Forum de FilmDeCulte

Valkoinen peura en VO.



En Laponie, une sorcière qui s'ignore va voir un chamane pour réveiller les ardeurs charnelles de son mari. Le chamane lui enseigne que, pour arriver à ses fins, elle devra tuer le premier être vivant qu'elle croise...


Topic créé en attendant que quelqu'un pose sa première bafouille.

À noter que la version que je vous ai refilé ne fait pas 1h13 (durée officielle), mais 1h04 (= 1h07 en cadence ciné), ce qui correspond à la durée du film restauré en 1986. Je ne sais pas le pourquoi de ces minutes en moins (vu que c'est une restauration, y a pas 36 solutions : un director's cut tardif, ou des parties manquantes), je vais essayer de trouver.

yes, un nouveau film pour le top "feignasses"!

Merci j'ai regardé un peu ce matin, ça a l'air nickel. Et je retrouve la laponie sous la neige.

Attention, grosse production! A certains moments il y a bien 1500 rennes dans le plan!

M'est avis que beaucoup vont regretter d'avoir voté pour Le Renne blanc plutôt que pour un Typhoon Club probablement plus fun et plus enlevé. Ici... c'est pas terrible terrible.

SPOILERS

Déjà, le gros problème c'est quand même le scénario, d'une platitude déconcertante. Les péripéties, mises au centre du film (c'est pas comme si c'était un film contemplatif), sont peu passionnantes et surtout, extrêmement répétitives. En gros, le renne s'approche d'un chasseur, celui-ci devient fou et le suit jusque dans le creux de la vallée où il meurt, tué par... d'ailleurs quoi? On ne sait pas, et le mystère aurait pu donner de l'épaisseur au film s'il n'était pas suggéré qu'en fait, la femme-renne est un vampire, ce qui est somme toute assez ridicule.
Toujours dans le même ordre d'idée scénaristique, on ne comprend pas du tout les motivations de la femme à faire ce sacrifice initial. Elle veut plaire à tous les hommes, juste parce que son mari lui manque? C'est quand même un énorme procès fait aux femmes, d'autant que le sorcier dit que toutes les femmes viennent chercher la même chose chez lui. Et même ce motif n'est pas incarné: il y a seulement un bref échange où la femme dit à son mari qui part pour la chasse qu'il va lui manquer. Puis plus rien, et on passe direct à sa folie. La révélation qu'elle est une sorcière apparaît donc d'autant plus comme un phénomène naturel, comme si elle en était une était dès sa naissance. Douteux...

Ensuite, dans les intentions conceptuelles du film, on est aussi un peu paumé. Est-on là devant un film écologiste donnant la leçon sur le meurtre d'animaux, qui finit par se retourner contre celui qui le commet (et là quelques plans d'une belle intensité sur le rituel et la magie se démarquent)? Ou devant une oeuvre critique du conformisme de la société, où les hommes vont à la guerre et les femmes restent à la maison, laissant à ces dernières le choix de se recroqueviller dans l'ennui ou de craquer et devenir un mouton noir, en l'occurence un renne blanc, symbole de différence fatale au sein du troupeau? J'aimerais bien pencher pour la seconde proposition, mais j'ai beaucoup extrapolé et on n'en ressent pas vraiment la démonstration implacable à l'écran, c'est le moins qu'on puisse dire. Il y aurait bien une troisième possibilité, celle d'un film se donnant simplement pour but de montrer le retour à la nature d'un humain, et il y a quelques plans intéressants où le renne, la femme et la neige entrent en symbiose, forment un tout, mais c'est là aussi trop dilué, comme si le réalisateur avait hésité entre tous les axes du conte pour n'en retenir vraiment aucun (car le film n'est ni plus ni moins que le déroulé en images du conte chanté au générique initial). Certains y verront peut-être une richesse, une multiplicité des niveaux de lecture, moi je n'y vois qu'un brouillon, intéressant çà et là mais globalement foutraque et surtout plat, désespérement plat.

Tu sais motiver les troupes toi

Pas de spoilers, mais le film est court, ça va vite de le raconter d'un bout à l'autre...

Bon, pour moi, il y a un énorme défaut dans ce film qui le fout complètement par terre (mais je suis peut-être le seul à l'avoir ressenti, car Baptiste en parle pas) : la musique.

À la fois par son omniprésence soûlante, qui étouffe toute possibilité aux scènes de respirer et de vivre pour elles-mêmes, mais aussi par sa nature même : mickey-mousing de situation (couple joyeux = musiqué enjouée ; mari part à la chausse = musique plus sévère...) qui aplanit toutes les nuances émotionnelles ou mystères intrinsèquement présents dans les différents passages. On finit parfois par avoir l'impression d'un de ces anciens docs ethnologiques institutionnels, qui surchargent leurs reconstitutions d'un tapissage musical académique qui tourne à vide.

