Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 11 Jan 2025, 13:07

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 11 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Z (Costa-Gavras, 1969)
MessagePosté: 08 Aoû 2011, 15:16 
Hors ligne
Vaut mieux l'avoir en journal
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 23033
Localisation: Paris
Dans les années 1960, dans un pays du bassin méditerranéen, un député progressiste (Yves Montand) est assassiné. Le juge d'instruction chargé de l'enquête (Jean-Louis Trintignant) met en évidence le rôle du gouvernement, notamment de l'armée et de la police dans cet assassinat.

« Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n'est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE ». C'est par ces mots que s'ouvre Z, incroyable réquisitoire contre la Dictature des colonels instaurée en Grèce en 1967 (les événements, authentiques, se déroulent quatre ans avant). Incroyable pour l'audace du réalisateur qui s'attaque ici à l'extrème droite un avant avant de s'en prendre au communisme avec L'Aveu (que je VEUX voir), et aborde un sujet encore chaud puisque les personnes auquel il fait plus qu'allusion sont vivantes et au pouvoir. Mais incroyable aussi, et c'est finalement ce qui m'a légèrement déçu, pour une mise en scène parfois proche du burlesque : personnages drôles, musique amusante, etc. C'est souvent déroutant, entraînant chez le spectateur des réactions ambigues : on ignore si on doit rire devant la mauvaise foi des accusés, mauvaise foi soulignée justement par le réalisateur. Mais Costa-Gavras, qui la joue léger dans certains plans, parvient justement à retourner le jeu, frappant là où ça fait mal, souvent avec le concours de Trintignant qui aura rarement été autant à sa place, les scènes d'interrogatoire passant ainsi d'un ton à l'autre, abandonnant leur apparente légèreté pour s'ancrer dans une histoire tragique...
5.5/6 parce que je trouve ça parfois un peu... Brouillon. J'attendais quelque chose de plus soutenu, de plus "pesant".

[On parle du cinéma français qui refuse d'aborder le présent, les affaires politiques, etc... Il faut reconnaître une chose : à l'époque de Z, on avait un panel d'acteurs incroyables. Sans vouloir critiquer la génération actuelle, je ne vois que peu d'acteurs connus capables de jouer de cette façon, aussi naturellement, aussi "brutalement".]

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (1969, Costa-Gavras)
MessagePosté: 08 Aoû 2011, 15:17 
Hors ligne
Sweet Home
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:46
Messages: 7491
Localisation: Au soleil !
J'aime beaucoup. Je le trouve très "fort" et intense.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (1969, Costa-Gavras)
MessagePosté: 08 Aoû 2011, 22:27 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 10018
Localisation: Ile-de-France
Oui pour le côté amusant, j'imagine que Costa-Gavras voulait souligner le côté grand-guignolesque propre à la société grecque des colonels. J'avais beaucoup aimé, en tout cas, un de ces films qui t'ouvrent grand l'esprit sur les rouages de la dictature.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (1969, Costa-Gavras)
MessagePosté: 08 Aoû 2011, 22:33 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
A la première vision, ça m'avait énervé, tant ça jouait sur la corde facile de l'indignation du spectateur façon Michael Moore puissance 1000, "on va avoir les méchants", avec ce côté crâneur... J'étais dans une salle où les gens avaient applaudi à la fin, après la séquence finale lyrico-lyrique façon poing levé, et ça dit bien la dimension irritante que ce film peut avoir.

Puis aux revisions j'ai appris à adorer, notamment pour le charisme du film (par son casting, ne serait-ce que ça, ou encore le côté cash de la BO), sa façon de préférer le flamboyant au vraisembalble, sa capacité à enchaîner les tableaux bizarroïdes (rien qu'un souvenir : la poursuite en voiture façon corrida), pour son inspiration constante en somme. L'ensemble à la gueule d'un film de série Z brouillon, torché, arraché au tournage, mais finalement ça lui donne d'autant plus d'énergie, même si elle a ce côté très "rustre", volontiers naïf et lourd, souvent vulgaire. Gros plaisir à moitié honteux, au final.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (Costa-Gavras, 1969)
MessagePosté: 19 Oct 2020, 20:15 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
Messages: 14582
Beaucoup aimé aussi pour ma part et je rejoins donc les louanges de mes petits camarades. J'ai pas mal apprécié ce côté farce de Costa-Gavras qu'on retrouve dans quelques scènes mais qui culmine vraiment dans les 10 dernières minutes. Le dialogue sur Dreyfus est un régal et toute cette répétition avec les officiers et la porte fermée. Caractéristique de Costa-Gavras que j'aime beaucoup qui ne rend que plus fort la dénonciation qu'il effectue et que je retrouve à l'identique dans son excellent dernier film qu'est Adults in the room.

