C'EST PARTI
Après mai d’Olivier Assayas - Mubi Film "de jeunesse" d'Olivier Assayas sur la France (ou plutôt le monde) post-mai 68. Bon, c'est joliment fait, la musique est belle, la photo d'Eric Gautier donne envie d'encadrer l'écran... mais le propos désenchanté sur une jeunesse dorée qui se croyait révolutionnaire ne me touche que moyennement. Les dialogues sont sur-écrits, les acteurs inégaux (seul le couple principal fonctionne à l'écran), ce n'est jamais mauvais, juste inconséquent et décevant de la part d'Assayas. 3/6
Seules les bêtes de Dominik Moll - Universciné Bon, je l'ai vu aussi pour le travail, si jamais je dois interviewer prochainement Nadia Tereszkiewicz (future César du meilleur espoir féminin). J'ai été surpris. Après une première heure un peu sur des rails, avec des acteurs que j'aime bien, le film décolle et j'ai trouvé le scénario bien ficelé, offrant aux différents personnages une part d'ombre et de lumière. Le dénouement est un peu forcé mais avec un stradivarius comme Denis Ménochet, on accepte le comportement pas toujours logique du personnage. Cela m'a donné envie de voir La Nuit du 12. 4/6
Amants de Nicole Garcia J’ai rien contre le cinéma de Nicole Garcia, par principe, mais il faut bien reconnaitre que je n’aime aucun de ses films. C’est du cinéma psychologique sérieux comme un pape, pas très crédible dans ses directions narratives, avec des acteurs qui serrent les dents. Bon… Dans Amants, je sauve Benoit Magimel (c’est pour lui que je voulais voir le film car j’aime de plus en plus), surtout que son personnage de mari bafoué est le plus intéressant. Pierre Niney joue un perso totalement improbable et Stacy Martin n’a pas grand chose à défendre… 2/6
Downsizing d'Alexander Payne Curieux film d'Alexander Payne, que l'on a connu beaucoup plus inspiré. L'installation de l'univers est intrigant, le concept de la réduction plutôt bien expliqué mais il faut ensuite se taper un looooong ventre mou, avant que le film regagne un peu d'intérêt dans son dernier tiers, grâce à l'histoire d'amour un peu forcé mais surtout pour son côté Problemos... Mais bon, 2h15 tout de même, le film serait apparu directement sur Netflix que j'aurais encore disserté sur l'absence d'un producteur plus exigeant... Matt Damon ne tient pas ici le plus grand rôle de sa carrière mais les seconds rôles sont assurés par Christoph Waltz et Udo Krier, donc ça donne un peu de charme européen à l'ensemble. Dispensable. 3/6
Vox Lux de Brady Corbet - Universciné Oh la baudruche.... il y a du talent qui a bossé sur le film pourtant : Sia à la musique, Millepied aux chorégraphie, Natalie Portman, Jude Law et Stacy Martin dans la distribution... mais après une première heure intrigante façon De Beaux Lendemains, le film se prend les pieds dans le tapis dans une deuxième partie démonstrative en diable (enfin en pacte avec le diable), avec un final WTF interminable. Sa présence en compétition à Venise est une énigme (bon, ok, le cast explique en partie cela). 2/6
Leopardi : Il giovane favoloso de Mario Martone - Universciné Un biopic consacré au poète italien Leopardi par Mario Martone. En fait, j'avais pris le film dans mes filets en préparation de Cannes - Martone présentait Nostalgia sur la Croisette. Plutôt séduit par le destin tragique de Leopardi, déjà pour la performance d'Elio Germano dans le rôle titre, et aussi pour la beauté de l'Italie - magnifiée par le chef opération Renato Berta. Dommage que ce soit trop long, un peu confus aussi dans la deuxième partie (le héros dit d'ailleurs qu'il en a marre des déménagements...), mais le film a ses élégances. 4/6
L’Etat des choses de Wim Wenders Je ne l'avais jamais vu... C'est intéressant comme le film a déjà en lui les errements de la filmo de Wenders à venir tout en étant cohérent et fascinant. La partie au Portugal est magnifique (la photo d'Alekan est dingue), érudite sans être pompeuse, érotique et mystérieuse... J'aime moins la partie américaine plus quelconque et qui tire à la ligne mais ça reste stimulant en diable... J'ai presque envie de le revoir en mode aquarium tant la mise en scène m'a séduit. 5/6