Néanmoins, cette musique est aussi le symptôme d'un parti-pris narratif, dont la courte durée du film est un autre signe : l'emploi d'un ton fabulesque (et c'est là où je suis pas trop d'accord avec Bapstiste : je ne suis pas gêné qu'on explore pas en profondeur les aléas psychologiques, le film se joue à mon sens à un autre niveau). Le fait de nous dévoiler l'intégralité du récit dès les premières secondes, coupant court à tout suspense, est déjà révélateur d'une narration inhabituelle. On le ressent également dans les multiples ellipses qui jettent une confusion sur la temporalité (combien de jours passent entre chaque évènement ?), ou par la quasi-absence de "personnages" une fois sorti du trio couple-chamane : le tout donne l'impression d'une accumulation de faits un peu abstraits, comme dans un récit de conteur oral. Cet aspect-là est plutôt motivant, notamment parce qu'il permet d'accepter étonnamment facilement la soudaineté des revirements (un vampire ? ok), donnant au film un cachet primitif (comme on le dit d'un art primitif : là où tout est signe, avant d'être représentation). Le tout offre une traduction cinématographique plutôt efficace à ce type de récit si particulier qu'est le conte.

Le conte, on le retrouve aussi via l'imagerie travaillée : il y a indéniablement chez Blomberg un talent d'illustrateur. Mais je me dis que ça tient finalement peut-être plus à des situations très iconiques (la femme qui sort dans le village et entend tout le monde aiguiser son arme), ou à ce genre de plans synthétiques qui racontent tout le passage en une image :



(tiré de la séquence à l'église : scène très courte, mais de très loin la plus réussie du film).

Bref, l'impression qui subsiste au final est qu'en reconfigurant un peu, ça aurait fait un super film muet (par bien des aspects, le film a un fonctionnement qui s'y marierait mieux). Mais en l'état, malgré de nombreux aspects séduisants, et même si je suis beaucoup plus séduit que Baptiste visiblement, je trouve ça assez raté - et aussi un peu daté, mal vieilli, dans son utilisation de la musique. Désolé, j'ai merdé



VRAIS SPOILERS POUR CE QUI SUIT


Alors je crois pas. Le sort la rend irrésistible, pour son mari (c'est le but), mais du coup aussi pour tous les autres. Sauf qu'elle ne laisse pas aller ce "pouvoir" de fascination hypnotique avec son mari, parce qu'elle ne veut pas le tuer. C'est comme ça que j'ai compris en tout cas.


Là je crois que c'est prendre la légende par un mauvais angle. Comme pas mal d'histoires de vampires, ça parle d'un désir sexuel frustré, qui rejaillit trop violemment, et qui tue. Que ce soit une femme qui l'abrite, que ce soit présenté comme "la malédiction des femmes", ça suggère effectivement une pensée mysogine, mais bon ça reviendrait à mon sens à chercher des poux à la plupart des contes, à la bible, etc. (je dis pas que c'est faux, mais que c'est pas ça qui pose problème pour la qualité du film, a priori). Surtout que son histoire est présenté comme quelque chose de tragique pour elle, on nous laisse une porte d'entrée quand bien même on serait gênée par l'idéologie que ça traine.


Mmm là je pense pas du tout. L'animal est un totem, mais je pense que le film se fout d'écologisme ou de défense animale comme de sa première chemise.

oui la musique j'y ai pensé, elle est assez énervante, j'ai eu l'impression de regarder un mauvais film muet tout du long notamment à cause d'elle (mais pas que, la narration, l'image, font penser au muet).

Sinon pas vraiment d'accord sur le supposé talent d'illustrateur de Blomberg, ok quelques plans font mouche, mais il peine énormément à faire évoluer et à enrichir son postulat esthétique de base, tout de même.

Hey, la Féline en Laponie... J'ai trouvé le noir et blanc très classe et l'univers original pour un conte fantastique. C'es raconté sans trop de fioriture, presque de façon muette effectivement. Et on y apprend comment maîtriser un renne, ce n'est pas rien.
Si on écarte les trucs un peu rebutant que vous avez évoqué, ça a son charme.

John Landis reprend l'idée du film dans the Deer Woman, un Master of horror. ça vient peut être de la même légende

Moi après 15 minutes de film.

