Forum de FilmDeCulte

Au lendemain du suicide de son mari, Harper se retire seule dans la belle campagne anglaise, espérant y avoir trouvé un endroit pour guérir. Cependant, quelqu'un ou quelque chose dans les bois environnants semble la traquer.


J'ai une sympathie pour Alex Garland. Je n'ai jamais été à fond sur ses films mais il y a toujours quelque chose qui m'accroche dans son cinéma. Même si au final je trouve le résultat inégal et ne peux m'empêcher d'être un peu déçu. Et bien Men c'est tout pareil. La première partie est top. Garland arrive à instaurer une atmosphère bien flippante et fait monter la tension de manière habile. Formellement, il y a de jolies images qui accrochent la rétine et le cinéaste est bien aidé par son castingé. On est intrigué et on se demande où tout ça va nous mener. Bref, la mise en place, avant la révélation de ce qui se trame, est soignée et laisse augurer plein de promesses excitantes pour la dernière partie.

Mais cette dernière partie est terriblement frustrante. Il y a bien quinze minutes délirantes de body horror que n'auraient pas renié le grand Cronenberg himself. Tout un truc badass sur une main coupée en 2 et une scène d'accouchement qui vaut le détour. Mais le problème est que ces délires tournent à vide car le cinéaste se prend les pieds dans le tapis avec une métaphore grossière et confuse sur la masculinité toxique. C'est dommage car le film a ses bons moments mais se loupe totalement dans son propos féministe.

3/6

C'est quand même un beau film, Garland s'est entouré d'une équipe solide au fil des années : les couleurs et les détails de la photographie - ces captations des verts, la profondeur de champ des plans ; cette bande-son extrêmement minutieuse - tant du point de vue de la musique que de la restitution des sons, y'a un gros travail de sound design; et à part quelques mollesses dans les transitions (quand on voit l'homme nu dans une alcôve et quelques plans sur la sculpture dans l'église) le montage est impeccable. Tout ça on le trouve que chez Alex Garland, il a sa propre manière de faire un film, attentive aux détails, dans une lenteur et une douceur nonchalantes à la fois, plutôt rare dans le paysage contemporain.

Cette ambiance qui bifurque dans la douce campagne anglaise avec les réminiscences du suicide du mari c'est le point fort de ce film. La scène dans le tunnel avec l'écho du chant d'Harper est quand même un petit bijou de cinéma. Et les jeux tant de Jessie Buckley que de Rory Kinnear sont à saluer.

Sur l'interprétation de la série d'accouchements finale, perso j'aurais bien du mal à m'avancer.

Après ok, même si y'a plein de petites choses qui font pétiller les mirettes et les cages à miel dans ce film, on est pas au niveau d'Annihilation, ni même de sa mini-série Devs que j'avais trouvé particulièrement réussie.

Garland c'est un peu une boursoufflure prétentieuse, c'est marrant parce que c'est un peu la même chose qu'avec Danny Boyle. Des mecs très "poudre aux yeux" qui n'ont pas grand chose à raconter.

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CroqAnimement votre

Dire que Boyle n'a pas grand chose à raconter, craquage.

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En fait je sais pas s'il a quelque chose à raconter mais c'est un peu le même cinéma clinquant et le plus souvent très moyen.

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CroqAnimement votre

À part le chef-d'oeuvre Steve Jobs, je trouve justement qu'il a fait ses deux meilleurs films avec Garland (28 jours plus tard et Sunshine).

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Les descendants d'Alan Parker

Pas faux en effet. Mais globalement je suis très rarement convaincu par Boyle et Garland réal, je trouve ça prétentieux et vide (pas vu Men).

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CroqAnimement votre

Oui, Garland, je trouve ça moins bon à chaque fois, ses réals comprises.
Ça commence fort avec 28 jours plus tard, Sunshine est surtout porté par sa réa mais a déjà des soucis d'écriture, Never Let Me Go était pas mal mais un peu basique, Dredd c'est très moyen et Ex Machina et Annihilation pas aboutis.

Je reste curieux de Men.

