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MessagePosté: 09 Avr 2011, 02:52 
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Ansiktet en VO (aussi connu par le titre international, The magician)

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Le magnétiseur Albert Emmanuel Vogler et sa troupe sont arrêtés par le préfet d’une petite ville de Suède. Humiliés, interrogés, objets d'un pari, ils sont assignés à résidence jusqu'au matin, où le magicien devra faire preuve de ses pouvoirs devant tous. Une longue nuit d'orage débute...


Du haut de quelques films vus et en non-connaisseur total, je reste toujours à une distance suspicieuse de Bergman, de ce froid cinéma qui me séduit par son extrême limpidité (enjeux sensibles dans toute leur pureté - impression de comprendre, par l'effet du film, des raisonnements complexes que j'aurais été incapable de saisir en mots), mais qui m'irrite également par sa morbidité, aussi élégante soit elle. Je ne parle même pas des sujets : on évoquait la modernité il y a pas longtemps, et bien je m'agace de voir Bergman donner à de purs raisonnements, qu'il a déjà résolu pour lui et fermé de tous les côtés, l'apparence travestie de la fiction - fiction factice qui du coup pue la mort. De créer parfois, au service de l'idée, des personnages pantins pour lesquels il n'a pas d'amour, aucune once de générosité, et de néanmoins chercher à nous mener à travers son film-équation par leur intermédiaire...

Et pourtant Bergman frappe fort, après ses deux trois tronches et son habituelle troupe de théâtreux foireux, après à peine 5 minutes, par un face à face au seuil de la mort, entre un "muet" qui se retient de parler et un mourant qui débite tout ce qu'il peut... Il y a pas à dire, ce cinéma est puissant.

Le contexte de cette longue nuit qui fait le corps du film, nuit à travers laquelle les personnages vont se passer le relais, nous permet d'arpenter la grande demeure du crépuscule à l'aube, comme on visiterait l'intérieur d'un crâne hésitant toute une nuit entre rationalité et fantastique, entre l'existence de Dieu ou son absence. Cette homogénéité tire Bergman vers le meilleur, vers ce côté très "médiéval" qui existe parfois dans le style de son cinéma : long surplace du récit au profit des situations, représentations au style décalé presque non-réaliste, façon de tout expliciter dans une formulation naïve, de se promener de perso en perso comme dans une ballade, de jouer de peurs et symboles à l'imagerie froide... Impression générale d'une grande danse macabre.

Même si hénaauuurme, même si évidente, la réflexion sur le cinéma parcourant le film et ses jeux de masques trouve dans son symbolisme extrême une sorte de beauté simple, naïve là encore, atteignant des apogées glaçantes - comme ce docteur qui, en parlant d'un tour invisible dont on ne saura jamais s'il a réussi, s'adresse au magicien autant qu'à l'artiste dans le désir de comprendre comment fonctionne son art : "Une seule chose m'intéresse, votre physiologie, M. Vogler. J'aimerais vous autopsier. Peser votre cerveau, ouvrir votre coeur, examiner en détail votre système nerveux. Vous ôter les yeux."

Pourquoi, quand on sait déployer tant de beauté étrange, et après un climax sublime (la confrontation docteur / magicien, peut-être une des meilleures scènes que j'ai pu voir chez Bergman), pourquoi ne pas comprendre que le film n'a pas besoin de dérouler le raisonnement jusqu'au bout, d'aligner les multiples fins pour boucler proprement la démonstration coute que coute, très sagement, très bêtement, sans se rendre compte qu'on a par là-même enterré l'ensemble dans la laideur ? Je crois que j'ai jamais vu plus grosse douche froide que ces dix dernières minutes fanfaronnes, qui lèvent soudain le voile en rappelant que derrière l'aventure immobile qui a su sublimer les yeux et l'esprit, il y a un cinéaste tout affairé à tirer les fils de son petit théâtre de marionnettes, qui n'hésitera pas à mener son principe d'illusion/déception jusqu'au bout même si ça doit en passer par dégueulasser son propre film.

