Bonjour,
Pas expert critique en cinéma mais gros fan de Goscinny, d'Astérix (Uderzo est un génie malgré sa triste fin de carrière) et énervé de lire certains trucs dans beaucoup de critiques professionnelles que je retrouve dans le commentaire de l'utilisateur ArtCore (en pire), je suis comme pris d'un besoin de m'exprimer.
Meilleur film d'Astérix après les "12 travaux". Définitivement. Vient ensuite "Astérix et Cléopâtre", l'animé. Après, c'est rien de bien passionnant (un ou deux traumas Plastic Bertrand). Pas vu les Vikings. Je crois que c'est les mêmes gars que les Indiens, donc bon, j'ai donné.
Le Chabat me fait rire mais a le cul entre 2 chaises (il me fait de toute façon beaucoup moins rire que l'album et l'animé vieillot). J'ai le sentiment que dans les critiques du Astier/Clichy, le Chabat revient comme l'évidence d'une adaptation supérieure. Ca me dépasse. D'un côté, il rend effectivement hommage mais d'une façon obligée, trop artificielle pour réellement coller avec l'humour Nuls/C+. Chabat est un auteur et acteur (très bon en sénateur dans le Domaine) très sympathique mais tout de même piètre réalisateur et "Cléopâtre" le démontrait avec ce déséquilibre . "Didier", son meilleur film (?) n'est pas si exceptionnel pour que l'ancien Nul mérite son statut de génie que certains veulent lui donner. Il faudrait qu'il arrive à faire réfléchir en même temps que nous faire éclater de rire comme un Goscinny (surtout de la 2e époque d'Astérix que je fais débuter au "Bouclier Arverne") pour le mériter. Et après tout, peut-être n'en a-t-il pas envie, faire rire comme il le fait étant déjà bien difficile et pas donné à n'importe qui. C'est déjà totalement respectable. Mais pour Chabat, ça date. Son "Marsupilami", sans être honteux comme "Rrrr..." c'est quand même pas terrible.
Comme le disent d'autres ici (peut-être que je me dis qu'on va me comprendre pour ramener ma fraise), les Astérix se passant dans le village sont bien plus ambitieux au niveau satire que ceux des voyages (le Devin, la Zizanie, c'est grandiose). Finalement ceux-là sont plus faciles et ce n'est peut-être pas pour rien que ce sont les albums les plus souvent adaptés (le génie de Goscinny étant, entre autres, de réussir à s'adapter aux situations qu'il s'imposait ou que ses dessinateurs lui imposaient).
Avec le film "Domaine des Dieux", on a enfin une adaptation qui enrichit de manière cohérente un scénario et humour d'origines en béton armé mais trop court pour un long métrage (on évite aussi les mix). Le développement des situations, des personnages se font avec une logique, un naturel confondants. La création de celui de l'enfant était casse-gueule mais finalement réussi, alors que les personnages d'enfants sont très rares dans l'univers d'Astérix (le seul vrai personnage enfant, Pepe, étant loin d'être choupinoumignon). Et le tirage de tresses, c'est bien, c'est exactement ça qu'un gamin ferait avec Obélix (et ce n'est pas pompé sur le tirage de mèches de Ratatouille, le truc le plus con du monde, 1000 fois plus qu'un rat qui fait la cuisine, ce qui est au contraire une excellente idée).
Amateur de "Kaamelott" sans être fan (parfois génial, parfois très chiant, j'apprécie d'autant plus le respect à la fois historique et légendaire), je constate qu'Astier a parfaitement réussi à se fondre dans l'univers et à l'enrichir (il y a des situations inédites très drôles ou des dialogues dans l'esprit... "le gland" m'a fait éclater de rire) en respectant l'esprit d'origine. Jamais il ne supplante le ton de l'oeuvre de base avec le sien comme le faisait Chabat. Goscinny ayant un rythme d'écriture très dynamique (d'autres ici l'ont noté), ce n'était d'ailleurs pas gagné pour Astier qui est plus dans le crescendo lent. Je lui rends grâce d'en avoir eu conscience. Il y a pourtant multitudes de scènes où il aurait pu y aller à fond dans le Kaamelott mais il sait se rappeler aux spectateurs sans s'imposer. L'adaptation du personnage de Duplicatha est à ce titre une parfaite illustration. C'est une création Goscinny proche d'une création Astier (un personnage incompris des autres par sa vision d'une situation allant au-delà de l'évidence, logique autre, même dans l'absurdité), développée comme du Astier mais qui sait s'arrêter au bon moment. Bien qu'il n'y ait pas la réplique "il ne faut jamais parler sèchement à un Numide" ! Grosse déception pour moi de ne pas l'entendre, mais en y repensant, l'alexandrin de Numérobis en dialogue parlé tombait à plat (sans que ce soit la faute de Jamel qui ne joue pourtant jamais Numérobis). Même chose pour le "problème cornelien" ?
