Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 25 Avr 2024, 18:21

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 28 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Brazil (Terry Gilliam, 1985)
MessagePosté: 04 Déc 2008, 02:59 
Hors ligne
Titilleur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Nov 2008, 03:53
Messages: 53
Localisation: Forest Gimp!
Image

''En un temps et un lieu indéterminés, le monde est devenu un enfer kafkaïen de modernité. Sam Lowry est un petit fonctionnaire sans histoire du Ministère de l’Information.
Coincé, pressé et écrasé par les rouages de la machine bureaucratique, Sam tente de s’échapper du troupeau en rêvant d ’amour et de liberté, se voyant un Icare des temps modernes croisant dans les cieux une jeune fille au visage angélique. Mais sa vie bascule le jour où il croise le regard d ’une femme qui ressemble étrangement à la fille de ses rêves. Pour elle, Sam va se dresser contre le système...''


Certains l'ont détesté, d'autres l'ont adoré. Comme pour Eyes Wide Shut(quoique pour des raisons différentes), ce film semble départager l'audience entre chef d'œuvre absolu et grotesque caricature. Du reste, en tant qu'amateur d'univers baroques et déjantés, d'humour bien décalé, ou de théories du complot en tout genre, ce film ne pouvais que me plaire. Mais pour ceux qui sont moins fans, j'aimerais tout de meme essayer de faire partager un des film qui m'a poussé à m'intéresser au cinéma.

Le thème principal est simple et efficace: un homme seul contre tous ou presque, un amour impossible, un état tentaculaire, une mère parasite. Mais les événements tissés autour de cette trame délibérément grossière nous proviennent tout droit d'une créativité débordante et détraquée.

Gilliam est en effet le cinéaste tout désigné pour donner un traitement original du totalitarisme (et de plusieurs autres thèmes périphériques). Il puise dans le style baroque une alternative originale au néoclassicisme grandiose et pompeux dans lequel d'ailleurs les régimes totalitaires se dépeignaient.

Gilliam n'hésite pas aussi à huiler son imagination et à montrer son amour de la caméra et de la mise en scène: des contre plongées dignes de Citizen Kane, un détachement grinçant et ironique, des clairs-obscurs spectaculaires...

Mais le meilleur reste sans doute dans le propos. J'ai rarement vu un film qui arrive à présenter avec une telle clarté par la force de l'image des réflexions qui sont parfois extrêmement fines.
Le génie de ce film, c'est le traitement 'organique' du totalitarisme. La référence au fonctionnement biologique est constante et appuyée: les tuyaux intestinaux qui envahissent chaque pièce, une scène de réparation qui ressemble à de la chirurgie, les relations humaines présentés sur un mode de fonctionnement cellulaire...
Il faut aller dans l'épistémologie (Georges Canguihlem si jamais sa intéresse quelqu'un) pour trouver le pendant intellectuel des idées évoquées dans le film. Il y figure une comparaison brillante entre le fonctionnement d'une société et le fonctionnement de l'organisme humain, et l'intérêt de mettre en perspective ces deux modes.

Brazil propose, à l'instar du crédo machiniste du charlot des temps modernes, une représentation ou la société et l'état n'arrivent pas à se constituer comme un organisme. C'est cet échec que Brazil évoque dans son style unique et jubilatoire. D'où l'une des scènes les plus hilarantes du films, ou deux personnes se noient dans les excréments!

Bref, à voir et à revoir!
5.5/6


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 08:42 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 01 Mai 2007, 12:27
Messages: 12731
Localisation: Actresses
Merci Fion, tu me donnes envie de revoir ce film que je n'ai pas vu depuis presque dix ans maintenant. Je dois dire que je n'étais pas un grand fan, on va voir ce que ça donne à la réévaluation.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 08:48 
Hors ligne
Expatrié en tongs
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 15 Juil 2005, 17:40
Messages: 14155
Localisation: The Far Side of the World
"merci Fion" :lol:


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 08:54 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 01 Mai 2007, 12:27
Messages: 12731
Localisation: Actresses
Mufti a écrit:
"merci Fion" :lol:


8)

Je trouve ça génial.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 10:00 
Hors ligne
Ap'héros
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 19 Juin 2007, 16:19
Messages: 15200
Localisation: Lille
J'adore ce film.
6/6

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 16:29 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Sep 2008, 13:53
Messages: 417
Localisation: Sous la pluie.
Un des films que j'aime voir et revoir et rerevoir.
Ça vient probablement des nombreuses similitudes avec 1984, que je surkiffe.


