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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 16:32 
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Z a écrit:
Pourquoi alors ne pas faire tout un foin de cette scène où Amon Goeth traîne un prisonnier juif derrière l'atelier pour lui tirer une balle dans la tête ?

Ah tiens, c'est un bon exemple de scène limite.

Citation:
Une torture nazie issue d'un comportement barbare, traduite à l'écran par un suspense... On pourrait donc aller plus loin et dire que Spielberg use de techniques nazies avec ses spectateurs... On peut intellectualiser dans tous les sens, tirer les conclusions les plus démentes. Je trouve que tout ce calque moral que l'on appose sur les films à postériori, en jugeant leur auteur, ses intentions, son honnêteté, la finalité de son résultat en images, est tout à fait dispensable. Ce n'est pas ce genre de rélfexion qui m'intéresse.


Je sais. D'ailleurs c'est ce qui nous sépare certainement, et ce qui explique ton amour pour le cinéma de Noé ou haneke (et ce type de phrase là sur la vie qui n'a pas de morale et donc le cinéma non plus, c'est un sophisme qui ne me plait pas, il y a de la morale dans la vie et surtout dans le cinéma de Noé très moralisateur au bout du compte).
Mais je suis d'humeur badine aujourd'hui et ce débat je vais le laisser là.
J'entends ce que tu dis sur l'honnêteté, le jugement sur l'auteur, je suis plutôt d'accord en fait. Mais pas d'à postériori dans tout ça je pense, on peut être mal à l'aise devant la scène avec Goeth instantanément, et pour les raisons décrites plus haut. Ça arrive tout le temps.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 16:33 
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Léo a écrit:
si on voulait se moquer un petit peu, on pourrait dire que prendre Cédric Klapisch et Albert Dupontel comme référents philosophiques pour penser les rapports entre le cinéma et la morale, c'est un tout petit peu risqué.


Risqué pourquoi ? Je suis le plus précis et sincère possible dans mon explication. Ce qui serait risqué, ce serait d'user de référents plus connus ou reconnus, que je ne maîtriserais pas où avec qui je ne serais pas forcément d'accord. La phrase de Dupontel a eu une résonance chez moi, notamment après les visions successives de tout un pan du cinéma violent : Salo, Irréversible, Delivrance, Les Chiens de paille... La citation de Klapisch n'est qu'une petite anecdote vécue (ces questions de morale m'intéressent et il se trouve que je lui avais posé la question, comme je l'aurais posé à d'autres si j'avais continué).

Je peux également citer Noé à propos d'Irréversible (ça fera des heureux, mais ils sont peu en France ou ailleurs, parmi nos contemporains, à s'exprimer sur ces sujets), qui sur le sujet a un point de vue intéressant : "Le cinéma peut être aussi une approche émotionnelle de l'existence. Ici, l'approche de la vie est fantasmagorique et non pas réaliste. Même s'il y a des éléments, comme le jeu des comédiens, qui ramènent au concret. Mais la mise en scène, la narration relèvent du cauchemar. Le cinéma est une réinterprétation du monde.". Il cite également une maxime de Diderot qu'il affectionne : "Il n'y a rien dans la nature qui soit contre nature". J'aime ce souffle libertaire d'expression artistique, cette foi en l'opinion et au ressenti personnel. Qu'il se cogne un peu à l'interprétation de chacun, à la morale de tous. J'ai du respect pour une telle démarche, pour la prise de risque. Et je trouve que le Spielberg, tout divertissement à succès qu'il soit à postériori (ça reste un film en noir et blanc sur la Shoah de 3 heures, j'aime comme on n'y pense plus aujourd'hui), est avant tout une oeuvre sombre et violente d'un réalisateur qui exorcise ses démons, en respectant son point de vue avant le qu'en dira-t-on.


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 16:51 
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Léo a écrit:
jiko a écrit:
Je sais. D'ailleurs c'est ce qui nous sépare certainement, et ce qui explique ton amour pour le cinéma de Noé ou haneke (et ce type de phrase là sur la vie qui n'a pas de morale et donc le cinéma non plus, c'est un sophisme qui ne me plait pas, il y a de la morale dans la vie et surtout dans le cinéma de Noé très moralisateur au bout du compte).

