Forum de FilmDeCulte

Je lis l'autobiographie de MC Jean Gab'1, marrant comme sous sa plume (et celle de son ghostwriter, Julien Gangnet, qu'il a malpoliment éjecté, avant de perdre le procès dont il avait fait l'objet) le Paris de bandes de l'époque peut avoir l'allure de village : le meilleur ami de l'enfant de la Ddass ainsi est Teo Jodorowski, qui mourra d'une overdose à 24 ans. C'est un peu une vue de l'esprit. Le monde présenté, à travers son utilisation d'un argot d'un autre temps, sa licence, le récit d'une jeunesse crapuleuse, laisse un peu circonspect, comme du Limonov, renforcé par cette impression tenace de "si loin si proche". Fingerscrossed ferait une maladie en lisant ce genre de témoignages.

Mais c'est absurde et spécieux en fait (le meurtre de l'étranger comme contenu réel des mythes, qui deviendraient dès lors tous historiques), notamment par la manière dont il tord Lévi Strauss (dans des mythes où il n'est même pas question de meurtre, et à partir de la seule interpretation de celui-ci, c'est de la glose), comme si l'abstraction en science humaine ne pouvait avoir lieu qu'une seule fois sous peine de détruire réellement son objet.
C'est aussi moralement et politiquement douteux car cela oppose par nature l'étranger (et à travers lui l'imaginaire) à la pensée symbolique qui devient un miroir ne concerne que le groupe lui-même.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Ca commence à remonter, mais mes lectures de Girard m'ont toujours laissé un arrière-goût étrange en effet, mais comme tous les raisonnements trop bien huilés, quelque part, où tout devient évident à l'application de cette grille de lecture. Et qu'il soit surtout très étudié et acclamé par Peter Thiel et ses cercles a forcément quelque chose d'au moins intriguant.

Maintenant de là à dire que c'est spécieux et absurde... Ca reste de l'ordre de l'hypothèse et des spéculations sur la partie entièrement et définitivement enténébrée de l'histoire du développement humain, dont les mythes sont les seuls vestiges. Il me semble qu'il fait preuve à plusieurs reprises d'une certaine humilité à ce sujet, même s'il est aussi très enthousiaste et très fan de son pitch. Ses études sur le désir sont très parlantes aussi, notamment son ouvrage sur Shakespeare.

Il a le mérite aussi de s'être extirpé du milieu des intellectuels français des années 50/60/70, avec lesquels il ne partage quasiment rien, ce qui est un mérite en soi et dénote au moins un grand courage intellectuel.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Cela a l'air d'être un truc hyper-totalisant, écrit d'un canapé, en faisant peu référence à la littérature anthropologique existante sinon par allusions, qui critique à la fois de manière anthropologique la philosophie, puis de manière philosophique l'anthropologie, ce qui génère évidemment des pages, vite polémiques. A côté Hegel c'est Malinowski.
Si l'on reste chez des Français critique de Lévi-Strauss, plutôt anti structuralistes, Godelier me semble plus prudent, moins tape-a-l'oeil et plus riche.
Il y a une Anglaise Mary Douglas qui a aussi travaillé sur la notion du tabou et de l'impur (et écrit un classique petit mais très dense livre, un petit peu avant lui, à la fois théorique et étayé par du terrain sans qu'il ne semble beaucoup la prendre en compte dans son approche), avant de délaisser un point de vue direct sur la question et d'aller vers la sociologie des organisations (elle ironisait pas mal dans la postface récente du livre contre la tendance libérale à déléguer la gestion du risque à des experts spécialisés, dommage qu'elle n'ait pas pu écrire sur le COVID, cela aurait été intéressant)
. Elle va dans un sens plus politique (ou en tout cas plus explicitement politique et plus précise dans ses formulations) et presque existentialiste : l'impur c'est à la fois la sphère de la mauvaise foi et de la facticité, à la fois personnelle et au niveau du groupe et celle du consensus politique : d'où l'idée que la praxis n'est jamais première dans une société, très opposée à celle de Girard mais moins moralisatrice, sans en faire le secret de tous les mythes ou le complexe des complexes.

Le titre du livre de Douglas On Purity and Danger a d'ailleurs été traduit bizarrement par De la Souillure comme pour ménager un pré-carré

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Jean-Paul Sartre

Je sais plus qui disait ça à son sujet, le faisant passer pour un grand inventeur, en disant qu'il suffit à un génie d'avoir une idée (en l'occurence, le "désir mimétique" qu'il n'a de toute façon pas sorti du cul de la vieille. Même pas besoin de Gabriel Tarde). Ça reste un type dont les oeuvres phares consistent à dire, voici comme la littérature occidentale regorge de triangles mimétiques ce qu'il a recyclé à l'infini (Freud, quoi qu'on en pense, est par exemple beaucoup plus intéressant et varié - je dis ça parce que Girard faisait partie des gens qui, prétentieusement, pensaient réévaluer Totem et tabous). Un scoop donc ! Un de ces énièmes intellectuels français surévalués aux US bien que plus lisible que certains de ses pairs (désolé Gontrand).

