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MessagePosté: 19 Déc 2023, 12:01 
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Il y a un paradoxe Wenders dont la productivité semble aller en s’accroissant à mesure que l’intérêt du public pour ses films faiblit. S’imaginait-on se rendre, en 2023, en salles obscurs, pour voir un film du réalisateur allemand, film qui correspond en tout point, ou peu ou prou, à ce qu’on pouvait s’imaginer sur la base du pitch ?

Le quotidien routinier d’un homme solitaire et taciturne, amateur de rock des années 60-70, dont le métier consiste à laver des toilettes.

En gros, Wenders renvoie l’ascenseur à son disciple Jarmusch et fait son Paterson.

Désirions-nous tant que ça voir le film alors qu’il était connu d’avance ? Non pour être honnête, la carte UGC et la vie de couple ont fait que… Mais en même temps, je garde une sympathie naturelle pour le cinéma de Wenders, bien que ses certains de ses plus gros succès - Paris, Texas et Pina.- me laissent de marbre. Le film déroule son petit programme comme on s’y attend. Petite routine - lever, arrosage des fleurs, café au distributeur automatique, petite K7 de rock, on lave des toilettes, on mange son pique-nique et on prend tous les jours le même arbre en photo, émerveillé par les infimes variations de lumière, retour à la maison, onsen - à quelques variations près - rencontres fortuites, jour de congé où l’on va développer les photos. Cela s’accompagne d’une petite topographie tokyoite, et d’une découverte de quelques fleurons des splendides toilettes publiques japonaises.
Le film de Wenders pourrait se résumer dans sa première heure et demie en une succession de petits proverbes, adages un peu niais : il faut prendre la vie du bon côté, cueille le jour, le mieux est l’ennemi du bien, le bonheur est dans les petites choses. Mais on se doute que ce personnage monacal et taciturne cache quelque chose, son désengagement est relatif - c’est un ouvrier consciencieux et il éprouve un contentement véritable dans la lecture et la mélomanie (un peu ringarde, se taper « Perfect Day » de Lou Reed ou "House of The Rising Sun" pour la énième fois cadre peut-être avec le personnage mais bon).
Chacun verra ensuite midi à sa porte : j’y vois finalement la chronique de vie d’un dépressif chronique, qui a réussi à tenir en respect sa dépression, non sans mal. Un semblant de backstory est esquissée : notre laveur de toilettes est vraisemblablement issu d’une famille très argentée avec laquelle et (avec les idéaux de laquelle) il est brouillé.
Le programme du film finalement rappelle celui des Alcooliques Anonymes qu’on résumerait de la façon suivante : à chaque jour suffit sa peine. On lutte contre sa dépression, et la vie vaut la peine d’être vécue ne serait-ce que par cette victoire remportée jour après jour.
Le dernier plan, un trope du cinéma et du cinéma japonais en particulier - le personnage dépressif se trouve être caressé par la lumière du lever du soleil - ne manque cependant pas d’être bouleversant. Le visage de l’acteur se met comme à danser, partagé entre le rire et les larmes.


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MessagePosté: 22 Juin 2024, 03:15 
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Localisation: bah un cimetière, tiens...
Je viens de finir cette arnaque monumentale.

Ce machin, c'est à peu près ce que faisaient mes potes en arts-p vendant des peintures de bâteaux sur les plages l'été pour se faire un peu d'argent en arnaquant les touristes.
C'est l'équivalent on remplace la peinture par le cinéma, et un port par Tokyo et voici le film.

Déjà, donc la carte postale qui va empiler tous les clichés pour touristes les 10000 vues de la TOkyo Sky tree, c'est insupportable, les lieux, les habitudes du type prévisibles une heure à l'avance quand tu sais que c'est un étranger qui va donner sa vision du Japon (le passage dans la galerie souterraine de Asakusa Yakisoba Fukuchan, pour montrer les habitudes du pauvres, alors que oui, c'est sale comme lieu, en vrai, mais c'est aussi super gentrifié - y a des vraies bars neufs, de gaijin... Pas grave pour une fiction, peut-être mais ce qui est grave, c'est ce côté à aller chercher ce qui "fait pauvre" et à aller finalement dans des lieux branchouilles pour ça. Assez symptômatique d'un bourgeois gaze) mais c'est pas que les lieux, c'est aussi au niveau de la vision sociale que ça pose problème :
Par exemple, et là, ça aurait dû être un élément central pour la construction du personnage, mais les réactions des gens autour du personnage... Dès la scène avec le gamin retrouvé, y a un truc qui va pas, parce que ça prend direct le parti-pris, sans doute très contestable, et qui finalement ne montre vraiment rien, du mépris, parce que voilà, le statut social etc... Sauf que voilà, y a deux éléments, qui ne sont pas pris en compte, dans un sens comme dans l'autre :
D'abord le tatemae (en gros, la politesse de façade japonaise) fait que tu montres de la politesse, c'est d'ailleurs bizarrement marqué dans des moments de détail, où l'on s'en fiche totalement, ça ne joue plus sur la narration, quand des types se confondent en excuse parce qu'ils l'interrompent pour aller pisser...
Dans ces scènes d'exposition, qui plantent le cadre, le film va te jouer direct la carte du mépris... Le tatemae fait que la question se pose vraiment...
Parce que de l'autre côté, y a cette autre question qui aurait pu expliquer un certain mépris aussi, mais qui ne joue pas non plus : celle du burakumin ou de l'etahinin (en gros la caste qui a affaire au sang, à la viande, ou la saleté) : en gros les quasi intouchables japonais.
Du coup, on manque tout ce qui représenterait le personnage évacué, rien qui indique ce que c'est que d'être un burakumin aujourd'hui (ce qui aurait été d'autant plus intéressant ensuite parce qu'on se rend compte que le personnage ne l'est pas vraiment de par sa famille) et qui s'incarnait dans ce personnage.

