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MessagePosté: 23 Juil 2013, 10:14 
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Je suis un très bon client des Bacri-Jaoui. J'ai vu et apprécié tous leurs films. A différents niveaux, je trouvais toujours de la qualité dans leurs films que ce soit en tant que scénaristes uniquement ou réalisatrice . J'adore surtout Comme une image et On connait la chanson. Ma femme connait même certains dialogues par cœur. Même si je n'ai jamais trouvé que Jaoui était une grande réalisatrice, le talent d'écriture, le jeu des acteurs emportaient souvent mes réticences formelles. Pour moi, Jaoui était au moins une bonne directrice d'acteurs. Elle avait même réussi à me rendre supportable et émouvant Jamel Debbouze. J'avais même réévalué à la hausse Parlez-moi de la pluie après une seconde vision à la télévision. Bref rien ne me préparait à la désillusion totale de Au bout du conte.

Le film commence par une scène onirique racontée par une voix off dont la laideur visuelle est telle que j'ai eu envie d'arrêter le dvd en me disant " Ah non là ça va pas être possible". Malheureusement pour le spectateur, cette scène préfigure le supplice visuel de l'ensemble du long métrage. Je ne m'attendais pas à être estomaqué favorablement d'un point de vue réalisation mais je ne croyais pas non plus avoir le droit à ça. La réalisation est digne de téléfilms français. Et des mauvais en plus. On est au niveau abyssal de " Plus belle la vie" ou "Julie Lescaut". Si la mise en scène n'était pas extraordinaire dans Comme une image ou Parlez moi de la pluie ( on est souvent plus proche du théâtre filmé que d'un long métrage), la photo sauvait souvent le film. Et bien le directeur de la photo a du malheureusement être viré. Le film est terne, sans vie, déprimant. Le boulot de la décoratrice n'arrange rien. On est à la limite de la caricature à la Ozon. Il faut voir la décoration intérieure des riches. D'une laideur. Je crois que Paris ne m'a jamais semblé aussi moche que dans ce film. D'ailleurs est on réellement à Paris? Tout est laid : le conservatoire, la banlieue, le lieu des fêtes tout en béton, etc. La seule séquence un peu réussie d'un point de vue réalisation est la recherche nocturne dans Paris. On se croirait dans Enquête exclusive : Paris by night : la sortie des bars " drogue, alcools, jeunes en danger".
De plus beaucoup de scènes commencent ou se terminent par un tableau qui se fige ou s'anime. Esthétiquement, c'est déjà raté mais en plus cela donne l'impression d'assister à un film de sketchs. Or il n'y pas de sketchs. On a un film haché avec un empilement d'idées sans réel fil conducteur.

On s’accroche alors au point fort passé de Jaoui. Le choix du casting et la direction des acteurs. Bacri fait du Bacri. J'aime bien donc cela passe mais ces détracteurs diront que c'est toujours le même rôle. Physiquement, la vieillesse a été assez ingrate pour Jaoui mais cela n'entache pas son jeu toujours impeccable. Les seconds rôles passent aussi. Biolay dans un rôle antipathique est pas trop mal. On lui demande d'être stoïque et mono expression et il le fait bien. Le problème vient des rôles principaux : Arthur Dupont et Agathe Bonitzer. Ils sont mauvais comme pas possible. Pas charismatiques. Pas antipathiques. Lisses. Sans saveur. Un jeu plat rehaussé de faussetés.

Reste les dialogues et l'écriture : c'est ce qui sauve le film de la médiocrité. Mais encore une fois, la comparaison avec les films antérieurs du duo est sans appel. Même là, c'est plus faible que d'habitude. Auparavant Bacri-Jaoui comme Audiart avant eux avaient l'art de la phrase qui fait mouche, qui reste durablement en tête. les personnages étaient souvent caustiques, antipathiques, méchants. Les dialogues étaient féroces mais drôles. On n'aimait jamais les personnages mais parfois le mur de façade laisser poindre de l'émotion. Dans Au bout du conte, quelle phrase reste en tête? Quelle scène provoque le rire franc? Deux ou trois bons mots espacés dans le film. On se dit que le duo a voulu changer. Ne pas s'auto caricaturer et tenter autre chose. Pourquoi pas?
L'idée des renvois à des contes célèbres n'est pas mauvaise. Cela fait un variante pauvre de "On connait la chanson". Mais qu'apporte cette idée au film? Cela va t' il jamais plus lion que le simple gimmick? J'ai identifié au moins 6 renvois sommaires à des contes. Cependant jamais ces renvois ne donnent du corps au film. C'est dur mais on constamment l'impression d’assister au spectacle scolaire qui clôt le film. Jamais le film ne dépasse son statut de fable social du pauvre. Pire le film se complet dans une mentalité petit bourgeois désagréable. L'image du couple est mis à mal. Pas un couple n'est stable. On vit plus ensemble mais s'aime toujours. Les enfants c'est l'horreur : ils font du bruit quand ils sont jeunes et ne causent que du souci ou ne réclament que de l'argent quand ils sont grands. Un couple moderne ne semble pouvoir vivre que dans l'infidélité. Cette morale très magasine féminin culmine dans cette phrase de conte remanié terminant le film : "Ils vécurent heureux et se trompèrent beaucoup.....".