Vrai.



Compte tenu de l'état de l'enseignement de la littérature à l'éducation nationale, qui dégoûte la majorité des élèves, et depuis longtemps, de la lecture de ces classiques, je trouve que c'est au contraire d'une très grande importance (et pour le coup moins critiquable que son rapport à l'anthopologie). Il y réinfuse de l'humain universel en termes de comportement (et non pas de valeurs), tandis que l'enseignement lambda achève de déconnecter les élèves de tout ce corpus qui est de moins en moins lu, de moins en moins apprécié.

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Je ne saurai que trop recommander les deux volets suivant de la trilogie des romans d'occupation d'Emmanuel Bove, Départ dans la nuit et Non-Lieu, racontant la fuite et le périple à travers l'Allemagne d'un prisonnier français et de ses compagnons, une espèce de Vache et le prisonnier, parcourue d'une fébrile angoisse existentielle, tournant et retournant la question, comme au maximum de courage peut correspondre le maximum de lâcheté. Le retour en France est détaillé dans le dernier livre de manière minutieuse par le personnage qui devient, au fil des pages, de plus en plus insupportable dans son espèce de lâcheté paranoïaque, avec une très belle conclusion.

Première étape d'un projet de retrospective, pour rendre hommage à Desmond de Lost. C'est du picaresque typique, avec une énorme galerie de personnages qui apparaissent brutalement à mesure que le gros Pickwick et ses amis arpentent le sud de l'Angleterre, créant une longue enfilade de péripéties, quiproquos, déboires et escroqueries diverses qui se résolvent finalement dans la bonhommie. Descriptions riches et chaleureuses, personnages hauts en couleur. Ca se sent que c'est écrit au kilomètre, par amour de la performance. C'est propre, aussi. Pas de pipi-caca comme chez Tobias Smollett, que je trouve plus drôle et plus extrême dans la recherche constante de l'hystérie. J'adore l'antagoniste, Jingle, et ses dialogues laconiques, hachés par de constants traits d'union.





Premier volume sur cinq de la compilation des nouvelles de Smith, grand ami de Lovecraft et membre du triumvirat de tête de l'âge d'or du pulp et de la weird fiction avec Robert E. Howard. Comme ça compile tout par ordre chronologique c'est forcément inégal. Mais alors il y a de tout : de l'horreur cosmique, de la fantasy atlantéenne, du conte macabre, de l'anticipation, de la romance (magnifique "The Venus of Azombeii"), de la planète maudite ("The Abominations of Yondo" donne tout, c'est le litmus test pour savoir si ça vaut le coup de continuer). C'est souvent très court, donc d'autant plus excellent quand c'est réussi. Et même si c'est inégal, ce n'est jamais mauvais. Très heureux de cette découverte tardive, et de la perspective de continuer sur 4 volumes encore. Je n'avais pas eu le goût de lire autant de nouvelles d'affilées d'un même auteur depuis un moment.

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Ça par contre c'est l'inverse de Girard, je regrette de ne lire que maintenant, en apparence simple et consensuel, mais très dense (Baudelaire rapproché la Bible dans une citation disant que la laideur est le secret, ou le refuge de la vérité, par exemple, manière aussi de marquer une curiosité pour la clture française en pleine guerre).

Vous saviez que la phrase de Lacan aux étudiants mao je crois de je ne sais plus où vous voulez un chef, vous l'aurez est sûrement une reprise consciente de cette conf de Weber (pour mettre en garde politiquement les étudiants contre une orientation nationaliste de , en est en 1917, mais Weber fait déjà le lien avec une forme de réflexion épistémologique).

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Knockemstiff, un recueil de nouvelles de Donald Ray Pollock, ancien ouvrier devenu écrivain à 50 ans.

Une plongée glaçante et éprouvante chez les bouseux de l’Ohio, drogue, alcool, inceste, musculation, bagarres, …le tout raconté dans un style direct, sans fioritures, un putain de choc.

Chaque nouvelle pourrait faire un film.

Yep très bon, dans le droit fil de Bukowski.

Son roman, "Le diable tout le temps" est excellent aussi (l'adaptation en film moins)

Un peu moins accroché au roman qu’à Knockemstiff .

C'est moins "brut", plus travaillé, donc moins percutant en effet

Je dirais que ça ressemble plus à du Harry Crews qu'à du Bukowski.