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J'avais commencé sa série Devs et arrêté au milieu, même SF un peu clinique, sophistiqué pour au final raconter quelque chose de très banal. Finalement j'aime mieux quand il écrit, j'aime bien Dredd et j'adore Never Let Me Go.

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CroqAnimement votre

Ah oui j'avais oublié Devs que j'ai trouvé justement plus abouti que ses films.

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Là, il a vraiment un truc à raconter mais il le fait mal. On a d'un côté un beau film d'horreur réussi et de l'autre une métaphore lourdingue sur la masculinité toxique. Le problème, c'est que l'hybridation ne prends jamais.


C'est ça qui me frustre terriblement. Tu as vraiment d'excellentes idées dans le film : la scène du tunnel que tu cites, le body horror, la montée de la tension et de l'étrangeté dans la première partie... c'est du haut niveau mais tout ça au service d'un fonds féministe assenée de manière lourdingue et avec la grâce d'un éléphant.

Tente. Cf mon message du dessus, c'est le film vraiment inégal mais qui reste intéressant avec de très belles choses à picorer. Je ne regrette pas du tout ma séance même si déçu.

Tu vois, c'est à l'image du film. Cette scène est formellement magnifique (l'image du ciel avant), tu sens que ces accouchements sont le symbole d'une métaphore que veut nous faire passer Garland, mais à l'écran c'est juste confus. Au mieux c'est incompréhensible, au pire c'est fumeux.

Le problème du film n'est pas tant son fond féministe - montrer ce qu'une femme peut subir au quotidien dans une société patriarcale de violences psychologiques et physiques, entourée d'une masculinité toxique, ceci il le fait bien. Il faiblit plutôt par sa lourdeur symbolique, dans ce qui a trait à la religion chrétienne, et dans son imagerie inspirée des mythes gréco-latins.

Men cite Leda and the swan de Yeats, et effectivement dans les mythes grecs (la Grèce antique à forte tendance patrilinéaire) Zeus féconde les déesses et toutes les femmes par la ruse et de force (ce sont des viols quoi) : se changeant en cygne pour Léda, en taureau blanc pour Europe, etc. Ce sont des mythes qui nourrissent l'art européen pendant des siècles, tant les poèmes que peintures, sculptures, etc. Ce film se voudrait à interprétation ouverte mais ouais c'est quand même lourdingue dans cette dimension au final...

Assez d'accord avec Abyssin et Cyniquotron..

La première heure, disons, est assez superbe. Déjà, esthétiquement, c'est canon, notamment par sa gestion des couleurs.
Une très belle mise en place qui laisse très doucement distiller l'étrangeté, l'angoisse... La scène du tunnel c'est vraiment réussi. L'idée du même acteur pour tous les rôles masculins, ça fonctionne super bien (à l'exception du personnage de Samuel, pas vraiment réussi).
Le dernier tiers bascule donc dans un body horror show assez dingue, qui marque bien la rétine mais pas vraiment l'esprit car le film a déjà basculé dans la lourdeur métaphorique un peu nawak, et donc plus le film se fait show-off, moins il fonctionne sur ce qu'il tente de raconter, et le film m'a perdu - et j'en suis donc sorti un peu déçu.
Déçu mais avec plein d'images en têtes, on ne peut nier la classe de l'ensemble, les deux acteurs parfaits (Rory Kinnear est génial et je découvre Jessie Buckley).
Bref, malgré d'évidentes qualités, pas hyper convaincu..

3+/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

J'ai trouvé ça faussement beau esthétiquement, les couleurs sont jolies ouais, mais ça fait pas un film. Le cadre raconte rien, on dirait une série Netflix mixée avec une pub random bien léchée. Le film ne dégage rien de ce qu'il veut raconter, c'est poseur, c'est longuet à chaque moment. Dans ma salle des gens riaient, je ne comprendrai jamais pourquoi. Et évidemment, le surtexte de son film réussit à être au mieux complètement balourd, au pire complètement confus.

Allez, le monstre à la fin est cool.

Mais ça vaut pas le coup de le voir pour autant. On dirait du mauvais Yuzna repris par un pubard coké.

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