Un groupe d'étrangers désillusionnés abandonne la société moderne en quête d'un nouveau départ. Installés sur une île isolée et inhabitée, leur rêve utopique s'effondre rapidement lorsqu'ils découvrent que la plus grande menace n'est pas le climat rigoureux ou la faune mortelle, mais les uns les autres.Passé au festival de Toronto en 2024, le film aura mis près d'un an à trouver un distributeur américain malgré le pedigree de son réalisateur et le cast féminin avec le vent en poupe (Sydney Sweeney! Ana de Armas! Vanessa Kirby! aux côtés de Jude Law, c'est pourtant pas
Sa majesté des moches!

) et au vu du résultat, c'est compréhensible.
Alors on est loin des gros ratages de Tonton Ron et le film est intéressant dans sa carrière parce qu'il s'agit d'un de ses rares films de "Dark Ron", peut-être même le seul avec
The Missing il y a plus de 20 ans. C'est vraiment l'antithèse d'un film comme
Hillbilly Elegy dont je parlais l'autre jour et qui transformait en récit optimiste l'égoïsme d'un ancien bouseux devenu businessman de droite, c'est un film qui semble n'avoir aucune foi en l'humain. C'est aussi l'antithèse de
Far and Away, autre récit de migration vers un nouveau monde avec lequel ce dernier opus partage la particularité d'être l'un des trois seuls films dont Howard signe lui-même l'histoire (inspirée de faits réels), comme quoi ça lui tenait à cœur.
S'il y a un thème qui se dégage vaguement de sa filmographie, c'est peut-être son intérêt pour les communautés de gens (la maison de retraite de
Cocoon, l'usine de
Gung Ho, la famille de
Parenthood, la caserne de
Backdraft, la rédaction de
The Paper, la NASA dans
Apollo 13, le navire dans
In the Heart of the Sea, le Millenium Falcon dans
Solo, les sauveteurs de
Thirteen Lives) et le cinéaste traite frontalement de la question dans cette histoire de gens précisément incapable de créer une communauté, de vivre en société. C'est assez inattendu de voir Howard porter un regard aussi nihiliste où même les plus innocents s'avèrent manipulateurs, une démonstration de "la survie du plus apte" (le titre original était
Origin of the Species).
Cela étant dit, même si le metteur en scène évite la grossièreté qui caractérisait
Hillbilly Elegy ou la patine académique de certains de ses films, il manque à ce sage réalisateur la qualité nécessaire pour rendre l'intrigue vénéneuse. C'est légèrement poisseux mais tout de même léché. Peut-être aurait-il fallu s'aligner sur la performance exubérante d'Ana de Armas (comme le film le fait par moments, avec son Jude Law qui se présente à poil ou enfile un dentier de métal) plutôt que d'adopter le point de vue de spectatrice un peu victime campée par Sweeney (à l'exception d'un nouvel accouchement difficile pour l'actrice). Quoiqu'il en soit, ça manque de chien. Tout le monde se fait des petits coups de pute et pourtant on se fait chier.
Pas de date annoncée ici mais il semblerait qu'Amazon Prime ait acquis les droits pour plusieurs territoires (dont la France) et qu'ils le sortent le 24 octobre.
Et donc...
