Forum de FilmDeCulte

ils avaient une voix différente. J'ai l'impression qu'à part Ozon et Dumont (encore que ce dernier va avoir du mal à force de collectionner les échecs), une génération de réalisateurs est passée sans marquer. Ah si il y a Audiard aussi.

Je te trouve excessivement dur, Tom, avec ce petit film au canevas certes bien connu mais qui fourmille littéralement d'idées de gag et de mise en scène, accordant bien la forme à son propos. Film de gauchiste, oui, mais d'un gauchiste se moquant de lui-même, cf ce running gag sur les policiers qui sont la cause de tous les maux (même s'il y a un bel apparté de deux flics sur leurs raisons d'agir, plutôt touchant), cf aussi ce Dr Placenta qui n'en finit plus de célébrer le mode de vie soixante-huitard sans voir qu'il se fuit, lui et sa vie.

Dans ton texte on a l'impression que tu as tout de suite repéré à qui et à quelle tradition du cinéma tu avais affaire et du coup as choisi de le rejeter en bloc, sans pour autant te résoudre à bouder ton plaisir complètement - bah oui, on passe un excellent moment, peut-être un peu gâté par le dernier quart un peu plus plat. Oui, c'est bel et bien une tradition de cinéma, mais c'est pas un gros mot, on a pas là un élève appliqué qui fait passer son oeuvre pour un manifeste révolutionnaire. Le film est très honnête de ce point de vue-là, il met cartes sur table jusque dans ses références, ses musiques (très bien choisies), sa direction d'acteurs...

Pour moi, c'est une bonne surprise, je n'en savais pas grand chose, ai tout de suite été happé, emporté, séduit, les défauts sont là, les illustres précédents sont là, mais ça n'a pas gâché mon plaisir.

Je crois que c'est surtout le réflexe de réduire les problèmes politiques à une blague, comme si ce pied de nez y était une réponse satisfaisante, qui m'a un peu hérissé sur le côté gaucho (= "de toute façon les présidents ils font des bruits marrants en marchant, lol", "on à qu'à pas payer de loyer si tu veux que je bosse") auquel se rajoute le côté sectaire anachronique ("tiens, dans ta face, le con qui aime pas la guillotine"). Mais bon, les exemples que tu cites contrebalancent effectivement en profondeur.

Je rejette en bloc le jeu d'influences dans le sens où utiliser la Nouvelle Vague aussi ostensiblement pour envoyer le pays se faire foutre, c'est un peu comme utiliser le réalisme politique pour faire une peinture du peuple : c'est tout aussi régressif, et tout aussi réactionnaire. Les cartes cinéphiles posées sur table me semblent être une réaction bien pauvre à ce qu'est la France aujourd'hui, pour un film qui se caractérise en partie par l'envie de parler de l'état de son pays.

Pour résumer, ça me donne l'impression d'une copine qui pour me remonter le moral parce que je trouve pas de boulot, irait me chercher son lecteur vinyle et me lancerait du Piaf.

Je comprends qu'on puisse être agacé par toute cette imagerie et ce découpage vignettique qui apparaissent comme un recyclage un peu vulgaire d'une certaine esthétique Nouvelle Vague, ce qui semble un peu facile à première vue et qui m'a aussi saoulé par moment. Ou également tous les passages pseudo politico-intellectuels où on te balance des private joke militantistes et des Marivaux, Sade, Tchekov... Bref, toutes ces choses assez poussérieuses qui pouvaient paraitre novatrices il y'a 50 ans mais qui pouvaient aussi deja me faire chier à l'époque (genre Week End...).

Malgré tout, ça m'embete moins que disons, chez Honoré par exemple, où ça se prend beaucoup trop au sérieux. Ici finalement je me suis largement laissé emporté par l'élan du film, et ce matraquage de gags plus absurdes les uns que les autres ça fonctionne à fond, et c'est clairement le genre de trucs qui me font le plus rire au cinéma. Le docteur complétement fou qui prend un pinceau et dessine un carré blanc sur son mur juste pour passer des diapos ça me fait délirer, j'y peux rien .

Il y'a quand même un rythme, une generosité, et une quantité d'idées vraiment efficaces qui permettent de combler tous ces défauts malheureusement un peu trop évidents. On peut regretter malgré tout que la liberté apparente de Peretjatko dans son récit et sa mise enscène soit confinée dans un canevas nouvelle vague beaucoup trop visible, et qu'il manque un petit supplément d'âme (les retrouvailles font un peu plouf et auraient mérité un final un peu plus fort, on revient assez peu sur les états d'âme de Pator et notamment la déclaration qu'il fait à un moment sur la route, en baissant la vitre, etc.).

4/6

Autrement, et histoire de raconter ma vie: je me suis aussi dit pendant tout le film que je l'avais déjà vu, que je connaissais tous es visages... En fait j'avais diffusé un court métrage de Peretjatko, French Kiss, il y'a deux ans à la 15ème Nuit du Court Métrage de Tours ! ça m'avait déjà (un peu moins) fait marrer à l'époque, mais ça a surtout exactement les mêmes qualités et les mêmes défauts que son premier long métrage, réalisé 10 ans plus tard.

lol mais c'est pas grave, Willis...

Je ne suis pas rentré dedans non plus et rejoins Tom, même si je me suis encore plus ennuyé que lui (à la remorque du Plein de Super de Cavalier, qu'il semble parodier, sans la sincérité et les basculements soudain dans une franchise dérangeante sur les rapports amoureux. Je trouve aussi qu'il n'y a pas de point de vue politique fort, en tout cas le film est déjà daté) mais le moment le plus drôle du film est le vent que met Sarkozy à Fillon auquel il refuse ostensiblement une poignée de main au tout début du film, rétrospectivement significatif.
Pons, Vaconsin et Tachnakian sont en fait pas mal, voire même celui qui joue le frère. Moins convaincu par Macaigne qui est en fait paralysé par le souvenir de Bouchitey dans le Cavalier et surjoue jusqu'à paraître paradoxalement impersonnel .

Impression désagréable d'un emballage (générique vintage à la Robert Dhéry tout comme les bagnoles sont vintage et situées à l'époque du Plein de Super ou des Valseuses) plus soigné que le contenu.