Je serais plutôt d'accord avec tout ça.
Je ne suis pas spécialiste de Noé mais dans mon souvenir c'était inétressant de le voir essayer d'évacuer la morale et de voir la morale faire son retour par le biais du scénario et de la construction.


Mais voilà, oui. C'est ce questionnement qui est intéressant. Vous avez tous les deux raison. En tous cas je ne suis en opposition avec aucun de vous deux. Je ne crois pas qu'il n'y ait aucune morale dans la vie. Je ne crois pas non plus qu'il y en ait une. Il y a bien une morale, plurielle, parfois partagée, jamais exhaustive. Disons que c'est le postulat de départ qui me plaît. Allons-y avec nos opinions, notre langage du cinéma, notre sincérité, allons défricher tel sujet sans faillir, et on observera jusqu'où on aura réussi à avancer, si on sera retombés sur nos pattes, si des portes auront cédé. Je crois qu'il est dangeureux de s'empêcher de faire les choses sous couvert de morale, mais qu'il est utile d'user de morale pour les apprécier. C'est à dire que je trouve toute la légitimité du monde à Spielberg dans ses intentions, et je conçois que le résultat n'amène à aucun concensus. Cette scène de la douche, fallait-il se l'interdire avant sa mise en scène ? N'est-ce pas mieux aujourd'hui d'avoir matière sur quoi poser nos réflexions ?


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 17:40 
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Film Freak a écrit:
Le suspense n'a quand même pas le même effet dans Jaws que dans Schindler, faut aussi ne pas être con et réduire des figures de style à UNE SEULE DEMARCHE POSSIBLE.
Si les deux films font preuve du même procédé, ils ne l'emploient pas à même escient.

On peut trouver que si.

Citation:
Ce que tu appelles "séduction esthétique", j'appelle ça "liberté de la mise en scène pour créer un affect sur le spectateur"...je préfère le terme "manipulation" (avec tout ce que ça pourra comprendre de péjoratif aux yeux de tout un chacun) à celui de "séduction" (qui lui pour le coup devient vulgaire et déplacé dès lors que l'exemple traité est un film sur les camps).


Si tu es plus à l'aise avec ces mots ok, mais je ne vois pas la différence.
Dans mes souvenirs de Kapo, le type est un déporté accroché au grillage/barbelés. L'affect est là déjà. Le travelling avant sur sa main c'est du chichi de spectacle, et c'est pas parce que le réal est libre de le faire qu'il a raison.

Plus généralement, Pour rebondir sur Z aussi, je ne crois pas qu'il soit question d'interdire ou pas telle figure, mais plutôt de réfléchir sur leur utilisation. Quand Bazin interdit le montage, évidement il n'interdit rien du tout. C'est pareil avec le travelling. C'est une question d'"hygiène" si on veut, d'idée que l'on se fait de son art et du spectateur. Dans Amen, la caméra ne se colle pas à l'œilleton du camion où l'on gaze les déportés. Dans Schindler si, on entre même avec eux. Ce sont deux propositions esthétiques différentes, et c'est pas énorme que de dire que la première est plus morale, dans le sens plus en accord, plus à la bonne place, plus à la juste distance avec son sujet. On peut ne pas être d'accord avec ça, mais pas refuser la question que ça soulève.
Cette histoire de morale, c'est juste la question de la mise en scène, qu'est ce qu'on filme et comment. Un plan séquence sur une gueule défoncée à l'extincteur par exemple, on peut se demander si la distance est juste.
Mais y'a rien de figé ou de dogmatique là dedans, c'est juste des questions qui se réajustent à chaque film et à chaque époque. Moi je trouve qu'avoir le travelling de Kapo dans un coin de la tête c'est constructif, et ça permet de mettre en perspective les choses parfois.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 17:52 
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jiko a écrit:
Film Freak a écrit:
Le suspense n'a quand même pas le même effet dans Jaws que dans Schindler, faut aussi ne pas être con et réduire des figures de style à UNE SEULE DEMARCHE POSSIBLE.
Si les deux films font preuve du même procédé, ils ne l'emploient pas à même escient.