Vive le cliché 2/6

ps: pas trouvé de topics pour le film dans le moteur de recherche.


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MessagePosté: 23 Juil 2013, 10:42 
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Oui personne n'avait eu le courage de créer le topic... C'est dire l'enthousiasme.

Je suis très très client des Jabac des années 90 (Un air de famille, On connaît la chanson, Le Goût des autres... des vraies perles à mes yeux) mais après ça s'est gâté. Comme une image était déjà moins fort, Parlez-moi de la pluie était raté. Au bout du conte n'est pas aussi nul mais ce n'est pas avec celui-ci qu'il vont redoré leur blason. Perso j'ai suivi ça avec plaisir, sans (trop d') ennui, il y a quelques bons moments, quelques bonnes idées/vannes. Sauf que ça manque quand même de vrai sujet (un fil rouge autour du conte, ça ne fait pas un sujet), Bacri se caricature lui-même, Agathe Bonitzer je la hais, Jaoui est moche... Je me souviens avoir noté 3/6 par indulgence (et parce que ça se laisse regarder) mais je dois avouer que non seulement il ne m'en reste pas grand chose mais en plus il vieillit assez mal...

Il n'a même pas bien marché non?

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 23 Juil 2013, 10:55 
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Quasiment 1 million quand même. Ils ont leurs fidèles.

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MessagePosté: 23 Juil 2013, 10:59 
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Art Core a écrit:
Quasiment 1 million quand même. Ils ont leurs fidèles.

Ah! Ok.

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MessagePosté: 01 Sep 2013, 23:04 
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Rattrapage-topics des films vus y a un bail...

Il y a toujours un certain confort coupable à aller voir du Bacri-Jaoui : on sait que ça va pas réellement être du ciné, que ça va conforter le spectateur-de-gauche dans son point-de-vue-de-gauche (bouh les méchants, bouh le conformisme), qu'on vient voir Bacri faire ses grimaces de misanthrope... J'y vais un peu comme je vais voir le dernier brûlot indéfendable de Michael Moore, en me disait que j'ai tout à y reprocher mais que le divertissement sera assuré : en l’occurrence, ici, que ce sera super bien écrit et fignolé, et qu'on pourra s'y tasser comme dans un grand coussin paresseux.

Deux choses, au final : 1) Bacri-Jaoui n'écrivent plus si bien que ça / 2) cependant leur ciné, ayant lâché l'ambition de courir après l'importance passagère qu'a pu avoir Le goût des autres dans le ciné français, gagne un peu à ce côté désuet désormais assumé. Le film semble en effet totalement incapable de parler du monde actuel (voir le tour du Paris underground en voiture, un must), il rame complètement sur le plan de l'humour, et l'entrelacs choral n'a plus rien de virtuose : c'est un automatisme fatigué. Il y a un certain gêne à voir Jaoui, qui a toujours été une réal sobre assumant à mi-mot son académisme, essayer de jouer l'effet de réalisatrice ou d'auteur dans tout ce qui peut avoir trait à l'allusion aux contes, par exemple. C'est toujours très superficiel, très léger, ça n'a pas une seconde les épaules.

Mais c'est aussi assez apaisant de suivre un film aussi déconnecté, déphasé, occupé à ratisser son propre jardin. Peut-être parce que c'est un cinéma qui a compris qu'il n'avait (plus) rien de subversif, qu'il ne pourfendait aucune norme, qu'il était somme toutes un peu bourgeois, et qui s'y fait avec sagesse. Il y a un certain calme, qui se traduit entre autres par une tendresse pour les acteurs. Jaoui se filme très bien elle-même par exemple (sa vieillesse qui arrive, son côté un peu balourd mais maternel), les scènes entre elles et Bacri sont touchantes (encore une fois ils jouent des persos assez éloignés, dont les scènes à deux sont à la périphérie de la dramaturgie principale du film, mais qui se confient l’un à l’autre à un moment, dans une série de scènes en forme de trèves), Biolay est une plutôt bonne idée de casting. Le côté désuet touche aussi à la façon dont elle exclue sa génération du tableau pour se focaliser sur les jeunes, personnages pas bien passionnants et acteurs pas forcément tops, mais filmés avec un certain idéalisme auquel le cinéma français n'est guère plus habitué (Dupont surtout, perso de timide bégayant mignon comme tout).

En reste le souvenir d'un film très petits bras, anodin, mais moins replié sur lui-même qu'on aurait pu le craindre (même s'il reste des trucs déprimants : voir la citation finale absolument misérable), et sommes toutes pas désagréable à suivre.


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