Forum de FilmDeCulte

Deux piètres astronomes s'embarquent dans une gigantesque tournée médiatique pour prévenir l'humanité qu'une comète se dirige vers la Terre et s'apprête à la détruire.


Etonnant de voir la trajectoire que prend la carrière d'Adam McKay. Après avoir longtemps officié sur des comédies hilarantes avec Will Ferrell, dont les excellents Anchorman et Frangins malgré eux, depuis 3 films il évolue vers des oeuvres avec en toile de fond des thématiques plus sérieuses tel que la crise financière de 2008, Dick Cheney et maintenant le déni scientifique avec ce Don't look up. Et c'est avec son dernier film qu'on sent qu'il est réellement monté d'un niveau tellement le résultat est brillant. Là où le film est très fort, c'est dans sa satire et les différents parallèles qu'on peut tisser avec notre époque. Et plus que tout, le film fait beaucoup penser à la crise du Covid. Comment ne pas penser à la gestion sanitaire des Trump et Bolsonaro? Comment ne pas voir des similitudes avec des charlatans scientifiques tels que Zelenko (le Raoult américain)? Comment ne pas penser au populisme scientifique actuel? Comment ne pas voir la violence et la scission de la population qui se déchire sur fond de complotisme? Sans compter tout le traitement de cette crise sur les réseaux sociaux? Et aussi par les médias?

Je ne sais pas si McKay a pensé au Covid au moment de faire son film mais qu'importe. Le fond de son, film est totalement transposable à la crise pandémique. Don't look up capte l'air du temps avec brio et, avec une force d'observation acérée et épingle férocement tous ces acteurs de notre époque. Satire acide, le film n'oublie surtout pas d'être très drôle. Mais c'est un rire jaune qui naît dans la gorge du spectateur. Un rire triste tellement la vision du monde qu'il brocarde est malheureusement vraie. De la comédie Ferrelienne, McKay a gardé une certaine efficacité comique, sauf qu'il y a ajouté du fond et que sa dénonciation d'une époque n'en a que plus de poids. Je passe sur le casting 5 étoiles, avec une petite mention pour Jennifer Lawrence qui est excellente dans son rôle d'astronome rebelle. Bref le film joue sur deux volets, celui de la comédie et de l'oeuvre engagée, c'est ambitieux et très réussi.

4-5/6

On imagine la discussion à Netflix : "mais bien sûr, super votre projet de film engagé, très trèèèès bien, on vous suit ... tant que vous ne nous mettez pas à dos une part de nos abonnés présents ou futurs !"

A partir de cette double-contrainte on se retrouve avec ce film qui effectivement évoque très certainement l'épisode covid mais où curieusement Trump a été remplacé par une femme présidente plutôt du type Clinton (le choix de l'actrice très clairement située côté Démocrates n'est probablement pas un hasard). A moins qu'il ne s'agisse d'un sexisme crasse (on en doute), il s'agit bien moins de se moquer de la gestion du covid par Trump que de dire aux spectateurs que quelque soit leur choix électoral, ça aurait été la même merde. Cette vision populiste (donc pas si éloignée de la démagogie trumpiste) exclue automatiquement toute autre possibilité que le choix binaire Trump/Clinton et reproduit donc l'alternative soutenue par tous les médias du pays ou presque, étant entendu que la population est représentée comme d'habitude comme un troupeau d'imbéciles, de pilleurs, de sauvages (à l'exception de deux ou trois gugusses qui font du skate. Segment de la population qui, au passage, dans la vraie vie doit pas payer l'abonnement Netflix pour regarder leurs contenus : un signe d'intelligence absolu). Il s'agit donc essentiellement d'ajouter une couche de spectacle à la société du spectacle pourtant soi-disant critiquée dans le film lui-même. Comme toujours dans ce type de films US (un par an à peu près), c'est ni plus ni moins l'histoire du serpent qui se mord la queue.

Ce n’est pas le COVID qui est en ligne de mire, mais bien le réchauffement climatique. Sinon j’entends bien tes réserves scienezma, c’était d’ailleurs ce que je pouvais principalement reprocher à Joker, mais cet angle me gêne beaucoup moins ici, parce que (on peut s’en désoler, mais le film est déjà tellement touffu qu’y ajouter une strate supplémentaire n’aurait qu’apporté plus de confusions, et de toutes façons ça n'est, à l'inverse de Joker, pas du tout son propos) c’est avant tout une satire qui cible tous les pouvoirs (politique, médiatique et industriel), et que malgré les contraintes dues au genre (les traits grossis pour faire ressortir le grotesque) je l’ai trouvé particulièrement bien senti et finalement beaucoup plus subtil qu'il n'y paraît. Le personnage de Rylance est peut-être ce qu'il y a de plus effrayant dans le film, parce que le plus réaliste, l'ombre des Musk-Bezos-Zuckeberg plane au-dessus de sa composition, l'influence énorme qu'ils peuvent avoir avec les donations monstres qu'ils font pour les candidats à la présidentielle, le programme Starlink, leur côté autiste qui se veut proche des gens alors qu'il n'y a pas plus misanthrope (cela vaut surtout pour Zuckerberg je pense).