L’Apiculteur de Théo Angelopoulos Un film de Theo Angelopoulos que je n'avais jamais vu - j'ai des lacunes. Un peu déçu. On retrouve la poésie du Grec, son sens de la mise en scène, sa profonde mélancolie (un peu appuyée ici, tout de même), mais le personnage féminin est si archétypal (et si année 80, balek le consentement) que j'ai eu du mal à éprouver de l'empathie pour ce couple si mal assorti. Bien sûr, Marcello Mastrioanni est sublime. 3/6
Maborosi de Hirokazu Kore-Eda Quel beau premier film, d’une assurance rare, qui convoque le cinéma d’Ozu - les cadrages dans les cadre, j’adore ça - et quelque chose de plus contemporain, qui rappelle les films du regretté Aoyama. L’intrigue est minimaliste (je ne la dévoile pas ici pour vous laisser la surprise) et permet à Kore-Eda de développer sans verbaliser la psychologie de son héroïne, en filmant son impossible intégration dans une communauté villageoise, dans un nouveau foyer… J’écris assez mal dessus, mais c’est vraiment très beau, très touchant et d’une très grande maitrise. 5/6
Kung-fu Master d’Agnès Varda Tout petit film d'Agnès Varda, par son ambition, ses ressorts psychologiques... C'est mignon, charmant, mais ça effleure tellement son sujet que ça reste assez inconséquent. Le dernier tiers est le meilleur (il faut dire que le début est totalement anodin). 2/6
Light Sleeper de Paul Schrader Un Paul Schrader du milieu de carrière, à la fois redite de Taxi Driver, pas aussi puissant que les Abel Ferrara de l'époque mais avec un super rôle pour Willem Dafoe, une improbable bande son eighties et une vraie atmosphère. Content de l'avoir revu (et pour le coup je me souvenais bien de Marianne). 4/6
Koyaaniqatsi de Godfrey Reggio Je l'avais vu sur une vhs pourrie, j'avais été envouté par la musique mais je lui préférais Baraka et Samsara de Fricke, malgré des réserves disons éthiques sur certains raccords... Le sot. J'ai trouvé ça extraordinaire, incroyablement visionnaire (tout 2022 est dans ce film de 2002), avec des idées de montage fabuleuses, une puissance de l'abstraction et bien sûr la musique de Philip Glass. J'ai toujours aimé le cinéma non-verbal, de Voyage of Time de Malick aux docs de Geyrhalter mais ce Koyaanisqatsi me semble encore plus définitif. Le film peut être "loué" en vod sur iTunes. 6/6
Careful de Guy Maddin - LaCinetek Troisième film de Guy Maddin que je découvre et heureusement, je n'ai pas commencé par celui-ci. Si on retrouve son gout des expérimentations et un univers hyper original, le récit ne m'a guère passionné et je suis resté à quai, seulement impressionné par séquence (le duel notamment). 3/6
Yella de Christian Petzold Thriller de Christian Petzold avec Nina Hoss, parfaite en femme perdue dans la jungle du capitalisme. Pas tout compris du contexte mais Petzold était déjà fortiche pour créer une ambiance semi-fantastique. 3/6
Le Château de Michael Haneke Adaptation de Kafka par Haneke. La mise en place est brillante. Dès le premier quart d'heure, j'étais happé par le sort du géomètre, impressionné par le dispositif. Mais comme souvent avec Haneke, réalisateur dont j'admire le travail plus qu'il ne me touche, la répétition des situations et de certains effets (le fondu au noir brutal, la voix-off qui lit le texte) ne m'a permis d'être très ému par la trajectoire de l'anti-héros, après ce n'est pas ce que recherche le cinéaste, qui veut nous plonger dans un état de sidération. 4/6
Le Décaméron de Pier Paolo Pasolini Quel film unique. A la fois baroque, érotique, mal branlé, poétique… Je crois que je l’avais vu adolescent (je me souvenais du sketch de la jarre hum), mais le revoir en salle, adulte, m’a stupéfait par son audace de ton - le film avait d’ailleurs cartonné. C’est tellement WTF, les gueules, les dialogues, les situations, l’absence de morale, la dimension picaresque… Alors c’est furieusement inégal (sur les huit sketches, tu en as des gratinés) mais ça m’a redonné le sourire. 4/6
