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MessagePosté: 17 Juin 2009, 09:48 
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Inscription: 29 Juil 2008, 14:04
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Le film qu’on résume trop souvent à un brouillon de Mean Streets, alors qu’il mérite plus que ça.

Bon, on sent très bien les influences de Scorsese à cette époque : Shadows, les Vitelloni, Godard, le cinéma expérimental new-yorkais…
Mais c’est aussi déjà tout Scorsese à tous points de vue : le goût pour le montage, le sens du rythme avec ses temps forts et ses temps creux, la nervosité de la mise en scène (et des personnages), son urgence, l’utilisation de la musique populaire qui provient de différentes sources (radio, juke-box, auto-radio etc…) et qui est au cœur de la construction des séquences, le rapport au catholicisme, le sentiment de culpabilité, la violence intrinsèque à ses personnages, leurs angoisses existentielles…et bien entendu New-York et son Little Italy.
Evidemment, c’est un premier long, fait sur trois ans, dans des conditions loin d’être idéales, donc le style et la thématique seront peaufinés dans les films suivant. Mais tout ce qui peut être vu comme des maladresses, des faiblesses, des symboles trop voyants, participe du plaisir que communique le film, le rend encore plus touchant et infiniment personnel, d’autant que de tous ses films, c’est le plus autobiographique de Scorsese, avec son débit de paroles mis dans la bouche d’Harvey Keitel en alter-égo, et maman Scorsese qui ouvre le film.
Déjà on sent l’osmose avec Thelma Schoonmaker au montage, on sent l’amour du cinéma, l’envie d’en faire à tout prix, et c’est une envie qui transpire à chaque seconde sur l’écran; les idées se télescopent.
L’alternance entre les passages tournés en 16 mm et ceux tournés en 35 mm rend le film encore plus beau je trouve (preuve que les aléas et les difficultés d’un tournage peuvent aussi servir le film).
Et il y a le rapport aux femmes. La femme cette inconnue; d’ailleurs le personnage féminin, sans nom, est crédité « the girl » au générique. C’est le regard d’un type qui a grandi dans un quartier italo-américain fermé, imprégné de catholicisme old-school, et pour qui les femmes se résument à deux options: les saintes ou les putains, celles avec lesquelles on se marie et celles avec lesquelles on s’amuse. Scorsese sait bien qu’à ce niveau-là, c’est une vision archaïque, dépassée (tout le monde lui avait dit à l’époque ; en pleine période « l’amour libre »…), mais c’est en ce sens qu’il a été très honnête, car il voulait retranscrire sa réalité, celle qui l’entourait, qu’il connaissait. Son regard sur les hommes en général, et sur son personnage alter-ego en particulier, est sans ambiguïté : à ce niveau-là, ils n’en sortent pas grandis, c’est le moins que l’on puisse dire…(tout le truc autour du viol; et l'attitude Keitel, horrible...)

Et puis, il y a cette longue scène de drague au début, sur un banc, où Keitel se lance dans un discours sur la Prisonnière du désert, les westerns. On sent que la fille est intriguée, puis fascinée, et il continue ses tirades sur le cinéma, jusqu’au point où on a l’impression qu’elle se demande qui c’est ce cinglé. Ca sent le vécu et ça me parle.
Mais ils viennent de deux mondes différents : il aime les westerns et Percy Sledge, elle aime Sinatra et Fitzgerald. Et apparemment c’est pas compatible…

5.5/6 purement subjectif.


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MessagePosté: 17 Juin 2009, 09:53 
C'est d'ailleurs dommage que Keitel n'ait pas fait plus de films avec Scorsese.


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MessagePosté: 17 Juin 2009, 09:56 
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
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Cinq films c'est déjà plus que pour beaucoup de duos réal/acteur.

Bon sinon, ça fait un moment que je veux entamer ma rétro chronologique de Scorsese, je vais profiter de cette ressortie...

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MessagePosté: 18 Juin 2009, 22:28 
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86863
Localisation: Fortress of Précarité
Belle surprise pour ma part vu que j'entrais dans la salle en ne connaissant strictement rien du film si ce n'est qu'il y avait Harvey Keitel et que c'était en N&B.
J'entame ainsi la rétrospective - dans l'ordre chornologique s'il-vous-plaît - du sieur Scorsese avec donc ce premier long métrage avec tout ce que cela peut comprendre d'errances (un montage un peu maladroit par moments, un manque de thunes évidemment qui parasite parfois le film aussi) et d'influences encore pas totalement digérées (l'impression de voir un film quelque part entre Les Vitelloni et la Nouvelle Vague, tous ses jump cuts, raccords chelous, actions répétées, structure éclatée, etc.) mais aussi de promesses formelles (Scorsese est un de ces mecs comme Spielberg qui ne me semble jamais vieillir, leur mise en scène paraît toujours plus moderne que leur époque, ça m'avait déjà frappé dans un Goodfellas très nerveux et je le vois encore ici, comme dans ce travelling arrière sur le mec passé à tabac au début) et thématiques (le couple, la religion, la cinéphilie, c'est pas forcément finaud mais c'est un bel effort).

Outre les quelques réussites simples du film (justesse et fraîcheur dans la manière de cerner la relation naissante entre J.R. et la fille, dans la manière dont cela obsède le protagoniste lorsqu'il n'est pas avec elle), il y a de gros morceaux de bravoure dans la deuxième moitié, qui s'apparenterait davantage à du "stream of consciousness" tant ça passe du coq à l'âne.
Je pense évidemment aux trois longues séquences que sont la scène entre mecs au ralenti, le montage de meufs que se tape J.R. et le viol.

Quelque part, ces séquences sont mille fois trop longues et pourtant, pourtant quelque chose de très fort en émane. Y a déjà une excellente utilisation de la musique, qui augure de tout le talent de Scorsese en la matière, et surtout une mise en scène au diapason...la dilatation du temps pour le délire de mecs bourrés, la frénésie sexuelle, la violence pour le coup vraiment perturbante de la scène du viol...

Alors après c'est de l'ébauche qui craque ses coutures, évoluant entre un amateurisme encore présent et déjà une certaine assurance, mais je pensais pas voir quelque chose d'aussi probant.

4.5/6

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MessagePosté: 03 Avr 2014, 20:45 
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Premier film de Scorsese qu’il tourna pour 75 000 dollars sur 3 ans, et même si on est loin d’être devant un grand film, il n’en reste pas moins une œuvre très intéressante à replacer dans l’ensemble de sa filmographie.
En effet dés le premier film tout est la, de ses petites frappes italiennes, les séquences musicales, la cinéphilie mise au service de l’histoire, le rapport à la religion.
Pendant 30 minutes le film est vraiment excellent, on suit avec plaisir le personnage de Keitel qui irradie complétement l’écran (premier rôle et il déjà excellent) et son couple est très vite touchant (ca parle cinéma, western, de Wayne, Lee Marvin, bref on est en territoire connu).
Le gros soucis c’est qu’on voit très vite que Scorsese n’a pas grand chose à raconter et le film tourne vite en rond au bout d’un moment, avec des séquences allongés, tenant plus du trip formel qu’à une tentative de montrée quelque chose (bien que la séquence sur The Doors c’est ce qu’on peut appeler la classe.).
Scorsese est clairement influencé par la nouvelle vague Français, mais également beaucoup du cinéma italien dans sa façon de montrer des personnages perdus qui déambulent sans réel but. Un film clairement intéressant à voir une fois mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable.

3,5/6


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