Forum de FilmDeCulte

La NASA doit élaborer une stratégie pour ramener Apollo 13 sur Terre en toute sécurité après que l'engin spatial a subi d'importants dommages internes mettant la vie des trois astronautes à bord en danger.

Les astronautes d'Apollo 13 ont raté la Lune mais Ron Howard, lui, l'a décroché.

Il avait connu le succès, sachant régulièrement donner au public des films populaires saisissant un certain sujet dans l'air du temps, et après une première tentative ratée d'atteindre une autre respectabilité (Horizons lointains), c'est ce film-ci qui le fera pénétrer dans la cour des grands. Et contrairement au film pour lequel il obtiendra la statuette (A Beautiful Mind), celui-ci est top. D'ailleurs, alors que le film était nommé (et méritait de gagner dans cette année de la honte où Casino et Heat n'étaient même pas dans les cinq), il n'était injustement pas cité à l'Oscar du Meilleur Réalisateur (les votants lui ayant préféré Mel Gibson et quatre gars qui ne sont plus en activité : Mike Figgis, Michael Radford, Chris Noonan et Tim Robbins). Il a pourtant gagné le prix de la Directors Guild.

Et parce qu'il y a pas à dire, c'est sacrément solide. Une fois de plus, le mec se met au service d'un excellent scénario, épousant le compte-rendu relativement minutieux de l'écriture, qui ne craint jamais d'étaler son jargon mais prend toujours le soin d'expliquer les enjeux de façon intelligible (par le biais d'une discussion avec un enfant ou avec des téléspectateurs), avec notamment cette scène qui m'avait marqué où les scientifiques de la NASA posent en vrac sur une table tous les objets dont disposent les astronautes dans l'espace et énoncent le problème : littéralement faire entrer un carré dans trou rond en n'utilisant que ce qu'il y a sur la table. Je ne sais pas si la scène s'est déroulée telle quelle dans la réalité et je m'en fous, c'est un exemple parfait de vulgarisation pour le cinéma. C'est tellement communicatif, tellement direct, tellement efficace.

Et c'est aussi une séquence symptomatique de ce que raconte le film en dehors des faits. Sans une vision d'auteur, on aurait pu craindre le film factuel mais c'est une véritable célébration de l'esprit humain. L'écriture adopte un caractère choral, montrant les efforts et inquiétudes du moindre employé, de tel gars qui fait un calcul dans son coin jusqu'aux essais répétés dans le simulateur par l'astronaute recalé, en passant par le médecin trop pragmatique. Ce n'est pas l'histoire d'un échec, c'est l'histoire d'une réussite, ce que cristallise bien la réplique du personnage joué par Ed Harris sur la fin qui répond à un supérieur craignant le pire désastre de la NASA, "I think it's gonna be our finest hour". Il y a cette scène dans le film où, alors que la mission n'intéressait pas les grandes chaînes de télévision, elle devient d'intérêt suite à l'accident, parce qu'il y a soudain du suspense (là où l'alunissage était déjà acquis par deux fois). Et le film existe précisément pour cette raison (c'est pas pour rien qu'il a été fait 23 ans avant un film sur Neil Armstrong). Et le scénario et la mise en scène parviennent à miner la tension inhérente aux situations, rajoutant constamment des nouveaux problèmes, temporisant avec les inévitables aperçus des familles avec des scènes simples et fonctionnelles mais touchantes, avec ces fugaces moments inspirés (quand le couple se regarde à des milliers de kilomètres de distance).

Parce qu'il n'y a pas que l'aventure humaine macro mais également le parcours micro avec le récit d'un homme qui ne vit pas son rêve. J'ai toujours adoré ce superbe détail du pouce cachant la Lune quand Lovell est sur Terre vs. le pouce cachant la Terre quand il est dans l'espace. Une astuce visuelle pour montrer comme l'objectif a changé qui résume bien la réflexion amenée par le film sur la façon dont la vie t'amène à reconsidérer tes rêves et à voir ce qui est important. Et vraiment, t'es trop content à la fin quand ils les repêchent, sans que ce soit du feel-good gratuit alors même que les potards de la célébration US sont poussés à 13.

Aujourd'hui, il y aurait sans doute eu plus de vérisme par moments (genre le son dans l'espace) mais sinon le film n'a pas pris une ride.

Toujours le meilleur Ron Howard.

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Même si j'ai plus vu Backdraft ( une de mes premières vhs) et Willow , tu as certainement raison. Dans mon top 3 assurément. Il faudrait que je le revois.

J'ai découvert Backdraft tardivement et j'avais trouvé ça bien sans plus. Presque tenté de lui redonner une chance.

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Coruscant style.

J'y ai pensé direct.

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Pas la peine, tu as un bon souvenir du film, c'est la définition-même de "bien sans plus".

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Netflix les gars, Netflix.

il y avait vraiment une vibe the things we lost in the fire dans le film.

c'est un beau grand film populaire des années 90. ça dure 2h20. c'est sérieux, bien fait. c'est pour les adultes, mais en vrai c'est vraiment pour tout le monde de 7 à 77 ans. il y a un aspect éducatif, conçu pour être divertissant, sans renier la rigueur. c'est effectivement sur ce modèle-là que les oscars ont prospéré et avaient du sens, ce modèle-là a donc largement disparu, d'où les problèmes des oscars
puis ça raconte aussi ce moment si particulier et extraordinaire de l'histoire humaine, la conquête de l'espace, aboutissement de 150 ans de progrès technologiques insensés, couplé à la soif de toujours plus de l'homme. c'est d'autant plus marquant aujourd'hui, où on est à peu de temps de nouvelles étapes importantes (le retour sur la lune c'est d'ici 2 ans, à priori...!) mais dans un état d'esprit totalement différent, avec une énorme emprise de privé et tout cela préfigure véritablement la privatisation de l'espace. fou, parce que la conquête de l'espace c'était les derniers feux du colonialisme - aller explorer et conquérir les terres d'à côté, ils ont littéralement planté leur drapeau... - et aujourd'hui cette forme là est morte, mais ce sont les marques et la capitalisme qui colonialisent tout et tout le monde.

c'était d'autant plus nostalgisant que je me suis demandé pendant tout le film si ça avait vieilli ou non. non : c'est fondamentalement toujours aussi efficace. cette forme très wikipedia, c'est dans l'absolu celle des biopics actuels. mais oui, parce que ça ne glorifie pas un mec mais est vraiment respectueux de cette aventure profondément collective (coucou first man, donc). et plus superficiellement, il y a cette mise en scène pour laquelle je suis beaucoup moins amène que ff. c'est vraiment le spielberg du pauvre. et la mise en scène c'est poncif-land en permanence, il y a d'un côté une propagation des normes sociales américaines (ce qui correspond aussi au truc du film de faire croire que le souffle de la galaxie toute entière était retenu devant cette histoire alors que non, dans les pays occidentaux c'était dans l'actualité mais point barre) mais vraiment ce movie-verse absolu, où tout est systématiquement mis en scène sans aucune quête de vérité mais uniquement dans la représentation hollywoodienne... j'ai l'impression que ça n'est plus le cas aujourd'hui, c'est profondément passé de mode.

ça reste une histoire puissante, très bien racontée, un formidable divertissement éducatif et tout ce que dit ff est vrai.