Forum de FilmDeCulte

Je ne sais pas bien comment en parler, en fait...
Noter d'abord que je garde un souvenir positif de Demi-tarif.
Dire ensuite que le court métrage d'ouverture de Chris Marker Leïla Attacks est hilarant, et ça m'a perturbé, parce que j'avais immédiatement envie de le revoir!

Bon....


Ensuite, parler de Charly... J'aime beaucoup le début, tout le début, chez les vieux, qui fait comme du Pialat et en fait non, fait un autre truc très beau, qui rappelle un peu le Nonfilm de Dupieux, çàd qu'ILB filme à l'arrache, en noncadre, et surtout qu'elle invente un petit quelque chose de montage, qui a p-ê à voir avec les jump-cuts du dernier Von Trier, avec plusieurs belles choses, notamment au niveau du montage son, des points de montage qui jouent sur la technique bricolage (la rupture frrrrtttrrf! sur le grondement des bagnoles qui dans un film bien proprement "pris au son" n'aurait sans doute même pas été audible... dommage qu'ensuite, dans la dernière partie du film, elle n'invente plus grand chose de similaire et, même, refait la même chose -- on a cette même coupe sonore sur un moteur, plus tard, ça devient un système et ça s'étouffe, comme Nonfilm aussi, d'ailleurs).

Voilà, y'a ce côté punk, au début, ces plans laids et malpolis qui deviennent beaux par je ne sais quelle grâce je-m'enfoutiste, et qui plus est des personnages splendides, une vraie "dévoration" de la fiction par le documentaire, et du documentaire par la fiction. Voilà, disons qu'ici, je comprends un peu Frodon quand il dit qu'on n'a jamais vu ça ailleurs (même s'il exagère bien sûr, hein).

Après, j'ai l'impression que le film ne retrouve jamais vraiment cet état de grâce. Par exemple, ce plan large (il y en a peu, alors ils marquent -- et c'est aussi un problème de ce film, les tunnels de gros plans, façon "camescope à tata jeanette") devant le bahut. Cette chose qui saute aux yeux, dans ce plan : le contraste entre les fringues de cinéma de Nicolas et les fringues des autres élèves. À partir de là, oubliés les si beaux vieillards du début, ILB en fait trop, dans le côté "affreux sales et méchants" de ses personnages (ce rouge pétant, ce pantalon vert informe, et par-dessus cette veste bleue, et par-dessous ces godasses ouvertes, plus tard les deux chaussettes éventrées).

La disucussion avec le prof sonne faux, je trouve, et est assez pénible à regarder.

Le retour à la maison est chouette, le redoublement "la maison c'est pas un moulin", j'aime beaucoup.

L'auto-stop aussi, est un beau passage, filmé un peu "spectralement", et puis dans cette impulsion, dans ce mouvement caractéristique... À son meilleur, Charly, c'est du mouvement, il me semble...

Et c'est justement l'arrivée du personnage de Charly, qui impulse d'abord un loooong mouvement (comme pour nous dire, profitez-en c'est le dernier) puis fait une halte, qui, à mes yeux, fout un peu l'édifice en l'air. Je crois savoir pourquoi on peut penser à Dumont, et je crois que c'est à cause de ce personnage. Juppe ras-la-touffe mais sexe froid, etc.

Mais je crois qu'à partir de là, j'ai un vrai problème avec la caractérisation des persos. Cette façon de "parler mal" pour faire prolo, d'appuyer les choses, de faire dire à Charly "je n'aime pas lire ça sert à rien", de les faire réagir un peu comme des débiles légers lors de la scène de théâtre... Ca a fait marrer la salle, moi je trouve ça sinistre... (un peu comme dans le film de sa soeur, cette même hystérie DV, qui chez l'une était petit-bourgeois, chez l'autre est d'un naturalisme forcé, viens on est des acteurs, on est trop des fous) Et c'est d'autant plus sinistre que lorsque ce versant de Charly se heurte au documentaire (en écho au plan large devant le bahut : les scènes chez le boulanger ou à l'échoppe), tu vois bien que "c'est du cinéma" (comme dans "arrête de faire ton cinéma").