Et finalement, ce qui est encore plus dingue, c'est que le film est entièrement cet évitement, c'est l'histoire d'une fuite des toilettes autour des arbres et du rock... Pour un projet qui a été construit autour de ces toilettes (le projet de base était constitué autour du plan d'aménagement urbain The Tokyo Toilet, avec des toilettes crées par certains des plus grands architectes au Japon -dont Tadao Ando) et dont le mec à qui on l'a commandé a finalement décidé de faire un film de fiction.

Rien que ça, ça rate tout ce qui est constitutif, d'abord du thème, puis du personnage de la fiction autour de laquelle le thème initial a été détourné, dans sa construction sociale...
J'ai du mal à comprendre comment ce truc a pu être coscénarisé par un japonais (avec Wenders).

Pour le reste, comme les arnaques pour touristes, les arnaques pour cinéphiles s'empilent avec des passages vaguement oniriques, vaguement expé en noir et blanc, émaillés de sillons et flous ou en surimpression...

Mention à la scène de boomer ridicule avec le dialogue sur spotify et les cassettes audio entre la nièce et l'oncle.
J'allais presque oublier cette construction narrative ridicule qui cherche à n'aller nulle part pour faire contemplative, t'emmène vers rien pendant trois quart d'heure, puis va t'ajouter une bribe d'histoire pour faire durer, qui va s'arrêter d'un coup parce qu'on sait pas quoi en faire -tout l'arc autour de Aoi Yamada, qui s'arrête d'un coup, pour laisser sa place à un autre, puis un autre, que tout s'enchaîne plutôt que se croise, ça donne l'impression d'un moyen de faire durer le film qui n'en a lui-même rien à faire de ses trames parce qu'il veut faire film d'ambiance et contemplatif sur le japon contemplatif patapouf, mais se sent obligé d'ajouter des trames parce que même ce contemplatif, il sait pas le faire.

Un film qui manque tout, son projet, ses lieux, sa construction sociale, ses personnages et même ses trames, mais bon, ça fait joli, c'est beau le japon, puis c'est mignon les arbres, oh, c'est du Japon profond et contemplatif (mes iec).Et pour tout ce qui est manqué, les émotions du personnage, j'arrive pas à les ressentir.

J'ai mis 0.1/6 pour Aoi Yamada, qui est une des plus grande jeunes artistes -danseuse- contemporaines au Japon.

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MessagePosté: 22 Juin 2024, 09:33 
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Le film ne parle pas des 23 jours de garde à vue japonaise. Pour être passé dans les geôles japonaises pour avoir eu le malheur d’allumer un splif à Hamamatsu sans penser à mal après une soirée trop arrosée à Osaka, lors de mon année Erasmus a Hamamatsu, je confirme tout ce qui est dit sur le Japon plus haut. J’ai littéralement l’espace de 23 jours eu l’impression d’être dans un film de Yoshihige Yoshida.


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MessagePosté: 22 Juin 2024, 09:41 
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Pourquoi a t-on seulement maintenant connaissance de cette histoire, et pourquoi ne rentres-tu pas plus dans les détails.

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MessagePosté: 22 Juin 2024, 10:27 
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Qui pour ouvrir le topic "Vos séjours en gardav' "?


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MessagePosté: 22 Juin 2024, 10:39 
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Sir Flashball
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Le Tokyo-ga de Wenders était déjà imbitable. Faut qu'il éviter de parler du Japon.

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MessagePosté: 22 Juin 2024, 11:38 
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Antichrist
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C'est surtout une commande de l'office du tourisme de la ville de Tokyo pour vendre ses chiottes, rien que ça bordel...

sinon j'ai été dans un des chiottes du film et bien pas si propre que ça.


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MessagePosté: 22 Juin 2024, 13:54 
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Localisation: bah un cimetière, tiens...
Ah. Tu m'as battu.

J'ai eu qu'une heure et demie d'interrogatoire au commissariat central d'Ikebukuro. Faut dire que le numéro de mon vélo ne correspondait pas à celui des papiers du vélo (deux mois de confiscation pour découvrir que l'entreprise qui avait changé le numéro avait filé les papiers à l'ancien numéro).

Mais fumer un spliff au Japon, t'as de la chance d'être là pour nous parler...

J'aurais pu y passer aussi quand je suis monté au dernier étage d'un immeuble d'appartements pour prendre une photo de la baie de Tokyo. C'est très con, mais au moment où je l'ai fait, je savais pas que certains se faisaient arrêter pour ça.

Sinon, pour revenir à mon histoire de politesse/mépris, Tatemae/Burakumin, et le dire plus simplement, au-delà même de la familiarité avec le Japon, je vois pas comment un spectateur peut comprendre que Hirayama soit méprisé quand il rend un gamin à sa mère ou quand il salue une femme sur un banc, et qu'on se confonde en excuse quand on doit aller pisser (sauf quand on est bourré). Je suis pas sûr que Wenders le comprenne non plus et ait une idée de ce qu'il fait. Je vois pas comment ça peut ne pas poser problème à n'importe quel spectateur alors que ces attitudes sont un des éléments moteurs du film.

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MessagePosté: 22 Juin 2024, 18:21 
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Non mais je rigolais.


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MessagePosté: 22 Juin 2024, 18:23 
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MessagePosté: 22 Juin 2024, 22:25 
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Localisation: bah un cimetière, tiens...
J'étais en train de me demander comment tu te faisais choper sur un oinj à Hamamatsu après une soirée à Osaka... Gros trip, visiblement.

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