Le travail des comédiens n'y étant certainement pas pour rien, ils sont tous excellents (moins Cubitus/Semoun, excessif et vite énervant). La présence de Roger Carel est de très grande classe d'ailleurs (et tellement justifiée, il est toujours aussi bon mais est-ce qu'il fait encore Idéfix ?).
Dommage qu'on ne voit pas la femme d'Agecanonix et sa toge (question d'époque ? le couple vieux / belle jeune femme ne passerait-il plus dans l'humour ?). Bien vu d'avoir supprimé l'Obélix féroce (idée trop caricaturale citadins/paysans qui passe en BD mais sûrement pas en film et pas dans le développement pris de ce film en tout cas qui, quelque part, l'évoque avec le clin d'oeil à King Kong). Mais là aussi, il y a peut-être l'obstacle de gags qui passent mieux en supposant que le lecteur connaît bien l'univers. Mais à ce propos, je ne crois pas qu'on rappelle qu'Obélix est tombé dans la potion étant petit avant la toute fin ? Est-ce que ça va sortir aux US ? D'ailleurs, neutraliser Obélix n'est pas une mince affaire et sa libération est excellente. Très bon traitement sur l'invincibilité du personnage.
Donc je lis partout sur le net les critiques lui reprochant de ne pas avoir su s'approprier, poser sa marque... Elles sont pourtant très positives mais je ne comprends pas ces reproches. C'est objectivement loin d'être une photocopie. Mission Cléopâtre l'était d'ailleurs plus sous cet angle, 2 films en un, d'un côté la BD pure, de l'autre, du Chabat, rendant l'ensemble bancal, sans jamais prolonger l'histoire, allongeant ou ajoutant des scénettes sans incidences sur l'intrigue. Alors que l'Astier/Clichy est une adaptation très réussie, tout en amenant des scènes qui vont au-delà, en prolongeant sans bêtement allonger et respectant l'album et son scénario.
Depuis quand une adaptation doit-elle être suffisamment différente du matériau d'origine pour être valable ? Ce que fait Astier est bien plus difficile que ce qu'a fait Chabat et mériterait d'être saluer comme il se doit. Changer de medium en conservant l'esprit est déjà assez difficile, si ce n'est le vrai défi de l’adaptation réussie. Cette obsession largement partagée par les critiques de devoir à tout prix se détacher de l'oeuvre est peut-être d'ailleurs responsables de cadrages différents (l'arbre dans la maison d'Astérix est vu du haut dans la BD... le film se rattrape puisqu'on le revoit pour un double-gag bien sympathique), de situations décalées (la rencontre avec les esclaves n'a pas la même baston) ou supprimées (le cocorico nocturne) sans vraies justifications, un peu artificielles. Mais ça marche donc ça passe. Ou bien c'est plus prosaïquement une question de techniques et de coûts (la baston général de nuit me fait exploser de rires mais si c'était pour remettre un gros nuages de fumées comme pour les autres, ça n'avait effectivement pas trop d'intérêt) ?
Pour en finir avec le Chabat (surtout que je ne le hais pas comme les autres lives... sauf le Snoop à la fin... tu veux faire ton malin postmoderne, t'attendais pas Chinese Man pour sampler "Le pudding à l'arsenic", t'en avais toi même l'idée), je lui reconnais d'avoir surmonté l'écueil, carrément le problème, que n'a pas autant Astier/Clichy, c'est d'avoir fait une adaptation regardable d'une BD cartoonesque en live. Depuis Zidi, c'est tout simplement débile cette idée. Encore que le Zidi, véritable bouse, avait la meilleure direction artistique des 4 (les décors du Chabat sont moches, mais moches... le Majesté, encore plus, l'Olympique pas tant que ça mais c'est au final la bouse Zidi qui a été remâchée et rechiée en diarrhée).
