Forum de FilmDeCulte

Dans une guerre abstraite en terre inconnue, une patrouille militaire de quatre hommes, le lieutenant Corby, le sergent Mac et deux soldats, Fletcher et Sidney, se retrouvent derrière les lignes ennemies après que leur avion se soit écrasé. Ils avancent dans la forêt, surprennent deux militaires ennemis et les massacrent. Puis ils rencontrent une jeune fille et, craignant qu'elle ne les dénonce, l'attachent à un arbre. Pendant que ses trois camarades vont vers la rivière construire un radeau qui, espèrent-ils, les ramènera chez eux, Sidney garde la jeune femme. Il se révèle alors avoir l'esprit dérangé, autant à cause des violences de la guerre que de son désir naissant envers la prisonnière…

Un mot sur la restauration déjà qui est vraiment époustouflante, le film est absolument nickel que ce soit au niveau de l'image ou du son. Pour un film que l'on supposait plus ou moins perdu il y a quelques années et dont il n'existait qu'une vague copie j'ao été bluffé.

Alors venons en au film. C'est assez étrange de découvrir un film absolument détesté par son réalisateur, qui n'approuverait certainement pas cette ressortie sauvage. Et effectivement on comprend un peu pourquoi Kubrick l'a renié si violemment. Ce qui frappe le plus en réalité c'est l'amateurisme total du projet. 4 mecs s'écrasent en forêt et tentent de regagner leur camp. C'est vraiment le cliché du premier film fauché que l'on s'en va tourner en forêt le week end pour pas déranger les voisins et pour ne pas se prendre la tête avec le décor. Après même au niveau mise-en-scène c'est très hésitant. Le montage (réalisé par Kubrick lui-même) est loin d'être exemplaire. Que ce soit les cadres ou les raccords, tout ça est très sommaire, très grossier (beaucoup de gros plans de visages sursignifiants un peu ridicules). Et puis la nature même du film, son scénario en réalité est quand même d'une totale pauvreté. Les 4 mecs font des allers/retours avec la rivière, semblent en permanence perdus, mettent au point des plans foireux et philosophent sur la vie et la guerre. C'est relativement chiant malgré sa durée d'une heure.

Mais là où c'est passionnant c'est d'essayer de détecter sinon le génie à venir, tout du moins le talent évident de Kubrick. Et oui il y a plusieurs choses qui donnent au film ce petit grain de singularité qui lui donnent cette saveur un peu particulière. Que ce soit sur des détails de pure mise-en-scène, des choix de cadres un peu surprenants (la façon dont le visage d'un personnage tombe sur le sol après avoir été fusillé). Que ce soit la lumière même (Kubrick était chef op du film) avec une scène à la fin dans la fumée qui évoque Apocalypse Now avec 30 ans d'avance. Que ce soit le "personnage" du chien, indifférent aux notions de camps et de guerre (un des éléments les plus réussis du film). Que ce soit l'aspect très bavard du film où les personnages digressent en permanence sur la vie, sur leur rapport à la guerre, où Kubrick essaie de pénétrer leur esprit. Et bien sûr quand on connaît la suite de sa carrière c'est un vrai plaisir d'y voir ses obsessions finalement très présentes. Nihilisme, peu de foi en l'humain, misogynie, folie. Tout est là bien présent déjà.

Le film reste vraiment intéressant en tant que document et l'on se plaît à tenter d'y reconnaître le génie du plus grand cinéaste ayant vécu mais au delà de cela, c'est en effet assez faible et petit même si dans ses meilleurs moments on peut y voir un film de guerre presque visionnaire qui dès les années 50 nous dit que tout ça n'a strictement aucun sens, et qui évoque le chef-d'oeuvre de Coppola Apocalypse Now (on retrouve la rivière et une certaine ambiance).

3/6

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CroqAnimement votre

Kubrick avait beau être perfectionniste, je comprends son embarras, c'est franchement amateur, et c'est plutôt Conrad qui fait le lien avec Apocalypse Now.

Oui, oui effectivement. Mais cinématographiquement parlant je trouve qu'il y a une certaine parenté entre les deux films.

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CroqAnimement votre

On y pense inévitablement avec la voix-off du type sur son radeau. Cinématographiquement, on est quand même très loin du grand style de Coppola.

Ah ça c'est clair (d'ailleurs le radeau fait bien pitié, trois bouts de bois mal fixés ensemble...) !

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CroqAnimement votre

Sans parler de la fin,

lol, oui effectivement ça n'a pas grand sens. De toute façon géographiquement parlant on ne comprend pas grand chose.

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