Forum de FilmDeCulte

Je n'avais jamais revu le film depuis ma vision au cinéma à l'époque. J'avais 13 ans et ça m'avait secoué comme rarement.

Le film est toujours je trouve d'une puissance rare.

Le noir et blanc, les choix de cadrage, les mouvements de caméra, l'alternance entre le plan fixe d'une grande sobriété et le plan complexe, parfois avec SFX, tout cela met parfaitement en valeur cette intrigue qui n'en est pas une. Cette galère quotidienne, cette parcelle de vie dans une banlieue sinistrée. Le film est hélas d'une atroce actualité. Si le film sortait aujourd'hui, on penserait à une radiographie des évènements de Novembre. Le film a plus de 10 ans. Rien n'a changé. Le discours était fort à l'époque il me semble. Le film avait fait du bruit. Un prix à Cannes, le César du meilleur film... Et pourtant nous sommes toujours ce mec qui se dit que "jusqu'ici tout va bien..." Et pourtant on ne fait plus de film comme ça. Je n'ai pas de souvenir d'un film français aussi fort, aussi couillu, aussi connecté au réel que La Haine. Je me souviens parfaitement du couple devant moi dans la salle qui rigolait à la fin du film. Et du mec à coté d'eux qui leur avait dit "Ca vous fait marrer mais moi maintenant je rentre chez moi et je vais retrouver ça..."

J'ai frissonné au dernier plan du film. Frissonné comme jamais.

J'ai eu peur.

J'en profite pour vous conseiller de choper une rediffusion de l'émission Auto-Focus sur France 4, consacrée à Kasso (diffusé dimanche soir dernier). L'invité est filmé dans un fauteuil avec un écran devant lui, on lui projette des extraits de films (les siens ou d'autres), des photos, des affiches, et il en dit ce qu'il veut. Et c'est passionnant.
Son taillage de short à Léos Carax est un grand moment.

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"Dans une France fictive, une nouvelle loi autorise un spectateur en état de détresse morale à attaquer un spectateur qui fait "Eeeeeeehng"..."
Qui-Gon Jinn, 16.10.2014

J'aime beaucoup les dialogues et la mise en scène... Le scénario est bien construit, et le côté carricature inversée des personnages ne me dérange pas trop.
Je trouve le postulat de départ hyper naïf (les mecs de cité n'attendent pas qu'un flic perde son flingue pour en avoir), et la fin assez crétine (tue le flic avant qu'il ne te tue)... C'est ce que je reproche un peu à cette génération, celle des Noé, des Kasso, des Kounen : les mecs sont de grands naïfs et ça se retrouve dans leurs films (c'est très exactement ce que je reproche à Irréversible). Finalement, le film de Kasso ressemble un peu à son message à Sarko : la forme tape, mais le propos sent bien le petit jeune (même s'il est moins jeune qu'à l'époque de La Haine).

Malgré tout, 5/6

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Il est en train de parler du système de financement français, et il prend l'exemple de Carax comme celui d'un mec littéralement dangereux. Il parle de son inconscience quand, sur les Amants du Pont-Neuf, il demande des trucs pas possibles à ses acteurs, et que parce qu'il n'a pas les autorisations pour tourner là où il veut, il fait reconstruire un pont, il explose son budget, et que quand le CNC balance 50M pour boucher les trous, ces 50M là, ils manquent à plein de réal qui peinent à financer leur petits projets. Donc, en gros, que c'est un véritable artiste, certes, mais qui se fout allègrement de foutre en l'air une partie de l'économie dont il dépend.

J'essaierais de faire une retranscription. Ou une capture vidéo, ça sera moins chiant.

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"Dans une France fictive, une nouvelle loi autorise un spectateur en état de détresse morale à attaquer un spectateur qui fait "Eeeeeeehng"..."
Qui-Gon Jinn, 16.10.2014

Marrant que tu dises ça, il en parlait justement dans l'émission. Ca le fait rire que des gens voit l'un ou l'autre des cas (qui du jeune ou du flic tire ?) alors qu'il n'y a aucun moyen de le savoir en visionnant le film.

