Légèrement déçu, notamment en regard de l'attente générale et de l'énormité du projet. Si le film se suit sans ennui malgré sa durée et l'inutilité, voir le ridicule (j'y reviendrai), de certains personnages, il est légèrement plombé par une histoire à base de cube cosmique un peu facile et finalement assez avare en surprise et en suspense. Là encore, ce n'est jamais réellement raté, loin de là : l'histoire semble cohérente (je n’ai pas été vérifier dans le moindre détail s’il n’y a pas de faille scénaristique), elle est plutôt construite avec sérieux, crédible et, chose que dit très justement Freak, à aucun moment on ne sent le foutage de gueule, le manque de travail, le je-m'en-foutisme. C'est juste un peu léger, peut-être même simpliste, d'autant que le film se limite, on s'en doutait, à son premier plan : pas de second sens, pas de psychologie autre que très sommaire, pas de parabole. Nous ne sommes ni chez Spider-Man ni chez les X-Men. On assiste à un spectacle mais, malgré les bavardages, il n’y a rien d’autre à comprendre que ce qui apparaît immédiatement à l’écran. En revanche, j’aime bien la présentation des personnages, notamment celle de Banner. Ce n’est pas d’une folle originalité (celle de Black Widow est marrante mais ultra facile) mais l'enchaînement de l’un à l’autre est assez fluide et il y a presque une certaine jouissance à voir et reconnaître les personnages qu’on a déjà vus dans les précédents films.
Je n’aime pas trop, dans une critique ou un avis, faire une énumération de personnages mais pour une fois, on va y passer (logique vu le concept du film) : si Iron-Man assure le côté bavard avec beaucoup de réussite, sans trop de cabotinage ni de bavardage (on est loin de
Iron-Man 2), c'est surtout Banner/Hulk qui me surprend tant Ruffalo lui apporte une vraie crédibilité et une sensibilité que nous n'avions ni chez Bana ni chez Norton. Par ailleurs, la première apparition de Hulk («
the other guy »), attendue, retardée, annoncée, est assez énorme (pas de surprise, Hulk on le connaît en long et en large, le film ne joue pas là-dessus mais plutôt sur le côté "
va-t-il / va t-il pas céder et se transformer ?"). Pour le reste... Thor n'a aucun charisme et son personnage est aussi bidon que sa première apparition dans le film. Captain America, sans doute un peu bancale (le rôle veut ça), fait surtout petit bras lors du combat final. Alors que Thor, Iron-Man et Hulk peuvent soulever 100 tonnes chacun et voler/sauter de building en building, Cap en est réduit à sauver quelques civils avec son bouclier et ses petits bras qui peuvent soulever 400Kg (chiffres officiels
). Ne parlons même pas de Black Widow et ses petits pistolets pourris ou de Hawk Eye et son carquois qui ne se vide jamais (ah si, une fois !), deux personnages dont le scénariste ne sait tellement que faire qu'il leurs consacre maladroitement un arc scénaristique bidon qui culmine dans une réplique ridicule ("
c'est comme à Budapest !").
Notons quatre autres personnages : tout d'abord Nick Fury, bad ass comme il faut, on le sait et il le prouve une fois de plus. Convoquer Samuel L. Jackson sur ce rôle, c'est convoquer l'agent secret ultime (ce qui est d'ailleurs dit dans une phrase assez marrante du film), le parfait mélange de James Bond et de Shaft. Il est royal dans chaque plan (il ne fait pourtant pas grand chose, finalement). Son second, l'agent Coulson, est lui-aussi assez réjouissant (
même si moins que superman qui casse des bouteilles avec des cacahuètes) , même si les scénaristes ne savent pas trop quoi en faire, le ridiculisant par moment (je reviendrai sur l'humour du film un peu plus bas) en le faisant passer pour une groupie qui demande des autographes à Captain America. Dommage, j'adore le perso et l'acteur. Un autre agent, Maria Hill, qui occupe je ne sais combien de plans et de répliques et qui ne sert strictement à rien. Pourquoi ne pas l'avoir dégagée, ou limitée à quelques plans de début, à l'image de Pepper Potts (pauvre Gwyneth Paltrow) qui a juste le temps qu'il faut pour exister sans faire chier personne ?
Face à eux, Loki est impérial, méchant sensible, jaloux, déçu, parfois tiraillé entre son bon et son mauvais côté. J’adore l’acteur, même si le personnage est, lui-aussi, parfois malmené n’importe comment (vous ai-je dit que je parlerai de l’humour plus bas ?). C’est la grande force du film : proposer un méchant qui ne soit pas qu’une vignette. Il existe, il souffre, on le sent presque au bord des larmes par moments. Et surtout il tient la dragée haute à une équipe entière. Heureusement qu'il est là car ses sbires (les monstres de l'autre dimension, là) sont totalement inexistants.
