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MessagePosté: 04 Sep 2016, 22:35 
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Tout commence au petit jour dans une mer déchaînée avec trois jeunes surfeurs. Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, c’est l’accident. Désormais suspendue aux machines dans un hôpital du Havre, la vie de Simon n’est plus qu’un leurre. Au même moment, à Paris, une femme attend la greffe providentielle qui pourra prolonger sa vie…

Toujours compliqué de voir un livre qu'on suradore adapté au cinéma (je crains le pire pour Pastorale americaine par Ewan Mc Gregor) encore plus pour ce bouquin de Maylis de Kerangal dont chaque phrase, chaque ligne, chaque mot, est un modèle d'orfèvrerie dont il faut faire le deuil pour mieux se reposer sur cette histoire dont la puissance se suffit à elle-même, et accepter une transposition forcément plus illustrative et terre-à-terre, avec assez peu de dialogues et le piano de l'omnipotent Alexandre Desplat. On dirait bien au spectateur lambda, terré dans sa wallonie et occupé à torcher ses gosses, qui est donc passé à côté du dernier grand chef d'oeuvre de la littérature française récente de se ruer dessus plutôt que de s'extasier sur le style souvent bien plat de Quilleverré, qui passé un premier plan de surf très esthétique retombe vite un plan sur deux sur une image bien terne éclairée par un nullard aux lumières.

Mais son dernier opus reste tout de même bien supérieur aux deux précédents et ne sombre pas dans les facilités du mélodrame facile à la Lioret grâce à un casting choral hétéroclite qui ne se tire pas la bourre pour faire des performances pour jouer du coude aux cesars (même si je suis prêt à parier qu'il gagnera le meilleur film) quite à jouer des utilités et dans des emplois différents, comme s'ils étaient tous au service d'une histoire qui les dépasse, entre un couple Emmanuel Seigner/Kool Shen, Anne Dorval choisie pour un rôle de mère sans accent québécois, Alice Taglioni dans un rôle adulte et peu physique, Bouli Lanners pour camper un chirurgien... Il y a encore quelques échappées qui arrivent comme ça à émouvoir sans crier gare, de l'infirmière en burn out qui se met à fantasmer sur son mec ou la scène totalement inattendue des écouteurs qui ouvre les vannes des pleurs à chaudes larmes. Au final même si j'aurais sans doute davantage apprécié le film sans mon amour pour le livre, et de le trouver plus fluide et pudique que tourbillonnant, je suis gré à Quilleverré de s'être dissociée du roman, redonnant une consistance première aux personnages (le personnage de Dorval n'était par exemple seulement esquissé dans le livre) là où Kerangal s'attachait surtout au parcours d'un coeur. Ca n'en reste pas moins une belle oeuvre d'une ambition rare dans le paysage français.
4/6


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MessagePosté: 05 Sep 2016, 04:04 
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DPSR a écrit:
...grâce à un casting choral hétéroclite qui ne se tire pas la bourre pour faire des performances pour jouer du coude aux césars (même si je suis prêt à parier qu'il gagnera le meilleur film)

Joli pari face aux probables Verhoeven, Dumont, Bonello, Assayas, Ozon, Téchiné...


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MessagePosté: 05 Sep 2016, 08:27 
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Bon je serai peut-être tout seul sur le coup, je sais pas... Je m'en fous... Vous voyez Durendal qui chiale devant Lucy en disant "c'est ça le cinéma que j'aime et c'est comme ça que je l'aurais fait"...? Eh bien c'est un peu mon sentiment. :mrgreen:

Ca n'arrive pas souvent, mais il est de ces films dont on se relève difficilement, de longues minutes après le générique de fin. Les jambes en coton, les mains tremblantes, le cœur gonflé. Les joues trempées de larmes. Larmes qui ont coulé à flots, à plusieurs reprises. L’émotion était trop forte, le film était trop beau.
Je n'avais pas lu le livre (je le ferai un jour), et j'ignore ce que ça aurait changé dans mon ressenti. Mais de ce que j'entends, Quillévéré a su se réapproprier le roman qui était en quelque sorte "inadaptable".

