Forum de FilmDeCulte

Un peu déçu par le film, sans doute celui que j'aime le moins du réalisateur roumain même si ça reste quand même assez fort. En fait j'ai trouvé sa mise en scène moins incisive, moins tendu, tout est un peu distendu et du coup l'espèce de menace qui plane sur le film avec une violence prête à exploser est inégale pas totalement tenue.

Déjà j'ai eu du mal avec ce personnage principal antipathique au possible (c'est voulu je sais), je ne crois pas trop à cette relation avec la "bourgeoise" du village.
Pour le reste le programme du film est assez limpide, faire une cartographie très contemporaine du déplacement des travailleurs où au fin fond de la Transylvanie des sri-lankais sont embauchés pour faire du pain, là où la population locale a fui à l'étranger pour trouver du travail. Comme au début lorsque le personnage principal se fait traiter de gitan avant de rentrer chez lui pour à son tour, harceler des étrangers. Le tout dans la réalité d'une UE qui encourage à embaucher sans se soucier de l'origine des travailleurs.

Il y a quelques trucs qui m'ont semblé un peu confus, je ne sais pas comment les interpréter. Comme cet enfant traumatisé par une image qui sera une image qu'il verra à la fin ou évidemment cette fin rêvée pleine d'étrangeté où la menace ultime se révèle non plus humaine mais animale. Vraiment une fin presque clichée du film d'auteur qui conclut rien mais qui préfère une pirouette incompréhensible. La scène est pourtant très bien, très forte, c'est là que la menace est la plus forte et qu'on ressent vraiment cette peur d'une violence qui gronde.

J'avais lu que la scène du conseil municipal était génial, là aussi un peu déçu. C'est un bon exemple de plan-séquence en plan fixe avec plusieurs couches, au premier plan le romanesque, ce couple infidèle et la femme trompée derrière (superbe actrice d'ailleurs) et au second plan le propos social, la xénophobie absurde dans une région où se croisent roumains, allemands et hongrois. Mais je m'attendais à ce que ça explose plus et c'est pas vraiment le cas (et pas fan du perso du jeune français, comme un observateur lucide de l'absurdité de la situation).

Je pointe surtout les défauts mais ça reste quand même très fort, du cinéma sans compromis qui explore des territoires invisibles et des personnages jamais montrés. J'aime beaucoup certaines scènes (le père en mode survivaliste avec son fils, le facetime avec la femme sri-lankaise...).

4/6

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CroqAnimement votre

le repas, non ?

Oui belle scène aussi en effet.

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CroqAnimement votre

Pour ma part, j'ai trouvé ça absolument superbe, le véritable film d'épouvante de cette rentrée (ce qu'étaient déjà les films précédents du cinéaste), avec cette tension permanente, palpable, et ses scènes d'anthologie (le repas, le conseil municipal, ou même des scènes plus simples comme celle du "je t'aime" en différentes langues...).
A mes yeux son meilleur film après Au-delà des collines.
5.5/6

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
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C'est très bien réalisé, c'est souvent très juste, que ce soit dans sa description du jeu des chaises musicales à l’œuvre dans les usines d'Europe de l'Est (les hongrois vont travailler en Allemagne, les Roumains en Hongrie, les Ukrainiens voir encore plus à l'Est en Roumanie - pour la petite histoire, l'usine de ma boite en Hongrie a du suivre le même chemin, les derniers ouvriers viennent maintenant du Vietnam, quand dans d'autres usines de l'Est ils recrutent des mongols ou des laotiens), le ressentiment de la population locale vis-à-vis de cette immigration (pays de quelques millions d'habitants, sans histoire coloniale, les hongrois étant particulièrement chatouilleux sur ce point, tant ils sont fiers de leur identité à part), le fond cynique des managers biberonnés à l'ultralibéralisme (voir la longue liste de solutions bidons proposées par la patronne de la boulangerie industrielle), mais celui là va finir comme le précédent (Baccalauréat), dans les méandres de ma mémoire. Parce que l'état des lieux dressés par Mungiu a beau être juste, son film ne va jamais au-delà.

Oui, c'est pas clair. Mais j'ai pensé ensuite que ce qu'on voyait, c'était sans doute le spectacle folklorique dont il était question dans une scène précédente: la montagne contre la vallée, les habitants qui se déguisent en bêtes, etc.

En tout cas, quand Twitter demandera quel est le meilleur film de Noël, on pourra citer celui-là : ça changera de "Die Hard".

C'est aussi comme cela que je l'ai compris. A la manière de Varda dans Sans toit ni loi.

Même ressenti qu'Art core. Il y a des moments très forts dans cette scène mais, même si on en comprend l'intention après coup, c'est tellement mal amené et confus, que ça en est complètement raté. C'est dommage car le film est vraiment puissant dans sa seconde partie. Dans la catégorie des défauts, je trouve aussi que ça met aussi un peu trop de temps à démarrer. Pour les qualités, confère le texte d'Art core.

4/6

Lol, je me posais la question, aussi.

Hyper intéressant ! Je crève d'en savoir plus. C'est comme la Slovaquie, où l'industrie coréenne s'est implantée, mais numériquement, ça représente pas un nombre énorme de personne, on dirait. J'imagine que tout ça n'est rien par rapport à la main d'oeuvre philippine dans cette partie du monde, ou ailleurs, avec ses 111 millions de ressortissants.

Archétype d'un certain cinéma d'auteur, parfaitement maîtrisé dans sa mise en scène et qui aborde un sujet "fort" (quoique un peu tarte à la crème) dans un pays exotique, le tout étant susceptible d'enthousiasmer les critiques.

Comme le dit très bien Lohman, un film qui disparaîtra rapidement dans les méandres de la mémoire.

A noter également une fin complètement débile, genre "vous avez vu comment je peux surprendre par mon originalité" ?

Archétype d'un certain cinéma d'auteur, parfaitement maîtrisé dans sa mise en scène et qui aborde un sujet "fort" (quoique un peu tarte à la crème) dans un pays exotique, le tout étant susceptible d'enthousiasmer les critiques.

Comme le dit très bien Lohman, un film qui disparaîtra rapidement dans les méandres de la mémoire.

A noter également une fin complètement débile, genre "vous avez vu comment je peux surprendre par mon originalité" ?

Je ne suis pas certain à 100% que la Roumanie soit un pays exotique pour Mungiu.
Le film est joyeusement bordélique et c'est ce qui le rend imprévisible et parfois dur à suivre. Hormis une ou deux longueurs, mon principal souci est le personnage principal qui me semble être le moins crédible de tous, type violent, concon et vilain dont on se demande bien comment il a pu se faire aimer des deux plus belles filles de la ville. Il devrait être le fil rouge du film et lui apporter une unité et une vision, il n'est qu'un culbuto qui roule, hagard, au gré de la foule, seulement sauvé par les scènes avec son fils. C'est dommage parce que le film est souvent passionnant par ailleurs.

Totalement d'accord pour le personnage principal même si sa lâcheté est aussi métonymique du village entier.

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