Uppercase Print de Radu Jude J'aime beaucoup le cinéma de Radu Jude, sa capacité à trouver la forme adaptée à ce qu'il veut raconter de la société roumaine. Uppercase Print et Bad Luck... se répondent, surtout que les faits reprochés à l'ado sont de banales inscriptions sur un mur bien réel - aujourd'hui ce serait le mur virtuel de nos réseaux sociaux. Ce que montre Uppercase Print c'est la lâcheté ordinaire devant la dictature, comment elle lave le cerveau des concitoyens avec des rassemblements qui donnent l'illusion de la normalité et surtout comment les gens s'accommodent de cette perte de liberté. La forme est radicale - des acteurs rejouent les faits en lisant les rapports de la police secrète, le tout entrecoupé d'images d'archives. Le film est dispo sur Mubi pour deux jours encore. 4/6
The Millon Dollar Hotel de Wim Wenders Je poursuis ma rétro Wenders (enfin dans le cadre de mes auto-festivals), avec de Million Dollar Hotel, récompensé à Berlin en 2000 (les vendus). Bon, le film possède un certain charme, grâce à la mise en scène de Wenders, les acteurs, mais aussi ses longueurs (toute la partie sur les tableaux au goudron...), je suis sûr qu'un film d'1h30 aurait suffi pour raconter la solitude des freaks. Il a fait pire, il a fait mieux. 3/6
Touch me Not d’Adina Pintillé L'Ours d'or du scandale, premier film d'une réalisatrice roumaine Adina Pintilie sur la sexualité notamment féminine mais pas que. Le dispositif est presque une caricature du cinéma contemporain avec son jeu entre la fiction et le documentaire, son Je clamé en voix-off et son sound design répétitif. J'avoue : j'ai failli arrêter les frais après la première heure tant l'exercice me mettait à la fois mal à l'aise (l'actrice principale me crispe un max) et me paraissait surtout extrêmement vain. J'ai finalement tenu jusqu'au bout, car le rejet (ou le malaise) que le film provoquait en moi n'est pas "inintéressant" et au coeur du projet. Mais bon, c'est trop long et répétitif, la réalisatrice aurait dû choisir entre ses différents personnages et surtout s'effacer. L'Ours d'or me parait bcp trop gros pour elle (premier film en plus), j'ai peur qu'elle aille encore plus loin dans le film-défi. 2/6
Shelley d’Ali Abbasi Révision cannoise avec ce premier film d'Ali Abbasi qui mêle Antéchrist pour l'ambiance maison isolée au fond de la forêt danoise et Rosemary's Baby pour le côté bébé maléfique. Sauf que c'est filmé selon les standards post-modernes actuels : rythme atone, sound-design envahissant, psychologie à peine explorée. Le personnage d'Elena est le plus intéressant mais le film ne sait pas vraiment quoi en faire... Bref, très décevant et pas du tout annonciateur de l'originalité de Border. 2/6
A Swedish Love Story de Roy Andersson Très beau premier film de Roy Andersson, dans un style très différent des suivants, avec des scènes magnifiques (le flipper, la mobylette) et cette manière de capter la naïveté d’un amour adolescent. Moins fan de la partie sur les adultes mais les dernières vingt minutes t'explosent à la gueule. Je comprends mieux la réputation culte de l’auteur suédois, c’est rare de voir un cinéaste changer à ce point de style - je ne vois pas vraiment d’exemple là, je n’ai pas vu les premiers Béla Tarr ni ceux de Hou Hsiao-hsien. 5/6
Joaquim de Marcelo Gomes Curieux film brésilien sur un héros de la révolution Joaquim José da Silva Xavier anti-spectaculaire au possible qui m’a rappelé First Cow. Cela manque un peu de mise en scène, par rapport à Zama auquel on pense aussi, mais j’aime beaucoup la performance de l’acteur principal, sorte de Damien Bonnard auriverde et puis j’aime bien ce type de récit d’exploration, il faut le reconnaitre. Après, j’ai lu la page wikipedia qu’il lui est consacrée, le film manque sans doute d’ambition - sa vie était plus « riche » que ce qui est montré. 4/6
Les rebelles du dieu Néon de Tsai Ming-liang Tout simplement l'un des meilleurs premiers films de l'histoire du cinéma. Et aussi l'un des plus accessibles de son auteur, vies croisées d'ados dans les rues de Taipeh. Tous les thèmes sont déjà là : la solitude urbaine, le besoin de se toucher, le décor qui dégouline du spleen de ces personnages. Magistral. 5/6