On peut trouver que si.


On va (pas) aller loin comme ça.

Citation:
Si tu es plus à l'aise avec ces mots ok, mais je ne vois pas la différence.
Dans mes souvenirs de Kapo, le type est un déporté accroché au grillage/barbelés.


(c'est pas une meuf?)

Citation:
L'affect est là déjà. Le travelling avant sur sa main c'est du chichi de spectacle, et c'est pas parce que le réal est libre de le faire qu'il a raison.


Pour reprendre ta formulation, "on peut" penser que, selon le réal, un affect plus appuyé était nécessaire.

Citation:
Plus généralement, Pour rebondir sur Z aussi, je ne crois pas qu'il soit question d'interdire ou pas telle figure, mais plutôt de réfléchir sur leur utilisation. Quand Bazin interdit le montage, évidement il n'interdit rien du tout. C'est pareil avec le travelling. C'est une question d'"hygiène" si on veut, d'idée que l'on se fait de son art et du spectateur. Dans Amen, la caméra ne se colle pas à l'œilleton du camion où l'on gaze les déportés. Dans Schindler si, on entre même avec eux.


Sauf que dans Schindler, point de déportés gazés, justement.
Il y a même un célèbre argument des Cahiers concernant cette scène et ce choix comme posant la question "a-t-on le droit de montrer l'horreur des camps (i.e. les chambres à gaz)?", ce à quoi la scène (par le fait qu'il s'agisse en fait de douches communes) répond "non".

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 21:06 
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jiko a écrit:
Plus généralement, Pour rebondir sur Z aussi, je ne crois pas qu'il soit question d'interdire ou pas telle figure, mais plutôt de réfléchir sur leur utilisation. Quand Bazin interdit le montage, évidement il n'interdit rien du tout. C'est pareil avec le travelling. C'est une question d'"hygiène" si on veut, d'idée que l'on se fait de son art et du spectateur.


Finir par parler d'hygiène dans un débat sur la morale qui est parti d'un film sur la Shoah, c'est fort.
J'ai l'impression qu'ensuite tu me réponds sans en avoir l'air sans m'avoir lu. Ultime.


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 21:12 
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Z a écrit:
lol on en était déjà arrivé à ce mini-débat, tu te souviens ? Section Munich.

http://forum.plan-sequence.com/viewtopic.php?t=1616&start=180


Haaa !!! Que de souvenirs ! Non mais j'étais quand même un peu trop radical et rentre-dedans à cette époque, et je ne maîtrisais pas encore toutes mes idées.

Z a écrit:
Ben écoute je ne sais pas... je ne vois pas ça comme un renoncement, un acte de lâcheté ou quoi...


Moi non plus. C'est plutôt une fatalité imposé par le système hollywoodien, pas dans le sens administratif du terme, mais dans la spécificité même de ce cinéma et de son mode de représentation.

Z a écrit:
je comprends ce que tu reproches, mais je ne sais pas si quelqu'un a déjà tenté ce genre d'entreprise, ou même si c'est possible. Même Kubrick avait du mal à écrire et adaptait - ou faisait adapter des bouquins... Je ne trouve pas ça réducteur.


L'adaptation n'est pas en cause. La seule chose que je dis c'est que le cinéma hollywoodien, malgré toutes ces qualités, n'est pas suffisant pour aborder des thèmes tels que la Shoah. Il faut des propositions cinématographiques plus originales et osé.

Z a écrit:
Faire un film sur la Shoah ce serait quoi ? T'as quelques idées ?


Ca serait Nuit et Brouillard d'Alain Resnais par exemple.
C'est drôle que tu me poses cette question, car je me demandais justement comment je m'y prendrais pour faire un tel film...

