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MessagePosté: 20 Mai 2012, 11:36 
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Successful superfucker
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J'attendais avec impatience la suite de la carrière de Mungiu après sa palme uppercut et son court dans le collectif roumain qui faisait preuve d'une légèreté inattendue tout en étant ancrée à une réalité sociale pas glorieuse. Or là je trouve qu'on touche parfois aux limites du film concept roumain, où on prend bien son temps pendant deux heures trente pour ensuite conclure avec son petit plan de derrière les fagots genre la vie continue... C'était exactement la même chose avec Aurora, qui était certes pire avec ses trois heures, avec ses dix dernières minutes genre oui c'était chiant pendant 170 minutes mais hop maintenant médite.

Or j'ai un peu de mal à croire aux personnages et à ces deux femmes dont on voudrait nous faire croire qu'elles ont vécu une liaison passionnelle en une étreinte sur un quai de gare, alors que l'une est devenue nonne limite bigote et que l'autre débarque transie d'amour. La durée excessive dilue la tension de moments réussis, et en devient presque programmatique: Leur histoire est impossible, on essaie de l'éloigner, le groupe de religieuses vaque à ses occupations, puis elle fait un truc pour se faire remarquer, le groupe rapplique en troupeau, on essaie de l'éloigner etc.... Pendant une heure trente ce n'est que ça. Et finalement Mungiu respecte son sens du crescendo qui faisait la marque de fabrique de 4 mois..., mais là tu sens plus le truc venir, malgré des moments à vif assez forts dans la dernière heure.
3/6

Une partie du jury était debout lors de la présentation, il aura sans doute un prix


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MessagePosté: 20 Mai 2012, 12:17 
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Il parait que le film a fait un gros effet sur la croisette.
Je mise sur un prix de la mise en scène ou un grand prix du jury.


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MessagePosté: 01 Juin 2012, 17:20 
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Antichrist
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Film très long et répétitif mais mise en scène absolument brillante (et assez ostentatoire).
4/6


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MessagePosté: 01 Juin 2012, 21:22 
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La mise en scène de 4-3-2 était déjà immense.

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MessagePosté: 23 Nov 2012, 00:55 
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Au-delà des collines pour son nouveau titre FR, Dupa Dealuri en VO.

Image

Alina revient d'Allemagne pour y emmener Voichita, la seule personne qu'elle ait jamais aimée et qui l'ait jamais aimée. Mais Voichita a rencontré Dieu et en amour, il est bien difficile d'avoir Dieu comme rival.


Même si, disons-le d'emblée, c'est clairement plus faible que sa palme, il y a dans le film cette même qualité que dans 4 mois : le fait que le réalisme brut (naturaliste, caméra à l'épaule, âpreté du jeu) ne soit pas dissociable d'une maîtrise extrême de la composition des cadres, de leur rythme interne, d'une mise en scène autoritaire. Ce paradoxe formel majestueux doit bien dire quelque chose sur la façon dont on veut nous raconter cette histoire : c'est un peu dur à définir, mais ça traduit comme un regard colérique qui prend à bras le corps la réalité du pays, tout en refusant de se laisser bouffer par les faits, de les laisser prendre le pas sur une subjectivité qui tape du poing sur la table. Ça reste de ce fait d'une puissance narrative impressionnante au vu de l'économie de péripéties (chaque scène sert toujours à quelque chose, la mise en scène nous amène toujours quelque part, sans se disperser à faire la mariole).

C'est marrant parce que tout ça pourrait virer Hanekien, et puis en fait non. Sans doute l'ironie et l'humour (jusqu'à certains plans lointains burlesques durant l'exorcisme) évitent de nous infliger une pression non-stop. Et cependant, à l'opposé du spectre émotionnel, il y a beaucoup d'empathie pour ce couple de personnage, pour la force butée de l'amoureuse (comme la fille qui prenait tout en main, dans 4 mois, était clairement sujet d'admiration du cinéaste qui faisait en quelque sorte du film un récit de son héroïsme). C'est un peu plus ambigu ici, mais il y a vraiment des percées très belles - la beauté glacée de la jeune femme qui a changé d'avis dans la dernière séquence par exemple, son regard perçant et froid qui fait tenir tout le plan, ce genre de chose qui ne nous détache jamais des protagonistes.

La pureté de 4 mois (film évidé à unité de lieu et de temps) permettait cependant aussi au film de tenir tout du long comme un coup de poing. Or l'humour noir qui s'installe parfois ici, ou l'ampleur plus développée du récit, voire la didactisme idéologique pas toujours évité, ménagent pas mal de plages un peu vides. Pas de complaisance à laisser traîner le plan ou la scène pour rien, mais si Mungiu ne lâche jamais les situations, il opère beaucoup de répétitions comme déjà dit dans le topic, donnant l'impression au spectateur qui saisit vite de deviner à l'avance tout ce qui va se passer... Moins tendu (moins terroriste diront certains) que son prédécesseur, le film est aussi parfois plus faible, voire inabouti (il manque clairement une confrontation avec le Père supérieur, par exemple). Ca reste du très très haut standing, mais je comprend qu'on puisse lâcher de temps à autre, notamment dans le millieu du film avec ses 136 retours/départs du couvent.