La Petite ville de Nuri Bilge Ceylan Premier film de Nuri Bilge Ceylan. Alors bien sûr il y a un côté très amateur - on sent aussi l’inspiration Tchekov rencontre Kiarostami dans un village turc -, mais tout son univers (et son talent) est déjà là: de son goût pour les affrontements verbaux au coin du feu à la place de l’homme solitaire dans une nature immuable, du renoncement à quitter la campagne au combat des générations. Assez bluffant. 4/6
Berceuse sur un air de mystère de Lac Diaz Chaque été, un Lav Diaz, histoire de tenir la (grande) forme cinéphile. Celui-ci dure huit heures, a été vu en de nombreuses sessions - le film est découpé en trois parties distinctes et traite avec une ambition démesurée de la révolution philippine, de l'âme damné d'un peuple, du pouvoir du cinéma... Le résultat est fascinant. Je confesse - comme l'un des principaux protagonistes - avoir cherché un résumé de l'histoire philippine pour bien comprendre qui est qui entre les personnages réels et ceux de fiction - les héros des romans de Rizal. Mais si le film a ses défauts (je l'ai trouvé plus redondants que Norte ou From What is Before mais moins opaque que Melancholia) et ses longueurs, c'est aussi une vraie expérience immersive dans la psyché des Philippines et dans les tréfonds de l'âme humaine. Et il y a des séquences extrêmement fortes - le cinématographe, la messe dans la grotte et bien sûr le final - Lav Diaz sait finir ses films. 5/6
Va Savoir de Jacques Rivette La version longue s'il vous plait, soit 3h43 de marivaudage (le terme est volontaire), coupé par des scènes de représentation théâtrale en italien non sous-titrées. Bon, j'ai trouvé ça finalement assez digeste (à part les parties en italien), grâce au casting - j'adore Castelllito, de Fougerolles est à tomber et le Balibar-show m'a moins horripilé que parfois). On ne va pas se cacher : c'est long, surtout que le propos ne l'impose pas vraiment, mais va savoir, je me suis pris au jeu et ça m'a donné envie de voir d'autres films de Rivette. 4/6
Chocolat de Claire Denis Premier film de Claire Denis très différent du reste de sa filmographie, qui aborde le colonialisme par le prisme de l'amitié impossible entre une petite fille de cinq ans et un jeune homme noir employé comme boy par des colons blancs. Le début est vraiment très bien - jusqu'au problème de l'avion - après c'est un peu plus "caricatural" même si Isaac de Bankolé est toujours parfait. Le film avait fait près de 800 000 entrées (il en ferait 70 000 max aujourd'hui...). 4/6
La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix Je ne l'avais jamais vu, l'occasion était belle en guise d'hommage (et de mes rétro cannoises). Bon, Serge Daney avait raison, c'est atroce. L'esthétique publicitaire est omniprésente, les personnages sans consistances, les rôles féminins atroces et le récit (?) inintéressant au possible. J'ai subi... 1/6
The Player de Robert Altman Sunset Boulevard revisité par Robert Altman. La première heure est vraiment bien, avec Tim Robbins parfait en producteur menacé par les auteurs qu'il a méprisés. La réal est classe (joli plan-séquence pour débuter), les dialogues enlevés. La suite est moins aboutie, l'intrigue policière trop molle, la romance trop évidente. Je suis presque surpris du succès du film à Cannes (deux prix !) mais j'ai pris du plaisir à le découvrir. 4/6
Tommaso d’Abel Ferrara Willem Dafoe en double d'Abel Ferrara dans un film inégal, traversé de fulgurance (les errances dans Rome), un peu trop bavard et redondant aussi. A réserver aux fans du cinéaste (qui est aussi inégal que ce film, en fait). 3/6
Cosmos de Denis Villeneuve and co Un omnibus québécois que j'ai vu principalement pour le premier court de Denis Villeneuve. Surprise : c'est à la fois le plus sophistiqué techniquement et celui qui m'a le moins séduit (je n'ai su qu'à la fin quel court il avait signé). Par contre, celui mis en scène par André Turpin, chef op de la bande est très drôle et bien écrit. 3/6
