Forum de FilmDeCulte

Une passagère d'une voiture-couchettes d’un train Marseille-Paris est retrouvée étranglée. Par la suite, plusieurs des autres occupants du compartiment où elle se trouvait sont assassinés, alors que la police tente de recueillir le témoignage de chacun. À la police judiciaire, l'inspecteur Grazziani et son assistant Jean-Lou Gabert sont sommés de mettre fin rapidement à cette vague de crimes.


Premier film de Costa-Gavras et avec un casting cinq étoiles composé, excusez du peu, de Yves Montand, Simone Signoret, Michel Piccoli, Pierre Mondy, Jean-Louis Trintignant et Bernadette Lafont. Dommage que le film soit aujourd'hui un peu oublié car c'est un des meilleurs films de son auteur et un vrai tour de force pour l'époque. Très gros succès en salles que ce soit en France ou aux USA, le film a une place intéressante par la position qu'il occupe entre la série noire à la française et le film noir à l'américaine. Il emporte du cinéma policier français cette tradition très scénarisée et dialoguée pour y intégrer l'univers noir américain. Ca donne un mélange assez unique et détonnant et Costa-Gavras connaissant ses classiques, ça fait bizarre de voir comment il arrive à revisiter tout un pan du cinéma américain. C'est cette approche maligne qui lui a valu un succès critique (prix Poe du scénario) et public outre-atlantique.

Le film contient évidemment de savoureux numéros d'acteurs, on pourrait s'arrêter sur le script de Sébastien Japrisot qui est exemplaire mais ce qui est le plus marquant c'est cette mise en scène hallucinante avec les moments de meurtre qui sont des modèles de montage et de découpage. Dès le ring de boxe, le la est donné, c'est du très très haut niveau, c'est nerveux, percutant, le talent de Costa-Gavras éclabousse l'écran et la suite ne va pas baisser en régime. Je me suis bien repassé certaines scènes 2 à 3 fois tellement c'est fort et cela suscite l'admiration. Et la forme rivalise avec le fond, le script est virtuose. Difficile d'en dévoiler beaucoup mais la manière dont l'énigme se dévoile et l'affaire se résout est une vraie leçon d'écriture.

Bref claque à tous les niveaux pour ma part, premier film intense et jouissif qui est à découvrir ou à redécouvrir (Art core). Un petit bijou de polar.

5/6

Je viens juste de le voir et effectivement c'est très bon, très maîtrisé.

Je suis d'accord avec tous les points soulevés par Abyssin. L'aspect "galerie de personnages" est aussi assez jouissif (Piccoli en incel, Signoret en actrice mégalo un peu paumée).
J'ai été vraiment très surpris par le rythme du film. Il n'y a pas de surplus, tout va très vite (le film dure 88 minutes). Il y a un un vrai ludisme dans la mise en scène qui paraît très moderne également (caméra qui passent à travers les vitres, course poursuite dans Paris et fin assez classe, etc ...)

Bon ça manque peut être un peu de fond (je sais que c'est pas trop le projet, mais bon c'est dommage surtout vu ce que Costa Gavras va réaliser ensuite), il y a des petits raccourcis un peu facile ici ou là, mais ça fait plaisir de voir un film de cette époque, français qui plus est, être aussi efficace, bourré d'idées et mélanger les influences aussi savamment.

Il faut que je me fasse plus de Costa Gavras.

Agréablement surpris par ce film de Gavras très différent des autres de ce réalisateur vus jusqu'ici ! Surtout pour un premier film. On se demande d'ailleurs comment il a fait pour avoir ce casting de dingue. Rarement vu un film avec tant de " grands noms". Certes, tous les acteurs n'étaient pas encore les stars qu'ils seraient par la suite mais quand même. Je crois que le dernier film qui m'avait étonné à ce point par la richesse de son casting était Canicule d'Yves Boisset. C'est l’intérêt premier du film. Voir tout ce petit monde visiblement s'amuser dans le film et venir parfois juste pour un petit rôle. Piccoli est quasi méconnaissable. L'histoire au demeurant est assez classique et ressemble pas mal à celle de polar qu'on pouvait voir à cette époque ou la décennie précédente. Plusieurs points tempèrent mon enthousiasme. D'abord les nombreux récitatifs, procédé qui m’exaspère au cinéma surtout quand ils sont aussi nombreux et pas toujours très bien écrits. L'autre bémol vient à mon sens non pas des acteurs pas toujours à leur meilleur. Je ne pense pas qu'il s'agit d'une direction d'acteur mais à mon avis de dialogues pas toujours très bien écrits ou peut être inversement trop écrits et théâtraux. De même, la réalisation alterne classicisme dans la forme et parfois élans modernistes. Ces derniers m'ont beaucoup plus emballées ( dernière scène de poursuite, effet de caméra, jeu visuel,etc). C'est aussi l'aspect humoristique qui dénote dans le classicisme du film noir qui donne un aspect original à l'époque.