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MessagePosté: 26 Nov 2012, 12:57 
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Le premier plan me faisait envisager quelque chose d'assez pénible, de très scolaire et mille fois vu mais le film parvient à s'installer petit à petit et Mungiu arrive à tirer quelques moments vers le haut, ceux de prime-abord assez banals (les gestes du quotidien de cette petite communauté, dans la cuisine notamment, la manière dont les personnages sont positionnés dans le cadre etc..., c'est assez prenant). Cependant on reste assez distant de cette histoire, le film n'arrivant pas vraiment à choisir un point de vue fort sinon celui d'une certaine neutralité qui ne trouverait son impact que dans la froideur et l'indifférence des institutions (médecins, policiers). La communauté religieuse est paradoxalement un peu épargnée, un peu absous du fait de sa bêtise, de son ignorance (à part peut être le Père, personnage un peu ambigu et bien interprété).
Comme dit plus haut, les réactions des personnages peu crédible (Alina schizophrène, oui ou non ? Voichita ne réagit pas autant qu'elle le devrait vu le lien avec son amie), le manque de précision de cette histoire assez confuse, créént un trop plein d'interrogations et un sentiment d'impuissance un peu forcé qui finissent par faire perdre toute l'intensité aux situations. Le calvaire d'Alina se suit de loin, son personnage relève trop d'une mécanique pour qu'on s'émeuve vraiment. On est très loin de l'espèce de thriller qu'était 4 mois trois semaines... mais par ci par là des choses émergent.
Pas à une contradiction près, j'ai aimé le dernier plan, très travaillé et symbolique; pas en ce qu'il pouvait dire sur le film mais en lui-même.

Sinon les cahiers parlent d'académisme, on est encore très loin d'un style automatique à la Audiard.


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MessagePosté: 26 Nov 2012, 13:09 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Académisme virtuose alors.


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MessagePosté: 26 Nov 2012, 13:14 
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Jack Griffin a écrit:
La communauté religieuse est paradoxalement un peu épargnée, un peu absous du fait de sa bêtise, de son ignorance

Y a un truc qui m'a surpris, et qui est pas mal, c'est que le lesbiannisme reste secret tout au long du film, voire même pas clair pour ses deux héroïnes qui interprètent leur attachement assez naïvement (peut-être est-ce un des objets de la confession, mais ça ne va pas plus loin). Cet espèce de clash attendu entre l'homosexualité et l'église, qui était aussi la porte d'entrée vers quelque chose de plus caricatural, est assez intelligemment laissé de côté. C'est d'abord l'amour buté de l'athée en visite qui terrorise les sœurs.


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MessagePosté: 26 Nov 2012, 13:16 
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Alors moi je me suis pris une bonne claque et j'adore ça. :D

Je trouve le film franchement immense dans sa mise en scène et son écriture. J'adore comment Mungiu nous parle de mille choses avec trois fois rien, en suivant un scénario qui évite les sentiers battus et laisse des trous à boucher au spectateur, mais le film est tellement riche qu'on ne s'en trouve jamais largué (moi en tout cas). Je trouve le film super intelligent dans les thèmes qu'il traite (ou pas). Le côté "répétitif" du film ne m'a pas gêné, j'ai même trouvé ça couillu. Les personnages des deux filles sont mystérieux mais superbes. Le film est plus exigent, moins bouleversant aussi, que 4-3-2 (un chef-d’œuvre à mes yeux) mais avec ce film Mungiu confirme tout le bien que je pensais de lui, j'adore vraiment ce cinéma-là, ça fait un bien fou. Et j'ai trouvé la dernière heure assez tétanisante.

Bref, c'est pas du 6/6 mais respect total quand même.

5,5/6

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MessagePosté: 26 Nov 2012, 13:32 
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Tom a écrit:
Jack Griffin a écrit:
La communauté religieuse est paradoxalement un peu épargnée, un peu absous du fait de sa bêtise, de son ignorance

Y a un truc qui m'a surpris, et qui est pas mal, c'est que le lesbiannisme reste secret tout au long du film, voire même pas clair pour ses deux héroïnes qui interprètent leur attachement assez naïvement (peut-être est-ce un des objets de la confession, mais ça ne va pas plus loin). Cet espèce de clash attendu entre l'homosexualité et l'église, qui était aussi la porte d'entrée vers quelque chose de plus caricatural, est assez intelligemment laissé de côté. C'est d'abord l'amour buté de l'athée en visite qui terrorise les sœurs.


Oui y'a une sorte de suspense autour de ça au début (en rajoutant le truc des photos avec Pfaff lorsqu'elles étaient à l'orphelinat). Finalement ça pète d'une autre manière mais on sait pas trop pourquoi (ou alors j'ai trouvé ça un peu forcé...le coup de la jalousie aussi d'ailleurs).