Dernière édition par Sk. le 04 Déc 2008, 18:28, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 18:07 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Oct 2008, 13:04
Messages: 1556
Skap0ne a écrit:
Ça vient probablement des nombreuses similutes avec 1984, que je surkiffe.


Tu parles de 1984 le livre ou 1984 le film ?


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 18:29 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Sep 2008, 13:53
Messages: 417
Localisation: Sous la pluie.
azuma33 a écrit:
Skap0ne a écrit:
Ça vient probablement des nombreuses similutes avec 1984, que je surkiffe.


Tu parles de 1984 le livre ou 1984 le film ?


Le livre.
J'ai un peu peur des adaptations à vrai dire... :?


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 18:37 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 22 Avr 2008, 12:52
Messages: 1650
...


Dernière édition par Nijal le 25 Fév 2009, 19:07, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 19:36 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Oct 2008, 13:04
Messages: 1556
Skap0ne a écrit:
azuma33 a écrit:
Skap0ne a écrit:
Ça vient probablement des nombreuses similutes avec 1984, que je surkiffe.


Tu parles de 1984 le livre ou 1984 le film ?


Le livre.
J'ai un peu peur des adaptations à vrai dire... :?


J'adore le livre d'Orwell (et La ferme des animaux également d'ailleurs) mais je n'ai pas vu l'adaptation de Radford... Comme toi, j'ai un peu peur des adaptations...

Sinon, comme beaucoup, j'aime Brazil... Mais il n'est pas dans mon top 100. Pourquoi donc ? Je vais devoir réfléchir...

D'ailleurs, il ne me semble pas l'avoir vu dans les top 100 des autres forumeurs...


Dernière édition par Azuma le 04 Déc 2008, 19:38, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 19:37 
Hors ligne
Titilleur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Nov 2008, 03:53
Messages: 53
Localisation: Forest Gimp!
Skap0ne a écrit:
azuma33 a écrit:
Skap0ne a écrit:
Ça vient probablement des nombreuses similutes avec 1984, que je surkiffe.


Tu parles de 1984 le livre ou 1984 le film ?


Le livre.
J'ai un peu peur des adaptations à vrai dire... :?


Le livre m'avait vraiment marqué. Je me souviens ne pas avoir décroché de la nuit.
On m'a dit qu'un film du meme nom existait. Mais on m'a aussi dit qu'il était pourri, alors j'hésite à le voir...


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 04 Déc 2008, 19:39 
Hors ligne
Titilleur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Nov 2008, 03:53
Messages: 53
Localisation: Forest Gimp!
the black addiction a écrit:
Merci Fion, tu me donnes envie de revoir ce film que je n'ai pas vu depuis presque dix ans maintenant. Je dois dire que je n'étais pas un grand fan, on va voir ce que ça donne à la réévaluation.


Cool, je t'attend pour en rediscuter ;-)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 06 Déc 2008, 02:47 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 9655
Localisation: Ile-de-France
J'ai vu ce film plusieurs fois pour comprendre comment je pouvais a ce point m'ennuyer devant alors que j'en comprends le propos et les choix de mise en scene qui en decoulent. Je crois tout simplement que c'est ce ton decale et volontairement kitsch comme c'est pas permis qui m'a degoute. C'est pas forcement tres drole en plus... Et l'acteur principal me sort par les yeux.

Par contre la noirceur de la fin est super bien amenee et elle rehausse le tout quand on y repense, parce que ca colle parfaitement a l'absurde horreur du film tout en menageant une certaine ambiguite... On retrouve la ce qui fait le choc de 1984. J'aimerais bien voir l'adaptation "officielle" en tout cas, quelqu'un l'a vu?

3/6


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 06 Déc 2008, 22:31 
Hors ligne
Titilleur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Nov 2008, 03:53
Messages: 53
Localisation: Forest Gimp!
Grand Rien Tout a écrit:
ATTENTION SPOILER


En fait la société telle qu'elle est décrite dans ce film est la métaphore de l'ego du héros ; l'ego qui conditionne, qui asservit, qui réglemente, qui fait du héros un être non libre... Et le héros veut se sortir de cette emprise, de son propre géôlier...

La fin est en vérité ultra positive ; l'ego meurt...

Revisionnez le avec ce point de vue, ce sera clair comme de l'eau de roche.