4/6

Vaguement déconcerté par la direction que choisit le récit à partir de ce postulat agathachristien, délaissant délibérément le whodunit pour quelque chose d'à la fois surprenant mais également décousu et un peu amorphe, où l'on va soudainement entendre le monologue intérieur de tel ou tel suspect/future victime, où l'on est un peu dans le point de vue de tout le monde (jusque dans des vues de l'esprit)... Je trouve que cela dessert la narration qui peine à réellement m'engager passé le premier tiers. Le film retombe sur ses pattes dans l'élan final lorsque la résolution assez maligne arrive enfin et donne lieu à du suspense, une poursuite en voiture et un face-à-face final sur les quais qui exploite bien l'esthétique du lieu. Il faut dire que Costa-Gavras est vraiment en mode "c'est mon premier film, je vais leur en mettre plein les mirettes!" à base de mouvements amples, split diopters, effets de miroirs et inversions, caméra embarquée sur différents endroits d'une bagnole, etc.
Mais je ne suis pas sûr de savoir si ça raconte quelque chose, même si t'as les apparitions truculentes de Charles Denner qui passe son temps à traiter les flics d'incapables et de salauds et que cela s'avère vrai + la survie de la jeunesse incarnée par Allégret et Perrin (qui a Le Capital dans sa valise, 50 ans avant que le réal ne fasse un film du même nom). Du film de gare quoi.

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impossible de ne pas penser à tirez sur le pianiste, à ascenseur pour l’échafaud (et il y en a d'autres) pour ce premier film d'un mec qui a grandi avec les films noirs américains et qui finit par en faire un à paris, avec la liberté des années 60 et la nouvelle vague.

et c'est donc le témoignage de cette période extraordinaire. cette galerie d'acteurs iconiques, d'un niveau de charisme qui a totalement disparu (montand qui enquête sur trintignant et signoret c'est quand même incr)... et la mise en scène, qui reste éblouissante et jouissive. c'est un festival constant d'idées et de créativité. des initiatives les plus visibles aux placements discrets, chaque plan respire l'amour du cinéma, l'envie effectivement d'en mettre plein les yeux mais ça n'est pas en vain ni de la vanité, c'est vraiment une créativité nouvelle, ludique, joyeuse, amoureuse. et qui contribue à la réinvention du fond.

parce que le fond... perso j'en avais un peu rien à foutre. ça n'est pas inintéressant, mais au moment où tu es un peu largué tu te rends compte, comme le dernier des grands sommeils, que t'as pas besoin de suivre tous les détails pour être embarqué dans l'histoire. laquelle joue intelligemment sur l'utilisation des poncifs pour les réinventer après, ce qui donne l'impression que le roman lui-même partageait la démarche de costa gavras de prendre les récits policiers américains qu'il avait aimé et de les subvertir, de se les approprier, de les adapter à sa sauce.

ça reste forcément un film sans beaucoup de fond et un exercice de style (j'ai vu très peu de costa gavras mais j'ai l'impression que ça a été un peu un one shot dans ce style...?), mais montand - que je n'aime pas trop d'habitude - emporte tout et c'est vraiment un tel témoignage jouissif d'une époque et d'une énergie... où est-elle passée...?... que c'était une méga bonne surprise, je ne m'attendais pas à ça.

Oui pour le one shot. Et si tu. dois voir un Gavras, c'est L'aveu avec un Montand royal. De manière générale, il est très bon chez Gavras.