Ça va être dur de passer après Baptiste qui synthétise mon avis. Quitte à être trivial je vais pas y aller par quatre chemins et intellectualiser ce que je viens de voir, j'ai trouvé ça chiant, c'est tellement chiant que ça pourrait être Russe cette pellicule (oui c'est bête et gratuit).

Par ou commencer...par la musique digne de Pierre et le loup? Trop facile...Non le gros soucis du film c'est son rythme et son intrigue d'une platitude hallucinante, ca dure 1h03 mais j'ai eu l'impression de regarder un Tarkovsky de 3h00. J'ai rien contre le côté poétique d'un film, au contraire, mais franchement les vues d'ensemble sur les paysages enneigés j'en pouvais juste plus au bout d'un moment. Comme le dit Jack Griffin ca a un côté "la féline" 10 ans plus tard en Laponie sauf que Blomberg n'a pas le talent d'un Tourneur, il n'instaure aucun début d'ambiance et y a même des moments c'est à la limite du comique involontaire.

Bon aprés faut lui reconnaitre un certain sens du cadre, on pense un peu au classicisme Allemand (bon c'est surtout le côté film muet qui donne cette impression) qui fait que j'arrive à sauver le film sur son aspect esthétique mais sinon c'est clairement pas un film que je reverrais ou que j'ai envie d'analyser outre mesure car ca n'a rien de bien intéressant à raconter à mon humble avis.

(Rendez moi mon vote, je veux voter pour les asiatiques en petites culottes.)

lol, je me demande comment se sentent ceux qui l'ont pas encore lancé...

Je suis un peu surpris par ces problèmes liés au scénar que toi et Baptiste pointez, ça m'avait vraiment pas effleuré l'esprit. Déjà parce que je trouve étrange que vous en attendiez une "intrigue" à proprement parler (alors que le suspense est d'emblée évacué, qu'on reste à distance un peu abstraite des différentes étapes du contes, sans réellement les transformer en scènes dialoguées, détaillées...), ensuite parce que j'ai pas eu l'impression qu'il ne s'y passait rien (y a pas il me semble de passage contemplatif, c'est vraiment tout droit : demande en mariage > mariage > cadeau > chamane...).

Il y a certes un problème narratif (il me semble vraiment lié à la musique). Mais, au-delà du fait d'avoir été tous déçu, j'ai l'impression qu'on l'a vraiment abordé avec des attentes radicalement différentes.

Ah mais clairement moi je m'attendais à un film à la Tourner...j'ai vite déchanté

Bah en fait le problème du scénar c'est que j'ai rien trouvé à quoi me raccrocher surtout (ca vient peut être de moi après...), aucun enjeu, suspense, étude de caractère, y a aucun angle d'approche au final, alors oui on peut prendre ça par le biais du conte mais je ne suis même pas convaincu que c'était le souhait premier du réal.

@ Tom Bah oui mais justement si c'est pas contemplatif pour un sou il faut au minimum que les péripéties soient intéressantes. On demande pas Les dents de la mer en termes de suspense et d'animal méchant mais quand on répète trois fois l'exacte même séquence de renne qui attire les teubés vers la vallée de la mort, on ne peut que s'ennuyer, parce qu'à ces moments-là, il n'y a rien à sauver, pas même une quelconque beauté contemplative. Oui, le film va droit au but, mais ces étapes et ce but sont juste plombants. Peut-être faudrait-il le revoir avec ton idée de conte en tête, mais là comme ça je ne me rappelle d'aucune séquence vraiment digne d'un conte, onirique, contemplative ou au moins symbolique: c'est très maigre de tous les côtés.

et énorme lol à ton image Cooper, et à ta phrase de conclusion

Par exemple, le côté "trois fois la chasse" m'avait pas frappé ou gêné. Je saurais pas te dire pourquoi (peut-être que j'étais trop focalisé sur ma musique ?). Mais c'est peut-être moi qui ai amené de force quelque chose dans le film, je dis pas forcément avoir raison, c'est juste la différence de ressenti qui me surprend.

En tout cas que ça ne te fasse pas te sentir mal quant au choix du film, t'as même pas à t'excuser comme tu le fais plus haut,le ciné-club FDC c'est ça aussi, voir des films qu'on aurait jamais vu autrement, et donc forcément y a du risque. Surtout que bon, c'est jamais que mon avis et celui de Cooper, Jack Griffin a semble-t-il plus accroché.

C'est clairement traité sous l'aspect conte/légende au coin du feu, rien qu'avec la petite chanson au début ( les premiers plans du film sont à tomber). Y'a un aspect documetaire assez marqué aussi, un peu à la flaherty. je trouve pas mal de mêler la captation des gestes de cette culture avec le récit d'un conte païen.