Alain (Alain Chabat) et Marie (Léa Drucker) achètent un pavillon où se trouve un tunnel aux propriétés si incroyables que l'hilarity tries à mort to ensue.
Préambule nécessaire quant à l’appréciation de l’auteur de ses lignes sur le réalisateur du film : je n’ai pas aimé Steak ou Rubber, je suis resté interdit devant Réalité, Au poste ! c’est pas mal jusqu’au final de court-métrage étudiant et j’ai beaucoup aimé Le Daim et son côté Bava du Béarn. Pas vu le reste.
Celui-ci, je le place dans la catégorie haute puisqu’on y trouve une réelle évolution progressive des personnages alliée avec un approfondissement toujours renouvelé du sujet de départ (le temps qui passe). Ainsi, le parti-pris Edika-K. Dick fonctionne d’autant mieux et le film braconne sur les terres de la comédie plus classique, le Monkey Business d’Howard Hawks en tête avec son couple vieillissant sans enfant qui se retrouve déchiré par l’irruption d’une fontaine de jouvence maudite.
Une vraie réflexion personnelle se développe avec la recherche impossible de l’éternelle jeunesse couplée aux diktats du consumérisme (la compétence physique en chambre de monsieur, la beauté à vendre sur papier glacé de madame) qui éloigne toujours plus le bonheur simple d’une partie de pêche ou du regard qui crie braguette d’une accorte vendeuse en lingerie. Bref, on est dans le bon sens près de chez vous mais la mélancolie nostalgique de la nature et des paysages chantants de nos belles régions si chères à Jean-Pierre Pernaut défigurées par l’urbanisation giscardienne était déjà au cœur du Daim. Ici, on la retrouve in extremis dans les deux montages musicaux qui s’enchaînent afin de boucler le bouzin parce que les plaisanteries les moins longues sont les plus courtes et que, oui, au final, ce que Dupieux réussit le mieux c’est de coller ses images sur le son suranné de l’album Joe Santo plays Bach.
(Difficile de ne pas parler de la fin pour le reste donc on masque)
Mais si Hawks parvenait à rabibocher ses tourtereaux, apposant son regard humaniste et au fond chaleureux derrière son cynisme de rigueur, Dupieux, arty branchouille frenchy, sombre lui un peu dans la moquerie de rigueur teintée de misogynie gauloise, à peine tempérée par la bonhomie d’un Chabat parfait en nounours qui tente de garder la tête froide dans tout ce bazar. Pour autant, il y a véritablement quelque chose de poignant qui interroge sur ce que sont devenues les images de cinéma quand arrive la "jeune Léa Drucker" et qu'on doute l'espace d'un instant : est-ce que la machine à ripoliner de Marvel a été utilisé ou est-ce bien une autre actrice ? (réponse B) C'est dire si le film est de son temps.
Reste qu’à la question philosophique portée littéralement par le personnage principal « c’est quoi, un homme ? » on peut demander de façon tout aussi sérieuse « est-ce qu’un des nombreux lecteurs de Télérama ou des Inrocks présents dans la salle rirait autant à gorge déployée d’un mec jouant avec la télécommande de sa bite électrique si c’était Dubosc chez Onteniente ? » Moi, en tout cas, j’ai ri quand la roboteub prend feu, et en cette période électorale compliquée il est toujours bon de rappeler que dans la salle obscure comme dans l’isoloir, vous serez seuls avec votre conscience.
Pour les amis des Chiffres et des lettres, j’ai calculé pour vous le temps que prendrait le dispositif du tunnel pour rajeunir de vingt ans, soit : 20 x 365 = 7300 jours à perdre. Je le divise par le nombre de jours perdus en allant dans le tunnel (3), ça nous donne 2433, 333 (ad lib) va-et-vient que je multiplie ensuite par 12 (le nombre d’heures passées dans tunnel) : ce qui nous donne 29 200 heures, soit en gros 1216 jours donc 3 ans et 3-4 mois environ dans le tunnel, ce qui fait qu’en sept-huit ans à un rythme quotidien, c’est jouable (ce que fait visiblement Marie dans le film).
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Dernière édition par JulienLepers le 16 Juin 2022, 10:40, édité 2 fois.
Préambule nécessaire quant à l’appréciation de l’auteur de ses lignes sur le réalisateur du film : je n’ai pas aimé Steak ou Rubber, je suis resté interdit devant Réalité, Au poste ! c’est pas mal jusqu’au final de court-métrage étudiant et j’ai beaucoup aimé Le Daim et son côté Bava du Béarn. Pas vu le reste.
Du coup ça vient confirmer certains mauvais échos. J'irai tout de même, mais 3 Dupieux faibles à la suite je vais finir par me lasser.
Inscription: 04 Juil 2005, 15:21 Messages: 22916 Localisation: Paris
Pour moi c’est son meilleur. Comme d’habitude il bâcle la fin, ne sachant pas trop comment terminer, mais c’est drôle et touchant.
_________________ Que lire cet hiver ? Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander) La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)
Dans le Daim il ressuscitait Julia Faure pour la tuer aussi tôt. Un peu miso en effet...
_________________ Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ? - Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.
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