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"Dans une France fictive, une nouvelle loi autorise un spectateur en état de détresse morale à attaquer un spectateur qui fait "Eeeeeeehng"..."
Qui-Gon Jinn, 16.10.2014

Tu sais pas quand ça repasse???ça doit tuer.Autant pour moi j'ai trouvé:

Jeudi 11 mai à 00h05
Lundi 15 mai à 11h05

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Ce n'est pas ça dont je parle, mais du fait que Vince se fait tuer au moment où il laisse son flingue. Durant tout le film, Vince fait l'apologie de la vengeance, oeil pour oeil, un bon flic est un flic mort, etc. Au moment où il accepte finalement le discours inverse, il se fait buter... Par un flic.

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Le problème, c'est que c'est principalement une erreur de producteur. Des films comme Le Grand bleu ou 37°2 venaient de cartonner, on parlait de génération BBC (Besson, Beinex, Carax), et Les Amants du pont neuf, lors de son tournage, était vécu comme le nouveau Grand Bleu. Le producteur, à la base, croyait plus ou moins au carton. Après, il y a eu engrenage, bien entendu, et déception au final.

C'est finalement plus ou moins le même problème que celui rencontré par Le Brasier. On s'attend à un énorme retour financier, donc on ouvre les vannes au niveau du budget.

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Bien d'accord que le principal responsable d'un tel désastre c'est le producteur. Mais je savais pas que c'est le CNC qui avait financé l'énorme rallonge de budget. Là y a quand même un problême, et c'est pas Fechner le responsable, pour le coup.

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"Dans une France fictive, une nouvelle loi autorise un spectateur en état de détresse morale à attaquer un spectateur qui fait "Eeeeeeehng"..."
Qui-Gon Jinn, 16.10.2014

Oui, mais c'est pas parce qu'il a réussi 2 films fauchés qu'il faut lui donner un budget centuplé les yeux fermés. Aux USA c'est courant, mais le financement est totalement privé, c'est quand même pas pareil.


Bien ou pas bien, c'est pas la question. Quand ça coûte autant, il faut d'abord se dire "est-ce que ça peut se rentabiliser ?". D'accord, c'était pas prévû à un tel coût, mais un tel dépassement sur un Astérix, vu le potentiel du film, tu peux y aller. Sur le Carax, c'était un peu cavalier. Il manquait un producteur aux manettes qui lui dise "non, désolé, tu tournes sur un autre vrai pont, on rallonge pas le budget d'autant".
Et moi, j'aime bien le film.

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"Dans une France fictive, une nouvelle loi autorise un spectateur en état de détresse morale à attaquer un spectateur qui fait "Eeeeeeehng"..."
Qui-Gon Jinn, 16.10.2014

A mon avis, le CNC est un peu pris en otage, sur ce genre de trucs. "Si vous ne m'aidez pas, ma société, ainsi que tous ses employés, tombe à l'eau" (par exemple). Un peu comme un directeur de société qui a l'URSAFF sur le dos : "si je vous paye, je licencie 30 employés". L'URSAFF, pourtant réputé pour être méga chaud, ferme sa gueule.

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Article des Cahiers du cinéma (HS de 1995), quelques extraits :

"Plusieurs producteurs ont successivement jeté l'éponge"
"Les premiers plans ont été tournés deux ans plus tôt [lorsque Fechner reprend le film]"
"Ceux qui ont taxé Carax d'irresponsabilité et de mégalomanie n'ont pas assez pris en compte cette extraordinaire solidarité de toute l'équipe, qui ruine la thèse de la responsabilité unique du jeune cinéaste"
"peut être aussi l'attente anxieuse d'un nouvel enfant prodige, après Luc Besson"

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Il y a en tout cas un excellent documentaire sur le DVD des "Amants du Pont- Neuf", celui trouvable à 2 ou 3 euros sur cdiscount.

Et j'adore ce film.

bizarre, d'ailleurs, ce dvd (du moins si on parle du même), on vient justement de me le prêter (pas encore vu) : le nom de Carax n'apparaît nulle part sur la jaquette!

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le documentaire sur la face B du DVD n'en fait en tout cas jamais mention. Toutes les rallonges citées viennent, d'après le film, des producteurs successifs.

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