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MessagePosté: 26 Nov 2012, 13:34 
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Jack Griffin a écrit:
le coup de la jalousie aussi d'ailleurs

Ah oui ça c'est lourd... Le genre de trucs inutiles qui rendent les personnages cons pour rien.


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MessagePosté: 26 Nov 2012, 14:34 
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
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Tom a écrit:
Jack Griffin a écrit:
le coup de la jalousie aussi d'ailleurs

Ah oui ça c'est lourd... Le genre de trucs inutiles qui rendent les personnages cons pour rien.

Faut peut-être rappeler que le personnage d'Alina est plutôt du genre totalement paumé...

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MessagePosté: 02 Déc 2012, 21:13 
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Un peu déçu par le film que je trouve presque superficiellement trop proche de "4 mois..." dans la relation entre les deux protagonistes et la construction, comme si Mungiu tordait bien le fait divers avec cette idée là assez consciente. Le déroulé est assez prévisible et les séquences hors monastères comme celle chez les flic ou l’hôpital ont des dialogues vraiment plaqués. Après j'apprécie comme le réalisateur dans le fond ne filme jamais ça implacablement, laisse vivre là plupart des personnages (hormis les deux séquences ci-dessus) de manière très peu caricaturales. Bon le dernier plan est un peu pénible...
Dans l'ensemble récemment je crois avoir préféré un film comme "Police, adjectif" et" Les contes de l'âge d'or" que j'ai vu (première partie) que cette deuxième grosse livraison de Mungiu


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MessagePosté: 09 Aoû 2015, 11:54 
Pas vu ses autres films. Un certain académisme qui rappelle le décalogue de Kieslowski (mais intéressant, car prolongé de façon pertinente sur le monde capitaliste) et un dernier plan sur-signifiant, qui rabat la complexité du film (les flics sont ridicules, mais mobiliser la religion -ou l'argent- pour leur leur chier dessus et sur la loi est la vraie figure du mal et de la culpabilité collective à exorciser), mais les deux actrices sont très bonnes, le regard sur la psychose assez juste . La manière dont elle est à la fois évidente et refoulée -surtout par ceux qui la soignent- est très crédible, le refoulement de la part de personnages qui s'identifient à leur institution déclenche un cauchemar polanskien - tout comme est crédible le fait qu'Alina qui refuse son état, a un plan juste pour faire sortir son amie du couvent et un discours tout à fait fondés et qui pourraient être efficaces, sauf que ce plan et ce discours doivent être immédiatement assumés et repris par celle qu'elle aime, sinon ils la brûlent et la dévorent, et deviennent en même temps une pure surface sociale . J’apprécie qu'il ne dépeint pas le Pope et la mère supérieure comme des abrutis sadiques, cela rend bien compte d'une société où d'un côté la religion est présentée comme archaïque, anti-démocratique, mais de l'autre on attend quand-même d'elle qu'elle soit la dernière à nommer les problèmes.

En effet humour noir efficace, mais un peu ostentatoirement (le plan où la mère supérieure, la logeuse usurière façon Thénardier, la fille folle et un gros nounours sont réunis en plan américain)

3.5/6


Dernière édition par Gontrand le 09 Aoû 2015, 12:39, édité 2 fois.

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MessagePosté: 09 Aoû 2015, 12:18 
DPSR a écrit:

Or j'ai un peu de mal à croire aux personnages et à ces deux femmes dont on voudrait nous faire croire qu'elles ont vécu une liaison passionnelle en une étreinte sur un quai de gare, alors que l'une est devenue nonne limite bigote et que l'autre débarque transie d'amour.


Moi j'y crois, car elles se sont aimées sans se choisir, en venant d'un orphelinat assez glauque, et celle qui est partie en Allemagne n'a pas du tout réussi, mais est probablement prise dans un réseau de prostitution sordide de chez sordide (elle revient d'ailleurs pour demander à son amie de la soigner). La nonne s'en sort mieux, dans ce contexte, le couvent est une stratégie de réussite, c'est paradoxalement un endroit qui offre à l'autre une certaine autonomie intellectuelle, en même temps qu'une communauté respectueuse de sa féminité (voire de sa sexualité, qu'elle confesse comme un pêché, mais finalement pas plus grave que le doute ou l'avarice - du mois elle peut en parler); en partie auto-organisé.
Ce qui est intéressant dans le film c'est qu'il mêle le vérisme social à la Frère Dardenne, avec une situation édifiante où toutes les sources d'aliénation sont maximisées (dans le but de produire de la fiction) et une histoire de pouvoir sèche et conceptuelle, où l’initiation sexuelle et intellectuelle sont croisées -- qui est la part non-fictive du récit- mais ce croisement est aussi une manière de ne pas voir le social (le couvent est une version féminine de l'école militaire de l'Elève Thorless de Musil, c'est d'ailleurs presque la même histoire). Le film est d'ailleurs tiré d'un fait divers réel très connu en Roumanie (mais survenu il y a une dizaine d'années) https://en.wikipedia.org/wiki/Tanacu_exorcism (apparemment il a "lissé" le personnage du Pope)


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