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MessagePosté: 02 Avr 2013, 16:53 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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(J'avais pas lu le livre.)

Agréablement surpris par ce film-monde désarçonnant et séduisant à la fois, même si je ne suis pas à fond. J'ai été ébloui par la narration et la relative modestie (paradoxale) de l'ensemble, mais je n'ai pas été très touché, finalement. J'aurais aimé plus de liens, finalement, et moins de "trous" à boucher... Mais il y a plein de belles choses, les acteurs font plaisir (surtout le duo Hanks/Berry)...
Donc voilà, j'ai beaucoup de respect pour le projet et le résultat final, j'ai trouvé ça génial de ne pas s'ennuyer 3h durant et d'être emporté par la fluidité incroyable du montage, mais au final le film ne me "reste" pas autant que je l'aurais pensé.

4/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 28 Avr 2013, 00:18 
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Bon déjà j'applaudis à deux mains l'ambition et la passion des réals, leur absence de cynisme, la foi dans leur histoire, toutes ces choses qui font qu'on a pas l'impression de perdre son temps devant un énième machin maniéré. Ça se suit avec un enthousiasme sincère, assez trépidant, en se recroquevillant de crainte avec le reste de la salle dès qu'un truc frise trop le ridicule, en soupirant de soulagement quand ça repart, comme on craindrait et encouragerait une équipe de foot qu'on aime bien. Un idéal de film populaire, ça se sentait à la séance.

Je trouve que le film subit un double-mouvement assez dommageable. Pour une raison que tout le monde a déjà très bien dit ici : histoires seules basique, caricaturales, qui ne peuvent exister et fleurir que par le biais d'une structure riche. Quand on voit le film commencer, dès le premier plan, où tout sent le maquillage de carnaval et les postiches, on se dit qu'on arrivera jamais à rentrer dedans. Et puis cette dynamique générale prend forme au-delà de la grossièreté de chacun des segments, en s'appuyant même parfois sur le jusqu'au boutisme de celle-ci, et dans ses rencontres incessantes entre les différentes histoires, le film gonfle magistralement, laissant entrevoir une cathédrale narrative.

Le problème, c'est que tout cela se dénoue à l'inverse. A quelques exceptions près (le retour à la maison dont parle Art Core), le montage finit dans la deuxième partie par se transformer progressivement en course parallèle beaucoup moins fertile, chaque segment se résolvant sur sa propre ligne, qui est bien pauvre. Toute la poursuite du film de conspiration seventies fait très très petite, par exemple, pour le complot national que le segment entend suggérer. La déchéance du compositeur est à peine esquissée, pas assez en tout cas pour donner assez de raisons à son dénouement. Le futur accuse son manque d'originalité, et on commence à sentir le vide, le factice (celui de la salle de fusillade finale, par exemple). Le dialogue entre époques se transforme en série de monologues moralisateurs... Bref, plus l'ensemble va vers sa fin, plus réapparaît au grand jour son kitsch, son ridicule, sa niaiserie (le discours esclavage, mon dieu).

Une chose qui peut-être n'aide pas, aussi : le baroque du récit, je n'en retrouve pas l'élan dans la mise en scène. Lors de la scène de la voiture sur le pont, soudain je me suis dit "ah putain c'est vrai, on est dans un film des Wachowski, ça pourrait être aussi génial que ça tout le temps" (l'ensemble m'a plutôt évoqué Tykwer, à vrai dire). La simplicité de la réalisation est un parti-pris qui, de leur point de vue, a sûrement du être difficile à prendre. Mais je trouve que cela manque à l'ensemble, au final, cette ivresse, cette virtuosité qui transcende un peu le toc, même si pour des questions de cohérence entre segments, le film en avait sans doute besoin.

Attention, je trouve pas ça académique non plus. Par-ci par-là, y a quelques passages discrets mais super intelligents. Un pote me faisait remarquer tout à l'heure, et il avait raison, ce passage où après être passé sur le bateau, l'héroïne du Séoul futuriste commençait à délivrer ses pensées, couchée avec son amant derrière elle. Pendant que la caméra avance vers son visage. Passage très simple, un jeu de question-réponse, où les paroles prennent déjà l'allure d'un enseignement religieux, où l'on sent déjà l'icône qu'elle va être prendre le dessus sur la personne, s'engendrer d'elle-même au sein du personnage, le phagocyter, avec cette sensation bizarre que l'homme qui lui répond "oui" l'a sciemment façonnée ainsi. Il y a plein de passages comme ça qui montrent que le film sait bien raconter quelque chose (le cache-cache au sommet de l'église, aussi, tiens). Mais c'est aussi parfois trop confiant dans la dramaturgie, et au final je crois qu'aucun des six finals m'a vraiment ému ou convaincu.

Je suis très content, néanmoins. C'est enthousiasmant un film aussi narratif - et cette ambition, quand même, merde, ça fait du bien.


Dernière édition par Tom le 28 Avr 2013, 00:29, édité 1 fois.

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MessagePosté: 28 Avr 2013, 00:25 
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Oui, tu évoques un truc que je ne saurais pas expliquer :
Même si j'ai trouvé le suicide émouvant, je n'ai pas vraiment compris ce qui a motivé à ce point le passage à l'acte.


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MessagePosté: 28 Avr 2013, 00:26 
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deudtens a écrit:
Oui, tu évoques un truc que je ne saurais pas expliquer :
Même si j'ai trouvé le suicide émouvant, je n'ai pas vraiment compris ce qui a motivé à ce point le passage à l'acte.