Pour ceux qui ne savent pas encore de quoi ça parle: c'est l’histoire d’une transplantation cardiaque. Le récit suit plusieurs personnages qui gravitent autour de cet événement. Il y a d’abord ce bel adolescent dont le cœur battait pour son amoureuse et pour l’adrénaline que lui procure le surf en mer. Le voilà mortellement blessé dans un accident de la route. Il y a ses parents qui, malgré le chagrin, ont accepté le don d’organes de leur fils. Puis il y a tout le corps médical qui prend cette opération en charge : médecins, infirmières, chirurgiens, coordinateurs de transplantation… mais aussi ce jeune interne qui aide les parents à prendre cette importante décision. Il y a finalement cette femme au cœur trop fragile pour durer, qui attend depuis longtemps un donneur, qui ne sait plus quoi espérer. Autour d’elle, ses proches, ses deux fils qui lui offrent leur soutien…

J'avais déjà beaucoup apprécié Suzanne. Mais avec ce film-ci, Katell Quillévéré fait un bond dans mon estime et peut rentrer tranquille dans la cour des grands. Son film s'impose pour moi comme un chef-d'oeuvre évident, éclatant et humble à la fois. Le genre de film qui ne fait que renforcer mon amour pour le cinéma. Toujours un peu compliqué de détailler son ressenti quand on a cette impression, mais de la première à la dernière seconde, on est transporté par un souffle de vie incroyable de vérité. Une authenticité de chaque instant qui découle d’une force cinématographique aussi simple que phénoménale. Chaque scène témoigne du talent de la jeune cinéaste (36 ans) pour adopter une admirable justesse de ton et pour constamment maintenir la bonne distance, que ce soit dans la mise en scène, dans l’écriture ou dans la direction d’acteurs (les personnages existent instantanément et le “prestige” du casting disparaît en un clin d’œil). Chaque scène bénéficie d’un regard rempli de pudeur, d’intelligence, de bienveillance. Le tout parfaitement rythmé grâce à un montage habile et un sens du tempo qui va à l'essentiel, ça dure moins de 100 min. et y a pas une gramme de graisse.
C’est l’histoire, toute simple, d’une transplantation cardiaque, et Katell Quillévéré nous offre bien plus qu’une œuvre de cinéma essentielle (qui de surcroît s’avère un hommage vibrant à tous les professionnels de la santé) : c’est un hymne à la vie. Porté par le thème de la transmission (d’un organe, d’une passion, d’un savoir, d’une empathie, d’un amour, d’un message…), Réparer les vivants nous touche en plein cœur car il est entièrement dédié, dans son esprit, dans sa forme, dans son discours, à ce qui nous fait vivre : les liens qui nous unissent. Unis par l’empathie, la solidarité, la douleur. Par le désir, la passion, l’amour. On le sent tout au long du film : le miracle de cinéma qui se déroule à l’écran est porté par une seule chose, une chose que nous partageons tous en communion, artistes, personnages, spectateurs : un cœur qui bat.

Donc oui, je m'extasie, ce film m'a scié, m'a profondément bouleversé, c'est sans aucun doute le plus beau film que j’aurai vu cette année.

6/6

DPSR a écrit:
On dirait bien au spectateur lambda, terré dans sa wallonie et occupé à torcher ses gosses, qui est donc passé à côté du dernier grand chef d'oeuvre de la littérature française récente de se ruer dessus plutôt que de s'extasier sur le style souvent bien plat de Quilleverré

Ah toujours cette condescendance bien puante, cette fois avec une insulte déguisée à l'intérieur en bonus... Ca m'avait presque manqué!
Comme si on était obligé de choisir son camp, comme si on ne pouvait pas adorer à la fois un film et le roman dont il est tiré..

DPSR a écrit:
une image bien terne éclairée par un nullard aux lumières.