Z a écrit:
Faut aussi un peu se lancer à avoir des idées... Un plan très large sur une place pendant la sélection ? Un plan avec 2000 figurants à l'allure squelettique ? Ne serait-ce pas indécent d'user d'effets spéciaux pour les représenter, car s'en approcher avec des figurants est rigoureusement impossible ? Ou alors suggérer au lieu de montrer, en privilégiant le son le plus souvent... les vociférations des kapos, les cris des prisonniers qu'on achève à coups de crosse, les rires déments de ceux qui perdent la raison. La musique de l'orchestre, à l'aube, qui accompagne avec Beethoven le départ des bagnards pour le travail... les sièrnes d'alerte après une évasion annonçant la traque qui va suivre... Prévoir également de filmer la plupart du temps en plans rapprochés ou gros plans : traquer la mort au travail sur les visages, dans les regards hantés par la peur, la haine de l'autre, le renoncement ou le désir de survivre ; le liquide boueux qui tient lieu de repas - de l'eau tiède avec, dans le meilleur des cas, deux ou trois patates - qu'on savoure pourtant à chaque cuillerée, instants tellement espérés, suppliés dans la famine sciemment entretenue. Des mains charriant des blocs de pierre monstrueux, des centaines de paires de sabots martelant le sol en cadence. La cravache qui lacère un visage de femme. Le sang. Filmer la fraternité de deux regards étrangers. Refuser la narration, préférer les moments éclatés. Donner la priorité aux besoins devenus vitaux, car toujours insatisfaits : dormir une minute, debout, empêcher par tous les moyens la faim de tyranniser l'esprit, boire, se réchauffer, économiser ses forces une seconde... Il faudrait repenser complètement les séquences de l'appel du matin et du soir. Non seulement on aurait pas le nombre de figurants nécessaires (combien d'ailleurs ? 3000 ? 5000 ? plus ?), mais il est de toute façon impensable de filmer par centaines des êtres pesant réellement 35 kilos... Seul un plan général ne montrant que des silhouettes filmées de loin serait envisageable : mais c'est précisément la solution à exclure, car elle renvoit au problème d'une figuration trop nombreuse. A chaque scène il faut s'interroger : comment, sans jamais perdre de vue les contraintes financières ni se laisser dévorer par elles, reconstituer avec authenticité et vraisemblance ce qui reste pour la plupart des gens, aujourd'hui encore, inimaginable ? Comment, par exemple, rendre concrète la sensation intolérable du froid sur un être étique, privé de sommeil et affamé, alors qu'il faut économiser le moindre mouvement parce qu'il est à la limite de sa résistance physique, et que les kapos veillent, épiant l'instant de faiblesse qui mène à l'exécution sommaire ou la chambre à gaz ? Comment filmer la faim quand elle devient une obsession qui pousse à voler un quignon de pain, synonyme pourtant de survie pour son compagnon de misère ? Comment regarder l'étreinte de deux amants, le plaisir volé de deux "sous-hommes" qui ne savent pas encore qu'ils seront gazés ensemble ? Comment filmer l'agonie des mourrants, si faibles qu'ils ne peuvent même plus soulever leurs paupières ? Il faut du talent pour tout cela. Du courage. De la rage aussi sûrement.


Tu oublies une chose qui a son importance et qui fait la spécificité du cinéma, c'est son pouvoir d'évocation. La force d'un film c'est d'en dire beaucoup en en montrant peu finalement. Godard parvient à signifier (ce qui est plus percutant que montrer) toute l'horreur de la guerre juste en filmant un pied dans la terre. Alors que quand Clint Eastwood ou Spielberg dépensent des millions de dollars pour la reproduir (la guerre) dans le même but pour un résultat beaucoup moins percutant (même si plus spectaculaire), je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a un problème quelque part...

Exhiber les horreurs des camps, c'est le programme le plus pauvre qui soit et ça ne peut qu'inéxorablement enfoncer des portes déjà bien ouvertes (on se doute que c'est vraiment affreux). C'est la teneur de cette horreur qui est un sujet intéressant et jusqu'où l'homme est-il capable d'aller qui est la vraie question. C'est d'ailleurs de ça que parle le film de Resnais.