Et j'ai comme l'impression d'ailleurs que le film en est lui-même embarrassé, qu'il en prend acte. Cette longue marche pour aller à la caravane (très, trop longue! il me semble que Demi-Tarif maniait un peu plus l'ellipse), sortir du monde, et puis en suite rester enfermé hors du monde, en vase clos... C'est l'échec narratif qui met en danger la forme : parce que, puisque de mon point de vue Charly n'est jamais aussi réussi que dans le mouvement : dans si peu d'espace, quoi faire comme mouvement?

Alors ILB a recours à des subterfuges, des "mouvements compensatoires", avec les (souvent belles) séquences animalières (les méduses sont superbes et puis le beau retournement de l'éléphant de mer), qui forcément, bouclant la boucle, renvoient à Marker (enfin, les méduses renvoient aussi à Resnais)...

Mais j'ai eu l'impression que le film s'enfermait dans une impasse en s'enfermant dans la caravane. Et que ça mène à cette séquence de sexe, bon, oui, et alors? C'était ça? Mais on le savait, dès le début elle lui demande s'il a déjà et s'il veut "baiser", on sait que ça finira par arriver, c'est même dommage que, même là, une pute on la baise on la paye et on s'en va (j'espèrais bien qu'elle éviterait ça, mais non) (et si c'est ça devenir adulte... autant être peter pan)

C'est dommage, parce que le bol d'air marin final, par ex, a de la gueule...



ps : Leïla Attacks visible aussi ici : http://www.turtlesalon.com/leila.html

(mais étrangement, chez moi, sans le son, et ça y perd un peu, je trouve... chez vous y'a du son?)

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n'empêche, ce que dit frodon, sur le "d'où filme-t-on", c'est un peu n'importe quoi... tous les plans sont techniquement transparents (ce n'est pas une tare, hein!)... là où ça "lave" un peu le regard, c'est surtout à cause de l'uniformisation esthétique du cinéma français, où tout le monde fait les mêmes plans, mêmes cadres, mêmes axes, même montage... Là, une des forces d'ILB, c'est qu'elle fait des plans d'un peu partout (ce qui n'évite pas le un peu n'importe comment, mais au moins, elle essaie, elle expérimente, elle s'amuse).

Mais quand il dit qu'on n'a jamais vu ça, ça signifie soit qu'il n'a pas vu grand chose, soit qu'il flatte à l'excès.

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si ça intéresse qq'un, en téléchargeant directement le film, ici http://www.turtlesalon.com/images/leila-attacks.mov finalement j'obtiens du son (et puis je peux le voir en plein écran, ce qui est une bonne chose aussi)

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Oui chez moi il y en a.

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Une seule question subsiste: voit-on Isild Le Besco à poil ? Elle est bien dedans ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Je n'aime pas Frodon mais, sans te faire offense, il a vu au bas mot... je sais pas... 10x plus de films que toi?

non, elle n'y joue pas, elle réalise seulement.

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bah oui mon noony, c'était une formulation perverse qui voulait dire "évidemment il a vu plein de films, c'est son métier, ce n'est que pure flagornerie en vérité", et si tu feuillettes les Cahiers, tu t'en apercevras tout seul, c'est même pas un secret...

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Ok.

Et dire que j'étais allé voir DEMI-TARIF au cinéma... chuis un fou.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'ai envie et pourtant à chaque fois, c'est le même résultat: je feuillette les cahiers et j'ai l'impression d'être une grosse buse qui ne connait rien. Ni au cinéma, ni à rien.

J'aime pas cette sensation.

En fait à la base tu fréquentais le forum des Cahiers et t'as vu que t'arriverai jamais à y recevoir l'Oscar du plus cultivé.

Donc t'es venu ici.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

lol, je pense que celui-ci tu haïrais, car globalement, quand même, pour résumer, c'est super-LAID.

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Ici non plus je ne suis pas reconnu à ma juste valeur.

Ingratitude!

Tessé mitraille à tout va :
http://www.chronicart.com/cinema/chronique.php?id=10632

je crois qu'il a raison, c'est même presque salutaire...

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