Hector qui a rencontré Truquette au Louvre le 14 juillet, n’a qu’une préoccupation : séduire cette fille qui l’obsède. Le meilleur moyen c’est encore de foncer l’emmener voir la mer et Pator ne saurait lui donner tort, surtout si elle est accompagnée de sa copine Charlotte… (voilà, normalement ce synopsis devrait déjà vous hérisser le poil)
Première incursion dans la Nouvelle-Nouvelle-Nouvelle-Vague française promue par les cahiers (l'apparition de Lepastier dans le film, à qui va par ailleurs toute ma sympathie, participe à entretenir le doute sur l'objectivité de ce raffut critique).
Alors faisons simple. Est-ce que c'est à baffer ? Oui. Le film est énervant de tant de façons que ça en devient spectaculaire. Cette façon, par exemple, de tout reprendre d'une certaine imagerie Nouvelle Vague sans rien en digérer, tout en pack, intellos parisiens et filles à poil, apartés caméras et insouciance faussement naïve. Non, 50 ans de cinéma n'ont pas passé, je ne vois pas de quoi vous voulez parler monsieur... Ou cette façon d'aborder la politique de la manière la plus démago et puérile possible, bien dans sa gauche satisfaite et dans ses petites vannes qu'on se fait entre initiés. Ou dans son absence d'idéal, le monde étant résumé à un amour ranci du vieillot et à une romancette surannée. Dans sa façon de collectionner les gags et effets mignons/cocasses en file indienne, ne faisant que du petit remplissage pour un petit film. Et puis pour la façon, surtout, de se satisfaire de tout ça, d'en faire un geste fier et quasi-révolté. Bouh les bourgeois, bouh le cinéma français, regarde mon pied de nez (qui a un demi-siècle, mais on s'en fout, quelle jeunesse hein !). Tout cette bande, Macaigne en première ligne, m'épuise déjà.
Maintenant : est-ce que c'est drôle et vivant ? Oui. Parce qu'à 6 gags à la seconde, il va forcément y en avoir qui font mouche, et honnêtement c'est plutôt souvent. Parce que le tournage à l'arrache (ou qui fait semblant de l'être) donne au film une incontestable énergie. Parce que la liberté de la post-synchro, l'absence de maniaquerie sur le détail inutile, le mouvement d'ensemble qui l'emporte sur le pensum soigné, font plutôt du bien. Parce que c'est devenu tellement inhabituel un film français qui parle de la France (même si c'est mal) avec cette sensation de direct, de réaction à chaud, avec cette sensation de voir la réponse en salle aux titres de journaux d'il y a quelques mois, que ça arrache un peu le film à la lourdeur de ses références lointaines. Je mentirais en disant qu'on ne passe pas un bon moment.
Pour tout dire, y a une grosse envie de détester ce cinéma-là. Je réfute que ça puisse constituer d'une quelconque façon un renouveau du cinéma français : ça ne fait que touiller le passé, en allant chercher le référent le plus prévisible qui soit. Ce n'est pas jeune, ce n'est pas neuf, ça ne redistribue aucunement les cartes. Mais je veux bien croire, chez ce réal ou d'autres, que ça puisse n'être qu'une série d'automatismes menant ensuite à une filmo plus personnelle qui conserve les qualités, réelles, de ce film moyen.
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