Tout ce que tu cites, la faim, l'humiliation, la violence, l'assouvissement etc... a déjà été filmé par des cinéastes qui se sont posés la question de comment le filmer, comment ne pas tomber dans l'exhibition racolleuse et comment le faire ressentir. C'est ça le vrai travail d'un cinéaste. C'est de proposer une solution visuelle et sonore qui traduise un état d'âme, plutôt que de le recopier servilement.

Le problème du cinéma hollywoodien, c'est qu'il ne tient que sur un seul et unique model, et qu'il ne propose rien d'autre. Du coup il est condamné à ne filmer que de la même manière toutes ces choses (la faim, la mort etc...). Certains auteurs savent rebondir sur ce modèle (mais ils sont rares) et en jouer (Carpenter, De Palma et même Scorsese), d'autre doivent carrément s'en affranchir pour aller plus loin (Malick, Kubrick).

Z a écrit:
Il y a de tout cela dans Schindler. C'est déjà formidable. Alors certes, cela s'accompagne de quelques concessions, comme une narration plus ouverte, directive, quelques identifications permises au spectateur aux lueurs d'espoir. Je trouve que c'est une concession nécessaire, et inévitable, et absolument pas condamnable. Tu me parles d'un truc irréel. Aborder de front un sujet aussi massif que fantômatique, aussi porté sur le nombre gargantuesque et la notion d'être vivant unique, en laissant couler une mise en scène dictée par la morale, où aucune interprétation péjorative ne serait permise, où chaque mouvement et où chaque composition répondrait à la définition même de la pudeur, de la justice, de la mémoire... Je veux bien théoriser, mais on atteint là les limites du procédé d'intellectualisation. A un moment il faut faire, montrer, créer, choisir, trancher. Je préfère 100 fois un Spielberg qui ose le témoignage maladroit ave un geste virtuose, plutôt qu'un autre qui préfère la retenue bienséante et la critique bien pensante.


Comme si c'était la seule alternative au model spielbergien. Le cinéma c'est quand même plus riche et varié que ça.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 21:13 
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Z a écrit:
On a déjà parlé de ce travelling ici même.


C'est un sujet éternel et qui prête à pas mal de confusion et tant qu'on ne l'aura pas clarifié pour tout le monde (et y'a du boulot), on en reparlera.

Z a écrit:
Moi je me souviens et me réfère souvent à une phrase que Dupontel a répliqué aux critiques qui fusaient à la sortie d'Irréversible à Cannes. Il a dit : "La vie n'a pas de morale, je ne vois pas pourquoi les gens de cinéma en auraient une". Je suis très d'accord avec ça. J'aime ce champ libre que ça laisse. Cette ambiguité que ça génère. Ce souffle contestataire que cela suppose. La force de l'opinion, même amorale. J'en avais parlé à Klapisch lors d'un entretien - Klapisch qui justement s'interdit d'imposer sa morale dans ses films, parce qu'il n'en a pas - et il m'avait répondu : "Oui, ce n'est pas faux. Lorsque l'on dit : "Tu ne tueras point", je trouve que c'est très vrai, jusqu'au moment où il faut tuer Louis XVI… Moi j'aurais été le premier à tuer Louis XVI. Je trouve qu'il y a des fois où il faut tuer. Donc on ne peut pas dire des phrases comme ça. Il y a des valeurs auxquelles il faut juste être sensible. Etre résistant en 42, ça veut tout de même dire tuer des gens. Il faut être prêt à pouvoir changer de valeurs." La morale reste une affaire de point de vue, et n'échappe pas non plus à l'interprétation personnelle. La morale change avec les époques, selon les cultures, les pays, les régions, les familles. Laisser la morale diriger sa mise en scène, c'est passer à côté de son propre esprit critique, c'est laisser le politiquement correct d'un instant T à un endroit précis dicter son regard et celui du spectateur. Ce sont les films, les livres, les peintures qui vieillissent le plus mal, qui ne laissent pas de trace, qui se coupent de la postérité nécessaire. Et de ça je suis convaincu.


