Forum de FilmDeCulte

Dans la petite ville de Takua Pa, au sud de la Thaïlande, Ton, un jeune architecte, a été chargé de surveiller les travaux de reconstruction d'une chaîne hôtelière, au bord de la plage récemment ravagée par le tsunami. Dès son arrivée de Bangkok, il choisit, dans l'arrière-pays, un hôtel modeste, tenu par Na, une jeune femme discrète, au charme délicat. Peu à peu, elle et lui vont tisser des liens de tendresse et vivre un amour empreint de pudeur et de retenue.

Petite machine à succès de festivals (cf l'affiche), ce premier film oscille habilement entre l'émerveillement de l'imagerie avalée par Vuitton (oh mon havre de paix alangui dans la mousse de ma montagne est belle - c'est vrai c'est très beau), le réal, qui a passé une douzaine d'années aux Etats-Unis, indiquant d'ailleurs avoir regardé cette nature comme un touriste ou un étranger; et l'inquiétude dégagée par le décor post tsunami, dès le premier plan sur la mer, accompagné d'effets sonores recouvrant le bruit des vagues.

Une impression rendue en filigrane lorsque l'héroïne affirme qu'elle se sent prisonnière entre la montagne et la mer, fantôme lorsqu'on indique au nouveau venu que les ruines voisines sont hantées et que celui-ci, malgré tout, s'y promène, où lorsque la caméra, vers la fin du film, effectue de lents travellings envoûtants autour de vestiges imprégnés par la perte et la mort.

Et le mode pourtant reste léger puisque c'est le décor choisi pour une histoire d'amour sous le vanilla sky de fin de journée, partage de la mobylette avec pop thaï en fond, et sieste dans l'herbe. "C'est ma manière à moi de faire un film sur le tsunami", indique Assarat, qui capture la tristesse de ce qu'il filme, lieu abandonné des touristes, comme voilé par le deuil malgré les jolis palmiers, et où les mentalités recluses (le frère qui dit que sa soeur n'a pas besoin de changement) expriment ce sentiment lourd, le poids d'un traumatisme, et les conséquences d'un désastre, de vagues géantes, sur l'intime, le petit, quelques personnages anonymes dans une ville aux grilles baissées mais où pourtant on reconstruit sur les décombres.

C'est très beau.

5/6

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Doll, it's a heartbreaking affair

Alors moi je ne suis absolument jamais entré dans le film (j'aime pourtant beaucoup le premier plan, je trouvais que ça commençait fort). C'est objectivement bien, mais j'ai trouvé que tout était forcé, qu'à aucun moment le film n'était juste. Un exemple tout con, mais le plan où la nana de l'hôtel amène son neveu à l'école, et que le petit la tape à la fin de chaque phrase, je me tordais dans mon fauteuil...

C'est un peu un mélange entre du Weerasethakul et Still Life, mais là où ses derniers ont un style personnel et extrêmement prononcé, là c'était un peu clicheton. Enfin, je vais pas m'étendre longtemps, ça marche un peu au feeling je pense. Le plan en mobylette avec les amoureux et la pop thaï, ça m'hérisse les poils. Bliss kiffe, chacun ses goûts, surtout que je pourrais pas expliquer trop en quoi le film m'a rebuté comme ça. J'avais déjà l'impression d'avoir vu le film, en fait.

Ah, toi aussi tu t'es tapé ce chef-d'oeuvre du court-métrage en guise d'introduction?

Non celui-là je l'ai vu en projo donc pas de spot

Par contre en salles tu sens toujours la déception générale quand apparaît le logo *tout ça pour ça*

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Doll, it's a heartbreaking affair

Ah, non, moi c'était KWIZ de Renaud Callebaut. Plus banal, tu crèves.

Je me situe entre Blissfully et Gerry. C'est un beau petit film, mais qui a du mal à vraiment décoller à cause d'une certaine transparence dans ses intentions. Ca joue trop à fond la carte de la délicatesse sans vraiment imposer une vision suffisamment forte pour aller au-delà de ce simple ressenti qui s'évapore assez vite. Même si la persistance du souvenir traumatique lié au tsunami est assez bien rendue, notamment avec ces plans assez étranges sur la mer calme, le film s'englue un peu avec cette dialectique un peu trop binaire : la tentative d'une reconstruction (l'amour) qui s'oppose aux mentalités étriquées (la mort). C'est le problème d'un scénario qui demeure peut-être trop simple, mais il est fort probable que ce film pourtant modeste souffre d'une comparaison forcément injuste avec les films de Joe Chapi-Chapo, dont le génie est peut-être trop écrasant.

3/6

Du Jia Zhang Ke sans l'esthétisme, du Weerasethakul sans l'envoûtement, du Hong Sang-Soo (qu'on croyait grillé mais dont les deux films passés à Berlin vont finalement sortir cet été)... Bref un filmounet asiatique à la contemplation triste dont la faible ambition se voudrait masquée par sa note d'intention post-tsunami (caution bourdon alternative au post-11 septembre pour les USA). Un peu de cul soft, une scène de linge, une romance avec sses chansons pop du cru atroces....

Le meilleur du film (le premier plan est paraît-il pas mal, manque de bol je suis arrivé à la bourre) réside dans sa toute fin, où après avoir désintégré son histoire, le réalisateur traîne une bonne dizaine de minute sur les vestiges et les nuages. Sinon à la sortie du film j'ai croisé un couple, un garçon torse nu avec une chinoise en train de bouquiner la tête posée sur son ventre, j'ai trouvé ça plus inspirant que toute l'heure et demie que je venais de m'enfiler.

2/6