Festival d'Avignon
Stiefers Dinge
Heiner Goebbels
Projet assez fantastique scéniquement parlant car c'est un spectacle sans acteurs entièrement contrôlé par des techniciens qui remplissent la scène d'eau et actionnent une embardée de pianos couvrant progressivement la voix d'un grand aventurier solitaire, jusqu'à devenir incontrôlables et transformer l'installation en étang radiocatif fumeux. Une sorte de grand opera zen (le mix entre le piano et la pluie qui tembe lentement en cliquetant au contact de l'eau est un moment de pure grâce), un pari aussi insensé qu'inouï et réussi.
5/6
Ordet
Arthur Nauzyciel
C'est un des potes de mon ex coloc dont j'avais adoré le Black battles with dogs de Koltès il y a deux ans. Il revient en Avignon en s'attaquant au film étendard de Dreyer avec Pascal Greggory (dans le rôle d'un grand père de 75 ans, d'ailleurs comme disait la langue de vipère derrière moi putain il en a pris un coup). C'est pas trop l'écriture de Darrieusecq qui fait tâche (même si ces dialogues sont parfois assez redondants) mais cette pièce de quasi trois heures ne marche surtout qu'à la toute fin
, où un cynisme absolu sur l'omniprésence du religieux explose enfin. Dans la catégorie on ne sait jamais comment ils s'appellent mais ils sont géniaux, Jean-Marie Winling (le père dans les chansons d'amour, aussi vu dans Cyrano) est un redoutable voleur de scène, et Xavier Gallais dans son rôle de fiston réincarné du Christ confirme son talent pour les rôles de grands malades.
4/6
Airport kids
Stefan Kaegi, Lola Arias
Dans une zone de transit dans un aéroport, des gamins de 7 à 14 ans de toute origine se racontent, leurs espoirs, leur futur, leur manière à eux d'être transbahutés un peu partout et de devoir se forger une identité dans tout ça. Le doublon Kaegi/Arias dont j'avais déjà vu une pièce autour de retraités passionnés de maquettes de train qui voyagaient dans la 4eme dimension confirme qu'ils sont les créteurs les plus barrés et attachants du moment. Les gamins sont incroyables de naturel, c'est totalement déjanté, lucide et poétique, j'en parle très mal mais ça tue.
Un Kaegi/Arias, Cargo Sofia/Antipolis, qui est un spectacle itinérant, est au programme de Paris Quartier d'été, ça ne se manque pas si vous aimez les spectacles vivants et être surpris.
5/6
Wolfskers
Guy Cassiers
Un metteur en scène qui avait triomphé l'année dernière à la même place avec Mefisto for ever, qui sera repris à la rentrée au théâtre de la ville ainsi que ses deux nouvelles créations actuellement jouées à Avignon. S'inspirant de la trilogie des dictateurs de Sokourov, Cassiers coupe la scène en trois et met en scène Hitler, Lénine et Hirohito. Tous les autres acteurs forment une sorte de foule courtisans qui vogue dans les trois époques. Le dispositif vidéo est assez macabre mais très fidèle à Sokourov, donc assez austère... ça se laisse suivre avec un ennui poli.
2/6
Inferno
Romeo Castellucci
Chorégraphe italien qui s'attaque à la divine comédie de Dante en prenant à bras le corps le lie dont il dispose, ni plus ni moins que la cour d'honneur du Palais des Papes. Une succession de moments assez inégaux mais incroyablement spectaculaire et saisissant, entre une attaque de chiens de garde, un cascadeur qui escalade lka cour dhonneur à moitié nu, une foule invraisemblable de figurants qui s'entredéchirent dans la chair et le sang, un cheval blanc d'une splendeur inégalé, un grand drap noir menaçant qui s'agite face à des enfants enfermés dans un cube (moment incroyable), un public qui finira bâché pendant dix minutes sous un drap noir, des télés qui se crashent tandis qu'Andy Warhol sort d'une voiture calcinée. C'est assez indéfinissable et très inégal, ça passera sans doute mal en télé mais c'est le choix d'Arte pour sa rituelle captation d'Avignon qui passera samedi prochain vers 22h en direct.
4/6
Bon c'est tout ça est écrit un peu à la va-vite parce que je suis bien décalqué donc ça veut sans doute rien dire. J'y retourne le week end prochain sinon