5/6

Tom a écrit:
sa capacité à enchaîner les tableaux bizarroïdes (rien qu'un souvenir : la poursuite en voiture façon corrida),

Toutes les scènes d'actions sont de ce tonneau. Ce qui leur donne un cachet et une identité assez fortes.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (Costa-Gavras, 1969)
MessagePosté: 20 Oct 2020, 07:18 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
Messages: 6498
Si le but du film est de transmettre une conscience historique et politique des événements il s'agit d'une ambition dévoyée, car plus personne n'a la mémoire de la dictature des colonels ou de Lambrakis ou même de la signification du fait que ça soit Mikis Theodorakis qui en ait signé la musique. Ce travers est peut être lié au choix de maintenir l'anonymat des principaux protagonistes (sans même leur donner un nom fictif). Cela réduit l'identité des personnages à des fonctions (dans lesquelles on demande au spectateur de se reconnaître) et d'une certaine manière renvoie dictature et démocratie
dos à dos (les personnages n'ont pas de rapports entre eux, ils ne se définissent juste que par leur position politique qui est pareillement une raison d'être dans tous les cas). Seules les choses interdites sont finalement nommées dans la liste finale (les Beatles).


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (Costa-Gavras, 1969)
MessagePosté: 20 Oct 2020, 11:07 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
Messages: 14582
Vieux-Gontrand a écrit:
Si le but du film est de transmettre une conscience historique et politique des événements il s'agit d'une ambition dévoyée, car plus personne n'a la mémoire de la dictature des colonels ou de Lambrakis

Alors oui et non. Déjà dans le contexte de l'époque où le film est sorti, les colonels sont toujours au pouvoir, c'est quand-même une satire au vitriol percutante qui mets les pieds là où ça fait mal comme dirait Chuck Norris. Après le film passe l'épreuve du temps car, outre le fait que c'est bien raconté, c'est passionnant à suivre dans ce que Costa-Gavras montre de la mise en place d'une dictature.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (Costa-Gavras, 1969)
MessagePosté: 20 Oct 2020, 11:22 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
Messages: 6498
Comme tu dis le public de l'époque avait la situation en tête, mais je ne trouve justement pas qu'il faille le prendre au pied de la lettre historiquement. Il réduit la dictature au complot et à la lutte électorale
Des films comme Jours de 36 d'Angelopoulos ou, pour l'Espagne, Mort d'un Cycliste, ou même les Wajda pour la Pologne (l'obsession du péché catholique et de la souillure collective lui justement là beaucoup d'acuité) sont justement construits pour éviter cet écueil : la fausse conscience existe même sans complot, et ce sont plutôt des traces que de preuves qu'elle laisse derrière elle.
Il n'y a rien d'idéologique dans la manière de montrer la dictature dans le film, et c'est vrai qu'il y a un côté guignol avec sa matraque dans le traitement.r


Et puis il y a quelque-chose d'un peu ambigu sur le fait que l'Algérie de Boumediene accueillait sur son sol le tournage de fictions de gauche internationales alors que l'état-parti était en train de se consolider, en mettant à l'écart politiquement la frange la plus à gauche du FLN, mais ce n'est pas le seul film concerné.

Je viens aussi de réaliser que c'est Renato Salvatori qui balance le pavé dans la tronche de Montand, ce qui est une forme d'humour noir quand on pense à Rocco et ses Frères


Dernière édition par Vieux-Gontrand le 20 Oct 2020, 11:35, édité 1 fois.

Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (Costa-Gavras, 1969)
MessagePosté: 20 Oct 2020, 11:35 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
Messages: 14582
Vieux-Gontrand a écrit:
Comme tu dis le public de l'époque avait les faire en tête, mais je ne trouve justement pas qu'il faille le prendre au pied de la lettre historiquement. Il réduit la dictature au complot et à la lutte électorale.
D'accord avec toi. Le film n'a jamais vocation à être une adaptation fidèle des évènements historiques qui se sont déroulés mais tu as quelques clins d'oeil qui y font référence.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (Costa-Gavras, 1969)
MessagePosté: 20 Oct 2020, 11:38 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
Messages: 6498
Je crois même pas que c'est cela, il.y a malgré tout une dimension christique dans le jeu de Montand. On dirait qu'il essaye vraiment d'être meilleur politiquement que le député assassiné (ou son personnage dans la Guerre est Finie, qui se prend une humiliation à la fin et qu'il venge un peu dans ce film en disant : voyez les communistes sont meilleurs pour le martyre que l'extrême gauche, et cela c'est indémodable), en étant en permanence à la fois dans l'orthodoxie et dans l'ouverture. Il a l'air d'essayer de se battre pour réussir son assassinat comme s'il s'agissait d'une élection (à laquelle le film se substitue). Même dans la salle d'opération on a l'impression qu'il va se lever pour faire un discours (et le film met en scène un public qui le regarde comme s'il était alors dans un meeting). C'est plus retors que cela n'en a l'air.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Z (Costa-Gavras, 1969)
MessagePosté: 10 Jan 2025, 16:09 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 87233
Localisation: Fortress of Précarité
Étant un gigantesque inculte, j'ignorais que le film était inspiré de faits réels. Je savais que c'était tiré d'un livre grec et je pensais bêtement que le film s'inspirait d'histoires similaires récentes, comme l'assassinat de Kennedy ou la disparition de Ben Barka, d'autant plus que le carton d'ouverture ne dit pas "inspiré de faits réels" mais détourne expressément le fameux "toute ressemblance...". Ainsi, pendant tout le film, j'essayais d'identifier où le film était censé se passer. La Méditerranée est évoquée, les textes diégétiques sont en français, mais les quelques noms de familles sonnent grecs... Mais justement, l'absence de blase et d'identification géographique spécifique marchait à mes yeux en faveur du film, suivant donc une histoire qui pourrait précisément se passer n'importe où. Partout. Et la preuve est que justement, on peut penser à Kennedy ou Ben Barka et tant d'autres.

A l'instar du précédent Costa-Gavras, le film est parcouru de ce même sentiment d'urgence, de cette sensation que le meeting, dans la première moitié, et l'enquête, dans la seconde, ne s'arrêteront pour rien ni personne. L'idéologie, celle-là même qui était comparée dans l'incroyable introduction à une maladie dont il faut à tout prix endiguer la propagation, surmonte tout, même la mort. Comme le dit le titre, "il vit!".
Et quand les coupables sont tous chargés à la fin, ne sachant pas qu'il s'agissait d'une histoire vraie, je me suis dit "haha le wishful thinking" mais c'est ouf que ce soit vraiment arrivé...seulement, ils n'ont rien pris, à l'inverse des non-gradés.

Le cinéaste arrive donc à insuffler cette énergie à un film presque exclusivement composé de scènes de gens qui parlent. Certes, la première heure est animée d'une tension inhérente à la préparation et au déroulement du meeting controversé et il y a deux improbables scènes de bagnole (une baston à l'arrière d'un triporteur sur nommé le Kamikaze! et une tentative d'écrasement) mais le tambour auquel est mené le film dans sa seconde partie est tout aussi battant, alternant entre l'enquête du procureur et celle d'un journaliste, comme un proto-Zodiac.

L'influence du film sous tout un pan du cinéma que j'affectionne particulièrement est indéniable mais je mentirais si je disais que je n'avais été un poil déçu, au vu de la réputation du film et surtout de ma découverte récente des deux premières œuvres de Gavras, qui étaient stylistiquement plus enthousiasmantes. Ici, le metteur en scène abandonne toute esbroufe en faveur d'une approche plus sobre, pas documentaire non plus - la caméra reste très mobile, notamment quand ça parle justement - mais cohérente avec l'écriture elle aussi relativement factuelle, un parti-pris qui me parle moins de manière générale (j'adore Les Hommes du Président mais les Greengrass me laissent froid par exemple), surtout quand il n'y a, comme ici, pas vraiment de mystère.

Mais je pinaille, ça reste assez fort. J'aurais juste voulu être à donf.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 11 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Music Box (Costa-Gavras, 1989)

Abyssin

6

841

03 Jan 2024, 00:47

FingersCrossed Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Amen (Costa-Gavras, 2002)

Abyssin

0

789

24 Avr 2021, 12:37

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L’aveu (Costa-Gavras, 1970)

Abyssin

9

952

25 Jan 2021, 14:12

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Hanna K. (Costa-Gavras, 1983)

Abyssin

6

934

03 Nov 2020, 13:59

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Adults in the room (Costa-Gavras, 2019)

Abyssin

10

1378

09 Nov 2019, 08:57

Le Cow-boy Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Section Spéciale (Costa-Gavras - 1975)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

FingersCrossed

18

583

19 Juin 2024, 16:55

Jerónimo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. 1 homme de trop (Costa-Gavras, 1967)

Film Freak

12

248

07 Jan 2025, 17:06

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Compartiment tueurs (Costa-Gavras, 1965)

Abyssin

3

1191

28 Nov 2024, 16:22

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Etat de siège (Costa-Gavras, 1972)

Abyssin

0

552

10 Juil 2022, 11:23

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Eden à l'ouest (Costa-Gavras - 2009)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

DPSR

28

3359

05 Jan 2010, 22:33

Tetsuo Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 14 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web