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Elisabeth de Raincy, Présidente de la République, a choisi de se retirer de la vie politique. À trois jours du premier tour de l’élection présidentielle, elle apprend qu’un scandale va éclabousser son successeur désigné et donner la victoire au candidat d’extrême-droite.

C'est dingue de voir le chemin parcouru en une quinzaine d'années. En 2006, L'ETAT DE GRACE (avec Anne Consigny en présidente) était un mini-évènement. Aujourd'hui ce film sort dans une semi-indifférence, signe d'un rapport davantage décomplexé à la politique au cinéma. Et tant mieux. Surtout qu'ici, Diastème a mis les petits plats dans les grands avec un sujet fort qu'il a nourri des conseils de Davet et Lhomme, consultants au scénario.

J'étais donc prêt à adorer. Mais comme sur UN FRANCAIS, autre film dont le sujet m'excitait grave, je n'ai pas été convaincu.

Le pitch est fort, construit autour d'un dilemme moral tendu (faire assassiner un rival politique ?). Malheureusement, c'est le traitement ô combien français qui me désespère. Assumant de son propre aveu le classicisme, Diastème propose une mise en scène souvent hiératique et figée: champ contrechamps interminables, personnages plantés comme des piquets, longs plans de Léa Drucker qui regarde à travers la vitre du château les yeux dans le lointain. C'est de la politique donc c'est sérieux, c'est posé, c'est la fin de règne donc forcément la lumière est crépusculaire... Tous ces reproches sont en réalité des parti-pris que Diastème assume en interview, mais pour ma part je trouve ça scolaire et plat.

Dans le jeu, il a de bons acteurs (Drucker, Podalydès...) mais il leur donne des répliques sur-écrites, avec des négations bien prononcés, des tournures littéraires. Aucun naturalisme dans la plupart des échanges. Quand tu vois les photos certes un peu poussées dans la mise en scène mais néanmoins réelles de Macron qui bosse en sweat, ou bien qui éructe sur le "pognon de dingue" qu'on dépense sans pouvoir aider les gens, tu vois bien que travailler à l'Elysée c'est pas juste être droit comme un i en se vouvoyant dans une lumière Gordon Willis. Encore une fois tout ceci est assumé: Diastème parle de théâtre elizabethain, etc, et c'est son droit. Mais c'est mon droit de trouver qu'il flingue son film.

Et comme souvent avec les films d'auteur français, comme pour compenser une certaine sagesse scolaire, quand on veut que ça déborde on en fait soudain trop: Là encore c'est un choix de Diastème (il évoque en interview LA BELLE ET LA BÊTE de Cocteau) mais purée...

Et puis pour un film qui se veut autant en prise avec les menaces du monde réel (d'ailleurs le film témoigne d'une panique très "ancien monde" sur les périls de l'extrême-droite - je suis pas du genre comme vous à minimiser ses dangers mais bon là ils vont un peu loin...) je trouve le film pas suffisamment réaliste. Il y a une scène où le candidat facho est convoqué à l'Elysée et Drucker l'amène jusque dans un bunker au sous-sol (qui s'ouvre avec une empreinte de paume - roulements d'yeux...) et lui demande "Vous savez ce qu'est cette pièce ?". Moi dans la salle je suis en mode "Bah oui, c'est le PC Jupiter". Et le candidat, par ailleurs député de la république, répond "Non." Le mec dit non ! Il connait pas l'existence du PC Jupiter ! Tout ça pour que Drucker puisse expliquer au spectateur ce que c'est. Honteux.

Idem plus tard lorsqu'un plan est échafaudé pour éventuellement repousser l'élection. Podalydès dit que Drucker restera en place trois ou six mois de plus en attendant le prochain scrutin. Mais en réalité ce serait pas... le président du Sénat qui assurerait l'interim ? Sincèrement ça m'a l'air d'être une grosse erreur de documentation, indigne de ce genre de film.

Bref, pas convaincu par ce projet séduisant sur le papier mais à l'exécution compassée, théorique, manquant selon moi de vie. Dommage...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

La référence pas chère payée au théâtre élisabéthain.



