Forum de FilmDeCulte

Film étrange dans l'éparpillement de ses partis-pris. Il y a d'abord le pan que je préfère: une enquête sur la mort d'une jeune fille entourée de mystère, avec pour cadre une petite ville des Etats-Unis, explorée par la narration comme dans un feuilleton, bref tout ça rappelle furieusement Twin Peaks. Il y a ensuite le pan série B fantastique-horreur, avec du trash et de l'humour très cartoon, et là on va plus chercher chez Sam Raimi. Enfin il y a le volet initiatique, avec une voix-off relativement plate et redondante qui énonce aussi la morale de l'histoire, et le développement d'un personnage au romantisme désabusé.

Ce méli-mélo aurait pu fonctionner, peut-être, entre les mains d'un réalisateur plus fin et plus complexe qu'Aja qui, évidemment capable d'assurer une certaine imagerie de la mise en scène - quelques scènes sympa même si grossières - et un rythme sans faiblissement, trouve ses limites dans l'articulation des différents motifs. Ainsi cette histoire de corne qui révèle le fond de la pensée des personnes n'est ni bien exploitée ni bien expliquée dans sa signification. On saisit la morale, selon laquelle la compréhension du monde passe par la souffrance et le pêché, inévitables (vision hautement chrétienne), mais moins par les situations que par le surlignage de la voix off.

Radcliffe s'en sort pas mal malgré des limites évidentes. Il peut oublier la gravité, il n'est pas convaincant dans le registre, mais il a un talent comique qui donne un réel capital sympathie au film. Aja est assez intelligent dans son utilisation de l'acteur, et se permet un clin d'oeil sympa à Harry Potter en faisant du héros un Serpentard.

J'ai trouvé le film chiantissime pour ma part. J'ai un peu le sentiment qu'Aja cherchait à faire son film de la "maturité" avec celui là mêlant plusieurs genres (comédie romantique, thriller, fantastique, comédie drame etc...) avec une approche plus adulte, des références plus solides (Lynch, Stand by Me, King [le roman original est écrit par son fils]) mais qu'au final il se plante sur toute la ligne. C'est tout simplement un film qui n'a rien à proposer. Son humour est à chier (des gens qui ont envie de baiser comme c'est original), l'aspect fantastique totalement sous-exploité (le final aurait pu être épique, il est juste sans intérêt) et l'enquête est nulle. Sa construction est foirée avec ses flash-backs qui viennent s'insérer n'importe comment (le premier flash-back quand ils sont enfant absolument interminable). Sans parler effectivement de la morale cul-bénie dont on se serait bien passé.
Bref je vois sincèrement pas grand chose à sauver du film. Ça aurait pu être une série B sympathique et grossière mais c'est au final un film qui ressemble un peu à rien mais sans ce que ce soit une qualité bien au contraire. Je préfère de très loin le Aja qui fait joujou avec ses piranhas.
Persuadé aussi que le film va totalement bider aux US (déjà qu'en France c'est mal parti), trop mature et chiant pour les jeunes, trop con pour les adultes, il y a un vrai problème de cible.

1/6

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CroqAnimement votre

J'irais sans doute dans la semaine pour me faire une idée et je vous dirais ça. Visiblement le Horns a l'air de faire l'effet d'un gros pétard mammouth mouillé.

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C'est clair, j'ai rarement vu un film se planter de cette façon dans l'utilisation des flash-backs.

C'est dommage l'histoire présentait pas mal de bonnes idée, gâchées par la mise et scène et surtout la direction d'acteur d'Aja (putain je croyais en lui !).

Je n'ai pas lu le livre de Joe Hill, mais s'il n'est qu'à moitié aussi bon que son Locke and Key, on est passé à côté d'un truc assez énorme.

Non, non, non, c'est TRÈS loin de Locke and Key, on est passé à côté de rien du tout...

J'y allais à reculons à cause de vos posts et de la presse assez tiède et je m'attendais à un beau navet avec ce Horns. Contre toute attente, j'ai bien aimé ce suicide commercial et même si le film est bourré de défauts un certain charme opère. Concernant les défauts, les flashbacks ne sont effectivement pas très heureux en particulier le premier sur l'enfance du couple. Alors oui, je comprends l'intention d'Aja, j'aime bien la scène ou Ignatius risque de se noyer mais il est vrai que c'est tout bonnement interminable. Horns est assez maladroit, le film assez déséquilibré et le pot-pourri de différents genres parfois un peu indigeste. Bref, c'est rempli de défauts mais étrangement j'ai trouvé le film assez stimulant.

Même si l'idée des cornes n'est pas totalement exploitée, l'idée que les gens révèle en toute franchise à Ignatius leurs pensées cachées est appliquée ici de manière assez réjouissante. Principalement grâce aux dialogues, le film s'avère très fun. Entre les policiers gays et les parents d'Ignatius qui le détestent, j'ai trouvé ça drôle. Après vu qu'Aja tente beaucoup, il y a quand-même du déchet (la baise entre le docteur et son assistante, bof) mais le film n'hésite pas à prendre des risques. On a affaire à une série B étrange et originale (le mec du Monde qui dit le contraire n'a pas du voir le film) et j'aime beaucoup l'imagerie du film bien mise en valeur par une réalisation très soignée.

Plus que dans ses autres films, Aja est ici très convaincant dans sa direction d'acteurs. Comme Baptiste, je pense aussi que Radcliffe est un acteur au potentiel limité mais il est parfaitement utilisé entre crises d'hystérie et dépit des évènements qui lui tombe dessus. Mention aussi pour la galerie de second rôles avec en particulier l'avocat qui est très bon. Après, on ne sait jamais ce que signifie cette histoire de cornes et même si le mélange de genres est un peu raté, c'est ce qui fait le charme du film qui se disperse entre comédie, fantastique (la transformation à la fin!), whodunit et chronique de l'enfance genre Stand by me.

D'un côté, le film se perd dans son ambition de vouloir tout brasser et la volonté d'Aja de faire son film somme à lui mais le cinéaste tente plein de trucs. Ca passe ou ça casse mais cette générosité sert plutôt ce film qui séduit finalement par sa singularité. Soyons clairs, on est très loin du niveau d'un Piranha mais je trouve ce Horns largement supérieur à un Mirrors et ça s'avère une très bonne expérience de cinéma bis.

Les cornes c'est clairement la symbolique du mal, du diable. Ca me paraît être montré de façon super explicite. Il a fauté, il a de la colère et pire en lui et les cornes sont son côté sombre. Elles font d'ailleurs ressortir le côté sombre et enfoui de tous les autres protagonistes quand il les a.
Quand il va voir son prêtre de paroisse, il le lui dit clairement que le diable est un ange déchu et que lui même a été déchu par l'acte qu'il est supposé avoir commis. Quand il retourne une deuxième fois voir le père de sa copine, il le lui dit aussi qu'il a péché et qu'il va pécher encore, que c'est à lui (et non au père qui est resté bon malgré son supposé meurtre) de tuer le meutrier de sa fille car il s'agit de choisir le péché avec lequel on peut vivre.
A la fin, quand il hésite entre abandonner et avoir pitié et mener sa vengeance au bout, il se transforme d'abord en ange ailé avant que ses ailes ne prennent feu et qu'il retombe en bête cornue consummée par le mal et la colère et tue.

J'ai trouvé le film sympa même si je pense que Radcliff a le syndrôme Elijah Wood, un jeu et une tête qui limitent les personnages à interpréter et leur crédibilité.