L’humour, parlons-en un peu. Bonne nouvelle, c’est Tony Stark qui est à l’origine de la plupart des rires, ce qui apporte un bon contrepoids aux caractères pesants de personnages tels que Thor ou Captain America. Malheureusement, le film est parfois plombé par des touches d’humour qui ridiculisent les personnages, au point parfois que je me suis sérieusement demandé où on était et si les scénaristes avaient compris la BD. Je n’ai pas lu les Vengeurs depuis vingt ans, je ne connais pas les Ultimates et choses récentes de ce genre. Mais si l’agent Coulson qui demande des autographes passe encore (après tout, c'est un personnage secondaire), si un informaticien qui joue à des jeux vidéos dans le dos de Nick Fury peut amuser (gag totalement con mais qui dure 4 secondes), je ne digère toujours pas
Loki est un personnage magnifique et puissant, pas un pantin générateur de gags à la con («
finalement je prendrai bien un verre » ???!!!!!! Putain mais non !).
Par moment, l’humour est celui d’un ZAZ, on dirait presque du Frank Drebin et j’exagère à peine. C’est drôle, certes, mais ça ne sert à rien. Pire, ça dessert les personnages. Un autre exemple :
Parfois je retrouve un peu dans le film le gâchis intolérable d’
Iron-Man 2, dans lequel l’alcoolisme de Stark qui, dans la BD, dure plusieurs épisodes et l’amène à la ruine (il devient SDF), est résumé à un plan du personnage qui pisse dans son armure.
Bon… Il reste l’action. Je n’ai pas abordé la mise en scène jusqu’à présent, tout simplement parce qu’il n’y a pas grand-chose à en dire. A l’exception d’une scène d’ouverture ultra mal découpée et filmée (et écrite, d’ailleurs), le reste est assez carré, fonctionnel. Pas de génie, à deux ou trois exceptions près, mais le film a quand même de la patate, le gras ne vient pas de la mise en scène. Dans les scènes d’action, là aussi elle est correcte. Je passe sur la première dans la forêt, inutile et chiante. La seconde est déjà plus intéressante, même si très/trop longue, surtout qu’au final elle sert surtout à nous expliquer que
Venons-en à la troisième. Bizarrement, je me demande si je ne préfère pas du Michael Bay, finalement. Je hais les deux premiers
Transformers (pas vu le troisième), mais au moins il y avait de la personnalité et de la fureur dans la destruction des villes. Là-encore, je trouve ça par trop carré finalement. Alors oui, il y a un plan séquence qui tue (plus pour le côté technique que réellement pour sa virtuosité). Mais on parle quand même de la potentielle destruction de New-York, bordel ! Ca manque de furie, de sueur, de peur. Il y a un plan, un seul, que je retiens vraiment : celui d’une foule paniquée, filmée caméra à l’épaule à niveau d’homme, là, pendant un instant, quelques secondes, on est chez Cameron, chez Verhoeven, on est DANS l’action, on flippe, on vit. Mais c’est tout. Je ne demande pas de nous montrer des cadavres, mais on nous montre quand même un spectacle qui doit, j’imagine, être à l’origine de quelques centaines de milliers de morts. En faire quelque chose de simplement spectaculaire, sans une mise en scène un peu plus nerveuse, plus sèche, sans jamais ou rarement montrer un point de vue autre que celui du metteur en scène, c‘est finalement dommage. Alors oui, ça reste l’adaptation des Vengeurs, une BD assez colorée et bonne enfant, mais pour le cinéma le réalisateur aurait plutôt dû chercher du côté de l’incroyable épisode de la mort des X-Men (avec porte des étoiles et destruction de grande ville à la clé, justement). Là on aurait été dans quelque chose de fort, de furieux, de guerrier. Du coup, jusque dans les scènes d’action, on voit ce qu’un vrai auteur aurait pu apporter.
The Avengers, finalement, c’est un peu un
James Bond : beaucoup de pyrotechnique, mais peu de force.
Alors le film se hisse sans problème au dessus de
Thor,
Iron-Man 2 ou
Hulk. Mais je le trouve en-deçà d’un
Iron-Man finalement, qui lui était plus surprenant, peut-être mieux construit, plus homogène.
The Avengers est aussi, peut-être, un peu la preuve des limites du projets : comment rendre intéressante, cohérente, homogène, une histoire qui s’attache à plusieurs personnages différents, dont certains ne sont pas forcément utiles, et qui ont été déjà présentés dans des films inégaux. Peut-être aurait-il fallu en zapper certains (notamment Black Widow et Hawk Eye qui, après tout, n’avaient déjà pas eu droit à leur film individuel) ? Peut-être aurait-il aussi mieux fallu s’attacher à des arcs plus adultes que ceux retenus ?
Vu le peu de souvenirs que me laisse le film, je me vois mal mettre une note supérieure à 4/6. Giannoli aurait fait mieux.