Bon le problème c'est qu'on ne parle pas vraiment de la même chose. Si tu regardes les films que j'aime, tu noteras qu'il y en a pas mal de plutôt ammoraux, voire même immoraux. Qu'un film pose des questions et des enjeux moraux (sur la résistance et ce que ça implique par exemple), quitte à ce qu'il dise des choses ignobles, quitte à être contestataire, je suis pour bien sur. La morale, tel qu'en parle Daney, Godard ou moi (vu qu'on m'inclue et me cite dans ce débat très riche et mouvementé) c'est surtout une question de rapport entre ce qu'on filme et comment on le filme. Cette partie du texte que j'ai recopié expliquait bien le problème : peut-on parler à la place d'un autre ? Et par extension : peut-on s'autoriser à faire une belle image (qui demande des moyens, de la main d'oeuvre et du temps) dans le contexte des camps et qui n'y apportera qu'un surplu de beauté autosatisfaisante ?

Moi je pense que c'est en se posant ce genre de question que le cinéma évolue. Quand je vois un film comme Irreversible, en y repensant, je me rend compte que je ne suis même pas indigné. Pour moi ce n'est même plus une question de morale ou pas, c'est juste que devant la scène du viol je me dis qu'on a beaucoup perdu, que le cinéma est devenu pauvre, sans enjeu, morne : pour montrer l'horreur d'un viol, on a qu'à en reproduire un à l'identique et montrer ça tel quel. Ca ne tient même plus de la proposition cinématographique mais de la pornographie pure et simple : montrer l'obsène, donc l'évidence, donc ce qu'on sait déjà, donc rien. Ca ne m'évoque rien, ça ne me touche pas, ça n'a même pas le mérite de me révolter. Et c'est ça qui est en fin de compte bien pensant et politiquement correct. C'est quand on ne veut surtout pas bousculer les idées reçus. Irréversible et les Ch'tis, même combat !

Sinon je trouve les propos de Dupontel et Klapisch tout à fait contestable, ce sont des échappatoires faciles (qui en disent long sur la teneur simpliste de leur cinéma). Et je ne vois vraiment pas pourquoi il faut tuer le pauvre Louis XVI. Ca m'a toujours semblé être un acte hargneux, aigris et revenchard.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 21:30 
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Tetsuo a écrit:
La force d'un film c'est d'en dire beaucoup en en montrant peu finalement.


Euuuuh...mouais. Je dirais que la force d'un film c'est AUSSI d'en dire beaucoup en en montrant peu (sans "finalement" réducteur à la fin de la phrase).

Citation:
Godard parvient à signifier (ce qui est plus percutant que montrer) toute l'horreur de la guerre juste en filmant un pied dans la terre. Alors que quand Clint Eastwood ou Spielberg dépensent des millions de dollars pour la reproduir (la guerre) dans le même but pour un résultat beaucoup moins percutant (même si plus spectaculaire), je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a un problème quelque part...


Alors que tu devrais te réjouir de la richesse permise par le champ du langage cinématographique et de ses outils vu qu'il y autant de points de vue et de façon de faire qu'il y a de réalisateurs et de spectateurs.

Citation:
Exhiber les horreurs des camps, c'est le programme le plus pauvre qui soit


Pourquoi?

Citation:
et ça ne peut qu'inéxorablement enfoncer des portes déjà bien ouvertes (on se doute que c'est vraiment affreux).


C'est ça ton argument? "On se doute que c'est vraiment affreux"?
Ca marche pas comme ça...

Citation:
Tout ce que tu cites, la faim, l'humiliation, la violence, l'assouvissement etc... a déjà été filmé par des cinéastes qui se sont posés la question de comment le filmer, comment ne pas tomber dans l'exhibition racolleuse et comment le faire ressentir. C'est ça le vrai travail d'un cinéaste. C'est de proposer une solution visuelle et sonore qui traduise un état d'âme, plutôt que de le recopier servilement.


"Recopier servilement"? La démarche de Spielberg ne peut-elle être de proposer une solution visuelle différente de celles de ces prédécesseurs qui aura donc un effet différent sur les spectateurs tout aussi valable que ceux provoqués par les autres solutions visuelles avant lui?
Que tu aies ton point de vue, c'est très bien, mais nier le pouvoir du film de Spielberg sur une grande majorité de spectateurs c'est juste être à côté de la plaque...après, libre à toi d'y voir de la facilité hollywoodienne ou autre...

