Forum de FilmDeCulte

Quand j'ai vu la photo de Phil Lord et Chris Miller il y a quelques temps, face à leurs têtes juvéniles, j'ai dit, comme si je parlais à leur place, "salut, on a 12 ans, on fait des films".
Quand je sors de leur dernier opus, je me dis que c'est exactement ça.

Ce que j'avais pu dire de l'incroyable intro de Pacific Rim, qu'elle donnait l'impression de voir réalisée "en vrai" le jeu imaginé par un gamin, est évidemment encore plus parlant ici. Une évidence qui n'était pourtant pas aussi acquise. Pour cette improbable "adaptation" d'une licence de jouets, encore plus dépourvue d'une quelconque "intrigue" que Transformers ou Battleship, Lord & Miller aurait facilement pu se contenter de pondre un produit calibré, en greffant un monomythe de base et un McGuffin. Ils auraient pu en faire un film très drôle, avec quelques clins d’œil et références bien senties, pour hisser le tout légèrement au-delà du tout-venant. Oui, ils auraient pu s'arrêter là. Ils auraient pu signer un film conventionnel réussi et ça aurait été très bien.

Au lieu de ça, le duo s'est complètement réapproprié le projet et livrent une œuvre qui s'inscrit dans la droite lignée de leurs efforts précédents, le ZAZien Tempête de boulettes géantes et le self-aware 21 Jump Street, deux autres films à pitches pas crédibles que le tandem avait su retourner pour mieux en détourner les codes. Ainsi, The Lego Movie est une merveille méta - métafilmique, métaludique, métanarrative, métapublicitaire - qui ose être gentiment subversif avec ses origines lucratives et déconstruit avec des Lego le hero's journey pour mieux servir un propos aussi niais qu'un poster de chaton et toutefois transcendé par un message sain véhiculé par une fin des plus touchantes.

Parce que nombre de spectateurs vont bêtement approcher le film avec un œil cynique, Lord & Miller ont l'intelligence de placer cette question - "c'est quand même une pub d'1h30 pour la licence de jouets la plus célèbre du monde" - au cœur du film. Le grand méchant du film, représenté par le Président Business (également appelé Lord Business), n'est autre que le capitalisme, cherchant à mettre fin au monde via l'uniformisation totale, dissimulé au peuple qu'il divertit par des sitcoms débiles et des chaînes de café trop cher (je vous jure, j'invente rien).

Mais la réelle intelligence de Lord & Miller est d'aller encore plus loin que ça. Comment? En comprenant le point de vue d'un enfant. Un enfant ne voit pas le mal partout. Un enfant mélange ses jouets quand il joue. Par conséquent, lorsque d'autres célèbres licences viennent participer à l'aventure (rien que dans la bande-annonce, vous pouvez voir plusieurs persos DC par exemple, je ne spoilerai pas les autres), ce n'est pas du placement de produit, c'est le symbole de l'imagination sans limites d'un enfant. Un choix qui a du sens métatextuel et textuel tant il justifie absolument chaque élément, narratif, thématique, ou esthétique, de cet univers complètement fou à base de crossovers de personnages et de mondes qui n'ont rien à voir. Et c'est le message du film, qui est une véritable ode à la créativité (et peut-être même un dézingage du créationnisme, si on interprète ce qui est dit des gens qui "suivent les instructions") et une vision optimiste du monde (pas grave si tout est cassé parce qu'on peut tout reconstruire). Nul autre jouet ne pouvait se prêter à ce propos, le Lego c'est le potentiel à l'état pur. Tout est possible. Besoin d'un véhicule? Build it. Besoin qu'il se transforme en un autre véhicule? BUILD IT.

Et c'est d'ailleurs exactement ce qu'on fait Lord & Miller d'un point de vue formel.
Que les personnages, véhicules et bâtiments soient en Lego, cela n'est pas étonnant, mais TOUT est en Lego, même l'eau, les nuages, le feu et la fumée. Le jusqu'au-boutisme du parti pris esthétique donne naissance à des visuels absolument sublimes. L'océan en Lego, c'est une merveille de pop art.
Le film est quasi-intégralement en CGI, si j'ai bien compris, mais, contrairement aux dessins-animés et jeux vidéo Lego, il opte pour le photoréalisme absolu (jusque dans les marques d'usure sur la gueule quoi) et le "réalisme" de l'animation (les persos ne peuvent s'animer autrement que ce que leur permettent leurs articulations), allant jusqu'à respecter une relative non-fluidité dans les mouvements, propre à la stop-motion. A l'instar de la performance capture sur Tintin, je ne peux m'empêcher de penser qu'ils ont trouvé la méthode parfaite pour porter à l'écran cet univers. Animal Logic (Happy Feet) assure les CGI, Chris McKay (Robot Chicken) supervise l'animation. Le meilleur des deux mondes. Et Lord & Miller qui mettent ça en scène avec une énergie de folie. En interview, ils avaient décrit le film en disant que c'était "comme si Michael Bay avait kidnappé Henry Selick pour le forcer à réaliser un film". Y a de ça. Moi je dirai que c'est Toy Story meets South Park, le film réalisé par Edgar Wright.
Ou Bad Toys II en long métrage.

J'ai passé une séance géniale. Le sourire vissé sur le visage comme un Lego, mort de rire devant certaines scènes comme je ne l'avais pas été depuis...21 Jump Street, frustré de ne pas pouvoir partager DANS L'INSTANT certaines des idées géniales que je voyais, et à la fin, face à ce troisième acte relativement inattendu, du moins dans ce que ça raconte, j'avais les larmes aux yeux.

Bref, ce Lego est un bijou.

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Mise de pressiiiiiiiiiion !

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Donc trop hystérique pour M, non ?

Maudit M !

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Netflix les gars, Netflix.

J'aurai tendance à le penser, oui.
Et même si je pense qu'il est possible d'apprécier le film sans comprendre tous les niveaux de lecture, je sais pas si ça parlera à un enfant de moins de 5 ans.
Mais je me trompe peut-être complètement.

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J'ai pas vu le film mais à mon avis il faut au moins avoir 5-6 ans pour l'apprécier vraiment...

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Je suppose que c'est le même Chris Miller que pour Shrek 3. J'avais pas aimé le film, mais il y avait une idée brillante métafilmique quand il refont le film sur une scène de théâtre.

Ouais, je pense aussi. Je confirmerai en testant moi-même. Il va être déçu.

J'ai vu Terminator à 5 ans, et j'ai encore plus kiffé que mes parents. Je pense qu'il est capable de s'éclater devant Lego.

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I think we're gonna need a helmet.

Mais c'est évident. A quatre ans je voyais des James Bond au cinéma. On ne comprend pas tout, on fonctionne par scènes, mais c'est pas grave... Pourquoi ne pas l'emmener directement ? Au pire, ça ne lui plait pas.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Nan mais là il a trois et demi quoi! *chépas hein*

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Au pire il gâche la séance de son père parce qu'il s'ennuie et n'arrête pas de gigoter (c'est ce que je craindrais perso).

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CroqAnimement votre

Je crois même qu'ils comprennent beaucoup plus qu'on ne le croit. Ils fonctionnent à une vitesse bien supérieure à la nôtre.

C'est plus les pauses pipi qui gâchent la séance, hein

Tu lui fous une couche

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