Le mec nous dit qu'il est fan de Ben Jonson et de Christopher Marlowe et donc il a appelé son héroïne Élisabeth ? Sérieusement ? Comment le croire.

Perso, je sais pas ce qu'est le PC Jupiter.

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Le dialogue aurait dû être: "Vous savez ce que c'est ?" "La salle de commandement des forces armées ? Bien sûr" "Hé bien..." (suite du dialogue)

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

C'est comme le coup du trou de ver expliqué par Romily à Cooper dans Interstellar, ce genre de concession ne me dérange pas.

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Et à l'écran, ça passe chez Diastème, même si je suis pas totalement convaincu par cette scène. La raison est un peu forcée effectivement pour faire venir le politicard d'extrême droite à l'Elysée, quand on connait les risques si la presse l'apprend, mais la vision de l'extrême et de ses méthodes y sont décrites de manière pertinente.

Je ne suis pas totalement convaincu par le film mais il est au final assez intéressant dans la vision qu'il donne de la politique et des couloirs de l'Elysée. Très bonne idée de se focaliser sur le côté personnel de ces acteurs du pouvoir, voir comment ce dernier est un poids pour leur vie et toute l'atmosphère mortifère tissée par Diastème est une réussite. Il faut voir Léa Drucker se balader comme un fantôme dans un palais présidentiel qui a des allures de fin de règne. Il y a plusieurs trucs assez bien sentis (la petite phrase sur les russes) ici et là comme les descriptions des politiques de tous bords. Après le film est assez inégal. Ce qui partage, c'est son dispositif théâtral qui ressemble à un enchainement de duels dialogués. J'ai vu que certains journalistes n'y adhéraient pas, d'autres que c'était la grosse réussite du film. Je suis plutôt de la seconde école.

C'est effectivement dans ces moments, qui représentent la moitié du film, qu'on saissit le mieux les enjeux du combat politique qui se trame sous nos yeux. Ces scènes sont aussi le moteur de l'action du film. Là où on échange sur le différentes options à prendre et où les (non) décisions sont prises. Dans ces moments, le film devient un peu un "Vis ma vie de président" crépusculaire et Léa Drucker, très convaincante dans le rôle de la politique qui perd pied, en est la très bonne incarnation. Et puis surtout on y croit et on y adhère car le travail documentaire réalisé en préparation du film rend le tout crédible.

3-4/6

Non. C'est une solution envisagée parmi plusieurs autres. Je te corrige car certains pourraient croire que c'est le coeur du film, alors que pas du tout.


Le parti pris du dispositif théâtral qui partage beaucoup quand tu vois les critiques. Je vois que tu n'y a pas adhéré. Et dans ce partti pris, j'aime beaucoup ce que proposent Biolay et Podalydès.



Il faudrait vérifier, pas réussi à trouver la réponse sur internet, mais ça me choque pas et je fais confiance à Davet et Lhomme sur ce point. Après il y a quelques détails effectivement, comme celui que j'ai souligné de faire venir le facho à l'Elysée, qui font un peu tiquer mais globalement j'adhère au travail documentaire du film.

C'est justement un des problèmes: la solution la plus hardcore est celle proposée dès le début. Du coup le film n'a nulle part où aller si ce n'est vers le bas, il se dégonfle. On arguera que c'est pour déplacer les enjeux ailleurs, sur l'intime, etc., mais d'un simple point de vue dramaturgique, c'est cruel.Le facho n'est-il pas tout simplement convoqué pour être tenu au courant de la situation suite à l'attentat ? Comme ça arrive parfois.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Je suis plus sur la deuxième option car je considère l'arrivée du candidat d'exteme droite à l'Elysée comme un pur McGuffin. D'ailleurs, il m'a fait penser physiquement à JF Poisson. Ca m'a fait sourire dans la salle.

Non. C'est pas très clair à l'écran. Moi je prends ça sur le fait que le personnage de Drucker est aux fraises à ce moment mais c'est clairement pas le meilleur moment du film.