Ici, de BD à animé, l'obstacle est moins haut. Cependant, pour un premier passage en 3D, ce n'était pas non plus une mince affaire. Le travail de Clichy est à saluer. Le passage du plat à la 3D se fait comme une lettre à la poste. Tout de même perfectible, notamment chez Obélix et Panoramix, dont les caractères, les plus profonds on va dire des villageois, sont parfois limités dans leurs expressions animées, mais encore sûrement une raison de moyens. Le matériau de base est de très haut niveau, on ne dira jamais assez à quel point dans le domaine du dessin Uderzo est à la hauteur du génie de Goscinny (l'un et l'autre arrivaient à s'adapter à leurs autres co-auteurs avec une efficacité incroyable). C'était alors d'autant plus facile de le gâcher et ce n'est pas le cas.
La mise en scène arrive à utiliser la matière des décors au maximum. La forêt, le Domaine des Dieux, le palais de César, ce qui fait finalement assez limité en nombre de décors , sont présentés avec une vraie dynamique et exploitées à fond. Voire, c'est peut-être sa chance, le peu de lieux nous épargne l'hystérie de beaucoup d'animés américains.
ArtCore comapre avec une scène de Croods dans l'intro... Déjà, l'idée de mettre en scène la chasse aux sangliers pour Astérix est évidente. De plus, pour ce que je m'en souviens de ce machin très laid, 5 (ou 6 ? en tout cas trop) persos qui piquent un oeuf en 3000 mètres steeples dans le désert avec pleins d'animaux plus moches les uns que les autres, je trouve ça long et indigeste. Ici, l'intro tour de manège, cliché du blockbuster, encore plus de l'animé, s'arrête pour entrer directement dans l'intrigue. C'est pas du génie mais c'est du bon boulot. Et elle trouve son écho avec le gamin plus tard (dans un environnement qui a dramatiquement évolué et qui aura des conséquences sur l'intrigue). Enfin, de toute façon je ne vois en quoi sur cette scène y aurait quoi que ce soit de plus à aller piller dans Croods que dans 100 ans d'animations.
Petit bemol sur le village tout de même qui a du mal à exister, n'a pas de personnalité. Alors que c'est l'enjeu et qu'il évolue en même temps que la psychologie de ses habitants (l'impression qu'il y a 4 huttes, son plan est assez erratique dans la BD, mais justement, en mixant un peu toutes les cases de toutes les époques, yavait de quoi, dommage). Le lien direct avec la forêt est impalpable, il est trop à distance (au contraire de ce qu'Uderzo arrivait à illustrer avec parfois une seule case). On ne sent pas l'ancrage. Dans l'univers, même si les Romains peuvent y entrer facilement, cela reste l’extension naturelle du village. Vu le sujet écolo, c'est dommage.
Là encore, vu les actualités, quand on choisit d'adapter ce qui est par trop devenu une marque et des albums de plus de 40 ans, le Domaine des Dieux est certainement le meilleur choix possible (le Chaudron, les Lauriers, Compagnie ont un sacré potentiel). Les critiques s'en étonnent mais pour moi, et j'imagine tous les fans, quand j'ai appris que c'était cet album le prochain, ça m'a semblé évident.
Vu en 3D et les couleurs semblent plus intéressantes sans lunettes mais ça... Sur la mise en scène 3D, elle n'apporte pas grand chose mais à le mérite de ne pas tomber dans l'excès. Les effets "in your face" sont vraiment bien. Je ne pensais pas que ça serait dans un Astérix que la pointe d'une flèche (truc cliché de la 3D) me ferait autant d'effet. J'ai eu le souffle coupé sur un truc vu et revu.
