Film Freak a écrit:
Euuuuh...mouais. Je dirais que la force d'un film c'est AUSSI d'en dire beaucoup en en montrant peu (sans "finalement" réducteur à la fin de la phrase).
Ok, si tu veux.
Film Freak a écrit:
Alors que tu devrais te réjouir de la richesse permise par le champ du langage cinématographique et de ses outils vu qu'il y autant de points de vue et de façon de faire qu'il y a de réalisateurs et de spectateurs.
C'est ce que je fais. Mais pour moi, reproduire bêtement la guerre pour démontrer que c'est horrible, c'est une façon de faire de riche, pour un résultat pauvre. Ca ne m'intéresse pas...
Film Freak a écrit:
Citation:
Exhiber les horreurs des camps, c'est le programme le plus pauvre qui soit
Pourquoi?
Parce que ce qui m'intéresse, ce n'est pas de savoir à quoi ça ressemblait, mais un vrai point de vue sur le sujet.
Si le cinéma ce n'est que l'art de montrer (même l'obsène), le simple assouvissement de la pulsion scopique, un pur acte voyeuriste, je ne vois pas
alors ce qui le différencie de la pornographie. Tandis que si le cinéma évoque, perce, met à jour et signifie (mais pour ça il faut aller un peu plus loin que simplement "reproduir") alors il me fait réfléchir, comprendre, et me dit des choses.
Quand Resnais montre un tas de dents arrachés aux détenus des camps, je comprends parfaitement de quoi tient l'horreur de cette événement. Et ça m'en dit bien plus, et avec des moyens beaucoup plus modeste et moins génant (sans qu'une poignée de figurants aient été obligés de se mettre à poil et de se coller les uns aux autres) qu'un suspens chambre à gaz/douche.
Film Freak a écrit:
"Recopier servilement"? La démarche de Spielberg ne peut-elle être de proposer une solution visuelle différente de celles de ces prédécesseurs qui aura donc un effet différent sur les spectateurs tout aussi valable que ceux provoqués par les autres solutions visuelles avant lui?
Que tu aies ton point de vue, c'est très bien, mais nier le pouvoir du film de Spielberg sur une grande majorité de spectateurs c'est juste être à côté de la plaque...après, libre à toi d'y voir de la facilité hollywoodienne ou autre...
Quand l'ai-je nié ? Je suis tout à fait conscient du pouvoir de ce film sur beaucoup de monde, justement parce qu'il est
hollywoodien, et que c'est le mode de représentation qui s'est imposé dans le monde (parce que le plus digeste).
Ce que je dis c'est qu'il y a un risque à ce que le modèle hollywoodien (qu'incarne Spielberg) aborde des sujets si graves. Il banalise automatiquement l'image car il ne peut en faire autre chose qu'un spectacle. Il ne pousse pas à refléchir sur ce qu'il montre mais à en jouir. Et ce risque est parfaitement illustré par l'exemple de Léo. Pourquoi on apprécie cette scène ? Parce qu'elle se termine bien ! Alors je sais, vous allez me rétorquer que c'est une jeune étudiante, elle est un peu con, n'y connaît rien au cinéma etc... Ca n'empêche pas que le film l'expose, elle, mais aussi le monde entier, à ce genre d'appréciation, chose qui ne serait jamais arrivée avec
Nuit et Brouillard. Un cinéaste à la responsabilité du sens qu'il veut donner à ses images mais aussi (et surtout) au sens qu'il ne veut PAS leur donner. Le "happy end" (car ce n'est pas autre chose) de la scène de la douche, c'est la conséquence malheureuse de l'incapacité d'Hollywood à gérer correctement la réflexion qu'il diffuse, à force de vouloir à tout prix divertir.
Film Freak a écrit:
Citation:
Comme si c'était la seule alternative au model spielbergien. Le cinéma c'est quand même plus riche et varié que ça.
C'est marrant que tu dises ça parce qu'à te lire, le cinéma n'a pas l'air si riche et varié ou alors riche de méthodes alternatives à chier à côté de celle que tu as choisi comme étant la seule qui soit valide.
C'est assez paradoxale de me dire ça, surtout toi qui globalement ne t'intéresse qu'à un type de cinéma (c'est pas un reproche, mais ça fait un peu hopital qui se fout de la charité là). Les dix premiers films de mon top 2007 sont tous une proposition cinématographique différente. On peut difficilement me reprocher de ne pas aimer la variété, c'est absurde.
Ce "jugement moral" que tu stigmatises bien rapidement, n'est pas une "grille" (?) qui limite ma vision du cinéma mais ma façon d'appréhender la vie, le monde et donc le cinéma. Un film peut être moche, mal foutu, mal écrit etc... Je peux quand même l'aimer, lui donner sa chance et ne pas m'arrêter à des considérations aussi réductrices (pour le coup) et généralisés que la qualité des enchaînements scénaristiques, la virtuosité du découpage etc... Apprécier un film à ça juste valeur c'est le juger sur les critéres qu'il définit
lui-même, et non des idées préconçues. C'est ce que j'essaie de faire.
Film Freak a écrit:
Tu peux pas réfléchir par toi-même en fait...
Tu sais, ça serait une grave erreur d'appréciation de ta part de penser que ton mode de penser et ta cinéphilie te son plus propres que les miens. Nous sommes tous, que nous le voulions ou pas, les héritiers d'une pensé et d'un courant. En ce qui me concerne, j'ai identifier mon héritage et je le reconnaît comme tel. Bien avant nous, des hommes bien plus intelligents, cultivés et pertinents ont eu les reflexions et débats qui nous animent aujourd'hui. La seule chose que nous faisons là, c'est en grignoter les miettes.