La Merditude des choses de Felix Van Groeningen Et on poursuit les révisions cannoises avec ce film de Félix Van Groeningen dont je n'avais vu jusqu'à présent que le mélo XXL Alabama Monroe. L'affiche me vendait une comédie... et ce n'est pas du tout aussi évident. SI le rire enivré envahit la première partie, la gueule de bois est conséquente et le film d'être plus "profond" que prévu. On ne peut pas dire que l'auteur fait dans la dentelle mélodramatique mais le film m'a touché justement quand il ne bande pas les muscles, comme dans la belle relation entre le héros et sa grand-mère. 4/6
Je rentre à la maison de Manoel De Oliveira J'avoue avoir d'abord été attiré par la durée relative du film (1h25) mais dont le ressenti est hélas plus important... Avec de Oliveira, c'est un peu tout ou rien, soit je suis enchanté, bien pris dans le rythme, soit je m'ennuie. Ici, passée l'introduction, j'ai trouvé le temps très long. Il ne se passe objectivement pas grand chose. Si Piccoli est un immense acteur, certaines scènes (les chaussures, le dealer) font sourires... La fin est ceci très belle et j'aime bien la scène sur le visage de John Malkovich. 3/6
Nostalgia de Tarkovski norme morceau de cinéma, expérience totale de mise en scène qui bien sûr évoque le cinéma d'Apichatpong - et directement Memoria d'ailleurs, avec des séquences hallucinés magistrales. J'aime moins les séquences dialoguées (surtout avec elle) qui m'ont fait penser à Par-delà les nuages (ça doit être l'Italie ça) et donc la première partie m'a paru longue... mais quand e récit se recentre sur lui et son chant de l'exil c'est assez vertigineux. 4/6
Honneur de la cavalerie d’Alberto Serra Mon préféré de l'auteur catalan à ce jour, relecture du Don Quichotte de Cervantes, qui fait la part belle à la Nature et à l'amitié étrange entre le Quichotte et Pansa. Bon, ça reste pour cinéphiles avertis (c'est très lent) mais il m'en restera quelque chose, la tombée de la nuit, le regard du vieux fou, une émotion. 5/6
Le prince de hombourg de Marco Bellocchio Un film de Marco Bellocchio peu connu (enfin il me semble), qui avait eu les honneurs de la compétition à Cannes, adaptation d'une pièce de Heinrich von Kleist considérée comme l'un des chefs d'oeuvre de la littérature romantisme allemand (je lis l'affiche). C'est à la fois un peu bavard, et magnifiquement mis en scène (comme tous les Bellocchio ?). J'aime beaucoup l'idée du somnambulisme qui traverse tout le film, moins le jeu exalté du jeune acteur. Mais ça a le mérite d'être court (1h22), beau à l'écran et de paraitre hors du temps (j'avoue mal connaitre le conflit entre la Suède (!) et la Prusse) 4/6
The Long Day Closes de Terences Davies Je connais assez mal l'oeuvre de Terence Davies. J'ai beaucoup aimé son documentaire consacré à la ville de Liverpool et j'ai un souvenir vaporeux de ses films de fiction, si ce n'est qu'il filme magnifiquement les actrices - Gillian Anderson dans Chez les heureux du monde et Rachel Weisz dans The Deep Blue Sea. Film autobiographique, The long day closes tire sur la corde de la nostalgie heureuse avec des effets lyriques un peu surannés. C'est parfois très beau, mais ça manque un peu de nerf, à l'image de son jeune personnage principal. 3/6
Funny Games de Michael Haneke je ne l'avais jamais vu. Déjà je ne suis pas très torture-porn, et je craignais un film insoutenable, ensuite car j'avais l'impression d'avoir déjà un avis sur le film sans l'avoir vu tant son propos est évident : une critique de la violence au cinéma et bien sûr une réflexion sur ce qu'attend le spectateur devant des films de divertissement macabre. La première heure est d'une rare efficacité : la mise en scène au scalpel, le jeu du hors champ, le physique des acteurs. Ensuite le film se fait plus long, plus démonstratif aussi, avec la (fameuse) scène de la télécommande, plus gimmick qu'autre chose. Je ne sais pas ce qu'Haneke pense de Squid Game (du mal bien sûr) mais ici le film est suffisamment radical et froid pour ne pas jouer sur une quelconque jubilation de la souffrance, c'est déjà ça. Mais les effets m'ont paru un peu daté, aussi car le film a eu une vraie (et involontaire?) descendance, sur la gestion du hors champs notamment. Bref, plus que le scénario, ce sont plus les acteurs (je me répète) et surtout elle, Susanne Lothar, que je trouve incroyables. 4/6