Pas follement emballé par le générique de début qui lorgne beaucoup sur celui du Tintin de Spielberg (hommage ? ça ne m'étonnerait pas) en moins bien (et je n'aime pas trop le visuel du générique du Tintin, que j'aime beaucoup, qui a quand même du Williams dessus). Celui de fin est bien sympathique sans casser des mosaïques. Et la musique est vraiment plate. Dommage que yait pas du délire celtique/antique, ça changerait (bon, le Zidi avait tenté sans grande réussite, enfin yavait du biniou sur du Goldman quoi). Très bonne scène d'Assurancetourix en tout cas. Meilleur idée possible pour faire passer sa particularité du papier à l'écran. Je me demandais avant comme ils allaient montrer ça. C'est très casse-gueule. Au début, tu te dis bien vu, puis plus elle dure, plus tu sens que c'est bien géré jusqu'à sa résolution qui marche aussi bien.
Anne Goscinny et Albert Uderzo seraient bien inspirés d'arrêter les massacres d'adaptations live et de redonner au duo Clichy-Astier les clefs d'une nouvelle adaptation. Astier ayant d'autres ambitions, j'espère que Clichy, qui en a peut-être d'autres lui aussi, reviendra pour épauler un autre auteur de talents.
La bataille finale du Domaine des Dieux est quand même pas mal du tout (le "je ne suis pas gros", tellement vu et revu dans Astérix mais jamais comme ça, très bon). Et très belle idée de la tournée finale de potion, collective, avec Astérix porté, j'en chialais (du coup, dommage le changement de fringues magiques dans la foulée même si c'est logique dans la représentation). Et la poule !
Mais il y a quand même moyen d'aller un peu plus loin dans le non-sensique que permet l'animation comme Goscinny-Uderzo avaient su le faire dans les 12 travaux d'Astérix, sommet de l'animation comique française (faut dire que je n'en connais pas beaucoup). Mais après tous les récents massacres sur Astérix, pour une prod française, c'est vraiment faire la fine bouche les réserves que je lis dans toutes les critiques. Dans le style animé 3D grand public, c'est le haut du panier (je ne vois pas tout mais ces dernières années, à part les Dragons, et c'est quand même difficilement comparable dans l'esprit, et ben j'aurais bien du mal à trouver mieux, et c'est pas la pub vu avant avec les machins de Madagascar là qui va me faire penser le contraire).
Pour finir, vu avec mes deux filles de 10 (fan d'Astérix mais qui n'avait pas lu l'album avant qu'elle ne sache qu'il y avait un film de prévu, rebutée par la couverture -nouvelle couverture pour la réimpression honteuse d'ailleurs- comme le sujet, je me souviens avoir eu le même sentiment gamin et puis, un jour, la révélation... putain, René, Albert, merci !) et 9 ans (jamais lu une BD d'Astérix, elle est rebelle, me demande si c'est pas pour me faire chier) qui ont adoré. Moi aussi.
PS : la Rose et le Glaive est la première vraie grosse daube (en plus du trait trop studio, mais bon, si la vieillesse est un naufrage, pour les dessinateurs, c'est un torpillage), et ça va en s'empirant. Le Fils et Shérazade (je le trouve beau graphiquement celui-là) passent encore pour des gamins. Le Grand Fossé, c'est pas top mais c'est le premier effort solo (et Uderzo se fait plaisir dans certaines cases). L'Odysée reste le meilleur Uderzo solo (sans être génial mais la Bible, c'est facile pour les clins d'oeils et il y a de l'amour dans cet album, et de l'écologie). Mais aucun n'est aussi bon que le plus faible des Goscinny que j'aurais bien du mal à identifier (les Goths ? et encore, il a l'excuse de l'époque... et puis merde, rien que pour "il est déchaîné" !!!). Mais bon, ayant été jusqu'à acheter la Traviata (lu une fois ; le Ciel aussi, dans un Relay H), je ne suis pas très objectif. Les Pictes est cool. J'aimerais bien lire ce que ferait Jul mais un peu peur de la critique sociale grossièrement caricaturale. Goscinny cachait sa finesse et sa sensibilité derrière les jeux de mots qui tâchent et les baffes.
PPS : hum... pavé parasité par les parenthèses... désolé... insomnie aussi... merci de votre attention...
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