En fait je le comprends du point de vue du personnage de dandy, avec le romantisme et tout ce que ça convoque. Mais il faut quand même qu'on l'expérimente, cette descente aux enfers. D'ailleurs, dans la même idée d'un truc qui peut passer sur le papier au vu du personnage, mais dont le film ne prépare pas l'arrivée, on pourrait citer
le désir qu'il a soudain pour le vieux compositeur.


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MessagePosté: 28 Avr 2013, 08:49 
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Ce sont deux éléments que j'ai accepté assez facilement, comme des archétypes assez élégants, mais ça tient peut-être justement à la construction du film. Si ça faisait l'objet d'un moyen métrage indépendant ça passerait différemment bien sur.
Sinon la scène de la voiture sur le pont c'est marrant parce qu'à priori c'est plus de Tykwer vu comment ils se sont répartis le tournage des segments... Après ils ont sans doute storyboardés ensemble en amont et se sont retrouvés au montage. D'une manière générale ce sont les trois parties XXeme siècle que j'apprécie le plus dans le film et elles sont signées Tykwer, mais ça reste un mariage assez étonnant, je ne sais pas s'il faut chercher qui gagne et qui perd.


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MessagePosté: 28 Avr 2013, 09:01 
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Vu hier aussi, tient. Impression d'un assemblage de films de différents genres mais tous lambdas, sans idée, convenus. L'ambition de la narration (qui me plait bien) finit un peu par se noyer dans la niaiserie du discours. C'est pas déplaisant mais c'est clairement un film baudruche.

3/6

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MessagePosté: 28 Avr 2013, 13:27 
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Mr Chow a écrit:
Sinon la scène de la voiture sur le pont c'est marrant parce qu'à priori c'est plus de Tykwer vu comment ils se sont répartis le tournage des segments...

Oui oui je savais, mais je prenais le passage comme exemple d'une certaine folie visuelle qu'on aurait pu attendre des Wachowski de manière générale, sur le film. Je me trompe peut-être, mais j'ai vraiment l'impression qu'ils ont pris la décision consciente d'être simples dans le filmage, pour ne pas avoir à l'être dans le montage.


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MessagePosté: 28 Avr 2013, 13:55 
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Franchement, à part Speed Racer, où ça part dans tout les sens pour donner un ton manga, j'ai jamais eu l'impression d'un visuel complex chez eux. Léché, précis, oui, comme dans ce film d'ailleurs, mais pas excentrique.

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MessagePosté: 28 Avr 2013, 13:58 
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Une certaine virtuosité, un côté chorégraphié et dansé même en dehors des combats dans les Matrix, non ? Jusque dans l'obsession de plans hyper composés/géométriques/symétriques...


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MessagePosté: 28 Avr 2013, 14:04 
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En tout cas ça prouve qu'on n'attribue plus à Tykwer un style tape à l'oeuil :)


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MessagePosté: 28 Avr 2013, 14:05 
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Virtuosité et chorégraphié, je sais pas, c'est pas ce qui me frappe le plus en tout cas. Mais le côté composé et symétrique, je suis d'accord (même si je parlerais pas d'obsession, obstination plutôt), on le retrouve un peu là quand même. Et puis ils sont très champ contre-champ aussi.

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MessagePosté: 28 Avr 2013, 14:09 
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Tetsuo a écrit:
Et puis ils sont très champ contre-champ aussi.

:D Les mecs qui trouvent 36 détours pour pas dire "réal plate" .

(bon je déconne hein, on fait de très belles choses avec des C/CC)


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MessagePosté: 28 Avr 2013, 14:41 
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Hé hé, non mais j'aime bien hein, c'est assumé, c'est un truc qu'ils travaillent.

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MessagePosté: 12 Aoû 2013, 17:39 
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Revu il y a quelques jours afin que se soit un peu plus clair dans ma tête avant d'écrire un peu dessus.

Il est assez triste de voir un film de cette ampleur là passer totalement à côté du succès au box-office quand tant de projets plus dispensables tirant parfois sur la corde de la facilité raflent tout ou presque. Cloud Atlas a la rare ambition de faire correspondre par un montage savant six histoires en une, à six époques passées, présentes et futures, et jouées par une poignée d'acteurs se transfigurant et servant fréquemment de ponts entre les parties (ce serait d'ailleurs amusant de vérifier le nombre de cuts fait sur un même acteur pour passer d'une époque à une autre).

Si le film peut en décourager plus d'un au départ à cause de cette construction fragmentée, quel plaisir en découle ensuite lorsque tout s'éclaircit progressivement et lorsque les histoires finissent par converger vers ce thème récurrent des Wachowski qu'est l'insurrection lors d'un dernier acte vraiment fort. Chaque partie prise séparément ne décolle jamais vraiment en terme de mise en scène, on pourrait même dire qu'elles sont plus ou moins inégales, fruit d'un travail collectif pour lequel il est quand même dur de faire la fine bouche. C'est surtout en terme de montage que le film arrive à être supérieur à la somme de ses parties, celui-ci est d'une efficacité redoutable, jonglant parfaitement avec toutes les trames du film, avec ses genres divers, les faisant avancer et progresser conjointement. D’une structure éclatée qui pourrait s’éparpiller et perdre ainsi de sa force, Cloud Atlas arrive à puiser toute l’énergie d’une telle pluralité, toute la dynamique qui s’y joue.

Le sujet de la réincarnation esquissé par le film pouvait être un peu lourdaud dans son traitement mais il laisse finalement un sale goût dans la bouche tant les personnages reproduisent à chaque nouvelle vie les mêmes erreurs sans en tirer aucune leçon. Il fallait bien la puissance de ce film choral ultime pour faire autant vibrer ce constat bien noir de l'humanité. 5-/6.

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