Je trouve pas du tout, au contraire.. La scène du surf, toutes les scènes de nuit, la scène du funiculaire, toute la séquence de l'opération.. C'est tout sauf terne ou nul. Seuls les intérieurs de l'hosto sont - assez logiquement - moins esthétiques.

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MessagePosté: 05 Sep 2016, 08:58 
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DPSR a écrit:
un casting choral hétéroclite qui ne se tire pas la bourre pour faire des performances pour jouer du coude aux cesars (même si je suis prêt à parier qu'il gagnera le meilleur film) quite à jouer des utilités et dans des emplois différents, comme s'ils étaient tous au service d'une histoire qui les dépasse, entre un couple Emmanuel Seigner/Kool Shen, Anne Dorval choisie pour un rôle de mère sans accent québécois, Alice Taglioni dans un rôle adulte et peu physique, Bouli Lanners pour camper un chirurgien

Ça fera plaisir à Qui-Gon. #typecasting


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MessagePosté: 05 Sep 2016, 09:10 
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Du coup j'ai lu quelques pages de Réparer les vivants pour voir ce que la littérature française pouvait produire de mieux actuellement.
Je trouve ça absolument horrible. Jamais je m'enquille 300 pages de ce truc.

Pour ceux qui veulent :
https://flipbook.cantook.net/?d=%2F%2Fw ... =&r=&f=pdf

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MessagePosté: 05 Sep 2016, 09:22 
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Castorp a écrit:
pour voir ce que la littérature française pouvait produire de mieux actuellement.


qui a dit ça ?


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MessagePosté: 05 Sep 2016, 09:22 
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MessagePosté: 05 Sep 2016, 09:26 
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Castorp a écrit:
DPSR.


+

"Son roman Réparer les vivants qui a été aussi couronné par le grand prix RTL-Lire 2014 ainsi que par le prix des lecteurs de l’Express-BFM TV, le prix Relay, et le prix Orange du Livre"

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maylis_de_Kerangal


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MessagePosté: 05 Sep 2016, 09:30 
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Cool. C'est illisible quand même.

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MessagePosté: 05 Sep 2016, 09:31 
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Illisible faut pas déconner. J'aime pas trop son style que je trouve très ampoulé mais le livre est émouvant par ailleurs. Très curieux de découvrir le film en tout cas.

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MessagePosté: 05 Sep 2016, 09:34 
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Je hais son style. On dirait du Proust traduit vers l'anglais puis retraduit vers le français en rajoutant des références post-modernes. C'est tout ce que je déteste dans la littérature française contemporaine.

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MessagePosté: 05 Sep 2016, 09:35 
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Castorp a écrit:
Cool. C'est illisible quand même.


C'était pour montrer qu'on est quand même loin du meilleur de ce que produit la littérature française actuellement


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MessagePosté: 05 Sep 2016, 09:55 
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Le bouquin a eu une dizaine de prix je crois..
A priori c'est trop mon style non plus (le genre écrit par quelqu'un d'asthmatique) mais je suis vraiment curieux de le lire.

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MessagePosté: 05 Sep 2016, 10:14 
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Mais quelle condescendance! :twisted:

Sinon ce n est pas que les scènes à l hosto, toutes les scènes d interieur en general notamment chez Dorval sont mochissimes.

Et pour répondre sur les Cesars je pense que celui-ci ou Le ciel attendra (deux films que j aime bien par ailleurs, mais sans style ni mise en scène forte, deux films qui se terminent d ailleurs par le même genre de plan) ont bien davantage le profil que toute la competition cannoise qui risque fort de repartir bredouille.


Dernière édition par DPSR le 05 Sep 2016, 10:18, édité 1 fois.

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MessagePosté: 05 Sep 2016, 10:16 
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Je te trouve dur Castorp. Après, c'est un style assez particulier et je comprenne largement qu'on accroche pas. J'ai trouvé les premières pages agréables mais bon dur de se faire une opinion sur quelques pages. Peut-être que je détesterais le livre.


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