Citation:
Comme si c'était la seule alternative au model spielbergien. Le cinéma c'est quand même plus riche et varié que ça.


C'est marrant que tu dises ça parce qu'à te lire, le cinéma n'a pas l'air si riche et varié ou alors riche de méthodes alternatives à chier à côté de celle que tu as choisi comme étant la seule qui soit valide.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 21:36 
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Tetsuo a écrit:
Cette partie du texte que j'ai recopié expliquait bien le problème : peut-on parler à la place d'un autre ?


Oui.

Citation:
Et par extension : peut-on s'autoriser à faire une belle image (qui demande des moyens, de la main d'oeuvre et du temps) dans le contexte des camps et qui n'y apportera qu'un surplu de beauté autosatisfaisante ?


La vraie question est "cette 'belle image' est-elle obligatoirement un 'surplus de beauté autosatisfaisante' ou est-ce une figure de style que le cinéaste a jugé nécessaire pour souligner l'instant illustré?".

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 22:09 
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The Scythe-Meister a écrit:

Je ne vois pas ce qui te permet de passer aussi vite du domaine de la liberté à celui de la valeur, mais bon.


Bah le fait qu'en fait on parlait déjà de valeurs et que Freak répond par la liberté. En l'occurence, ce que tu me reproches, c'est ce que je n'ai pas fait et que je reproche à Freak.

Citation:
Mais encore une fois, Daney avance un interdit de "mettre le spectateur là où il n'est pas" sans expliquer ce que ça signifie et sans en donner les raisons.


Bah attends, on n'a qu'un extrait de Daney sous les yeux... Ca m'étonnerait qu'il en soit resté là. Et t'es sûr qu'il parlait d'interdit?


Citation:
Je n'en suis vraiment pas certain. Quand on pose un interdit moral, c'est bien que l'on prétend que l'on a pas le droit de faire telle chose de telle manière (et pour citer Daney : "Ainsi un simple mouvement de caméra pouvait-il être le mouvement à ne pas faire."). Que suive une interdiction matérielle ou juridique n'est pas la question. S'il n'y a pas cela, alors la question même de Daney n'a aucun intérêt et se limite à un jugement moral particulier qui n'a aucune portée esthétique.
Et il s'agissait bien d'établir un dogme pseudo-critique (car un dogme est l'inverse même de la critique, quelqu'un qui dit "je refuse de discuter avec quelqu'un qui ne ressent pas l'abjection du travelling de Kapo" ne peut pas être critique, c'est au mieux un moraliste - dans le cadre qui nous occupe s'entend). A la rigueur, tu as raison : ca n'a rien à voir avec la liberté artistique, ni même avec l'art, puisque Daney n'a jamais vu Kapo, et de toute façon le cinéma ne lui importait au fond pas, ou en tout cas moins que le discours sur le cinéma.


là-dessus, je suis OK. Libre à nous ensuite d'en faire un usage critique, c'est à dire de reconnaître ici des critères d'appréciations de ce mouvement.


Citation:
Mais approuver quoi? Ce n'est pas moi qui m'avance sur le terrain de la morale. C'est bien à celui qui fait naître un problème d'expliquer pourquoi il désapprouve.


Bah il l'a fait, il me semble. (Mais c'est vrai que tu refuses de discuter avec celui qui le désapprouvait donc tu l'as sans doute même pas lu).

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 22:16 
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Karl le mort-vivant a écrit:
Bah attends, on n'a qu'un extrait de Daney sous les yeux... Ca m'étonnerait qu'il en soit resté là. Et t'es sûr qu'il parlait d'interdit?


Bien sûr que non, ça le ferait passer pour un censeur. Mais j'ai lu l'article en question il y a longtemps, et non ca ne va pas bien plus loin que la citation (Leo/Jiko/Tetsuo ont grosso-modo redit au fil des messages tout ce que Daney disait, c'est à dire pas grand chose, et de toute façon il suffit de lire Tetsuo sur ces sujets étant donné qu'il n'est qu'un épigone).

