Forum de FilmDeCulte

Projection ce matin, en copie bien ravagée par le temps, du peu connu (mais sorti en Zone 1 je crois) deuxième film de Schroeder, dont les seules bribes de réputation les plus tenaces tiennent à la b-o, composée par Pink Floyd.

Eh bien disons que c'est un peu le contrepoint, d'inspiration très free cinema, l'antithèse scénaristique, aux films de cannibales à l'italienne. Une bourgeoise, femme de diplomate persuadée, du fait de sa fortune, que le monde lui appartient, jouée par une Bulle Ogier divine et très sensuelle, se rend régulièrement en Nouvelle-Guinée pour y acquérir des plumes rares qu'elle revend à prix d'or à Paris. Elle fait la connaissance de baroudeurs hippies qui sont sur le point de partir pour une destination fantasmatique : une Vallée tellement mystérieuse qu'elle ne figure pas sur les cartes, ou plutôt si : mais sous forme de tache blanche. Elle est vite fascinée par ce monde qui lui est parfaitement étranger et, au prétexte de ramener des plumes rarissimes, elle s'embarque dans l'aventure à leurs côtés, découvrant l'amour libre et les peuplades natives.

Voilà et donc, si le réalisateur était italien, lesdites peuplades n'auraient sûrement rien contre un peu de viande fraîche. Mais ici, c'est l'inverse, et le meilleur du film est selon moi dans ces séquences qui basculent franchement dans le documentaire ethnographique (au point qu'est gardée au montage une scène où un chef de tribu crie son souhait que "le film soit emmené de par le monde"). À la fois belles et crues, sans jamais tomber dans l'angélisme (l'occasion d'une pertinente réflexion sur le "tourisme ethnographique", dialogue le mieux écrit d'un film pas toujours très fin à ce niveau-là), ces scènes justifient à elles seules la vision du film.

Le reste est heu... moins réussi, disons.
Tourné à l'arrache, en son direct hasardeux, avec une grosse part d'improvisation très inégale (les palettes de jeu vont du très drôle au consternant), La Vallée a d'une part très mal vieilli (les réflexions sur l'amour libre volent souvent au ras des pâquerettes) et d'autre part trahit constamment à quel point il est filmé n'importe comment.

Nécessité donc d'être régulièrement tolérant avec la mise en scène pour goûter à plein le film, qui avec l'âge a surtout pris disons une valeur sociologique (en sortant j'essayais de me projeter dans la société de l'époque, qui pouvait accueillir de tels films).

Jolie fin, sinon, qui j'imagine différente de ce qui était prévue par le scénario, qui laisse le doute sur l'issue des personnages (la tristesse du paysage final, réhaussé comme possible par un rayon de soleil artificiel... sont-ils morts?).

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trouvé quelques photos, tiens :



les fameuses plumes



quand je dis filmé n'importe comment, je pense notamment à ce plan, qui est un plan-séquence dont je comprends l'idée (l'avion décolle et réatterrit), mais qui dans l'éxécution est assez risible tant il est prévisible et surjoué par les gens restés au sol.



séquence assez drôle où Bulle Ogier, qui vient de boire une mixture indigène qui la fait planer très haut, se met à parler aux arbres, à se frotter dessus, puis fait ami-ami avec un serpent (sic)

Terremère kifferait.



une des séquences documentaires.



le fameux faux rayon de soleil, qui disparaît juste avant le fondu final, l'air de rien.

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j'avais trouvé ça quasi-irrégardable. More est nettement mieux.

je pense que si ça n'avait pas été en salle, je ne serais pas allé jusqu'au bout. Mais c'est la même chose pour La Montagne du Dieu cannibale, hein, si je le vois seul j'arrête au bout de dix minutes. Là, y'avait une espèce de communion dans le rire, dans la salle. Et puis le dernier acte, à partir du moment où on est dans le documentaire, et puis la fin en sous-Jodorowsky, permet au film de sortir du nanar.

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