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Peter Von Kant, célèbre réalisateur à succès, habite avec son assistant Karl, qu'il se plaît à maltraiter et à humilier. Grâce à la grande actrice Sidonie, il rencontre et s'éprend d'Amir, un beau jeune homme d'origine modeste. Il lui propose de partager son appartement et de bénéficier de ses appuis pour se lancer dans le cinéma.


Après deux Ozons très moyens, je ne fondais pas beaucoup d'espoirs dans le nouvel opus du cinéaste. Là j'y suis allé, sans savoir grand chose du pitch et surtout que c'est facile à caser dans un emploi du temps (1H25) et bien ce Peter von Kant est une excellente surprise. Je ne le classerais pas dans les films majeurs du cinéaste mais c'est un vrai regain de forme. Après Gouttes d'eau sur pierres brulantes, Ozon revient avec une adaptation de Fassbinder mais il adopte ici une approche totalement différente, on assiste à un pur huis clos théâtral. Tout le film va se passer dans l'appart de Von Kant, en 3 actes, il y a un côté too much dans certaines situations et personnages (Adjani qui est bien), c'est vraiment ce qui se rapproche de ce qu'on pourrait appeler théâtre filmé. Et ça tombe bien car Ozon est un bon filmeur et il assume totalement son parti pris.

Peter von Kant étant un cinéaste homosexuel, on pourrait facilement le rapprocher d'Ozon. Il y a un peu de ça. On sent que les thématiques abordés par Von Kant sont assez personnels, que ce soit sur l'art et l'amour homosexuel déçu, et le cinéaste s'amuse un peu avec le côté "hénaurme" de Denis Ménochet. L'acteur est ici à son top. Le film va beaucoup parler de cruauté et du côté toxique de certaines relations amoureuses et Menochet, qu'on prend parfois en compassion et qui rebute par moments par la cruauté que lui cause ses sentiments. L'acteur est magistral, ambigu et complexe comme il le faut à l'écran. Il y a aussi le très beau Khalil Gharbia, en jeune minet qui rend fou Von Kant. Le jeune cassos que va prendre Von Kant sous son aile et le pousser vers une carrière internationale. Par contre, Schygulla a un rôle très accessoire.

Et puis Ozon s'éclate vraiment dans le côté hyper stylisé de son film. J'ai bien aimé ce côté un peu flashy et coloré et l'univers très précieux de l'appartement. Il y a un vrai soin apporté à la photographie et à la décoration qui participent à l'ambiance générale. Et puis ça a le mérité d'être punchy et court comme il le faut. Pas de gras, 1H25, c'est rythmé et on va droit à l'essentiel. Vraiment du bon Ozon.

4/6

Je connais mal Fassbinder donc je n'ai pas pu apprécier pleinement ce film à clé qui, en détournant "Les Larmes amères de Petra Von Kant" devient un authentique portrait du cinéaste allemand. C'est pas compliqué, Ménochet, excellent par ailleurs, EST Fassbinder. Et ce faisant, le film devient vraisemblablement un autoportrait d'Ozon, autre cinéaste homosexuel prolifique (qui j'espère ne se nique pas la santé comme le fait Kant/Fassbinder, bref).

Il y a donc de la richesse dans ce jeu de piste, même si je n'ai pas pu tout y démêler. Ce qui m'a plu en tout cas c'est l'humour du film, notamment dans la première partie. Ménochet y est particulièrement savoureux, y a un côté vif et rythmé qui fait plaisir. Et l'économie générale du film, son côté enlevé mais sans nuire à la gravité, est bien. Super dernier plan.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Je n'ai vu aucun film de Fassbinder et je ne trouve pas que la connaissance du cinéaste allemand change ou pas l'appréciation qu'on peut avoir du film. Sinon ton texte fait plaisir. Le film a bidé alors que c'est le Ozon le plus intéressant depuis Grâce à Dieu.

Mmm… Peut-être qu’il faut connaître Fassbinder pour pouvoir le dire, non ?

Je reformule car j'ai pas été assez clair : je ne doute pas qu'il y a quelques références/clin d'oeil à Fassbinder qui vont faire tripper les fans mais le film est finalement très premier degré et ces clins d'oeil restent à la marge du plaisir procuré par le film.
Et choppez le merde! Je sais que Ozon depuis 3 ans c'est déprimant, celuçi avant était pourri, mais là c'est un vrai retour en forme. Et Ménochet est très bon. Par contre, il faut aimer le côté théâtral.

c'est toujours un peu cité comme un trait négatif, mais en vrai quand on aime le théatre c'est assez magique : j'imagine cette pièce au marigny, mise en scène par ozon avec ménochet et adjani... ce serait totalement magique, mais ça n'arriverait jamais, le marché du théatre français actuel n'a aucune place pour ça. donc ça permet de rêver et c'est un formidable next best thing.

ce qui m'a le plus marqué dans le film, c'est à quel point le personnage questionne et échappe aux normes morales actuelles : ce grand artiste totalement toxique, qui se détruit et abîme les autres au passage, dans ces relations où tout le monde utilise tout le monde, mais avec un fond sincère néanmoins... c'est fort dur de classer chaque personnage dans une case ou un rôle moral, de vraiment haïr ou adorer qui que ce soit, dé décider précisement qui utilise qui. tout le monde est à la fois grand et minable, bourreau et victime, humain quoi. (j'avais d'ailleurs la théorie qu'ozon est allé faire ça justement en réponse aux débats actuels sur l'homme et l'artiste, les normes morales etc)

JSurtout que ce côté théâtral se marie bien avec le huis-clos du film.

Précisons que Stefan Crepon est génial en Karl, et respect aux Césars de l’avoir nommé pour un rôle muet. Par contre le choix du plan pour illustrer sa nomination - un large où il marche - c’était risible.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui je voulais le dire, j’étais mort de rire.