Si Loin, Si Proche de Wim Wenders Suite de l'un de mes films préférés all-time (et qui m'a fait découvrir Nick Cave, j'ai mis trente) ans pour m'en remettre), Si Loin, Si Proche ! résume la carrière de Wim Wenders. Une première partie touchée par la grâce, une seconde partie balourde, mal écrite et sur-signifiante. Otto Sander est excellent dans le rôle de Cassiel, apportant l'humanité nécessaire à cette histoire d'ange tombé du ciel mais le récit s'égare sur des rails policiers et historiques qui ressemblent à du Lelouch post année 90. C'est dommage car la ville de Berlin est toujours aussi bien filmée et la première heure (je me répète) est très belle. Mais j'ai lutté ensuite. 3/6
La fille du Nil de Hou Hsiao-hsien Curieux film "de transition" de Hou Hsiao-hsien, en pleine recherche de son style. On y retrouve des éléments de ses films suivants : le monde des petites frappes de Goodbye South Goodbye, l'héroïne perdue de Good Men, Good Women, la vie nocturne de Millenium Mambo, sans que cela s'incarne véritablement dans un récit si bien que je suis resté comme au seuil de la maison et des personnages. Par contre, comme toujours, c'est magnifiquement cadré si bien que ça se laisse regarder avec un certain plaisir cinéphile. 4/6
Peppermint candy de Lee Chang-dong - LaCinetek L'un des premiers films d'un réalisateur dont j'aime beaucoup l'oeuvre, le sud-coréen Lee Chang-dong (et super souvenir de l'interview), qui fait remonter le temps à son anti-héros enragé (qui d'ailleurs entretient des liens avec le héros de Burning). Le film est assez inégal, avec des scènes fortes un peu trop à répétition pour nous faire comprendre que le gars n'est pas né salaud. Mais c'est aussi d'une grande ambition thématique et narrative, pour un deuxième film c'est assez bluffant. 4/6
Sweetie de Jane Campion Je n'avais jamais vu le premier film de Jane Campion, réalisatrice dont je trouve la filmographie très inégale (j'aime un film sur deux). Le début fait un peu peur - très ciné ricain indé, Miranda July a dû beaucoup le voir... -, mais dès que le personnage de Sweetie arrive à l'écran, le film prend une certaine ampleur (comme Sweetie). Si bien que j'ai trouvé ça intrigant jusqu'au bout, pour un premier film je comprends la hype de l'époque. 4/6
Wesh, wesh qu’est ce qui se passe de Rabah Ameur-Zaïmeche, Un regard tendre et lucide sur la banlieue. Le film a des défauts d'écriture - pas très fan des flics - mais son côté saisi sur le vif et sa poésie m'a séduit, surtout que la mise en scène ne montre jamais les muscles. Je préfère quand même Les Chant de Mandrin du même auteur, mais je vais rattraper les derniers que je n'ai pas vus. 4/6
Last and first men de Jóhann Jóhannsson Film totalement déroutant de Johan Johannsson, compositeur dont j'adore la musique et qui, hélas, est décédé d'une overdose. Déroutant car cette adaptation d'un classique de SF se compose exclusivement de plans sur des monuments brutalistes de l'ex-Yougoslavie, les Spomeniks liés par la voix de Tilda Swinton et donc la musique de Johannsson. On ne va pas se mentir : il faut aimer les expériences planantes et contemplatives, accepter de s'endormir devant le film (ce fut mon cas deux fois) pour mieux l'apprécier. J'ai adoré 5/6
Le Secret de Veronika Voss de Rainer Fassbinder Un Fassbinder que je n'avais jamais vu, assez effrayé que j'étais par le minimalisme de l'intrigue. On ne va pas se mentir, l'intrigue reste minimaliste, avec ce personnage de vieille star addict escroqué par des médecins qu'un journaliste tente de sauver. Mais le charme fonctionne, principalement par la mise en scène hyper inventive. L'actrice est super, lui j'ai plus de mal. 4/6
