Quelques lectures récentes, tant que j'y suis :
L'Elu, de Thomas Mann
Un Mann assez mineur restera toujours au-dessus de 99 pour cent de la littérature mondiale, et c'est le cas ici avec ce récit parodique qui raconte la vie d'un enfant issu de l'inceste d'un frère et d'une soeur (je n'en dis pas plus). Livre étrange, où l'on a le sentiment que Mann écrit pour faire la blague, brassant des références bibliques comme pour s'en moquer, mais leur donnant tout de même une profondeur peu commune. Du coup, c'est assez dérangeant, mais en même temps très drôle et très léger.
Les carnets du sous-sol, de Fédor Dostoievski
Je me lance dans les retraductions de Marcowicz, que je trouve éminemment supérieures au méchoui 19ème que Gallimard nous proposait jusque-là. Sa capacité a retrouver les idiosyncrasies de Dostoievski est indéniable et rafraichissante. Les carnets, que je n'avais jamais lus, est un coup de maître, qui parvient, en poussant un raisonnement absurde jusqu'à son dénouement morbide, à créer ce qui est sans doute l'un des livres les plus choquants de l'histoire de la littérature.
Il y aurait des centaines de pages à écrire sur ce livre très court, d'à peine une centaine de pages, d'une profondeur inouïe, d'une drôlerie incongrue, et d'une noirceur absolue.
Extraordinaire.
Nature's Metropolis, de William Cronon
Livre d'histoire impressionnant sur le développement de Chicago, et des changements que cela implique sur la nature environnante.
C'est sans doute la meilleure déconstruction du capitalisme que j'aie jamais lue, parce qu'il n'en fait pas une critique moralo-geignarde comme la gauche le fait depuis 200 ans, mais se contente de décrire froidement, sans aucun jugement, ses mécanismes (à travers le commerce du blé, de la viande, et du bois). Où l'on comprend que le capitalisme ne crée pas de richesse, mais que c'est simplement le système le plus efficace pour
distribuer des ressources naturelles. Et que ce qu'il exploite le plus, ce ne sont pas les classes ouvrières, mais bien la nature.
Un grand travail universitaire que je recommande à tous ceux qui veulent comprendre un peu mieux le monde dans lequel ils vivent.
J'ai aussi tenté
A Hitchhiker's Guide to the Galaxy, mais c'est tellement écrit avec les pieds que j'ai abandonné après 40 pages.