Citation:
Bah il l'a fait, il me semble.


Où ça? Dans l'article? Non. Ou alors peut être que ça te suffit mais moi pas.


Dernière édition par The Scythe-Meister le 24 Mai 2008, 22:22, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 22:20 
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The Scythe-Meister a écrit:
Karl le mort-vivant a écrit:
Bah attends, on n'a qu'un extrait de Daney sous les yeux... Ca m'étonnerait qu'il en soit resté là. Et t'es sûr qu'il parlait d'interdit?


Bien sûr que non, ça le ferait passer pour un censeur. Mais j'ai lu l'article en question il y a longtemps, et non ca ne va pas bien plus loin que la citation (Leo/Jiko/Tetsuo ont grosso-modo redit au fil des messages tout ce que Daney disait, c'est à dire pas grand chose).


OK.


Scythe a écrit:
Moi a écrit:
Bah il l'a fait, il me semble.


Où ça? Dans l'article? Non. Ou alors peut être que ça te suffit mais moi pas.


Admettons. Dans ce cas un "je vois pas ce qu'il y a d'immoral à cela" est déjà d'une tout autre teneur qu'un "il a le droit", parce qu'au moins, ça se situe sur le terrain adéquat.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 24 Mai 2008, 22:29 
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Karl le mort-vivant a écrit:
Admettons. Dans ce cas un "je vois pas ce qu'il y a d'immoral à cela" est déjà d'une tout autre teneur qu'un "il a le droit", parce qu'au moins, ça se situe sur le terrain adéquat.


Ou pas... parce qu'on en revient à l'interdit esthétique. Pour un, cette manière de faire est immorale donc il ne faut pas le faire de cette manière. Pour l'autre c'est peut être immoral, mais on a quand même le droit de le faire de cette manière.
Encore une fois, s'il s'agit juste d'émettre un jugement moral individuel sur un choix de mise en scène, c'est faire grand cas de pas grand chose, et en terme d'esthétique ca n'a aucune valeur.


Et pour parler d'autre chose, je serais curieux de connaître l'avis des pro-morale sur les zooms de Shoah, le film de Lanzmann. Le film prétend se parer d'une dignité du refus de la représentation, mais se permet de zoomer sur ses témoins à des "moments clés", notamment quand ils sont au bord des larmes. J'ai trouvé pour le moins curieux qu'un tel effet dramatique ne soit jamais évoqué quand le film est régulièrement montré en exemple du film parfaitement "moral" sur le sujet.


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MessagePosté: 24 Mai 2008, 22:45 
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Localisation: bah un cimetière, tiens...
Mais pourquoi tu parles d'interdit à chaque fois? On peut dire qu'une chose est mauvaise! On peut dire qu'elle souteint quelque chose qu'on approvue pas. Mince, y a des choix que tu n'approuves pas dans la vie, c'est pas pour ça que tu veux les interdire, je vois vraiment pas le rapport entre ces quesiton de l'approbation, même morale dans une œuvre d'art et l'interdit (et je parle pas de juridique non plus). C'est ça que je comprend pas dans cette histoire de droit. Personne ne lui a retiré ce droit. Quand tu dis "pour un c'est immoral, et on n'a pas le droit de le faire, pour l'autre, c'est peut-être immoral, mais on a le droit de le faire, je te réponds que le fait qu'on ait le droit de le faire ou non n'est pas la question. On a le droit de le faire, mais c'est mauvais, c'est tout. La critique ne juge pas si on a le droit de faire quelque chose ou non (comme tu le dis justement en réponse à Daney).

Et là, on en revient au fait que tu m'aies toi-même dit que tu comprenais pas pourquoi je passais du thème de la liberté à celui de la valeur et que je t'ai répondu que le sujet l'avait fait dans le sens inverse. Ca veut dire quoi? On a le droit de passer la barrière dans un sens mais pas dans l'autre?


Enfin, je vois pas le rapport avec Shoah, qui sont ces pro-morale, pourquoi ils chercheraient à défendre Shoah...

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Dernière édition par Bub le 24 Mai 2008, 23:00, édité 2 fois.

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