Tout le monde à cette égo plus ou moins lourd qui nous conditionne et nous fais voir la vie selon notre point de vue déformé et pas comme elle est vraiment...

Ce film, comme beaucoup, parle de la quête du Graal...


Spoilers


Oui c'est un thème assez présent chez Guilliam. Je suis d'accord avec toi sur globalement toute la fin du film.
Pour moi l'égo du héros correspond plus à toute les séquences rêvées qui pour le coup est encore plus déformée que le quotidien du héros. La névrose du héros se développe en parallèle de sa misère quotidienne et fini par se substituer à elle à la fin du film.

Dans les rêves de Sam, le combat épique contre le personnage en armure qui a son propre visage peut être interprété de deux manières. Soit, il combat contre son égo, un égo aux proportions du personnage épique que Sam doit combattre. On peux aussi voir ça comme le combat de Sam contre la société et l'état, monde dont il il refuse le fonctionnement et dont en même temps il fait partie et dont il contribue, en tant que fonctionnaire, à en assurer la stabilité. C'est la dualité entre désir individuel et rôle social.

Maintenant voir tout le film comme déformé par l'égo du héros ça peux coller; mais c'est loin d'être la seule interprétation possible. On peux aussi donner à l'égo toutes les les séquences rêvées comme je le fais et donner un espace pour une critique sociale qu'on pourrait difficilement nier.

Le monde de Brazil (en dehors des rêves de Sam) n'est pas un cinéma du cerveau, mais un cinéma des intestins, des organes digestifs, bref des fonctions végétatives du corps.
Je peux essayer d'appuyer mon point de vue par une des scènes les plus symboliques du film: la réparation d'une climatisation. Le technicien sort des instruments de chirurgie (on dirai presque des outils cronembergiens)
, retire un élément microscopique d'un amas de tuyaux, et à la place, pose une énorme dérivation.
C'est une des scène clef du film. Non seulement l'opération , mais le fait qu'elle se fonde sur l'accumulation d'éléments toujours plus encombrants. La société échoue à se faire organisme c'est à dire à trouver à l'intérieur d'elle même les principes de sa régulation. Au lieu de cela, elle fonctionne sur un mode d'accumulation. Les institutions, extérieures à la société, s'entassent, font doublon, se juxtaposent.
Bon voila j'espère que j'ai pas trop saoulé mon lecteur.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 07 Déc 2008, 20:27 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 03 Fév 2008, 23:10
Messages: 3921
Localisation: bah un cimetière, tiens...
the black addiction a écrit:
Merci Fion, tu me donnes envie de revoir ce film que je n'ai pas vu depuis presque dix ans maintenant. Je dois dire que je n'étais pas un grand fan, on va voir ce que ça donne à la réévaluation.



Judas!

_________________
Image

"Tirer la chasse, c'est comme le ping-pong. Plus on y pense, moins on ressemble à sa mère".

Espace branleurs


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 28 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Monthy Python, sacré graal ! (Terry Jones & Terry Gilliam - 1975)

FingersCrossed

12

389

19 Nov 2023, 22:09

Le Cow-boy Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Tideland (Terry Gilliam - 2006)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4, 5 ]

Vintage

72

7655

20 Oct 2007, 10:57

godfather Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le théorème zéro (Terry Gilliam 2013)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Karloff

22

2710

02 Juil 2014, 19:28

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L'imaginarium du Dr Parnassus (Terry Gilliam - 2009)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4 ]

Zad

57

6265

04 Mar 2010, 17:23

Arnotte Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Las Vegas parano (Terry Gilliam - 1998)

Tom

8

1503

01 Mar 2014, 17:52

Tetsuo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Frères Grimm (Terry Gilliam - 2005)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4, 5 ]

Karloff

67

8395

13 Déc 2006, 19:29

gould Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L'Homme qui tua Don Quichotte (Terry Gilliam, 2018)

Film Freak

4

1760

28 Aoû 2018, 09:51

marshall1000 Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Going To Brazil (Patrick Mille, 2017)

bmntmp

11

1442

02 Jan 2018, 12:28

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Absolutely Anything (Terry Jones - 2015)

rotary [Bot]

2

1677

18 Sep 2016, 22:18

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Ghost World (Terry Zwigoff, 2001)

JeanJacquesSchool

0

1297

23 Déc 2015, 15:37

JeanJacquesSchool Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 29 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web