Quelques lectures :
Après quatre mois, enfin arrivé au bout de ce livre indigeste, malade, fatigant, irritant, de ce pensum lourd et égocentrique sur l'existence, de ce roman raté. Et pourtant, c'est un grand livre, rempli de pages magnifiques, d'éclairs de génie ; un portrait au vitriol d'une société américaine ingrate, pleine de jugements définitifs et d'hypocrisie, incapable d'empathie.
Avec Pierre, Melville tentait d'écrire un roman qui aurait enfin du succès, qui plairait à un large public : au final, il nous sort un volume obèse, qui méprise ouvertement son lectorat, parle en "thee" et en "thou" sans aucune raison autre qu'esthétique, ne se soucie pas de cohérence, et n'est qu'une succession de péripéties molles entrecoupées de longues digressions sur la nature humaine, d'intérêt très variable. N'écoutez pas ceux qui vous diront que c'est un livre sulfureux : Melville ne fait que suggérer, et il le fait avec le style ampoulé le moins érotique de la terre.
Ca se lit lentement, par petites touches (autrement, overdose), et il faut parfois s'armer de courage pour s'enfiler de longues diatribes complaisantes sur l'art et la nature humaine. Mais la récompense au bout est absolument superbe, car certaines pages de ce bouquin sont parmi les plus belles jamais écrites.
Comme le dit Melville :
"
For in tremendous extremities human souls are like drowning men; well enough they know they are in peril; well enough they know the causes of that peril;--nevertheless, the sea is the sea, and these drowning men do drown."
Vrai enthousiasme pour ce roman d'aventure français, qui adapte avec beaucoup de liberté la Guerre de Pitcairn entre britanniques et taihitiens. La langue, sans être majestueuse, est élégante et pleine de vie. Les personnages prennent lentement corps durant 700 pages qui se dévorent (lu en 3 jours, très surpris d'avoir été autant happé par la chose), et la vie sur l'île du titre possède un véritable allant, où l'on sent l'influence évidente de la littérature de genre américaine sur Merle, qui en reprend les meilleurs éléments (le rythme, la richesse thématique) pour en faire un vrai beau livre.
Je conseille à tous ceux qui aiment le roman de genre. Ma médiathèque possède les 4 000 pages de Fortune de France, du même auteur, j'hésite encore à me lancer.
Livre plutôt pénible, abandonné à mi-chemin, par le très poussif Mo Yan, dont j'ai beaucoup de mal à comprendre le prix Nobel. J'en retiens une histoire de réincarnation longuette, jamais franchement désagréable, mais toujours platte, manquant clairement son objectif de raconter la Chine de l'après-guerre à travers les yeux d'une succession d'animaux. Auteur qui ne m'intéresse décidement pas.