Forum de FilmDeCulte

Film du milieu + cancel culture + 1h27 + grande salle du Majestic Bastille = film parfait pour moi.

Au final... Ouille.

En s'inspirant de l'affaire Mehdi Meklat, Laurent Cantet s'offrait pourtant un sujet en or. Il y a le côté sociétal bien sûr (les réseaux sociaux ; brûler ceux qu'on a jadis érigé ; le petit arabe adulé dans le monde de l'édition) mais aussi le côté humain (la famille, les proches, la célébrité). Bref, il y avait de quoi faire. Malheureusement, Cantet et ses scénaristes ne semblent que gratter la surface du sujet, et encore, gratter à côté.

Car ils ont le mérite en effet de prendre un pas de côté. Ils évitent le chaudron urbain de la polémique pour prendre du champ, laisser "Arthur" se retrancher en banlieue. Cantet montre le monde réel, ces fenêtres où vivent les vrais gens qui s'en foutent de la polémique, ces dalles d'immeuble où la vie continue, indifférente aux tweets qui agitent les mecs de France Télévisions.

Cependant, ça ne suffit pas à faire un film et on a constamment l'impression d'un projet qui nous échappe, qui ne va jamais totalement dans la tension ou le commentaire social, ni vraiment dans quoi que ce soit de particulièrement fécond sur le plan humain. Karim/Arthur semble aller de lieu en lieu, parfois chez des gens dont on ne sait même pas de qui il s'agit (le perso d'Anne Alvaro ?). L'idée est peut-être de montrer que le personnage lui-même ne sait pas qui il est, mais en l'état il nous glisse entre les mains comme une savonnette. Et lorsqu'on se baisse pour la ramasser...

L'ensemble paraît finalement assez mal à l'aise avec lui-même, rejetant l'aspect sujet de société, n'embrassant pas pleinement un portrait humain qui vaille le coup... Ce malaise se traduit jusque dans ce panneau au début du générique de fin qui précise bien que les tweets haineux vus à l'image sont inventés et ne sont pas cautionnés par les auteurs du film Ultime gesticulation d'un film qui n'aura pas su se trouver.

Bref, au final c'est difficile à détester (cAr LeS fILmS sOnT dEs ObJeTs GeNtILs) mais c'est incontestablement raté.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

C'est complètement nul. Totalement d'accord avec toi : ça passe à côté de tout ce qui pourrait être intéressant, en premier lieu la question de l'écriture chez le héros qui n'est vue que d'un point de vue d'ascension sociale (vers le haut ou vers le bas), mais jamais sur le reste (style, fond, boulot même si la séquence avec Anne Alvaro est censée l'aborder : mais comme on n'en saura pas plus...). Stratégie de l'évitement qui nique tout le film.
Même le passage en banlieue est nase avec les personnages en carton de la mère courage et le petit frère admiratif.

Le seul truc réussi, c'est le survol de l'article du Monde qui pastiche bien le côté chiant. Et à la rigueur, l'auteur de BD "complètement délire" à bonnet.

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Comme mon envie de voir le film après la bande-annonce. Cantet c'est peut-être la plus grande désillusion du cinéma français contemporain, j'avais adoré Ressources humaines et L'Emploi du temps.

L'effet Palme d'Or

Pareil, j'avais bien aimé les deux premiers.



Aaaaaaah mais c'est Grand Gourou Bégaudeau qui a écrit sa palme... C'est donc ça...

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Moi je connaissais pas le projet donc la bande-annonce m'avait donné envie mais vos avis m'ont refroidi.

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Du mal à comprendre qu'on ait pu faire un film sur cette non affaire qui n'a pas dépassé le périph.

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CroqAnimement votre

Ouais enfin on s'en fout de ce qu'il y au-delà du périph.

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En bon provincial, j'ai découvert à la fin du film que c'était "tiré d'une histoire vraie".



T'as vu la bande-annonce, tu as vu le film, jusque dans les prises de positions de tous les intervenants : "c'est pas bien ce que t'as fait", "tu penses à nous ? ", "tu penses à moi ?", "comment t'as pu avoir tout ça dans ta tête ?", "tu vas nous plomber les ventes"... Sans jamais aucun développement.

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J'avais bien aimé l'Atelier, même si c'est vrai qu'il y avait déjà un problème de point de vue sur le personnage central (opposé au groupe). Le personnage était pareillement extérieur à son typage sociologique, à ses sentiments et à son idéologie. Il fallait celà pour l'érotiser, pour que la caméra soit ce qui apporte cet érotisme de l'extérieur, contre le groupe, comme si la séduction était ce qui manquait au consensus politique.
Ici je me demande si le problème n'est pas lié au faut qu'il est revenu vers Mehdi Meklat au moment du montage. J'ai une petite interview de l'Obs où dans le même temps il partait de l'idée sur le personnage s'échappait à lui-même et il le défendait (mais sur un mode négatif : cette absence à soi-même est ce que les dominants déniaient au personnage. Elle fonctionne alors comme un droit et l'enjeu d'une jalousie). Je vais quand-même essayer de le voir.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Donc de la culture de l'excuse des sciences sociales, on est passé à la culture de l'excuse des sciences psychologiques ?
Remarque, là au moins on tient un passionnant sujet pour les chercheurs en sciences psychosociales des générations à venir.

Et plus que Meklat, c'est l'intelligentsia intra-périf qu'est au bout du rouleau pour ne serait-ce qu'avoir l'idée de faire un film là-dessus.

Si tu le dis...

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Remarque, yen a qui sont prêts à payer leur place pour ça visiblement. Ils auraient tort de se gêner à produire ça.
Après, avec une certaine curiosité malsaine, je serais bien capable de l'emprunter à la bibli (d'ici à ce qu'il soit disponible, je pense que j'aurais oublié son existence).
Mais quitte à m'instruire sur un raciste et antisémite frustré de l'Art, je préfère encore une bio sur Hitler.

Même si le sujet peut paraître, à raison, complètement tarte, il y avait matière à faire quelque chose d'un peu plus vénéneux ou sardonique sur le milieu de l'édition ou des médias : je dis pas de nous refaire Le Grand Chantage, mais c'est pas les idées qui manquent. Rien que se poser la question du réel talent de l'auteur sans l’échafaudage médiatique aurait été intéressant. Mais là, rien, que dalle.

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Je ne trouve pas que ça soit si raté que ça.
Franchement j'ai trouvé la première heure assez captivante, ça fonce et ça lance toutes les perches pour saisir les grandes questions soulevées par une histoire pareille.
Le souci c'est que la deuxième moitié est nettement moins prenante, les enjeux restent en suspend et, à l'instar du personnage, le film "n'arrive plus à penser" et s'enfuit, fuit littéralement son sujet... Un procédé qui peut se défendre (assez cohérent) mais qui laisse le spectateur sur sa faim, et qui perçoit le film comme méchamment inabouti. Il y a bien quelques moments comme le clash assez émouvants (même si pas très bien joué) avec le petit frère. Mais le film a clairement perdu son mojo en cours de route.
Film un peu bizarre, donc, à la fois intéressant et inabouti, mais une chose que Cantet réussit bien c'est le trouble et l'authentique ambiguité du personnage, d'ailleurs campé avec conviction par Rabah Nait Oufella.

Quelque chose comme 3,5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"