La Culotte, Jean Anouilh
Une satire du féminisme, écrite à 68 ans par la star du théâtre française du siècle dernier, dont on ne connaît, comme tout le monde, qu’Antigone, lu à l’école, voilà qui rend un peu curieux. On retrouve ce ton qui paraît de prime abord un peu simpliste - ringard, égrenant des situations et des blagues un peu faciles qui feraient se gausser QGJ. En résumé, la révolution vient d’avoir lieu, qui vient d’abolir le patriarcat. C’est là le passage obligé de quasi toute révolution un peu radicale, la purge des éléments réactionnaires : en l’occurrence les phallocrates, qu’incarne un vieil académicien, accusé d’avoir engrossé sa bonne. D’abord mis au pilori, il se défend ensuite lors d’un procès perdu d’avance pour échapper à l’émasculation, le châtiment en vigueur. Derrière les blagues ringardes et beaufs sur le « troussage de domestiques », peut-être la pièce est plus subtile qu’elle n’en a l’air. Sa critique est d’actualité, sur des sujets mis à jour et débattus depuis le début du vingtième siècle au moins (les luttes intersectionnelles par exemple) le personnage de l’enfant du couple, se défaussant de ses responsabilités sur le patriarcat et son inconscient sordide, est à ce titre assez intéressant, le tout agrémenté de commentaires sur la lutte des classes - qui font du peuple le dernier garant du bon sens (rien d’original là dedans).
C'était avec Jean-Pierre Marielle.
« la ficelle. — Comme vous y allez ! C’est risqué. Cela fait déjà trois balais qu’elle me casse sur le dos. Qu’est-ce que vous voulez, nous sommes tous des cochons, des racistes, des phallocrates et il fallait bien payer un jour ! Avouez que vous y avez été un peu fort, aussi, de faire un enfant à la bonne ! »
« Seront passibles de l’opération capitale – et tu sais ce qu’elles entendent par là – plus une amende de 2 000 à 6 000 nouveaux francs, tous les individus de sexe mâle ayant abusé soit de leur force physique, soit de leur éloquence et de leurs promesses fallacieuses, soit d’un moment de désarroi chez leur victime pouvant aller jusqu’à donner les apparences du consentement – tu vois le vice ! – pour soumettre à leurs désirs une personne du sexe féminin ayant moins de 25 ans. Si le suborneur est déjà lié par les liens du mariage, l’amende sera portée de 4 000 à 12 000 nouveaux francs. Il en sera de même si la fille était mineure au moment de l’attentat et dans les deux cas si elle était au service du susdit. »
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