Professeur de philosophie et de psychologie, Gary Johnson aide également la police en se faisant passer pour un tueur à gages afin d'arrêter ceux qui font appel à ses services. À partir d'un postulat incroyable, inspiré d'une improbable histoire vraie, Richard Linklater signe l'un de ses rares films à ne pas s'inscrire dans la chronique...et sans doute l'un de ses meilleurs. Auréolé d'une réputation flatteuse depuis son passage à Venise et Sundance,
Hit Man tranche effectivement avec les autres films du cinéaste. Pour ma part, je goûte peu au cinéma néanmoins tout à fait sympathique de l'auteur car je trouve sa façon de capturer la banalité juste mais somme toute inconséquente. Ici, il a su me séduire avec un film aussi simple et léger en apparence que ses autres œuvres mais plus ambitieuse dans l'écriture et incarnée dans le fond.
Bien qu'il s'agisse en grande partie d'une comédie, l'exercice marie habilement les genres, empruntant tour à tour à la
romcom mais également au film noir, le tout dans une arène policière, pour mieux en revisiter les codes et relire les scènes éculées avec fraîcheur mais surtout afin de développer un propos sur le fantasme.
Le moins vous en saurez, le mieux ce sera donc vous pouvez arrêter de lire maintenant, même si le scénario ne joue pas sur des retournements renversants.
Le film opère une déconstruction de la figure du tueur à gages, un mythe qui n'existerait pas en réalité, largement informé par la culture populaire, et s'en sert dans un premier temps pour la comédie, donnant l'opportunité à Glen Powell - qui co-écrit - de s'en donner à cœur joie dans une performance protéiforme réjouissante. Linklater le castait déjà à 18 ans dans
Fast Food Nation et surtout dans
Everybody Wants Some!! (+ un petit rôle dans
Apollo 10 1⁄2) mais son charisme de future star a surtout explosé dans
Top Gun Maverick et 2024 est clairement son année entre la comédie romantique
Tout sauf toi, ce
Hit Man et bientôt la suite de
Twister. Il va tout niquer dans des genres différents mais c'est probablement ici qu'il trouve son rôle le plus intéressant, réussissant à être convaincant en
nerd avant de renouer avec ce qu'il sait faire le mieux, incarnant ainsi la thématique du film sur l'identité et les rôles que l'on joue.
En un sens, ce que raconte le film m'a rappelé (en mille fois plus léger)
Gone Girl et cette idée que l'on doit jouer un rôle pour celle qu'on aime
mais c'est un regard plus large sur les normes sociales et la volonté de pouvoir, le récit étant en quelque sorte celui d'un
übermensch (
Fight Club!). Le titre du film ne rappelle peut-être pas par hasard le genre du super-héros dont on reconnaît quelques tropes comme l'identité secrète et l'alter ego créé pour faire régner la justice et l'inévitable confusion qui s'ensuit.
Alors ça passe parfois par des leçons didactiques du professeur devant sa classe mais ça se joue aussi tout au long du film dans la progression de l'intrigue et Linklater sait garder ça enlevé, conservant de ses chroniques cette écriture juste et amusante dans la peinture du couple.
C'est un vrai
crowd-pleaser et on a la chance que chez nous ça sort en salles et non sur Netflix (qui l'a acquis pour les States et d'autres territoires).