Sinon pour en revenir au fait que Streep campe un simili-Trump, mettant dans le même panier Démocrate et Républicain, oui c'est le but je pense, McKay a vraiment opéré la fusion entre Clinton et Trump, on peut déplorer que le système états-uniens se cantonne au bipartisme, mais ce n'est pas de la faute du réal si le système est ce qu'il est.

C'est la scène finale la plus finale que j'ai jamais vue je crois

On est d'accord mais il est rigolo de voir que le populisme scientifique et les problématiques qui l'accompagnent à chaque "crise scientifique" se reproduisent de manière identique.

On est d'accord mais il est rigolo de voir que le populisme scientifique et les problématiques qui l'accompagnent à chaque "crise scientifique" se reproduisent de manière identique.

On est d'accord mais il est rigolo de voir que le populisme scientifique et les problématiques qui l'accompagnent à chaque "crise scientifique" se reproduisent de manière identique.

Un jour moi aussi j’arriverai à poster trois fois de suite.

Je pensais à des films comme "Bombshell", "Irresistible", ou "Vice" du même cinéaste, plutôt qu'à "Jocker".

Je ne déplore pas l'orga du système électoral US, ça ne m'intéresse pas beaucoup, je dis juste que ce film n'a rigoureusement rien d'"engagé" sinon le réal refuserait d'emblée d'entrer dans le moule politique qui est déjà imposé aux spectateurs-électeurs. Le but est avant tout de s'amuser du système en en faisant un spectacle, à aucun moment il n'est envisageable ou surtout possible d'en sortir...

La satire du grand pdg du numérique ok mais bon c'est franchement tirer sur l'ambulance en 2021, on trouve le même genre de truc dans des films d'animation type "Ron débloque" pour des spectateurs qui n'ont pas plus de 8 ans d'âge mental... et venant de Netflix ça fait plutôt marrer...

Je voudrais bien savoir comment se produit ce bug de merde. Et là, je ne peux même plus supprimer en plus.

Doucement sur la coke abyssin

J'ai eu le même coup aujourd'hui en passant par les brouillons et en les éditant.

#SundayBloodySunday

_________________
Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Je cite parce que le plus réussi dans ce film c'est bien la satire des multimilliardaires des GAFAM - et j'ajoute à la liste Steve Jobs tant il participe du monstre très bien composé par Mark Rylance. Eh oui quant au réchauffement climatique c'est bien l'objet du film, simplifié en comète. Tout dans le personnage dialogue pertinemment avec des mécanismes en cours - et notamment le plus grand consommateur industriel de terres rares ce sont bien les batteries au lithium qui équipent tant nos smartphones que les encore plus gourmandes Tesla d'Elon Musk.

Aussi entièrement d'accord sur une fusion entre Hillary Clinton et Donald Trump dans le personnage campé par Meryl Streep (d'ailleurs elle se fait harponner dans le film pour avoir nommé un ancien acteur porno et son amant comme juge suprême ce qui n'est pas sans rappeler certains faits politiques américains).

Après malgré son rythme excellent et ses thématiques pertinentes, et son humour au-dessus du panier, on reste en effet dans une tradition hollywoodienne du film choral d'acteurs célèbres pour une comédie noire sur fond de thème politique, qui n'a rien de neuf ni de très radical. Faudra que j'écrive une critique du Contagion de Soderbergh qui se voulait une dystopie, mais qui a été rattrapé par le Covid !

Oui, la première apparition de Rylance avec les enfants qui l'entourent sur scène, j'ai immédiatement pensé à Jobs.

En faisant une recherche sur les terres rares - qui désignent certains métaux pas particulièrement rares ni coûteux - je m'aperçois que je me suis fait balader par des clichés un peu grossiers. Y'a pas de terres rares dans les dernières batteries lithium-ion, ni dans celles des Tesla, beaucoup plus dans les bagnoles essences ou hybrides. Et d'ailleurs les gisements nombreux sont pas particulièrement en Chine, ils ont juste été à un moment les seuls à les exploiter à fond (contrairement à ce que laisse entendre ce film). Au temps pour moi. Ce qui n'écarte pas le problème que les GAFAM etc. participent du réchauffement climatique comme les industries qui les ont précédées.