La vie au ranch de Sophie Letourneur - Mubi Troisième film de Sophie Letourneur que je vois et c'est peut-être celui que j'ai préféré, déjà car il m'a paru moins "sur-écrit" dans ses intentions qu'Enorme et aussi pour certaines scènes qui m'ont rappelé quelques souvenirs - la discussion très drôle sur Wong Kar-waï, l'incursion en Auvergne avec le pique-nique foireux. Après ça reste un peu long et inégal comme le jeu des actrices de la bande... 3/6
J’ai pas sommeil de Claire Denis Beaucoup aimé cette variation poétique et politique sur un fait divers sordide (d'ailleurs l'affiche est quand même assez WTF). Claire Denis ne juge pas le meurtrier, ne filme pas la traque, son propos est ailleurs, sur les âmes errantes qui peuplent nos rues à la recherche d'un foyer ou d'une épaule sur qui pleurer. Je ne sais pas si le film a été bien reçu à l'époque, aujourd'hui, il choquerait par la "neutralité" presque bienveillante sur la dérive mortelle du meurtrier. Mais c'est justement le rôle de l'artiste que de s'extraire du regard journalistique pour proposer une autre vision du monde. J'ai trouvé ça aussi formidablement bien mis en scène, avec la musique de Murat (d'ailleurs faudrait que j'en réécoute tiens). Comme d'habitude avec Claire Denis, c'est un peu long pour son rythme languissant, surtout avec des épisodes plus anecdotiques mais c'est l'un de ses meilleurs films (avec Beau Travail et Trouble Every Day). 5/6
Le siège de Sergei Loznitsa Oui, la nuit, je regarde des documentaires ukrainiens sur le siège de Léningrad. Enfin, quand ils sont signés par maitre Loznitsa (que j'espère un jour interviewer). Surprenant ce documentaire, qui montre la vie des habitants d'abord sur un ton presque trivial, genre la guerre en chantant, puis tout s'obscurcit jusqu'à des scènes très dures à voir (le charnier, l'exécution). Bien sûr, je l'ai aussi vu pour une raison disons pédagogique, comprendre pourquoi 80 ans plus tard Poutine utilise les symboles nazis pour sa propagande. 4/6
Blind zig who wants to fly d’Edwin - Mubi je fais quelques découvertes dont ce premier film d'Edwin, réalisateur indonésien principalement connu pour Postcards from the Zoo, que j'avais vu (et que j'avais déjà trouvé un peu poseur). Bon, pas tout à fait compris où le réal voulait en venir - le film parle de la minorité chinoise en Indonésie - tant la narration fragmentée à l'extrême empêche toute empathie. Et puis Stevie Wonder, matin, midi et soir, c'est non. Double-avantage : ça dure 1h10 et c'est sur Mubi. 1/6
L’hypothèse du tableau volé Je connais mal l'oeuvre de Raoul Ruiz, c'est tout un niveau territoire cinéphile à explorer. J'ai toujours aimé les films qui parlent de peinture et si le film n'a pas la complexité du fabuleux La Ronde de nuit de Peter Greenaway, sa durée parfaite (1h), son côté ludique et son charme un peu désuet m'ont conquis, même si j'ai été déçu de découvrir que ce ne sont pas de vrais tableaux... 4/6
La dernière séance de Peter Bogdanovich - LaCinetek Difficile de ne pas tomber amoureux du film, de Jacy, de l’atmosphère…. C’est vraiment le film qui a influencé tout un pan du cinéma américain indépendant américain, tout le cinéma de Richard Linklater, The Myth of Américain Sleepover, certains PTA… C’est un peu décousu mais quelle mood nostalgique, quel charme… et cette mise en scène hyper moderne pour l’époque, sans tomber dans le Grease et la reconstitution chromée. Et puis forcément les histoires de bande de mecs qui passent leur jeunesse dans un coin paumé, ça me parle. J’ai adoré. 6/6
Nosferatu, le vampire de Werner Herzog Et hop, un Werner Herzog de plus. Un remake du film mythique de Murnau (que j'ai vu il y a très longtemps). C'est vraiment du pur Herzog, avec des moments sublimes (Terrence Malick a dû revoir le film avant Une Vie cachée d'ailleurs), ce non-rythme très particulier et quelques scènes un peu nanardesques mais sauvées la séquence d'après par une "vision" extrêmement forte. Bon, ce ne sera pas mon Herzog, je trouve que le film a un vrai coup de mou à l'arrivée de Dracula dans la ville. Mais j'aime vraiment son style, son univers, la zik entêtante.. 4-5/6
Belgica de Felix van Groeningen aussi 3-4/6
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