pool. Et même 8 Femmes et Potiche, tiens.
Les pires à mon goût sont avec Jérémie Renier (no offense): L'Amant double et Les Amants criminels.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

C'est le bon moment pour relancer la section top.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

C'est vrai que c'est un réalisateur fascinant sans véritable ligne directrice (à part justement la ligne "queer") qui oscille du côté du film de genre, puis du drame naturaliste, du film enquête, du film d'époque etc... Ce qui est impressionnant c'est son incroyable productivité (18 longs réalisés à 50 ans), totalement unique en France.

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CroqAnimement votre

Pas mon préféré du bonhomme mais il faut avouer que c'est dans le haut du panier. Film très factuel mais qui ne plonge jamais dans le wiki grâce à sa structure maligne en 3 actes et ce sentiment d'urgence, de lutte pour que rien ne tombe dans l'oubli. Bien vu le point sur les déplacements de Poupaud et d'ailleurs Ozon change le braquet sur sa mise en scène en fonction de chaque protagoniste. Oh pas grand chose, des petits choix discrets mais il y a une vraie intelligence de mise en scène sans que ça fasse trop tape à l'oeil, enfin c'est vraiment le film où on sent la mise en scène s'effacer et épouser son sujet. Un peu peur sur les moments casse-gueules comme les souvenirs de camps de scouts et le prêtre avec ses lunettes ringardes comme la fin des années 80 mais finalement ça passe crème et il y a une vraie fluidité à l'ensemble. On ne voit pas passer les 2H17.

Et puis il y a une vraie rigueur dans la démarche d'Ozon. Le sujet abordé de manière frontale, cette première partie épistolaire à base de voix off totalement assumées, la manière sobre dont Ozon expose l'horreur tout en ne jouant pas dans le glauque et privilégiant la pudeur. Et quand au détour d'une scène, on se retrouve soudain ému sans que le cinéaste cède à la facilité ou des effets too much. Ce n'est pas un film anti-église ou brûlot contre l'institution, le film a le bon goût de ne pas juger, de laisser l'intelligence au spectateur de faire son avis mais c'est un très beau film dossier qui encourage la liberté de parole, entrainant dans la manière dont il partage le combat commun de ses victimes et de la difficulté de se confier et de libérer la parole pourtant indispensable.

4,5/6

EDIT : Très belle scène d'ouverture sur le devant de l'église qui dépote visuellement.

Excellent début, très rapide et prenant, avec ces échanges épistolaires à la DRACULA. On rentre direct dans le film. Comme le souligne Bob, la profusion de plans en mouvement (à pied, en voiture, en moto, en train) est étonnante et donne au film une énergie et souligne la démarche (pun intended) et la détermination des persos. Et j'adore la non-structure, tellement atypique.

J'ai apprécié également la "direction artistique" du film, pourtant si peu voyante, mais où tout semble réel et véritablement incarné. On croit vraiment à chacune des maisons, à chaque décoration intérieure, au look de chacun (les géniaux enfants clones de Poupaud en mode Winklevoss cathos), avec ses petits détails qui font vrai (Ménochet qui parle toujours via le kit mains libres) ou qui font rigoler (Barbarin avec son affiche de TINTIN AU CONGO dans sa chambre).

Si les acteurs sont globalement bons - surtout les seconds rôles, super (notamment la première victime que Poupaud va voir, et qui steal the show dans sa première scène) - je n'ai pu m'empêcher de déplorer une certaine retenue dans tout ça. Au final, à trop vouloir être pudique et calme et réaliste on a l'impression qu'on ne se fait jamais happer, emporter. On devrait être ravagés par ce qu'on voit et finalement on a toujours le sentiment que le film met la pédale douce. Même les plus beaux moments cathartiques sont dans la retenue, on sent qu'on n'est pas au max. C'est vraiment dommage.

Et sinon vive les mini-touches d'humour, notamment cette scène PalmaShowesque où tout le monde débat hyper sérieusement des mérites de dessiner une bite au fumigène au-dessus de Fourvière.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Le génial Pierre Lottin, plus connu pour son rôle de



Je l'ai vu dans des courts le mec est brillant, je lui souhaite de trouver des rôles à sa mesure.

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CroqAnimement votre

A la DRACULA ? Je ne sais pas si tu plaisantes mais LOL.


Vous êtes gentils avec la marche mais je vois plutôt ça comme de l'illustration pour mettre des tartines de voix-off.


Des cathos tradis quoi.

Je plaisante un peu mais ça m'a fait penser au début du film et donc au roman, qui n'est que ça.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Disons que c'est un moyen efficace pour bien faire passer l'artifice des voix-off.