Décidément du mal avec Bergman, mais ça attise plus l'intérêt qu'autre chose, j'ai quasiment envie de ré-enchainer direct sur un autre de ses films. Et maintenant tous les spécialistes peuvent venir me tomber sur la gueule, car j'ai du aligner toutes les conneries du monde sur le bonhomme, là...


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MessagePosté: 10 Avr 2011, 19:51 
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Je reconnais bien, dans ce que tu dis les choses qui me gênent dans les Bergman les plus cérébraux et qui me laissent un peu sur le carreau. Je ne sais pas lesquels tu as vu, mais tu verras que tu finiras par tomber sur un film qui va te chambouler.

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MessagePosté: 10 Avr 2011, 21:02 
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C'est en fait déjà plus ou moins déjà fait, et même celui-là me séduit de toute façon.

Voyons voir...

Au top j'ai Cris et chuchotements et A travers le miroir (mon Vampires Bergmanien, yeah) - je sais pas si je dirais chefs-d'œuvre, mais deux séances magnifiques.
Juste en dessous j'ai Les communiants, et ensuite sans doute celui-ci.
Le septième sceau c'est élégant, mais ça me laisse complètement froid.
Je trouve Un été avec Monika particulièrement irritant.
J'ai dormi jeune devant Ville portuaire.

*Voilà, ça c'est du top*


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MessagePosté: 10 Avr 2011, 21:45 
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Faut que tu essayes Persona, L'Heure du loup et La Honte.
Et puis Les Fraises sauvages.


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MessagePosté: 10 Avr 2011, 22:13 
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Tom a écrit:
Je trouve Un été avec Monika particulièrement irritant.


C'est marrant comment personne n'est jamais d'accord sur Bergman : j'aime pas trop ceux que cite Zob et j'ai appelé ma fille Monika, histoire que tu ais une idée de l'estime que j'ai pour ce film...

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MessagePosté: 10 Avr 2011, 23:50 
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Tetsuo a écrit:
j'ai appelé ma fille Monika, histoire que tu ais une idée de l'estime que j'ai pour ce film...

Wouhou, le cinéphile hardcore !
Le pire c'est que s'il y a bien un truc qui m'énerve dans le film, c'est elle...

Merci Zob pour la liste ! Les fraises sauvages me tente effectivement depuis un moment.


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MessagePosté: 11 Avr 2011, 08:18 
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Schtroumpf sodomite
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Tom a écrit:
Le pire c'est que s'il y a bien un truc qui m'énerve dans le film, c'est elle...


C'est pourtant l'un des plus beau personnage féminin jamais vu au cinéma.

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MessagePosté: 11 Avr 2011, 08:37 
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
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Mister Zob a écrit:
Faut que tu essayes Persona, L'Heure du loup et La Honte.
Et puis Les Fraises sauvages.


Et Le Rite, téléfilm absolument incroyable et surtout très dérangeant (j'ai rarement ressenti un tel malaise devant un film).

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 12 Avr 2011, 02:54 
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Inscription: 19 Mai 2006, 05:40
Messages: 1795
Localisation: Montréal, Québec (Canada)
L'Heure du Loup, c'est de la bombe! Quasi film d'horreur. C'est une sacrée claque. L'un de mes meilleurs.

Sinon, j'adule Persona, Winter Light, Monika, Scene from a Marriage, Autumn Sonata, Fanny et Alexandre. En fait, pour moi, dès À Travers le Miroir, son cinéma devient sacrément solide.

puis, j'aime les films purement cinématographiques de l'auteur, ceux qui ne comportent presque pas de dialogues et que je mettrais dans une catégorie à part, soit The Silence, et Cris et Chuchotement. Des tueries.

Sinon, j'ai bien aimé son premier scénario adapté pour l'écran et réalisé par Alf Sjöberg du nom de Torments. J'aime l'esthétique "film noir" de ce film déjà très bergmanien dans les thèmes,

_________________
"marre du retour infini de ce topic"


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